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12 - Jade


Jade

Vendredi 8 février

Oxford

« Tu es le début »

Ces mots résonnaient dans ma tête quelques minutes avant le départ. Et ils avaient d'ailleurs résonné une bonne partie de la nuit que j'avais passée à admirer le plafond. La fatigue, pourtant bien présente, n'avait pas été suffisamment forte pour mettre en veille mes questionnements, mes doutes, mes peurs. Tout cela avait fini par faire surface lorsqu'Alex s'était endormi.

Ce dernier point n'avait été certes pas prévu, mais cela avait été une évidence au moment où il était apparu sur le seuil de ma porte. Je n'aurais pas pu rester seule cette nuit et ses soubresauts nocturnes, desquelles j'ai dû l'en arracher, me faisait dire que lui non plus.

Peut-être était-ce une mauvaise idée, car les nombreux cauchemars desquels j'ai dû l'extraire n'ont fait que m'angoisser à mon tour, sans même savoir ce qu'il s'y passait. Ce n'était que la deuxième fois que nous dormions ensemble. La première avait été paisible, tandis que celle-ci avait été particulièrement agitée. Ses gémissements et ses secousses, qui se sont répétés par cinq fois au cours de la nuit, m'ont brisé le cœur. La première fois que je l'avais réveillé pour l'en sortir, je n'avais pas pensé une seule seconde que cela aurait pu se reproduire une nouvelle fois dans la même nuit. C'était à partir de la troisième fois que je compris un peu plus l'impact que cette nouvelle avait eu sur lui.

Il était terrifié. Toutes ses peurs et ses angoisses s'étaient emparées de lui à l'instant où il s'était endormi. J'étais pourtant persuadée d'avoir réussi à l'apaiser, à le réconforter, à le rassurer.

Pendant un bref moment, durant la nuit, j'avais douté. Non pas de nous, mais de ce qu'il pensait de moi. Cela n'avait pas duré très longtemps, une minute ou deux. Deux longues minutes interminables où j'avais cru qu'il ne me faisait pas confiance. Puis, cela avait disparu aussi vite que cela était arrivé, lorsque j'avais compris que cela n'était pas moi le problème ni même lui. C'était extérieur à notre couple, à notre cocon. Il n'avait pas perdu sa confiance en moi, il était effrayé par eux. Par leur intrusion et les conséquences que cela engendrerait.

Peut-être avait-il raison finalement. Peut-être ne réalisais-je pas réellement dans quoi je m'étais engagée et quel impact la presse pouvait réellement avoir sur moi et sur nous. Il était possible que j'avais opté inconsciemment pour la technique de l'autruche. Je m'étais fourré la tête dans le sable, dédramatisant ce qu'il me disait. Car c'était trop dur à entendre, trop rapide, et que j'avais encore besoin d'être dans cette bulle.

Mais la bulle n'était plus là maintenant, laissant entrer les cauchemars et les problèmes. Sans oublier les doutes.

Et je devais avouer que j'avais douté. Et ces pensées me faisaient culpabiliser. Comment avais-je pu imaginer, ne serait-ce qu'une seule microseconde, que j'avais peut-être faire une erreur ce fameux soir où j'étais sortie pour le retrouver ? Cette nuit où nous nous étions embrassés, ou nous avions dormi ensemble. Je détestais cette partie de moi qui avait songé à tout arrêter au premier problème. Je détestais cette faiblesse en moi qui était animée par la peur. Celle de l'inconnu, mais aussi de cet amour que je n'arrivais pas à décrire, à contrôler.

« Tu es le début. »

Ces mots étaient la première chose que j'entendis à mon réveil, court de trois heures à peine. Sa voix était partout. Elle me réchauffait, elle faisait gonfler mon cœur, elle prenait plus de places que ces murmures anxieux.

J'étais le début... Et c'était effrayant. Ce n'était même pas les trois mots symboliques, mais ces quatre mots étaient tout aussi impactant. Je comprenais un peu plus ce qu'Alex ressentait pour moi, tandis que je peinais un peu plus à structurer mes émotions et mes pensées. Je tentais de me canaliser depuis quelques jours déjà. J'essayais d'être raisonnable, de ne pas laisser mes pulsions prendre le pas sur toute autre chose. De ne pas dire ces trois mots. De ne pas céder à cette envie que j'avais de lui arracher tous ces vêtements.

J'avais envie d'être avec lui, d'être près de lui, d'être à lui.

