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/🙈/ ... qui ne changent pas d'avis

C'est crevée que je me suis mise au lit.

Le soleil est déjà haut dans le ciel. Ce n'est pas tant le manque de sommeil qui me fatigue, mais bien toutes ces mésaventures et ces réflexions incessantes, doublés du stress d'une potentielle invasion. On a tout de même bien avancé cette nuit, mais une nouvelle pensée parasite est venue se greffer à la tornade de pistes, d'indices et de remords qui frappe ma tête seconde après seconde.

Je n'ai pas envie de quitter Charly.

Quand j'étais petite, ma mère disait toujours que la vie est une scène où se joue la même pièce en boucle, avec comme seules différences les acteurs et quelques menus détails. Je commence à comprendre ce qu'elle voulait dire. J'ai quitté Chicago pour me sevrer d'une addiction toxique, tout ça pour trouver une nouvelle drogue aussitôt arrivée.

Quelque part, la vie n'est faite que de drogues. La plus importante étant le bonheur. Qu'est-ce qui pousse les gens à se lever le matin ? Qu'est-ce qui fait tourner le monde ? Quelle est notre foutue raison de vivre, si ce n'est chercher le bonheur, cette réaction chimique qui nous met une grande tape dans le dos pour nous récompenser. Ce bonheur vient de bien des façons, le tout est de trouver un moyen d'y parvenir qui n'est pas cher et surtout, qui n'est pas empoisonné.

Celle que j'ai trouvée ici est probablement la meilleure qu'il m'ait été donné d'avoir. C'est la réflexion que je me fais lorsqu'elle débarque en pyjama dans ma chambre après sa douche. Son téléphone en guise de micro balance une chanson des années 80 tandis qu'elle essaye tant bien que mal de chanter en rythme. Elle enchaine les gestes tous plus grandiloquents les uns que les autres comme si une foule en délire était en train de hurler son nom. Mais il n'y a que moi, déjà sous la couette, en train de sourire devant ce pitoyable spectacle.

Je me demande si je serai comme elle un jour. Une boule d'énergie qui se vêt d'un manteau de ridicule, manteau qui lui va comme un gant pour une raison mystique. Probablement pas. J'aimerais certes être plus extravertie, mais pas à ce point.

La musique se termine et je l'applaudis. Une véritable ovation à ses oreilles. Ses bras s'élancent et saluent son public, enchainant les courbettes comme un pianiste ayant terminé un concerto. Je ne peux retenir un rire devant son regard si profondément sérieux qui est plongé au fond de la salle noire de monde. J'ai presque envie de me retourner pour vérifier qu'à la place du mur ne se trouvent pas des rangées de sièges pleines à craquer.

Puis un long soupir vide ses poumons, à croire que toute la scène s'est déroulée en apnée. On se regarde, nos sourires finement dessinés. Ce n'est plus tant la prestation qui me rend heureuse, simplement sa présence. De la voir, là, face à moi, dans ma chambre. Elle n'ose pas s'approcher de mon fief, bien qu'elle en meure d'envie. Difficile de savoir si je vais le regretter ou non, mais je lui donne l'autorisation de pénétrer sur mon territoire en tendant les bras vers elle. L'invitation est acceptée en moins de temps qu'il n'en faut pour le lire et je me retrouve avec tout son poids sur moi, couverture lestée à la peau particulièrement douce.

Elle se faufile sous ma couette. Heureusement qu'elle n'est pas bien lourde. Elle m'enlace et repose sa tête sur ma poitrine avant de la relever comme un animal à l'affut, cherchant un endroit moins privé pour se caler.

Je passe ma main dans ses cheveux. Ses yeux se ferment immédiatement et tous ses muscles se détendent. Elle a beau avoir sa forme humaine, elle n'en reste pas moins un très gros chat. Mes gratouilles lui font l'effet d'un somnifère et la guéparde finit par se caler sur mes deux coussins.

Ses cheveux sont encore humides. Ils sont si doux. Ma main les traverse comme si de rien n'était. Aucun nœud ni résistance, mes doigts glissent entre ses mèches avec l'agilité d'un champion de slalom. L'odeur de son shampoing se fraye un chemin jusqu'à mes narines pour m'enivrer d'une touche de noix de coco. Sa chaleur traverse nos vêtements pour m'enrouler d'un drapé dont seul Morphée a le secret. Mes papouilles l'endorment à une vitesse inattendue, elle qui faisait le pitre quelques secondes plus tôt.

J'atteins la lampe de chevet et l'éteins avant de tenter une manœuvre des plus risquées : faire glisser Charly sur le matelas. Sa somnolence m'aide, elle n'oppose que peu de résistance, mais geint comme un chien derrière une porte, dévasté que son maître l'ait quitté plus de trois secondes.

