Chapitre 40 - Jade
Et voilà, enfin un nouveau chapitre. Encore une fois, mes excuses pour l'attente !
Comme promis, je vous donne des nouvelles : tout va mieux pour moi (plus de nausées et niveau fatigue ça va beaucoup mieux) et bébé se porte bien également.
Des bisous :D
Jade
lundi 8 juillet
Palais de Holyrood, Édimbourg, Écosse
— Qu'entends-tu par « prendre un autre vol » ?
— Prendre notre avion privé à la place de ton vol commercial. Cela te permettra d'éviter les paparazzis autant à l'allée qu'à l'arrivée, du moins à l'aéroport... Et puis, ça nous permettra de passer dix heures de plus ensemble, ajouta-t-il d'une voix innocente. Dix heures rien que tous les deux, à des milliers de kilomètres de tout le monde.
— Alex, c'est... c'est vraiment tentant, mais je ne veux pas abuser de l'hospitalité ou de la fortune de ta famille. Cela me mettrait mal à l'aise que tu demandes ça à...
— Je n'ai rien à demander, m'interrompit-il avec un large sourire. C'est l'idée de mon père, et il en a assurément parlé à ma mère, vu qu'ils se disent tout. Tu ne peux pas dire non à mes parents, tu en conviens ?
Il y avait une expression sur le visage d'Alex qui m'empêchait de rire : un mélange de fierté quant à l'idée, mais aussi d'espoir de pouvoir repousser nos adieux. Alors, j'acceptai, car je n'avais plus aucune raison de refuser, mais aussi, car j'avais autant envie que lui de passer quelques heures de plus en sa compagnie.
Alex m'embrassa, fou de joie, avant de me faire tournoyer dans la chambre où nous étions remontés pour boucler nos valises. Après ses réjouissances, nous nous remîmes à l'activité principale qui nous avait amenés ici. Et, alors que j'intercalai ma trousse de toilette entre deux piles de vêtements, une autre idée se glissa dans mon esprit et me figea. Je me redressai ensuite et me tournai Alex.
— Vas-tu vraiment faire vingt heures de vol dans la même journée ?
— Ne t'ai-je pas dit que je ferai tout pour toi ?
— Absolument tout ? le défiai-je avec un sourire en coin.
— Oui bien... Attends, à quoi penses-tu exactement ? Tu as une expression un peu flippante qui me dit que tu as une idée derrière la tête. Quelle est-elle ?
— Eh bien, je me disais que ce n'était pas très agréable de faire vingt heures de vol d'affilée... Tu devrais prendre une pause avant de repartir non ? Disons quelques jours ? Ou quelques semaines, si ton emploi du temps de prince te le permet, évidemment.
Alex lâcha ce qu'il avait en main et fit quelques pas dans ma direction. Si dix heures lui avaient paru un merveilleux cadeau, la proposition que j'étais en train de lui faire pouvait être comparé à un Noël à part entière.
— Et puis, ajoutai-je malicieusement, ce n'est pas juste. J'ai rencontré ta famille, je pense que tu devrais rencontrer aussi la mienne.
L'euphorie du petit garçon émerveillé par Noël fut brièvement traversée par une vague de panique.
— Et si ta mère ne m'aime pas ? se mit-il à paniquer. Et puis, je ne vais pas m'imposer chez elle pendant des semaines sans qu'on l'ait averti au préalable.
— Tiens donc, qui stresse maintenant ? C'est drôle de voir les rôles s'inverser !
Bien malgré moi, j'éclatai de rire. Avais-je ressemblé à ça avant d'arriver ici ? C'était bien possible et je ne pouvais pas contredire que la panique avait été l'un des moteurs principaux de mes journées. À l'inverse d'Alex, j'avais été prévenue il y a plusieurs semaines déjà, alors que je mettais Alex presque au pied du mur, à cinq jours près.
— Ma mère est très cool. Et tu ne vas pas refuser cette proposition alors que ça pourrait nous permettre d'être encore ensemble ?
— Je ne refuserai pour rien au monde, voyons ! C'est juste que... eh bien, comme tu l'as dit, les rôles sont inversés, et c'est à mon tour de m'inquiéter.
— Tu as autant de raison de t'inquiéter que moi j'en avais... c'est-à-dire, absolument aucune.
