Chapitre 7
Jude pleurait. C'était rare pour ses coéquipiers de le voir ainsi, mais désormais tout ce qu'il avait retenu au plus profond de son coeur était en train de sortir, de s'évacuer. Ses pensées noires étaient devenues plus colorées en l'espace de quelques seconde.
- Que vas-tu faire maintenant ? demanda une petite voix parmi les joueurs.
C'était Scotty, un garçon un peu plus jeune que lui, de caractère farceur, il était assez rare de le voir inquiet.
- Je ne sais pas encore, soupira Jude, en se tournant vers la source de la voix. Premièrement, j'irai à l'hôpital, je vais les laisser soigner les dernières blessures et probablement que je vais devoir apprendre à me débrouiller seul à nouveau.
- Nous ne sommes plus seuls, lui murmura Célia, lorsque papa et maman sont morts, nous n'étions que deux, mais aujourd'hui, nous avons de nombreux amis sur qui compter et on ne doit pas les oublier.
Un sourire se dessina sur son visage. Sa soeur avait raison, désormais, ils étaient entourés de personnes qui les aimaient tels qu'ils étaient, ils n'étaient plus seuls.
A la fin de leur discussion, il laissa ses coéquipiers se changer et Célia l'aida à sortir du vestiaire. Le coach Travis l'attendait derrière la porte.
- Jude, l'interrompit-il, j'aimerais te demander de rester notre stratège et celui qui continue à trouver de nouvelles tactiques.
Le châtain fut surpris par la demande de son coach.
- Vous pensez vraiment que je peux encore aider l'équipe, coach ? hésita-t-il.?
- J'en suis certain, je sais que tu trouveras la solution par toi-même, tu es quelqu'un d'intelligent Jude.
Une nouvelle voir s'ouvrait devant lui, une voie différente de l'originelle mais ces portes qui lui restaient ouvertes lui faisaient chaud au coeur. Il laissa ses amis et repartit à l'hôpital avec son père. Les médecins lui avaient dit que ses blessures, au niveau de ses bras et de ses jambes disparaîtraient au bout de quelques jours. Ces derniers lui avaient également conseillé une assistant sociale pour l'aider à s'orienter, car il allait en avoir besoin.
Quelques jours plus tard, lorsque le jeune joueur rentra chez lui, il s'était vite rendu compte qu'il vivait désormais dans un autre monde, le manoir dans lequel il habitait lui apportait un lot de défis inattendus. Les espaces qu'il maîtrisait autrefois étaient devenus des pièges dans lesquels ils pouvaient tomber. S'il marchait trop à gauche ou trop à droite, il risquait de se cogner à l'un ou l'autre meuble. Certaines décorations en avaient déjà fait les frais et s'étaient vite retrouvées en mille morceaux.
Les marches d'escaliers étaient désormais un obstacle, elles lui semblaient traîtresses, chaque pas qu'il faisait était un risque. Sa maison, qu'il connaissait si bien était devenue un labyrinthe, à force de rentrer dans les meubles, il commençait à les redouter.
Même si ses récentes blessures guérissaient, se blesser à nouveau à cause d'une simple chute ou d'un faux mouvement le hantait. Il ne voulait pas ajouter d'autres douleurs physiques à celles qu'il supportait déjà.
.
- Aïe, bon sang, c'était là ce meuble ? dit-il en se cognant l'orteil contre le fauteuil.
Seul. Il se sentait vide. Ne plus savor où il allait faisait désormais partie de son quotidien.
Jude, déterminé à ne pas se laisser abattre par les difficultés, réalisa qu'il devait trouver des solutions pour regagner son autonomie. Il se rappela ce que les médecins lui avaient dit à l'hôpital, et décida de contacter l'assistante sociale pour discuter de ses besoins chez lui. Rapidement, une réunion fut organisée, et elle arriva avec un plan concret pour adapter son environnement.
Avec l'aide de l'assistante sociale et de son père, Jude commença à transformer le manoir. Des rampes furent installées le long des escaliers, et des tapis antidérapants furent posés pour éviter les glissades. Ce qu'il arrangeait grandement. Ils déplacèrent les meubles pour dégager les espaces et marquèrent certains points de repère tactiles pour l'aider à s'orienter. Des dispositifs sonores furent également ajoutés pour signaler les portes et les dangers potentiels.
Au fil des jours, Jude apprit à se déplacer dans ce nouvel environnement, retrouvant peu à peu confiance en lui. Mais plus encore, il réalisa qu'il n'était pas obligé de tout affronter seul. Ses amis, malgré la distance, venaient souvent lui rendre visite, l'encourageant à persévérer. Mark et Axel, en particulier, faisaient tout leur possible pour l'aider à se sentir toujours connecté à l'équipe.
Avec les semaines qui passaient, Jude commençait à se sentir de plus en plus à l'aise dans le manoir transformé. Ses progrès étaient notables, mais il se rendait compte qu'il devait encore faire face à certains défis, notamment en termes d'indépendance. Il avait encore trop tendance à demander à son père ou à ses amis de l'aider et il aurait bien aimé apprendre à se débrouiller seul plus facilement, il avait parfois l'impression de les déranger.
Cependant, une chose lui manquait, il adorait parler de stratégies avec ses amis, maintenant qu'il ne pouvait plus compter sur sa vue, il se servait de son ouïe pour les aider à trouver des tactiques imparables, en s'inspirant d'un joueur qu'ils avaient rencontré par le passé, à Okinawa, ce dernier utilisait le son pour trouver de nouvelles tactiques. Il s'était dit qu'il pouvait essayer de l'imiter.
Seulement, même s'il adorait ce défi, de trouver des nouvelles techniques pour ses amis, une chose lui manquait grandement : le football.
Entendre le ballon rebondir, entendre les passes des joueurs, l'intensité sur le terrain, les encouragements de leur capitaine, le discours de leur entraîneur. Ca le démangeait, il voulait jouer avec eux, mais il ne pouvait pas ou plutôt, il ne pouvait plus.
Même si sa vision était floue, la vue de la silhouette ballon lui donna envie, il voulait se lever, courir, frapper, passer la balle à ses coéquipiers. Cette pensée soudaine lui fit réaliser qu'il pourrait peut-être ne plus jamais jouer avec eux.
- Jude...Jude, l'appela Mark en le sortant de ses pensées.
Il releva la tête, en direction de la voix, jusqu'à ce qui puisse voir avec un oeil, le visage de son capitaine.
- Heu..oui, Mark ? Tu voulais quelque chose ?
- Je te demandais, si tu avais une idée de génie, comme tu en as l'habitude pour gagner face à cette équipe ?
Axel regardait les deux joueurs du coin de l'oeil. Il vit le châtain répondre qu'il n'avait pas encore eu d'idées. Il voyait bien que le stratège de l'équipe était perturbé par les nouveaux changements qu'il avait subi.
- Jude...tu n'es pas seul, nous sommes là pour t'aider. Si tu as besoin de quelque chose tu ne sera jamais une gêne, dit le blond, en lui passant le ballon.
Il passa la main sur son épaule et lui fit comprendre, que malgré ses questions et ses doutes, ils étaient là pour lui, malgré les difficultés qu'ils allaient rencontrer sur ce chemin compliqué.
- Mr Sharp, je vous appelle au sujet de votre fils, c'était la voix de l'inspecteur, nous avons de potentiels suspects.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro