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/📻/ Bouffe mes pneus

Après s'être fait un bol de cornflakes et avoir redémarré le feu grâce aux braises, on est partie chercher du bois mort pour l'entretenir. Je dois avouer que faire du camping la nuit manque un petit peu d'intérêt, on ne peut même pas admirer le paysage. Et pour trouver quoi que ce soit, on est obligé de prendre la lampe torche. J'ai l'impression d'être une aventurière à la recherche d'un trésor. Sauf qu'à la place des pièces d'or, je prends juste des branches cassées.

Charly a vomi un peu plus tôt. Quand le soleil a disparu, elle a couru vers les arbres. Et vu que j'ai eu peur qu'elle se retransforme, j'ai fermé les yeux de toutes mes forces et j'ai détourné le regard. Mais non. Juste le repas du midi qui est parti nourrir le gazon. On pense que c'est son corps qui ne comprend pas pourquoi il ne se transforme pas. Elle m'a expliqué qu'elle se sent toute bizarre, comme s'il lui manquait quelque chose. Apparemment c'est surtout sa queue qui lui manque, mais vu le clin d'œil qu'elle m'a lancé après, je n'arrive pas à savoir si c'était une blague ou pas.

On revient à peu près en même temps avec nos provisions de bois. Charly a dégoté quelques gros morceaux qu'elle positionne d'une manière bien particulière. Après une dizaine de minutes, on a le droit à un petit feu de joie qui éclaire plutôt bien cette minuscule crique. C'est vraiment agréable de profiter de cette chaleur parce que mine de rien, il fait pas si chaud que ça la nuit.

« Alors... ?

— Mmhm ?

— Tu veux toujours quitter Oddly Bay ? »

La fameuse question. J'avais presque oublié qu'on était venu ici pour me convaincre de rester.

« Tout ça, c'est beaucoup pour moi. Beaucoup d'un coup... Je crois que j'ai peur. Ces Ohanzees... J'ai l'impression qu'ils me veulent quelque chose.

— Comment ça ?

— Il y a eu la vision l'autre jour, quand t'es arrivée. Même avant, je les avais entendus, dans la forêt. Et quand les gardiens en avaient trimballé un dans les rues, j'ai senti dans son regard qu'il me voulait quelque chose ! D'ailleurs je sais plus si je t'avais demandé. Quand on s'est rencontré, qu'est-ce qu'ils foutaient à le tirer comme ça ?

— C'est une tradition. Quand ils en capturent un, ils traversent Oddly Bay en l'accrochant à leur bagnole jusqu'à leur base. Pour montrer aux habitants qu'ils ne risquent rien, tu vois ?

— Leur base ? Le commissariat ?

— Non non, ils ont un endroit rien que pour eux. Un espèce de vieil entrepôt de docker tout au sud, hors de la ville.

— Mais ils en font quoi après ?

— Bah ils les tuent et brûlent leurs corps. Tu veux qu'ils en fassent quoi, du pâté ? »

Ces gardiens sont vraiment des barbares d'un autre temps...

« Pour le cri, c'est pas impossible que tu en aies entendu un, ça arrive. Mais pour l'autre coup, c'était une hallucination. La ville doit jouer sur tes hormones et vu que t'en as pas l'habitude, ça t'a fait avoir un cauchemar, c'est tout !

— Même, j'ai pas envie de me transformer en cochon d'Inde ou en putois moi !

— On ira voir Susie à notre retour et elle te dira quel animal tu vas être, comme ça s'il te plait pas, tu pourras toujours quitter la ville !

— Mais même... J'ai pas envie que mon corps disparaisse, que tout le monde puisse voir mon âme, pour ensuite être matérialisé dans un corps d'animal... J'en reviens même pas que je dise une phrase pareille.

— On a un jeu pour détendre les enfants qui ont peur de se transformer. C'est essayer de deviner l'animal que tu serras.

— En quoi ça va me faire moins peur ?

— Et bien en fonction de nos paris, on donne tous les points positifs d'être cet animal. Pour que l'gamin ait moins peur quoi.

— Et c'est moi le gamin là ?

— Bah du coup oui. Moi je sais déjà que j'suis un guépard. »

Qu'elle est bête.

« Okay, donc j'vais te poser des questions et en fonction de tes réponses, je vais essayer de deviner.

— ... Si ça t'amuse.

— Okay, on va commencer. T'es plutôt solitaire ou sociable ?

— ... Sérieusement ?

— Okay je crois que j'ai la réponse.

