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10. Expédition en solitaire (1/2)

Je pousse un soupir en rangeant le dernier classeur sur l'étagère. En consultant l'horloge murale, je réalise qu'il est déjà presque vingt heures. Prise dans ces étranges découvertes, je n'ai pas vu le temps passer. J'aurais été ravie que Carlos constate par lui-même de mes heures supplémentaires, mais il n'a pas daigné pointer son nez à la réception depuis ce matin.

Abandonnant ici mes espoirs vains, j'éteins l'ordinateur et referme le placard des archives. Le millier d'hypothèses qui se bousculent dans mon esprit au sujet de cette María-Carolina Herrera m'exaltent autant qu'elles m'épuisent.

En quittant la borne d'accueil, je butte dans une boule de papier froissée, celle que Carlos avait jetée au sol avant de quitter la pièce. Prise de curiosité, je me baisse pour la déplier. Le flyer publicitaire que je découvre capte toute mon attention.

« La Zona 13. Votre bar musical pour des soirées cent pour cent Caraïbes ! »

Je cligne des yeux. La Zona 13 ? Voilà qui explique mieux la réaction de Carlos. Surprise, je parcours le reste du flyer en m'efforçant de déchiffrer la police vert fluo.

« Ne manquez pas nos concerts live chaque samedi soir ! »

En retournant le prospectus, je découvre la photo d'un trio de musiciens. Le premier s'appuie sur sa caisse, le second tient une longue tige et le troisième... Un accordéon.

« Samedi 22/10 : Groupe du 11 novembre. Voyagez jusqu'aux terres du Cesar le temps d'une nuit avec la poésie du vallenato ! »

Vallenato ? Si c'est un style musical, il ne me dit rien. Intriguée, je colle mon nez au cliché pour tenter d'identifier les membres du groupe. Ma visibilité est limitée par la densité des pixels, qui n'a rien à envier aux premiers essais de Mario Bros.

Malgré tout, il pourrait bien s'agir du groupe de la serenata de Juli, celui du mystérieux Gabriel. Et il se trouve que ce soir, nous sommes justement le samedi 22 octobre.

Prise d'un accès de méfiance, je glisse le papier dans ma poche et file dans ma chambre. Il faut que je prenne le temps de laisser cette découverte faire son chemin dans mon esprit. Est-il vraiment sage de retourner sur les lieux du crime le lendemain même de mes déboires et du repêchage humiliant de Carlos ? Et s'il décidait de s'y rendre de nouveau ce soir pour rattraper sa soirée de la veille, avortée avant l'heure par ma présence inopinée ? Non, il vaut mieux que je fasse profil bas le temps que cette affaire se tasse.

Je tente de bouquiner un peu pour me conforter dans cette décision, mais impossible de me concentrer. J'ai beau essayer, des dizaines de théories m'assaillent l'esprit. Si Gabriel connaît Carlos, peut-être sait-il quelque chose sur cette fameuse María-Carolina Herrera ? L'hypothèse est peu probable, mais pas impossible.

Il ne me faut pas plus de dix minutes pour capituler et me lever d'un bond. Au diable mon plan et ma réputation d'employée modèle, avec ce que j'ai appris aujourd'hui, je ne peux pas rester là ! Il faut que j'en sache plus.

J'enfile à la hâte un short en jean et un débardeur gris des plus basiques. Pour dissimuler mes traits, je tresse mes cheveux et enfonce une casquette sur ma tête. J'hésite à contacter Juli et Sara pour qu'elles me rejoignent, avant de renoncer. Y aller seule me permettra de me fondre plus facilement dans la masse et de ne pas dévier de ma mission.

Fin prête, je lance un dernier regard en direction de mon miroir. Yes ! Je ne sais pas qui est cette jeune femme énigmatique, mais je vous jure qu'elle ne ressemble pas à Ana-Lucía.

* * *

Après une petite marche guidée par le GPS de mon téléphone, je retrouve sans peine la Zona 13 et son emblématique tag en façade. Trop impatiente pour attendre une minute de plus, je pousse la porte en bois et pénètre dans le bar. À l'intérieur, un rythme mêlant accordéon, voix et percussions fait danser la foule. La vue obstruée par une marée de têtes oscillantes, je tente de me dresser sur la pointe des pieds pour apercevoir quelque chose, sans succès.

Résignée, je me tourne vers le comptoir, où une jeune brune est au service. Pour m'assurer qu'il s'agit bien du groupe de la serenata, il me suffit de trouver Sebastián, l'ami de Sara.

— Salut, je peux te renseigner ? m'interroge la barmaid en croisant mon regard perdu.

— Salut. Est-ce que tu sais où je pourrais trouver Sebastián ?

— Tu es venue voir Sebas ? Il te reste encore quelques minutes. Avance, tu l'entendras mieux !

— Comment ça ?

— Il est encore sur scène pour la dernière chanson. Alors vas-y, profite !

La réponse de la serveuse me laisse clouée sur place. Sebastián, sur scène ? Il est vrai qu'il nous avait confié être chanteur dans un groupe mais... S'il s'agit du groupe de Gabriel, ça voudrait dire que l'ami d'enfance de Sara en fait aussi partie ?

— No importa frío ni calor, y las heridas que abrirán, con sólo verte el corazón cantará... [Peu importe le froid et la chaleur, et les blessures qu'ils ouvriront, en te voyant mon cœur chantera]

Prise d'une curiosité décuplée, je me fraie un chemin parmi la foule. L'avantage d'être dans un bar bondé, c'est que j'ai peu de risques d'y croiser mon supérieur. Ou, si c'est le cas, je pourrais facilement disparaître avant qu'il ne me voie.

— Bajo la lluvia, bajo el sol, aquí en la tierra o en el mar, con sólo verte el corazón cantará... [Sous la pluie, sous le soleil, ici sur la terre ou dans la mer, en te voyant mon cœur chantera]

Lentement mais sûrement, je m'approche et parviens à mieux distinguer le son des instruments. Sur le rythme entêtant des percussions, les notes mélodieuses d'un accordéon alternent avec une puissante voix masculine. Malheureusement, la lumière éclairant la foule m'empêche de reconnaître les silhouettes qui s'agitent sur scène. Handicapée par ma petite taille, je lutte pour mieux voir. J'entends désormais non pas une, mais deux voix se répondre sur scène :

Qué tienes en tu mirada ?

— Todo y nada !

— Qué tiene esa miradita ?

— Canto y risa !

Ce n'est qu'en atteignant les premières rangées que je parviens enfin à déceler les traits des musiciens. En reconnaissant les cheveux en bataille et le sourire énigmatique de l'accordéoniste, je me sens jubiler.

Uy ! Qué tiene esa miradita ?

Mon regard glisse vers Sebastián qui, sa longue tige en main, lui adresse un regard complice. Au même moment, la chanson culmine en un bouquet final, lui-même salué par un tonnerre d'applaudissements.

Ay papá ! Merci, merci à vous pour ce soir !

Sebastián s'incline, suivi de ses collègues. Leur révérence ne dure qu'une poignée de secondes avant qu'ils ne disparaissent je ne sais où, sans doute en coulisse. Sur scène, un homme les relaie pour annoncer une courte pause avant l'arrivée du groupe suivant.

Perdue au milieu de cette foule d'inconnus, je tape mes doigts contre ma cuisse. Comment faire pour retrouver ce Gabriel ? Afin de m'extraire du tumulte, je me fraie un chemin entre les couples dansants et manque de me faire renverser plus d'une fois. Je suis à deux doigts de devenir violente, quand une voix grave m'interpelle :

Ay ve, morenita ? Dichosos los ojos que te ven* !

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