Alors pour la consoler, je la mets sur le côté et me colle contre elle en cuillère. J'ai toujours été la petite, mais être la grande n'est pas spécialement désagréable. Je ne sais juste pas quoi faire de mon bras tout écrasé entre nos deux corps.

Je la sens. Ses cheveux caressent mon visage tandis que nos silhouettes s'emboitent –plus ou moins– sous la chaleur bienveillante de ma couette. Cela fait remonter tout un tas de questions en moi, interrogations qui reviennent en boucle depuis quelques jours. Est-ce que j'ai toujours été comme ça ? Ou est-ce que mon ex m'a dégouté des hommes ? Est-ce que je ne me trompe pas ?

Non. Pour cette dernière question, je n'ai plus aucun doute sur la réponse. Je n'ai même pas besoin de voir son visage pour savoir qu'elle sourit. Maintenant que j'y fais attention, je souris également. Ce bien-être m'emplit et tente de s'extérioriser sous la forme de mots. Le seul qui arrive à sortir est stupide. Il n'a pas lieu d'être dans cette situation. Il ne veut rien dire à ce moment précis. Un mot si vague qu'il arrive à englober trois semaines riches en émotions. Un sentiment profond qui sort, comme un soupire qui vide mes poumons pour les remplir d'un air pur et neuf à la senteur coco.

« Merci. »

***

On a beaucoup de travail aujourd'hui ! On a fait exprès de se coucher tard pour se lever tard et ainsi essayer de reprendre un rythme de sommeil classique. Classique pour le reste du monde en tout cas. On s'est extirpé du lit vers minuit puis j'ai commencé à préparer mes affaires pour partir le lendemain matin, avec une guéparde encore plus collante que d'habitude. Difficile de lui en vouloir. On s'apprête tout de même à traverser une forêt remplie d'Ohanzees sous stéroïdes pour quitter la ville et partir à la recherche d'un clan qui a peut-être disparu ou a été déplacé. Autant dire que notre expédition peut prendre moins d'une journée comme il peut s'éterniser un bon moment.

Une fois humaine, notre petite équipe se retrouve derrière le commissariat, face à une vieille fourgonnette grise. Pas vraiment un véhicule de police au premier coup d'œil, mais le capitaine nous explique qu'ils ne s'en sont jamais servis et ne l'ont donc jamais peint.

À mon avis ils n'ont même pas de quoi peindre des voitures dans cette ville.

« Okay les enfants, notre objectif : rendre cette boite de ferraille aussi résistance que possible. »

Je lève la main pour simuler un retour à l'école primaire.

« Oui Emily ?

— Vous savez que j'ai 23 ans monsieur ?

— Tu as vraiment envie que je t'arrête pour détournement de mineur ? »

La blague fait mouche et toute la bande se met à rire, même Charly qui manque de tomber par terre, incapable de respirer. Étonnamment, je ne trouve pas ça très drôle. Mais le fait qu'il m'ait enfin appelé par mon prénom me donne quand même le sourire.

« Donc, jusqu'à preuve du contraire, vous êtes tous des enfants. Des questions ?

— Si je porte plainte, Emily va en prison ? »

Je foudroie Charly du regard, l'air de dire « Tu ne me toucheras plus jamais », ce à quoi elle s'empresse d'annuler sa question. Toujours aussi fatigante. June soulève une question plus pertinente :

« Si vous avez comme idée que l'on fasse du bricolage ou ce genre de manutentions complexes, je doute que nous soyons les personnes les plus qualifiées.

— Parle pour toi, je sais faire plein de trucs ! » répond Adam. Il porte des habits encore plus troués que d'habitude pour l'occasion, ses vêtements de travail j'imagine. Il me fait penser à un redneck[1] habillé comme ça, il ne manquerait plus que la salopette et une casquette avec le drapeau confédéré[2].

***

Après une petite discussion, on s'est tous réparti des tâches sous la supervision du capitaine. Franchement, je suis surprise de la vitesse à laquelle on a avancé. Le fourgon n'a plus du tout la même tête ! On a installé un énorme pare-buffle à l'avant, doublé le pare-brise et toutes les vitres avec des plaques de métal qui ont des petites ouvertures pour nous laisser voir et on a même installé des pneus anti-crevaison. Moi qui ne suis pas foutue de faire un créneau, me voilà capable de changer une roue de A à Z !

Adam a même essayé de m'initier à la soudure, mais ça ne m'intéresse pas plus que ça. Tout l'inverse de Charly qui a vite chopé le coup de main. C'est incroyable, ça a beau être une gamine, dès qu'il s'agit de faire quelque chose de sérieux ou de difficile, elle ne bronche pas, ne se plaint pas et encaisse.