— Si tu penses que c'est une bonne idée, alors je te fais confiance. Mais, tout comme toi, je risque d'être quelque peu stressé ces prochains jours à l'idée de rencontrer ta mère.
— Et, tout comme tu l'as été pour moi, je serai là pour t'apaiser.
Alex caressa ma joue droite avant d'embrasser la gauche. Ces deux contacts me firent frissonner, de façon suffisamment imperceptible pour qu'il ne remarquât rien. Mais les papillons dans le ventre étaient toujours bien présents après presque six mois. J'avais toujours le cœur en feu lorsque j'étais à côté de lui, bien que j'eusse réussi à garder mes joues de la même teinte que le reste de mon corps.
— J'irai toucher un mot à papa avant notre départ, pour qu'il puisse faire le nécessaire. Nous pourrions partir un jour plus tôt, si cela te dit. Je pense que ça pourrait nous permettre d'éviter une grande partie des paparazzis devant chez toi, car ils ne s'attendront pas à ce que tu rentres plus tôt. Qu'en dis-tu ?
J'approuvai d'un signe de tête, convaincue par sa proposition. Bien que le petit-déjeuner eût pris fin une vingtaine de minutes plus tôt, Alex semblait avoir réfléchi à tout. Enfin, à presque tout si on mettait ma proposition de côté.
J'étais excitée à l'idée de rentrer plus tôt et de ne pas être séparée de lui pour autant. Je décidai d'ailleurs que je n'allais pas prévenir maman de la nouvelle : autant lui faire la surprise... une double surprise même ! Je n'avais aucun doute quant à leur rencontre : je savais que maman accueillerait Alex avec autant d'amour et de joie que je l'avais été ici.
Tout ça me remplissait de joie. J'étais, après ce week-end en compagnie de la famille d'Alex et nos brillantes idées mélangées, sur un petit nuage. Et rien, non rien, n'aurait pu me faire redescendre.
* *
*
« Rien n'aurait pu me faire redescendre de mon nuage ».
C'était à cette phrase que je pensais alors que la pluie martelait les carreaux et que nous étions pris au piège dans la demeure d'un énième ami des parents d'Alex. Et, si la pluie n'avait pas suffi à contrecarrer nos plans, nous avions également dû faire face, dès le premier jour de nos péripéties à un duo de paparazzis des moins discrets. Peut-être était-ce une bonne chose d'ailleurs : en les repérant aussi facilement, nous avions pu décamper rapidement de notre position, ne leur donnant que peu de photographies à disposition.
Mais ces deux raisons nous avaient poussés à changer nos plans. Moi qui avais tant hâte de découvrir quelques coins du Royaume-Uni avant mon départ, j'étais piégée dans une vieille demeure où j'étais observée sept jours sur sept par les regards si réalistes des portraits peints qui trônaient là, dans toutes les pièces de la maison. Heureusement, j'étais exemptée de toute présence dans la salle de bain, ainsi que dans notre chambre. C'était d'ailleurs dans cette pièce que je me trouvais, bien incapable de la quitter. Croiser la moindre de ces peintures me donnait la chair de poule et le tonnerre tonitruant qui s'approchait à grands pas ne faisait qu'amplifier cette impression de manoir hanté.
– Ah, te voilà ! s'exclama Alex.
Aspirée par mes pensées, je n'avais pas fait attention aux bruits ambiants de la maison, et encore moins aux parquets qui grinçaient sous les pas d'Alex, si bien que je ne pus retenir un sursaut avant de me tourner vers lui.
– Mon but n'était vraiment pas de te faire peur, crois-le. Tu m'en as voulu la nuit dernière, car j'ai dû me lever et que j'ai fait trop de bruits, et là tu ne m'as pas entendu arriver ? Que se passe-t-il ? me questionna-t-il d'une voix un peu moqueuse.
Alex avait réduit l'espace qui nous séparait en quelques pas et venait d'entourer ma taille de ses bras. Il semblait amusé par la situation, mais comprit très vite que je n'étais pas spécialement de bonne humeur : son rictus se transforma en une moue inquiète.
– Qu'est-ce qu'il se passe ? réitéra-t-il sa question plus sérieusement cette fois-ci.
– Cette maison me donne la chair de poule.
J'espérais que cette seule explication pouvait lui suffire, mais Alex leva un sourcil, m'invitant à continuer.
