Mon pull me grattait terriblement.

-Maman, suppliais-je, ce pull est atroce !

C'était vrai que, esthetiquement, il était moche : un col en dentelle, du tissu vert kaki double épaisseur qui tenait horriblement chaud et des petits strass dorés par-ci par-là.

-Il faut que tu sois présentable pour ce tournoi, chérie ! me déclara-t-elle en étirant les mailles du pull, et puis il y a à peine deux semaines tu te serais jetée sur ce haut !

-Je pensais pus à ce genre de vêtements...

Je me retournai en piochant dans le rayonnage une veste en cuir, un slim noir et un top sombre avec l'inscription "Rock" dessus. Ma mère sembla horrifiée par mon choix. Ce n'était pas le plus bel ensemble, c'était clair, mais j'avais vu Nell se promener avec ce style, je ne l'aurais admis pour rien au monde, mais ça semblait classe sur elle.

-Tu peux l'essayer, deglutis ma mère en fixant le top, mais ce n'est vraiment pas toi...

-Qu'est ce que t'en sais, lui repliquais-je sur un ton que j'aurais voulu moins méchant.

Elle m'implora du regard, mais je me précipita à l'interieur d'une des cabines d'essayge, retirant cet horrible pull vert, quelques strass volant au passage.

J'enfilais à toute vitesse mon ensemble. Le resultat était plutôt pas mal : le haut me compressait, mais il me mincissait, la veste couvrait mes épaules trop carrées (j'ai arrêté la natation en découvrant les conséquences que ça portait sur ma morphologie) et le slim ne faisait qu'accentuer la longueur de mes jambes.

Je soulevais le rideau de la cabine, un sourire victorieux aux lèvres... jusqu'à ce que je croise cette fille, le même ensemble sur elle. Cette fille rousse qui occupait mon esprit depuis plus de deux semaines. Cette fille qui gâchait ma vie, mais repoussait mes limites...

La tenue allait beaucoup mieux à Nell qu'à moi...

J'allais retirer le haut et recaler mon choix sur ce pull kaki quand une idée me vint...

Personne n'avait jamais tenue tête à Mademoiselle Je-Suis-Une-Grande-Rebelle, elle n'aurait pas supporté que quelqu'un ai ses vêtements...

Un sourire se dessina sur mon visage lorsque je pris l'initiative de ranger le pull là où il aurait dû ne jamais en sortir, et choisir cet ensemble qui allait déclencher la troisième guerre mondiale...