— Sans déconner...

— Ensuite : Tu es du genre à faire beaucoup de sport et avoir plein d'énergie, ou tu passes plutôt ton temps à dormir ?

— J'ai une gueule à faire du sport ?

— Okay donc on partirait plutôt sur un animal solitaire et qui dort beaucoup... Peut-être un ours ?

— De ce que j'ai vu avec toi et Grand Ours, votre forme animale correspond à votre forme humaine. Grand Ours c'est un monstre, toi t'es plutôt fine en humaine.

— L'animal influence l'humain et vice-versa. Mais tu n'as pas tort, ton petit bourrelet ne fera pas de toi un grizzly.

— MAIS MON BOURRELET T'EMMERDE !

— Bon, ça répond à la question sur le pacifisme et l'agressivité.

— Tu rigoles, je suis la personne la plus pacifiste qui existe !

— Mmhmm... Moi tu me donnes des ondes félines. J'aurai bien dit un chat domestique, genre un chat de maison tu vois. Le genre qui ne sort jamais.

— Euh, outch ?

— P'tet une panthère.

— J'ai quand même l'impression que tu oublies une infinité d'autres animaux. Genre si ça se trouve j'vais être un rat ou un autre truc tout petit.

— Il n'y en a pas énormément des petits animaux... Quelques oiseaux oui, des lapins à la rigueur. Il y avait une souris je crois, quand j'étais petite, mais elle a quitté la ville. Elle en avait sûrement marre de s'faire écraser.

— Maintenant que j'y pense, c'est quand même bizarre. De ce que j'ai compris, il y a quand même pas mal de personnes qui quittent la ville tous les ans. Comment ça se fait qu'aucune d'entre elles n'ait lâché le morceau ?

— Honnêtement j'sais pas trop. J'imagine que personne ne les croirait ? Puis de toute façon le capitaine s'en occuperait, c'est son boulot après tout. »

On discute longuement. De tout. De rien. Je réalise que même elle n'a pas les réponses à toutes mes questions. En même temps tout ça est juste naturel pour eux. Tout comme la plupart de la population ne s'amuse pas à se demander le pourquoi du comment de chaque petit détail, eux aussi se contentent de vivre sans se poser trop de questions. Une qualité que j'aimerai bien avoir.

Il y a encore des détails qui m'échappent. Des choses, cachées, que j'aperçois du coin de l'œil et qui disparaissent aussi tôt que je tourne la tête. Comme cet épisode de Doctor Who. Qu'est-ce qu'il était cool cet épisode. Et je dois avouer que ces petites choses me démangent. J'ai besoin de savoir. J'ai besoin de connaître. J'ai besoin de comprendre.

J'suis partagée.

D'un côté il y a ce mystère. Cette aventure que je vis. Toutes ces réponses qui n'attendent que d'être découvertes. Et Charly bien évidemment.

Mais de l'autre, il y a l'inconnu. Les Ohanzee. Les dangers. Les menaces. La mort, peut-être. Après tout, l'autre fils de pute est mort dès qu'il est arrivé, qu'est-ce qu'il me dit que je ne quitterai pas la ville les pieds devant ?

C'est facile de vouloir vivre une histoire comme dans un livre. Mais une fois qu'on est à la place d'Harry Potter ou de Frodon, il faut avoir le cran de continuer à avancer. Malgré les obstacles et surtout malgré les dangers. Sauf que moi, je ne suis pas l'héroïne d'un livre. Je suis juste Emily. Et dans le vrai monde, des gens meurent tous les jours. Et il n'y a rien d'héroïque à ça.

Qui sait quand ce sera mon tour ?

***

« Darling, you got to let me know

Should I stay or should I go ?

If you say that you are mine

I'll be here 'till the end of time

So you got to let me know

Should I stay or should I go ? »

On chante en cœur, de faux micros devant nos bouches, un sourire figé. L'eau est fraiche, mais on s'en fou. On chante comme deux casseroles cramées, mais on s'en fou. Quelqu'un pourrait venir et nous entendre, mais on s'en fou. Parce qu'on se regarde et on sourit. Et à partir de là, le reste n'a plus vraiment d'importance. Cette p'tite saloperie a fait exprès de mettre cette musique sur la radio cassette. Même si je ne voyais pas son air de fripouille toute fière d'elle, j'aurais bien deviné que les paroles m'étaient adressées.

Mais je ne crois pas qu'elle s'attendait à ce que je lui renvoie la balle en la fixant droit dans les yeux.