– C'est rien Alex, je... je suis juste déçue que notre périple ait pris une telle tournure entre les photos et la pluie. J'avais si hâte de faire ce voyage avec toi avant de... avant de repartir aux États-Unis. Je voulais terminer mon séjour dans ton pays sur une note plus positive plutôt que d'être enfermée ici, chez des gens que je ne connais pas et qui ne sont pas très... pas très amicaux, ajoutai-je en chuchotant.
– Je sais que ce n'est pas l'idéal, dit-il en rapprochant un peu plus nos corps, et je sais que nos hôtes sont particulièrement froids. Mais c'était les plus proches de notre position. Plus qu'un dîner en leur compagnie, plus qu'une nuit dans cette maison hantée, et ensuite ce sera terminé. Quant aux visites que nous avions prévues, ce n'est pas comme si tu n'allais jamais revenir en Angleterre... n'est-ce pas ?
Sa question n'était pas purement rhétorique. Il souhaitait réellement connaître ma réponse ou, tout du moins, être rassuré.
– Bien sûr que je compte revenir. Aussi souvent que tu voudras de moi.
– Tu veux dire... tout le temps ?
– Aussi souvent que nos vies respectives pourront nous le permettre, me corrigeai-je.
Sa vie de prince... et ma vie de... eh bien, pour le moment, de pas grand-chose, mais je ne comptais pas me tourner les pouces jusqu'à... jusqu'à... Soit. Je ne comptais pas laisser ce diplôme trôner dans un cadre dans ma chambre. Je ne comptais pas non plus vivre, ad vitam aeternam avec maman. Si tôt j'étais de retour aux États-Unis... non, si tôt Alex serait rentré dans le sien (si tard était préférable), je partirai à la recherche d'un emploi. J'avais conscience que le marché de l'emploi n'était pas une mince affaire, surtout dans certains secteurs — dont le mien —, mais j'étais plus que motivée à faire valoir mes cinq ans d'études et à rendre grand-père fier de moi, lui qui avait toujours été un passionné d'Histoire.
Alex déposa sa joue contre mon front tandis qu'il resserrait son étreinte. Instinctivement, je fis de même alors que mon esprit revenait s'ancrer au moment présent.
– Nous avons toute notre vie pour découvrir le monde, me murmura-t-il à l'oreille. Ce n'est que partie remise. Et puis, dans quelques jours, c'est toi qui me feras découvrir un pays que je ne connais pas.
Je n'osai pas le contredire, mais je savais que ses plans avaient peu de chance de se réaliser. Si les paparazzis ne s'attendaient pas à me voir rentrer un jour plus tôt, il était clair qu'il ferait le pied de grue devant ma porte dès le samedi. Alors, quand ils découvriraient qu'en plus de cela, le prince était aussi à l'intérieur de la maison familiale, je ne voulais même pas imaginer ce qu'il allait bien pouvoir se passer. Et si cette idée était une erreur ? Si j'avais hâte de la rencontre entre maman et Alex, n'était-ce pas égoïste de ma part d'imposer cette situation à mon seul parent, de lui ajouter ce stress dans une vie déjà forte chargée en émotions et en responsabilité ?
J'oscillai entre l'excitation de cette rencontre et la frustration que celle-ci fut éclipsée par leur présence. Mais je ne voyais pas d'autres solutions, car il n'y en avait pas. Alex était qui il était et rien ne pouvait faire disparaître l'aura de la couronne. Je m'y étais habituée, ici. Tout du moins, je pensais m'y être habitué. Mais maintenant que j'ajoutai maman dans l'équation, c'était différent. Ce n'était plus à propos de lui ou de moi, ou même de sa famille. C'était ma mère. Ma petite maman adorée, la personne que je chérissais le plus au monde. Pourrait-elle supporter cette intrusion dans sa vie privée ?
Je n'avais pas pensé aux conséquences de l'après. Je n'avais pensé à rien ces derniers mois. À rien d'autre qu'à ses baisers, ses caresses, ce regard qu'il posait sur moi et faisait tout disparaître autour de moi.
Mais l'approche du départ, de la séparation, de l'intrusion, du retour à la réalité et à ma petite vie, tout ça remettait en perspective ce que je vivais. La panique commença peu à peu à m'envahir, et plus elle prenait le pas sur les autres émotions, plus je me blottissais dans ses bras, plus je me m'accrochais à lui, comme pour rattraper cette part d'insouciance de nos premiers mois ensemble.
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