Et tout ça était effrayant. Parce que c'était nouveau, parce que c'était différent de ce que j'avais vécu avec mes deux précédents petits copains. Ce n'était pas pareil, c'était beaucoup plus fort et beaucoup plus intense. Mais le revers de la médaille le serait également.

Je chassais ces pensées de ma tête en la secouant. Je retrouvai l'instant présent. Celui où j'étais seule dans cette chambre. Alex était parti avant que je fusse réveillée. Il avait gribouillé un mot sur une feuille volante.

« Parti me changer avant mes cours. Appelle-moi au moindre problème, je garde mon téléphone à proximité. Sois prudente. »

Une lettre était ensuite raturée. Une lettre que je devinais être un « J ». Mon cœur avait raté un battement à la première lecture. Désormais, tout en moi souriait de ces mots que je pressentais.

J'aurais aimé pouvoir rester au lit toute la journée avec lui. Non par crainte de retrouver l'extérieur effrayant (quoiqu'un peu peut-être), mais par simple envie d'être avec lui. J'aimerais pouvoir m'échapper du temps et de cette ville rien qu'à moment. Être seule avec lui à des kilomètres de toute vie humaine, sans rien pour pouvoir nous interrompre. Pas de téléphones, pas de regards curieux, de gardes du corps ou de photographes. Je n'avais pas encore eu l'expérience de cette dernière possibilité et je n'avais évidemment pas hâte d'y être confrontée. Cela allait pourtant arriver. Aujourd'hui, probablement, ou bien demain.

Je m'armais de courage alors que je déposai délicatement le mot sur ma table de chevet. Je me chaussai ensuite, avant de me couvrir de mon manteau, d'une écharpe et d'un bonnet. Je jetai un regard au dernier message que j'avais reçu. Scarlett, Brooke et presque toutes mes amies anglaises m'avaient envoyé des messages pour m'envoyer leur force et leur courage. Cela partait d'une bonne intention, assurément, mais cela avait eu l'effet inverse. J'avais l'impression d'être une guerrière qui, en sortant, s'engouffrer dans la grotte du dragon.

Fermer la porte derrière moi fut d'ailleurs difficile. Je fus à deux doigts de retourner dans ma chambre et de m'y enfermer jusqu'au retour d'Alex. Mais je tins bon. Et, comme un signe, mon téléphone se mit à vibrer au moment où je l'attrapai dans le fond de mon sac. C'était un message d'Alex.

« J'ai hâte de te retrouver ce soir »

Nous n'avons pas prévu de nous revoir aujourd'hui. Mais cela m'avait semblé évident, tout comme à lui apparemment. Il avait besoin de me protéger, tout comme moi-même j'avais besoin de le rassurer. Je nageais dans des eaux troubles, mais lui y naviguait depuis sa naissance et connaissait ses dangers. On avait besoin l'un de l'autre, c'était une réalité bien avant que notre relation ne fût exposée au grand jour. J'avais besoin d'Alex, sans quoi je serai restée dans ce pub.

« Je finis à 17 h 30. Chez toi ou chez moi ? »

Je descendis les escaliers d'un pas lent. Je m'étais préparée à une vitesse hallucinante et j'étais pas mal à l'avance. C'était sûrement d'ailleurs pour ça que, en sortant de l'immeuble, je remarquai que la cour était plutôt calme. Le soleil peinait à traverser les épais nuages sombres qui planaient d'un air menaçant, renforçant un peu cette impression de fin du monde que je percevais déjà par l'absence d'autres étudiants. Je frissonnais, mais finis par apprécier cette perspective d'être seule : cela me permettrait d'éviter certains regards curieux. Je ne pourrais pas y échapper une fois en cours. Il était inutile de faire la naïve. J'étais en Angleterre et je sortais avec l'un des héritiers de la Couronne. Il aurait fallu être totalement stupide de penser que j'allais passer inaperçue. C'était comme si j'étais aux États-Unis et je sortais avec un acteur mondialement célèbre, comme Chris Evans, Chris Hemsworth ou n'importe lequel des Chris célèbres. Chris Evans, de préférence.

Je lâchai un rire, assez satisfaite d'arriver à dévier sur une pointe de légèreté dans un moment pareil. Mais c'était ce dont j'avais besoin. Dédramatiser tant que je le pouvais.

« Tant que je le pouvais ».

Ces mots prirent une tournure sournoise alors que je m'engageai dans la première rue et que je me pris de plein fouet un homme. Je m'apprêtai à m'excuser, bien consciente de ma maladresse. Ma bouche était d'ailleurs ouverte, prête à laisser échapper ses mots, lorsque quelque chose attira mon attention. Mon cerveau eut à peine le temps d'identifier l'appareil photo que l'homme que j'avais bousculé s'en arma et se mit à mitrailler.

— Jade ! Qu'est-ce que ça fait de sortir avec le prince Alexandre ?

Je restai un moment inerte, comme abasourdi par la rapidité avec laquelle cette réalité m'avait rattrapée de plein fouet. Moi qui pensais que celle-ci se métamorphoserait plutôt en des étudiants qui murmureraient en me regardant. Bien sûr, j'avais songé à cette possibilité, mais je ne pensais pas que mon premier échange ce matin serait avec un paparazzi.

Les mots de Brooke s'imposèrent à moi, comme pour me sortir de ma torpeur : « La seule chose à faire si tu es face à un paparazzi, c'est de tracer ton chemin. Ignore-le et marche ! »

Comme un robot qui aurait reçu un ordre, je me mis automatiquement en marche, tournant le dos à cet homme. Bien entendu, il ne s'arrêta pas là et commença à me suivre, poursuivant sa tâche avec son appareil et de ses questionnements. Mais je n'arrivais plus vraiment à saisir les mots qui sortaient de sa bouche. C'était plus comme un lointain écho. J'étais encore dans un état second et cela avait créé une sorte de bulle tout autour de moi qui empêchait le moindre bruit d'entrer. Cela m'empêchait surtout de rebrousser chemin et d'abandonner cette journée.

Au bout d'une minute, les échos se stoppèrent et, quoiqu'un peu stupidement, je m'octroyai de jeter un regard derrière moi. L'homme avait disparu. Je ne saurais dire comment ni même pourquoi, mais il n'était plus là. Je ne savais pas si je devais être soulagée de ne plus le voir ou apeurée de le voir surgir en tournant au coin de la rue. Dans tous les cas, je repris mon chemin, bien déterminée à effectuer les deux cents derniers mètres qui me séparaient de mon cours de la matinée.

J'y arrivai sans un nouvel accident, mais sous les yeux curieux des étudiants déjà présents.

« Tu t'en doutais », dit une petite voix dans ma tête, « tu le savais, alors reprend ton souffle, installe-toi et oublie-les ».

Je m'exécutai, sortis mon matériel et attendis. Les yeux rivés sur le tableau en face de moi, je concentrai toute ma volonté et mon énergie à citer les présidents américains par ordre chronologique. Quand j'eus fini, je le refis, à l'envers cette fois-ci, redoublant de concentration. Et comme le professeur n'était toujours pas arrivé après cet exercice, je me mis à énumérer tous les personnages d'Harry Potter qui me passaient par la tête. Il y en avait tellement que le cours commença enfin.

Cependant, aussi triste que cela fût, ce cours de Philosophie Antique n'arriva pas à me captiver autant que mes listes. Plus les minutes s'écoulaient, plus le poids pesant des regards se faisait sentir. Au début, je pensais que c'était dans ma tête, que j'imaginais tout ça. Mais, en détournant le regard de mon écran d'ordinateur, cette triste réalité fut confirmée. Une dizaine de personnes avaient plus l'air intéressées par ma petite personne que par le cours en lui-même. Certaines me jetaient des regards furtifs, un peu timides ou mal à l'aise, alors que d'autres ne se gênaient pas pour me dévisager tout en murmurant à la personne qui était juste à côté d'eux. J'imaginais très bien ce qu'ils pouvaient dire. Que j'étais une croqueuse de diamants, entre autres choses.

Tous ces yeux rivés sur moi, toutes ces hypothèses sur ce qu'ils pouvaient penser de moi. C'était trop. C'était étouffant, angoissant et intrusif.

Il y avait savoir ce qui nous attendait, et il y avait le vivre.

Au bout des deux heures du cours, j'en vins à la conclusion que j'avais besoin de reprendre des forces. Mon esprit devait analyser tout ce qui s'était passé, l'accepter et se renforcer.

Je n'étais absolument pas en état de côtoyer les humains aujourd'hui, à quelques exceptions près. Alors, en rangeant mes affaires et en m'emmitouflant dans mon manteau, je m'avouai vaincue et repris la direction de ma chambre, accablée de ne pas avoir survécu plus de deux heures.

Mais aussi déçue de les avoir laissées s'immiscer en moi aussi facilement. 

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