« Should I stay or should I go now ?!

Should I stay or should I go now ?!

If I go there will be trouble !

And if I stay it will be double !

So come on and let me know ! »

J'ai complètement abandonné l'idée de laisser ma blessure hors de l'eau. Elle a l'air tellement pure ici de toute manière. Puis foutu pour foutu. On se trémousse en rythme, balançant nos bras et nos fesses de gauche à droite, éclairées par le peu de lune qu'il y a, mais surtout par le feu qu'on a bien chargé en bois. Je ne crois pas que j'me sois déjà autant lâchée. Et pourtant j'ai rien bu ! J'ai juste l'impression de pouvoir être vraiment moi. La Emily qui a peur des orages, qui aime plaire et qui chante sous la douche aussi fort que possible ! La vraie Emily !

La Emily que je veux être !

Et qu'est-ce que j'aime ça.

La playlist des années 80 ne s'arrête pas, alors on continue d'hurler –on peut difficilement appeler ça chanter à ce niveau–, les bras tournés vers la lune qui doit nous prendre pour de terribles voisins. Heureusement qu'elle ne peut pas appeler la police pour tapage nocturne.

Les flammes ondulent et éclairent les environs de leur douce lumière orange. La tente, le van derrière, puis les arbres et les falaises environnantes qui nous entourent, immenses rochers dont on ne peut voir que des formes abstraites qui apparaissent et disparaissent au gré du feu.

Mais, quelque chose attrape mon regard. Mes yeux ont détecté une anomalie. Je me dis que c'est juste ma paranoïa, après tout on est au milieu de nulle part, en pleine nuit, avec une seule route pour s'échapper si quelqu'un arrive et –oh mon dieu, faut vraiment que j'arrête de réfléchir autant moi !

Je tente de repenser à autre chose, mais devant mon silence, Charly m'observe.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »

Quelque chose ne va pas dans ce tableau. Comme si la peinture que j'observais depuis le début de la nuit avait très subtilement changé. C'est comme lorsqu'un objet n'est pas à sa place, mais qu'on n'arrive pas à mettre le doigt dessus. C'est frustrant, et dans mon cas, très angoissant.

La musique grésille. C'est déjà arrivé quelquefois, après tout c'est une vieille machine qui lit des cassettes, ça doit avoir au bas mot trente ans. Mais c'est différent là. « Paradise City » se déforme à l'extrême jusqu'à ce que le rythme disparaisse complètement, transformé en une bouillie infâme. Tous mes poils s'hérissent.

« La radio a p'tet pu de piles. »

Alors qu'elle se rapproche du bord, je hurle d'un coup net.

« NAN ! »

J'ai trouvé ce qui n'allait pas.

Une partie du van et des arbres n'est pas du tout éclairée. Peu importe les mouvements des flammes, rien n'y fait. Pourtant il n'y a rien entre le feu et ces éléments du décor. Rien que je ne puisse voir tout du moins. Seulement un noir profond. Et...

« Charly »

On se regarde toutes les deux. Mais non. Nos bouches sont bien fermées. Et de toute manière, aucune de nos deux voix ne peut faire un tel son...

Son que je reconnais.

« Charly »

Quatre points blancs apparaissent à côté du feu.

« Recule ! » hurle-t-elle avant de revenir à mon niveau sans les quitter des yeux. Elle passe un bras devant moi, comme pour me dire de rester derrière. Mais la peur me paralyse, encore une fois.

L'un est long. Très long. Dans les 15 pieds de long. Maintenant que j'ai compris de quoi il s'agissait, j'arrive à discerner les formes qui ondulent, mais pas à cause des flammes cette fois-ci. Ses immenses jambes toutes fines bougent, tout en restant sur place, comme si elles n'étaient faites que de gelée. Aucune articulation. Je parviens tout de même à comprendre que c'est une forme humaine grâce aux deux bras squelettiques qui comme les jambes, bougent sans aucune raison particulière en défiant toutes les lois de mère Nature.

L'autre est bien plus petit. J'ai l'impression qu'il s'agit d'une sorte de centaure puisque j'aperçois une paire de pattes supplémentaires derrière. Pourtant c'est une forme humaine qui me regarde, aucun doute là-dessus. Comme si elle n'arrivait pas à choisir ce qu'elle était, son être tremble frénétiquement et sursaute, distordant sa silhouette dans des sens improbables.