Il est environ midi lorsque le temps se gâte. Une pluie torrentielle sortie de nulle part s'abat sur nous alors que notre garage à ciel ouvert ne nous permet pas de nous abriter. On se dépêche de rentrer à l'intérieur du commissariat bien trop moderne pour la ville avant d'observer nos outils prendre l'eau. C'est Yéléna qui nous fait remarquer un détail : la pluie est noire.

Le ciel s'est drôlement assombri. Le capitaine nous fait signe de reculer de la vitre, les yeux rivés vers la forêt. L'arrière du poste de police est constitué d'un terrain vague grillagé où sont installés divers véhicules ainsi qu'un stand de tir et un pont élévateur où nous étions en train de travailler. Cent yards plus loin se trouvent les premiers épicéas épargnés par les Wakizas. J'ai à peine le temps de poser les yeux dessus qu'ils disparaissent. La pluie s'est transformée en un rideau d'eau noire.

Un cri strident s'enclenche et se met à raisonner dans tout le village. Une alarme. Celle qu'on entend dans les films avant qu'une catastrophe ne ravage le pays tout entier. Mes poils se hérissent et ma peau se met à me gratter d'un seul coup. J'imagine que c'est à cause du stress, mais en apercevant les têtes déconfites de mes camarades, je comprends qu'il y a autre chose. Ils s'échangent un regard duquel je suis exclue, ce qui ne fait que confirmer mes suspicions.

Le capitaine regarde sa montre, sans en revenir.

« Est-ce qu'ils vont attaquer ? » demande Adam.

Le bruit de fin du monde continue de nous briser les oreilles, écrasé par la pluie qui fracasse le toit et les fenêtres. On reste là, silencieux, attendant la suite des évènements. La guéparde a attrapé ma main discrètement et vu son regard, elle craint le pire. Pour se rassurer elle dit à voix haute comme pour lancer un défi : « Ils peuvent pas attaquer, je suis dans le village !

— Ça, c'est ce qu'ils sont en train de vérifier. » réponds le capitaine.

Le temps se fige, déchiré par un hurlement d'outre-tombe, composé d'une armée entière de créatures au sang aussi noir que leur dessein. Un cri de guerre terrifiant qui ne peut vouloir dire qu'une seule chose : Les Perses arrivent.[3]

Notre Léonidas hésite un instant. Il nous regarde, jugeant probablement nos capacités. Ses yeux passent par la fenêtre et constatent cette pluie noire qui ne s'arrête plus. Il finit par dire les mots que je redoutais :

« Vous savez tirer ? »

Il ne regarde pas Charly bien évidemment, seulement nous quatre. Adam répond à l'affirmative sans grande surprise –qu'est-ce qu'il ne sait pas faire lui ?—, mais nous trois hochons la tête de gauche à droite.

« C'est le moment d'apprendre. »

Dehors, la bataille a commencé. Les tirs fusent, les moteurs vrombissent et des explosions retentissent. J'avais comme espoir que tout cela ne soit qu'un test, mais la réalité m'a rattrapé par le col. Lucy attaque.

Le capitaine court dans une direction et nous le suivons sans demander quoi que ce soit. Il ouvre une porte avec un code et une importante quantité d'armes se retrouve face à nous. Cette vision d'horreur mélangée à la cacophonie apocalyptique et à la bouffée de chaleur me fait chavirer. Charly me rattrape de justesse et me fait m'assoir sur une chaise.

« T'en fais pas, on s'occupe de ça. »

Son sourire est sincère. Il me semble. Elle doit continuer de penser que son immunité va nous sauver.

Mes camarades s'arment puis suivent le capitaine à l'étage. Charly pose son fusil puis s'approche de moi. Je remarque qu'elle a ses moustaches de guépard greffées à son visage d'humaine.

« Hé, ça va bien se passer, je te le promets.

— Et s'ils arrivent à rentrer cette fois ?

— Je les laisserai pas te faire du mal. »

Mes mains sont posées sur mes genoux pour les empêcher de trembler. Je les fixe, honteuse d'être aussi terrifiée par de simples morceaux de ferraille. Charly passe lentement ses doigts sous mon menton et me force à relever la tête.

« Tu m'fais confiance, pas vrai ? »

Sa petite gueule d'ange accompagnée de cette phrase me fait sourire. Elle pose ses lèvres sur mon front avant de rattraper son engin de mort et d'escalader les marches quatre par quatre.

Bien sûr que je lui fais confiance. Avec chaque bribe de mon esprit.

[1] Stéréotype des Américains d'origine modeste qui ont des idées réactionnaires et des préjugés racistes.

[2] Nom donné aux onze États du sud des États-Unis qui étaient en faveur de l'esclavage lors de la guerre de Sécession.

[3] Référence à la bataille des Thermolypes qui a inspiré le film 300

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