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CHAPITRE 3 | ❝ MAL ❞
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« Je ne deviendrais pas votre femme. » Déclarais-je doucement pour ne pas l'énerver.
La brise de vent de tout à l'heure, revient danser derrière moi. Elle caresse ma peau, me faisant frissonner puis disparaît d'un coup. Le Seigneur de Weisrock est désormais immobile devant moi, me fixant intensément de ses pupilles rouges et grises.
« Les femmes n'ont aucun droit dans ce monde. » Lâche-t-il en faisant un signe de main vers la gauche.
En quelques secondes, deux domestiques sont à côté de moi, comme pour me surveiller. L'un est à gauche et l'autre à droite. Son imposante taille ne me fait pas peur, et visiblement, il n'est pas effrayé par moi non plus. Enfin, c'est ce qu'il laisse paraître.
« Ramenez ma femme à ses appartements, je dois règler une affaire urgente. Et Mal, si vous opposez une quelconque résistance, je serais dans l'obligation de vous punir. J'espère être assez clair. » Dit-il en regardant au loin, en parlant d'une voix monotone.
« Monsieur. » Commençais-je d'une petite voix « Jamais je ne vous ferais allégeance. »
« Ne me poussez pas à- »
« Mais. » Le coupais-je « Si vous me permettez de ramener père dans votre château pour que je puisses le soigner, alors je vous serais docile. »
Un rire rauque parvient à mes oreilles. Plusieurs frissons parcourt mon épiderme, comprenant que ce rire est tout sauf un rire amical.
« J'en suis presque touché. Vous voulez soigner votre père ? C'est dommage mais celui qui fixe les règles c'est moi et je n'exécuterai jamais un chantage aussi stupide. » Il rigole en prenant une mèche de mes cheveux entre ses doigts pour jouer avec.
« Je vous en supplie. » Fis-je d'une voix brisée.
« Emmenez-là à ses appartements, sa voix me donne mal à la tête. » Ordonne-t-il en commençant à marcher.
Les deux domestiques me tirent par les bras pour me faire avancer, et c'est ce que je fais. J'ai brisé les deux promesses faites à père : je ne serais pas heureuse et je ne pourrais pas le soigner. Nous arrivons près de la grande porte mais un hennissement, à la fois puissant et effrayant, arrête les domestiques dans leur lancée. Ils lâchent mes bras, stupéfaits.
Je me tourne à mon tour pour y voir une créature imposante avec une robe noir de jais, aussi noir que le fond des Enfers. Le Seigneur de Weisrock caresse sa crinière que je ne parviens pas à voir d'ici, mais je peux voir son visage se fermer. Le cheval me fixe dans les yeux, sans cesser de taper son sabot gauche contre les pavés du château.
Je suis automatiquement appelée vers cette créature céleste, mais en m'approchant un peu plus, je remarque que sa crinière est trempée.
Complètement trempée...
« Ne montez pas dessus ! » Hurlais-je au Seigneur qui s'arrête dans son geste.
Ma tête se tourne vers l'animal. Son regard est bloqué sur mon corps. Et le plus surprenant, c'est qu'il... sourit. Comment peut-il réussir à sourire ? Mes yeux s'écarquillent de plus en plus alors que je suis bientôt en face de l'animal.
« Retourne dans les lacs. »
Le cheval prend alors son apparence originel, troquant sa robe noir de jais contre son corps squelettique au regard vitreux. Il déploie alors ses ailes remplis d'algues. Le Seigneur de Weisrock ne recule pas mais tout son corps montre sa peur face à cette créature du Malin.
« Mal... débarrasse.... toi... de lui. » Parvient à articuler le cheval, d'un murmure semblable à celui d'un homme étant sur le point de mourir.
Elle me donne froid dans le dos.
« Ne lui faites pas de mal. Je vous l'interdis ! » Criais-je en posant ma main sur le museau du cheval, ce qui le fait reculer.
« Pauvre petite sotte ! Ne... te... lies... pas avec un hu-humain ! » Continue-t-il d'une voix de plus en plus douloureuse, et presque fantomatique.
« Vous êtes en train de vous parler » ? En déduis le Seigneur, nous regardant tour à tour « Vous réussissez à le comprendre... »
« Ne reviens pas sur nos Terres ! » Hurlais-je cette fois en appuyant sur son museau pour le pousser.
Le cheval me lance un dernier regard, avant de s'élancer à toute vitesse vers le bois qui entoure le château. J'expire difficilement par la bouche, alors que mes jambes sont sur le point de me lâcher. Je m'écroule au sol comme si que quelqu'un venait d'aspirer mon énergie vitale. C'était quoi ça !