Je prends le temps de les analyser, car... Il ne se passe rien. On s'observe. Leurs deux points blancs qui semblent mener dans un autre monde nous fixent, dans un silence gâché uniquement par le grésillement perpétuel de la radio. C'est étrange, mais j'ai l'impression de parvenir à voir au travers de leurs formes. Un peu comme avec les habitants. Je me concentre autant que je peux, comme pour les déchiffrer. Les comprendre. J'arrive à voir que celle qu'est grande est une femme. Et que l'autre est un homme. Mais il y a autre chose qui me titille...

Ils finissent par briser le silence de la plus horrible des façons.

« Ǫ̟̱̰ͩ̈ͫn̙̟͐ͦ͋ͅ ̸͉ͧ̈́ͧ͑ͅt̻̐'͔̩̥͎̠̥̘̇̑ͪͦ͡ā̪͚̲̪̫͚̜ͯ͘i̭͔̹̹̱m͈̼̮̠̼͎̓̍ͦ͌̚e̼͖̟̔͒̿ͬ͐̓. »

Un son atroce sort de leurs gueules. Un hurlement macabre qui nous pousse à nous boucher les oreilles. C'est un appel à l'aide. Un cri d'agonie venu d'outre-tombe. Un animal déjà abattu, mais dont la souffrance ne s'est pas calmée, accentuée par les tortures de la grande faucheuse. Cette abomination vocale est si distordue qu'on croirait entendre une suite de notes aléatoire, avec comme seul point commun une douleur qui ne peut être arrêtée ni même atténuée.

Les deux formes sont tirées en arrière d'un coup sec et disparaissent entre les arbres en un battement de cils, transformant leur tristesse en un écho lointain à une vitesse terrifiante. Le silence réapparait un court instant, absolu et menaçant, tellement que nos respirations restent bloquées, écrasées par le poids de ce qu'il vient de se passer.

Et alors qu'on s'apprête à soupirer, d'autres hurlements indescriptibles résonnent, très loin. C'est là que Charly me dit, sans quitter la forêt des yeux.

« On rentre. »

On se précipite hors de l'eau et sans même réfléchir, Charly prend le volant du van et démarre le contact. J'arrive après elle et ai juste le temps de prendre nos deux sacs à dos avant de me glisser à la place passagère. Elle accélère tellement vite que j'entends les roues tourner dans le vide tandis que je me retrouve plaquée au siège. Les arbres défilent à toute vitesse et Charly se concentre de toute son âme pour ne pas finir dans le décor, balancé de gauche à droite par les nids de poule et les dos d'âne.

Les cris sont vraiment proches. Des hurlements de guerre. Le van est percutée. Je vois dans le rétro les Ohanzees. Ils nous courent après et foncent dans la carlingue. Leurs yeux sont remplis de rages. Comme leurs menaces glaçantes.

Je prie. De tout mon cœur. Pour que Charly soit bonne conductrice, mais surtout pour sortir en vie de cet enfer.

« Ouvre la boite à gant. »

Je la regarde. Derrière son visage concentré et profondément sérieux, j'aperçois une peur profonde. Elle ne peut pas la cacher. La Charly si courageuse est terrifiée.

« Vite ! »

Je m'exécute. Je l'ouvre et on se prend une violente bosse qui fait sauter l'objet sur mes genoux. Un pistolet.

Charly l'attrape.

Le moteur hurle lui aussi, comme pour défier les démons.

Mais c'est bien Charly qui le fait hurler.

Un Ohanzee bloque la route.

Le van hurle une fois de plus alors qu'elle change une vitesse, donnant un violent coup de boost.

On heurte la créature à pleine vitesse. Son corps est fauché par le pare-chocs tandis que sa tête percute le pare-brise d'une violence inouïe avant d'être entraînée sous les roues. Je hurle à l'impact et lorsque je rouvre les yeux, je vois le verre complètement fissuré et déformé, éclaboussé d'un sang presque noir.

« Allez ma belle » dit Charly en serrant les dents.

On distance ces atrocités qui ne cessent leur chant. J'ai l'impression d'être poursuivie par une meute de loups possédés, tout droit venus du dernier cercle des enfers. On finit enfin par quitter le petit chemin et Charly prend la bretelle à toute vitesse pour nous faire revenir sur la voie rapide. Ce n'est qu'après une bonne dizaine de minutes qu'elle réduit enfin sa vitesse, laissant un peu de répit au moteur en pleine surchauffe.

C'est seulement à ce moment-là qu'on respire enfin.

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