Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

/🙃/ Piñata

On s'est posé dans un coin, sur une souche d'arbre fraichement coupée. On s'est attelé à la lourde tâche de raconter tout ce qu'on a vécu à Daniel. Charly a dû me convaincre de le faire puisque je n'ai toujours pas confiance en lui. C'est un homme fan d'armes à feu qui tire avant de réfléchir et qui m'a en plus menacé de me faire du mal. Mais lorsque Charly m'a dit avec un clin d'œil qu'il allait être mon beau père, je me suis souvenue des parents de mon ex. Et en comparaison, Daniel n'a pas l'air si mal.

Il a par ailleurs radicalement changé sa manière de m'observer. D'une certaine façon, je pense qu'il est reconnaissant d'avoir enfin pu extérioriser ce lourd secret qui l'incombe depuis tant d'années. Il a tiré une de ces têtes quand la guéparde a posé sa queue sur ma main. Même Charly s'est retenue de rire, contente de son petit effet qui m'a mis quelque peu mal à l'aise.

« Maintenant qu'on sait qu'on a Charly pour protéger le village, si l'on parvient à détruire le cœur, on peut battre le diable si j'ai tout compris !

— C'est l'idée. Mais impossible de savoir où il se trouve. Et le problème c'est qu'il devient de plus en plus fort. Ça doit être encore pire maintenant qu'il a libéré tous les démons. Puis de toute façon on ne peut pas quitter la ville pour partir à sa recherche.

— Bien sûr qu'on peut ! Paps et les gars peuvent sortir ! »

Je me tourne vers son père pour comprendre ce qu'elle veut dire.

« En soi ouai, si l'on met les moyens on peut sortir en grande pompe. Mais vu leur nombre, on pourrait faire quelques aller-retour maximum. Ce n'est clairement pas une option viable pour partir à la recherche d'une ombre dans Demon Wood. J'préfère qu'on garde nos munitions si jamais ils attaquent. »

Il me lance un regard, attendant que je confirme cette probabilité.

« Plus le diable est fort, plus il a une emprise sur ceux qu'il contrôle. Suffit de voir les Amoureux du Jour... Il n'est pas impossible qu'un jour il parvienne à forcer les Ohanzees à nous attaquer, même si Charly se trouve dans le village. Après tout ils n'ont cessé de se rapprocher depuis toutes ces années. C'est qu'une question de temps.

— Sans parler qu'on va crever de faim ! »

Toujours à penser avec son estomac celle-là. Mais elle n'a pas tort. C'est une course contre la montre. L'un des derniers champs laissés intacts a été détruit cette nuit, toute la ville va finir par crever de faim. Heureusement qu'on a des réserves.

« Je sais que c'est contre votre tradition, mais on ne pourrait pas demander de l'aide au monde extérieur ?

— Non seulement je ne veux pas, mais en plus je ne peux pas.

— Je sais bien que le réseau n'est pas terrible, mais j'arrive à le capter des fois !

— T'as essayé récemment ? »

Non, il est vrai que je n'ai pas spécialement eu le temps.

« On ne capte plus rien nulle part.

— Le cap'taine nous avait donné un gros téléphone bizarre qui permettait de capter partout, même dans la p'tite baie où on est allé camper.

— Bon, écoutez, ce que je vais vous dire est secret, encore plus que ton origine Charly. »

On se rapproche de lui avec curiosité.

« On vit dans une espèce de monde parallèle. »

J'hésite à me lever et à m'en aller, mais me contente de soupirer.

« Non, mais je résume en gros ! Pour faire simple, seules les personnes qui ont entendu parler de Demon Wood peuvent s'y rendre. Pourquoi vous croyez qu'on n'a jamais de touristes ? »

Je m'étais posé la question à de nombreuses reprises lors de mon arrivée. Le maire m'avait répondu une explication que j'ai complètement oubliée, je me rappelle juste l'avoir prise pour argent comptant. Mais si l'on veut être réaliste, bien sûr qu'on devrait avoir des touristes. On est un village typique de l'Oregon en bord de mer, ça devrait attirer du monde. Cela expliquerait aussi pourquoi je n'ai trouvé aucune mention du village sur internet et qu'il m'était introuvable sur mon GPS.

« Je ne saurai pas vous expliquer le pourquoi du comment. Mais on est... On était seulement 3 à le savoir. Moi, William et Henry. Et la petite baie où j't'emmenais camper fait aussi parti de ce monde caché. Même si normalement, les Ohanzees n'y ont pas accès.

— En théorie, le diable ne peut pas quitter Demon Wood ?

— En théorie. Sauf qu'il a quand même réussi à happer les deux promeneurs qui n'avaient rien à voir avec la ville. Si tout ce que vous dites est vrai et qu'il est bien plus puissant maintenant, allez savoir de quoi il est capable. Le village n'est peut-être que la première étape. »

Il n'est certainement que la première étape.

« On a une autre question Paps. Emily et moi on a l'impression... On est sûre même de genre, comprendre ce que ressentent les Ohanzees.

— Ça m'étonnerait. C'est comme dans la série là, The Walking Dead. Les Ohanzees bougent, hurlent parfois, mais n'ont pas de cerveau. C'est juste des marionnettes.

— Si je peux me permettre, après ce que vous venez de nous dire, je suis persuadée que ce sont les parents de Charly qu'on a vus lorsqu'on est parti camper. »

Je vois bien que cette question l'embête. Il cherche comment y répondre.

« Vu qu'ils ne sont pas nés Ohanzees, ils ont peut-être encore des souvenirs de leur vie d'avant ? Je ne les ai jamais revus depuis ce jour, ni moi ni aucun des gars.

— Je suis née Ohanzee et pourtant... » Cette phrase sort difficilement de sa gorge, comme une vérité qu'elle ne veut pas encore s'avouer.

« De parents humains qui avaient été transformés il y a peu.

— Mais comment tu peux savoir s'ils ressentent quequ'chose ? T'as bien entendu comment ils gueulent dans votre incinérateur ! »

La tête du gorille pivote immédiatement vers moi en comprenant qu'on a infiltré leur base. Comme si Charly était incapable de faire une chose aussi stupide d'elle-même et que c'était moi la mauvaise influence dans notre relation. C'est elle qui me fait sauter du haut des falaises, pas moi !

« Ce n'est pas pour autant qu'ils ont des sentiments ou quoi que ce soit qui s'en rapproche. C'est des Ohanzees. Des démons, littéralement. Ils ont un instinct de survie, peut-être ressentent-ils la douleur, mais nous n'avons aucun autre moyen de réduire leur nombre.

— C'est vrai que ça a bien marché. »

Ma réponse fait mouche et l'agace. Comme si c'était moi qui les avais libérés.

« C'est facile à dire. Tu débarques, tu ne sais rien de notre histoire et tu nous juges. Tu crois quoi, que ça nous amuse de mettre nos vies en danger tous les jours ?

— Pas de mettre vos vies en jeu, mais de torturer ces bestioles, ça oui j'en suis presque sûre !

— Et bien tu t'trompes ! On relâche la pression comme on peut et on montre aux habitants que nous sommes plus forts que ces saloperies !

— Emily a pas tort, vous avez p'tet pas besoin de les tirer sur le bitume ou de les taper quand ils sont déjà à terre.

— Vous ne comprenez rien. »

Il se lève, agacé que deux fouineuses comme nous venions mettre notre nez dans leurs traditions. Heureusement que Charly est avec moi, je ne me sentirai pas de faire ça toute seule. Comme il l'a dit, je ne suis pas d'ici, je n'ai pas vraiment de légitimité à critiquer leurs pratiques. Mais en même temps, je ne reste pas insensible devant ces hommes et ces femmes enfermés dans ces corps hideux depuis des décennies.

« Vous êtes là à vous apitoyer sur le sort de démons. Ces enfoirés, le diable, les Amoureux du Jour ! Ils veulent nous massacrer ! Ils ont déjà eu les Murphy et huit frères ! Bordel Charly tu n'vas pas me dire que t'es du côté des enfoirés qu'ont tué Jack ou Jones ! »

Elle baisse les yeux, presque honteuse qu'on lui reproche une si grande trahison. Je prends sa défense voyant sa détresse.

« Elle n'est pas de leur côté, elle se pose juste des questions. On se demande si leur faire du mal comme ça est la meilleure idée, ou si ça ne les rend pas plus forts !

— Peu importe maintenant. On a arrêté de les capturer de toute façon vu qu'ils ne s'approchent plus. Il y en a juste un qu'on a chopé tout à l'heure, à croire qu'il s'était perdu c't'abruti.

— J'peux le voir ? »

Je suis aussi décontenancé que son père devant une telle question sortie de nulle part.

« Hors de question.

— J'veux juste te montrer qu'on a raison !

— C'est trop dangereux. On n'sait pas encore de quoi ils sont capables maintenant que leur force a décuplé. Et rien ne nous dit que ces potes ne vont pas débarquer pour le libérer.

— Paps, s'il te plaiiit. Tu seras là pour me protéger ! Et puis ça va p'tet nous apprendre de nouvelles choses ! On n'a plus rien à perdre t'façon.

— C'est là qu'tu te trompes. »

Il fait quelques pas tandis que les tronçonneuses se remettent à chanter un peu plus loin.

« D'accord. Trois minutes, pas plus. »

La guéparde sourit et saute une nouvelle fois sur son père, comme s'il l'avait entraîné à faire ça chaque fois qu'il cédait à un de ses caprices.

***

On descend du pick-up et arrivons à une espèce d'avant-poste. Des énormes mitrailleuses sur pied sont installées et font face à une grande étendue vierge où se trouvaient des arbres quelques jours plus tôt. Un cri nous ramène dans le monde réel, un hurlement qui me glace le sang. Je l'ai certes entendu de nombreuses fois depuis mon arrivée ici, mais ce son distordu d'agonie constante me fait toujours froid dans le dos.

Un Ohanzee est entouré d'une dizaine de Wakizas. Certains semblent être en pause et mangent sur une table en plastique, leurs fesses posées sur des chaises pliantes. D'autres analysent la bestiole accrochée en l'air par les pattes qui gesticule pitoyablement. Je mets un certain temps avant de comprendre où est la tête dans ce condensé de noirceur.