« Qu'est-ce que vous m'avez fait ! Je n'ai jamais rencontré les créatures du Malin ! Pourquoi se présentent-elles à moi maintenant ? » Lançais-je alors que mon visage est rapidement immaculé de larmes.
« Qu'est-ce que c'était ? » Me demande-t-il, visiblement peu averti sur le sujet.
Ses mains entourent ma taille avant de me porter pour me remettre debout et son contact sur ma peau me brule. Je prends un moment pour répondre, le regardant dans les yeux, totalement choquée par ce contact soudain. Ses mains fortes et veineuses sont si douces contre ma peau. Comprenant le trouble qui m'habitue, celui-ci lâche ma taille et j'essaie de reprendre une respiration normale.
« C'est un Kelpie. Les Kelpies sont des créatures des lacs au service du Diable. Elles se présentent d'abord aux humains sous une apparence d'une beauté inimaginable puis une fois que l'Homme est installé sur son dos, elle reprend sa véritable apparence et galope vers les lacs, emportant l'humain dans les profondeurs maritimes. » Je rétorque.
« Une fois monté sur son dos, il est impossible d'y descendre ? Mais comment reconnaître un Kelpie ? » Continue-t-il vivement intéressé par le sujet.
« Sa peau devient visqueuse et collante, personne ne peut descendre. Et une fois que son apparence est redevenue normale, les algues présentent sur son corps encerclent sa proie. On le reconnaît car souvent, leur crinière est trempée, impossible à sécher. »
« Le Malin nous envoie un signe, il vous veut et il est prêt à me tuer pour cela. » Déduit-il en inspectant les environs « Et d'ailleurs, comment savez-vous tout ça ? »
« Ce que je ne comprends pas en revanche... c'est que ces créatures vivent en Écosse, hors nous sommes à plusieurs kilomètres de là. » Chuchotais-je pour moi-même « Et je n'en sais rien ! Quand j'ai vu cette créature, tout m'est apparu en tête d'un seul coup. »
« Je dois réunir mes hommes de toute urgence. » Conclut-il en me regardant « Et vous m'avez sauvé la vie. » Commence-t-il alors qu'un homme lui ramène un cheval.
Il grimpe sur son dos alors que je continue de le fixer. Une fois monté et installé, il baisse son regard vers moi. Il semble complètement perdu dans ses pensées. Cependant, le hennissement de son cheval le réveille soudainement.
« ... Alors que vous auriez pû vous débarrasser de moi. Je vous crois maintenant, vous allez m'être docile. Alors en échange de ma vie, je vous autorise à amener votre père sur mes Terres. » Accorde-t-il avant de lancer son cheval à toute vitesse vers les bois.
Son cheval s'élance d'une vitesse fulgurante vers les bois, et il ne daigne pas lancer un regard en arrière. Il avait l'air réellement préoccupé. C'est le moment de fouiller son château en son absence, s'il est prêt à faire de moi sa femme, c'est qu'en temps que sorcière et créature du Diable, je peux lui apporter quelque chose, mais quoi ?
Le plus important c'est que je vais pouvoir sauver père des mains de mère qui ne veut pas le soigner. C'est le moment de montrer aux yeux des villageois et aux yeux du Seigneur Weisrock que rien ne me lie et ne me liera jamais au Ténébreux.
« Apportez-moi une cape ! » Ordonnais-je à la domestique à ma gauche, bien décidée à me faire écouter et à montrer que les femmes aussi peuvent décider. En plus de ça, je meurs de froid.
Elle hoche de la tête en courant vers le château alors que j'y marche également, complètement perdue dans mes pensées. Arrivée devant la porte, je ne peux m'empêcher de me tourner une dernière fois, sentant un regard sur moi. Et je suis surprise de voir que dans les bois, le Kelpie est en train de me fixer.
J'ouvre la porte du château pour y entrer avant de la reclaquer fermement pour signifier au Kelpie qu'il perd son temps avec moi. Ses paroles me reviennent soudainement en tête, 'débarrasse toi de lui', 'ne te lies pas avec un humain', j'avais là une opportunité de me débarrasser de lui mais je ne l'ai pas fait.
Pourquoi ?
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SALUT.
Ce chapitre commence à être un peu plus sombre. Et Mal ne montre toujours aucun signe de son attachement avec le Malin... eheh.
J'ai réussi à finaliser ce chapitre avant de dormir ! L'université c'est épuisant. J'ai hâte d'avoir ma semaine de vacances :)
1454 mots.
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