Je veux m'éloigner de cette échéance. M'accrocher au temps comme on s'accroche à quelqu'un. Ne pas perdre ces précieux instants, mes derniers avec toi. Je sais que nous serrons séparé par le gong. Tu préfères l'ignorer pour ne garder que les bons moments, ce qu'il y a de merveilleux.

Mais moi je ne veux pas, je ne peux pas oublier la fin. La fin d'un monde, de notre monde. Un recoin de chaleur, de réconfort. Je sais que toutes les bonnes choses ont une fin, c'est pour ça que, longtemps, j'ai voulu m'empêcher d'être heureuse pour ne pas l'être moins derrière.

Mais toi, tu as compris. Tu as compris qu'il faut profiter de chaque instant de cette vie. Tu sais qu'on ne nait qu'une fois. On n'a qu'une vie pour lire tous les livres que contient ce monde. Qu'une vie pour gouter à toutes les sortes de chocolat. Qu'une vie pour tout savoir et écrire jusqu'au bout de la nuit. Partir de rien, pour tout construire. Se bâtir une histoire, une expérience, pour se rendre unique.

Tu sais tout ça toi. Je dirais que tu as tout compris. Surtout quand à minuit moins une tu dis :

- Au fond, mourir, ce n'est pas si grave. J'ai déjà tant vécu ! Pense donc à maintenant, à vivre sans faire semblant.

Ne rien laisser s'échapper. Pas une seconde de cette vie et essayer d'oublier que oui, elle nous est comptée, mais qu'au fond, les choses éphémères sont souvent les plus belles. Je pose donc une rose en ton hommage sur cette cavité de pierre représentant maintenant ton domaine. Cela en citant Horace le latin :

Dum dum loquimur, fugerit invida aetas: carpe diem, quam minimum credula postero.

Pendant que nous parlons le temps jaloux s'enfuit. Cueille le jour et ne crois pas au lendemain.