Vu la taille et la forme, je dirais que c'est un mouton. Mais son cri n'a rien de mignon avec le traditionnel "Bééééé" qu'on nous apprend lorsqu'on est enfants.

Tous les soldats se mettent au garde-à-vous lorsqu'ils réalisent qui descend du pick-up. Je me prends par la même occasion une pluie de regards noirs, mais n'y accorde guère d'importance. La guéparde reprend sa position favorite à mes côtés et les gardiens changent immédiatement d'attitude à mon égard. Lorsque j'ai rencontré Charly, je me doutais qu'être amie avec elle me permettrait de m'intégrer. Mais de là à changer la haine en respect en à peine une seconde, je dois avouer que c'est plutôt agréable.

Le chef fait un geste de la main et tout le monde retourne à ses occupations. On s'approche de la bête à côté de laquelle se trouvent un panda et un rhinocéros qui n'ont comme arme qu'un couteau tâché de noir.

Après une petite discussion, on comprend qu'ils font des sortes d'expériences sur le captif. Ils lui ont tranché la gorge quatre fois en une heure, l'empêchant de hurler pendant quelques minutes, mais la plaie finit inlassablement par cicatriser puis disparaît complètement, lui redonnant accès à ses cordes vocales. Les autres parties du corps ne guérissent pas aussi vite à en juger par le sang noir qui goutte sur la terre battue. Il provient de dizaines de coupures un peu partout sur sa peau. Maintenant que j'y fais attention, l'odeur est pestilentielle et l'horrible sensation est présente. Je m'y suis drôlement habitué dernièrement, mais pas autant que les gardiens qui ont dû se baigner dans leurs tripes pour ne plus être dérangé par cette immondice.

Ses cordes vocales fonctionnent bien désormais. Même si, encore une fois, je peine à croire qu'un organe commun à tant d'animaux soit capable de produire un son si atroce et abominable. Dieu que j'aimerai que ces créatures n'existent pas. J'adore l'inconnu et la découverte. La possibilité d'admirer une espèce que peu de gens ont eu la chance de connaître devrait m'emplir de joie et de fierté. Pourtant, même en ressentant toute la souffrance dans ses cris, je ne peux m'empêcher d'espérer leur anéantissement. Qu'ils disparaissent et que plus personne n'ait la malédiction de croiser le chemin de ces abominations.

Charly semble du même avis que moi. On doit être particulièrement stupide de vouloir les aider. C'est tellement plus facile de les haïr...

« Okay ma puce, il est à toi. »

Ses deux trous blancs se sont plongés dans les yeux de mon amie guéparde. Le panda prend des notes, visiblement intrigué par un tel comportement. Maintenant que j'y fais attention, c'est vrai qu'il ne hurle plus. Toute son attention est focalisée sur Charly. Elle tente de s'en approcher, mais son père produit un léger son avec sa bouche pour lui imposer une distance de sécurité.

Le temps poursuit son cours dans un silence de plomb. Tous les wakizas se sont tournés vers nous pour admirer le spectacle. Son père s'impatiente, mais je n'y prête pas trop d'attention. C'est la première fois que j'observe un Ohanzee de cette manière. Je m'efforce de l'aborder d'un angle différent et de ne pas voir en lui qu'une menace doublée d'une hérésie.

De la même manière que j'ai réussi à percevoir Charly lorsque j'avais ses mains autour de mon cou, je finis par sentir quelque chose dans cette bestiole. Ce n'est pas vraiment la première fois à vrai dire, une sensation similaire m'avait traversé lorsqu'on était tombé sur les –potentiels– parents de Charly lors de notre baignade. Mais c'est bien plus difficile ce coup-ci.

Alors au fur et à mesure que je creuse, coupant la haine à la machette, je perçois une forme plus familière. Celle d'un être humain. Jeune. Il finit par faire attention à moi et m'observe avec la même intensité que Charly. Son regard me sert de porte d'entrée vers son esprit que je perçois avec une clarté nouvelle.

C'est étrange. Cette créature est tout l'inverse de mon amie. La conscience de Charly est d'une douceur et d'un amour inégalé tandis que les profondeurs de son esprit renferment des atrocités aux noms anciens et oubliés.

Tandis que cet Ohanzee, en surface, n'est rien de plus qu'une bête assoiffée de sang au regard rempli de haine. Mais lorsqu'on s'attarde sur le néant négatif que renferment ses yeux, on arrive à apercevoir une part profondément bonne, mais surtout profondément triste.

« Vous ne voyez pas qu'il souffre ? demande Charly à voix basse, honteuse.

— Comme un Ohanzee attaché à des crochets. » réplique le rhinocéros avec un sourire qui s'efface rapidement devant la sévérité de la guéparde.

Est-ce que personne n'a jamais pris le temps d'observer l'une de ces créatures plus de dix secondes ? Ou bien sont-ils tous aveuglés par cette haine censée couler dans leur sang ?

« Qu'est-ce tu veux dire Charly ?

— Je vois son esprit. »

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro