Chapitre 6
Bonjour, j'espère que ce chapitre vous plaira.
Bisous et bonne lecture...
Croyez-moi ou non, mais cela fait plus de six semaines que je suis ici, perdue dans ce monde. Le temps est long. Je ne sais pas pourquoi je reste ici. En fait si, je le sais parfaitement. Pour mon bébé. Je ne suis pas folle au risque de partir et de risquer de mourir de faim ou pire et perdre mon bébé. J'ai plus de chance de finir ma grossesse, même avec cette prophétie, dans ce château qu'à l'extérieur. Mes pensées sont toujours tournées vers ce petit être fragile et innocent de tout ce cirque.
Je ne fais aucun effort, telle une gamine capricieuse. Je ne me donne plus la peine de descendre les longs et interminables escaliers pour arriver à la salle à manger, préférant largement prendre mes repas dans ma spacieuse chambre. Je suis tranquille au moins. Aucun fameux regard sombre ne vient me perturber. Et puis, de toute manière, il n'a jamais plus demandé ma présence dans quoi que ce soit. Et cela me va, parfaitement. Depuis qu'il est au courant, il éprouve bien trop de dégout pour ma personne pour faire le moindre geste. Grand bien lui en fasse, pour moi la réussite de cette insémination est un cadeau du ciel.
L'ennui me possède tous les jours. Entre les balades à l'extérieur et les tours de ma chambre, je ne suis autorisée à rien d'autre. Pas très folichon, je sais. Le meilleur dans tout ça, c'est quand je me pose dans la grande baignoire et que je parle à mon futur enfant. Je me confie, je me soulage du poids que j'ai, de la pression que j'accumule face à ce monde. Cela me rassure de me dire qu'au moins, il ou elle va bien.
C'est la bouffée d'oxygène. Chaque jour, ce moment me réjouit. J'admire mon ventre prendre du volume, de plus en plus. Et la nourriture ici est tellement bonne et nouvelle pour moi que j'en profite, peut-être un peu trop. Mon ventre me le prouve avec tout le poids que j'ai pris. Je sais qu'il est normal d'en prendre, mais dû à mon métier, je me rends compte que j'ai grossi assez vite. Au moins, il a tous les nutriments qu'il lui faut. Je me fiche des formes dérangeantes que je vais surement garder. C'est vraiment le cadet de mes soucis dans ma grossesse.
Par jours de chance, Line parvient à rester avec moi et à partager mon repas. Elle aussi est devenue importante à mes yeux. Un peu comme un repère dans la vision floue que j'ai de cet endroit. Parfois, c'est Filly qui se libère des responsabilités de Reine Mère qu'elle a pour marcher en ma compagnie.
Après ces semaines d'enfermement dans cette cage dorée, je craque. Je veux sortir.
Je voulais demander à Filly de venir avec moi, d'agrandir notre balade jusqu'au village nos loin que j'ai aperçu un jour à travers l'une des grandes fenêtres que possède le couloir principal. Les toits dépassants des arbres de cette immense forêt m'ont donnés envie de découvrir le Nouveau Monde dans lequel je me trouve. Tant qu'à faire, autant m'acclimater un minimum non ?
Mais finalement, je ne lui ai pas proposé, elle est beaucoup trop proche de l'homme ingrat qui est le Seigneur de ces terres. Elle allait finir par le mettre au courant de notre escapade. Après tout, c'est le dernier membre de sa famille, il est trop précieux à ces yeux – même si je ne vois pas ce qu'il y a de bien chez cet homme – pour risquer de le contrarier. Sachant, en plus du reste, qu'il me fait suivre par deux gardes continuellement dans la journée et fait garder ma chambre la nuit, autant oublier la sortie directement. Il n'aurait jamais accepté.
Cela ne me freine pas, au contraire. J'ai dans l'idée de convaincre Line de m'accompagner. D'autant plus que je suis sûre que je peux la faire flancher, sans que Bryden soit au courant. Et si je peux le faire paniquer quelques heures, cela lui fera les pieds. On ne me contrôle pas. Et je crois qu'il ne l'a pas encore bien compris.
Lorsque Line arrive au moment où le soleil se couche, pour m'apporter mon repas, je passe à l'action.
– Line, te voilà ! M'exclamé-je en m'avançant d'un pas rapide vers elle, ne lui laissant pas le temps de comprendre ce qu'il se passe.
Après tout le temps que nous avons passé ensemble, je me suis mise naturellement à la tutoyer et cela nous a rendues encore plus proches l'une de l'autre.
– Que vous arrive-t-il ?
Oui, bon... Elle n'est toujours pas d'accord pour me tutoyer à son tour. Mais ça viendra !
– Toi et moi, demain, nous allons au village nous promener !
– Nous... Quoi ?! Mais vous avez perdu la tête ma Dame Lindsey ! Panique-t-elle, en posant le plateau délicatement sur la table basse du salon.
– Oh crois-moi Line, je vais définitivement devenir folle si je ne sors pas d'ici. Il me faut de l'air ! Mimé je en me ventilant le visage avec mes mains.
– Le seigneur Bryden est-il au courant ?
– Non ! Et il ne le faut pas Line ! Regarde comme il me fait surveiller, je n'ai aucune liberté ! Je veux juste faire un tour dans le village en bas, derrière la forêt.
– Je ne sais pas, ma Dame Lindsey...
– Je t'en prie Line ! dis-je en m'approchant d'elle et en lui prenant ses mains dans les miennes. J'en ai besoin. Et puis nous n'irons que nous balader un peu en dehors des limites du château.
Les yeux larmoyants que je lui adresse ont raison d'elle puisqu'elle souffle avec d'accepter ma proposition d'un signe de tête résigné. Victoire pour Lindsey !
– Nous partirons à l'aube, lorsque les gardes changeront de postes. Il ne faudra pas revenir tard, pour n'inquiéter personne.
Ce n'est pas mon but, voyons...
Je coopère à ces directives. Ici, nous n'avons pas de réveil ou autres appareils nous permettant de savoir l'heure. C'est les personnes comme Line qui nous réveille. Ne me demandez pas comment elle fait, elle, pour se lever à l'heure : c'est un mystère que je n'ai pas encore résolu. Elle me conseille une tenue banale et non voyante pour que nous nous fondions dans la masse du village. Le déposant sur un fauteuil, elle me précise l'heure de son arrivée – qui n'est pas plus tard que vers les cinq heures du matin – et décide de me laisser seule pour manger, ayant apparemment du travail encore à effectuer.
Je n'aime pas dire que Line est ma domestique. J'en ai même horreur. Elle est mon amie et mon égale à mes yeux. Je ne mérite même pas cette chambre, trop bien pour une personne simple comme moi.
J'ai hâte d'être le lendemain pour enfin mettre un pied dehors après de longues semaines de garde rapprochée. Je mange mon diner à la va-vite et file déjà sous les draps pour commencer ma nuit. L'impatience me fait me retourner pendant de longues minutes dans ce grand lit avant que mes yeux ne papillonnent et que je sombre dans un lourd sommeil.
Je suis réveillée par une voix douce et une main posée sur mon avant-bras droit. Un réveil tout en douceur comme je les aime. Ouvrant les yeux délicatement, essayant d'être le moins possible éblouis par les rayons du jour qui traversent la chambre, je découvre le sourire attendrissant de Line, non loin du moins.
Je m'assois sur le lit, tout en m'étirant, et remarque qu'elle m'a déjà rapproché mes habits sur le bout du matelas.
– Nous devons nous dépêcher, anticipe-t-elle. Nous n'avons pas beaucoup de temps.
Réagissant vite, je sors du drap chaud et attrape la robe. Sans perdre plus de temps, je passe ma tête la première, ne faisant pas attention et me coinçant dans les vêtements.
Le rire de Line retentit avant que je ne sente ses bras diriger le tissu pour que je puisse sortir la tête au bon endroit. Elle m'aide aussi à lacer le devant de la robe, ayant l'habitude de la faire avec plus de rapidité. Lorsque je relève les yeux sur elle, je la vois contempler une fois de plus mon ventre maintenant bien visible. Je crois y lire de l'envie, mais je n'en suis pas sûre. Elle est toujours bienveillante avec moi et je dois dire que son soutien me fait toujours du bien. J'en ai eu des moments de déprime, où le moral était plus bas que terre en me souvenant de ma vie d'avant. Ma vraie vie. Et elle était à chaque fois près de moi.
Je me rends compte de la place qu'elle a dans ma vie. C'est une très bonne amie, alors que moi je ne le suis pas vraiment avec elle. Elle m'aide souvent et moi je ne sais rien d'elle. J'ai tellement été préoccupée par ce changement d'horizon divin que j'en ai oublié de faire attention aussi à elle. Mais je vais changer ça.
Je suis persuadée que nous allons passer un très bon moment toutes les deux aujourd'hui.
La sortie du château a été très mouvementée, entre les cache-cache derrière les rideaux lorsqu'un garde approchait et l'angoisse omniprésente de Line qui me répétait sans cesse de me dépêcher.
C'est seulement au bout de plus d'une heure de marche qui nous arrivons à l'entrée du village. Je dois dire que je ressens déjà la fatigue ralentir mes pas, mais ne dis rien. La journée ne fait que commencer. Et puis, si j'avertissais Line, elle me forcerait à faire demi-tour à coup sûr !
Un soupire parvient tout de même à franchir la barrière de mes lèvres, Line le perçoit et m'invite à entrer dans la première boutique ouverte que nous voyons.
Malgré qu'il soit très tôt, beaucoup de personnes circulent déjà sur la place et partent travailler.
– Je pense que vous allez aimer... me dit-elle timidement dès que nous avons passé la porte d'entrer.
Et je dois dire qu'elle a raison !
On dirait une sorte de salon de thé pour femmes d'antan. Tout met à l'aise : les chaises avec de douillets coussins, les tables en bois clair décorées de dentelles et d'un bouquet de fleurs... Line parle discrètement à l'oreille d'une dame d'une quarantaine d'années qui est venue vers nous lors de notre apparition dans son magasin.
La femme relève son regard dans le mien et me lance un tendre sourire, avant de nous dire de la suivre.
Sans rechigner, nous la suivant toutes les deux. Elle nous emmener dans un coin proche d'une fenêtre, menant sur l'extérieur.
– Je me suis dit que vous aimeriez regarder dehors, vu que vous... commence la gérante.
– Ma Dame Loïta ! L'a coupe Line, visiblement mal à l'aise, et un peu en colère.
La femme repart derrière son comptoir, n'ayant surement pas apprécié le ton utilisé par mon amie. Étant perdue face à cette discussion, j'attends que Line m'éclaire, ce qu'elle ne tarde pas à faire une fois que nous sommes assises.
– Veuillez m'excuser, ici tout le monde déteste les étrangers, alors j'ai cru bon de lui dire que vous étiez la déesse de la prophétie.
– Mais je ne le suis pas ! Arrête avec ça Line ! Je suis simplement Lindsey.
Voyant qu'elle est gênée, je décide de terminer cette histoire pour parler un peu d'elle.
– Parle-moi de toi Line, abordé-je.
– Moi ? Mais il n'y a rien à dire.
– Mais si voyons ! Je ne sais pas moi... As-tu des frères et sœurs ? Ou bien un compagnon ?
– Et bien j'ai un grand frère qui se nomme Jay, mais je n'ai aucune sœur. Et pour ce qui est du compagnon, mes parents n'ont pas encore choisi, rougit-elle face à la fin de sa réplique.
Intriguée, je souhaite rebondir sur ce sujet, mais je m'arrête lorsque de forts éclats de voix nous parviennent aux oreilles. Line et moi-même tournons la tête vers l'extérieur, où une scène me pétrifie.
Une femme est au sol, se protégeant le haut de son corps avec ses bras, tandis qu'un homme est debout face à elle et lève la main pour asséner un coup plus dur que la roche. Horrifiée, je me précipite à l'extérieur et me poste devant la femme, la protégeant à mon tour.
– Dégage de là, vaurienne ! hurle l'homme enragé.
Je lui lance le regard le plus noir que je possède et lui hurle à mon tour dessus. Niveau décibels, je pense pouvoir rivaliser !
– Mais vous êtes fou ma parole ! Lever la main sur une femme, qui plus est qui est à terre ! Vous n'avez pas honte ?!
Je pense que toutes les personnes du village ont entendu ma colère tellement elle a jailli fortement. L'homme devient rouge, sa mâchoire se contracte. Sa main se rabaisse avant de se relever énergiquement et de s'abattre sur ma personne. Le coup n'est pas encore tombé que la voix de Line résonne sur la place.
– Non ! Ne touchez pas à la déesse !
– Voyez-vous ça... réplique l'homme, ayant baissé sa main, satisfait de l'intervention de Line qui tente de venir me protéger à son tour.
L'ingrat remarque à ce moment-là la bosse présente sous ma robe et dissimulant un peu ma grossesse. Un sourire sadique nait sur son visage. Rapidement, il m'empoigne le bras durement et me tire rapidement dans la rue la plus proche de nous. Line étant à sa hauteur, et tentant de le faire lâcher mon bras, se retrouve projetée par l'homme à plus de deux mètres au sol.
La force de l'homme me terrifie encore plus lorsque je vois que Line ne bouge plus.
– Line ! Line ! À l'aide !
Je hurle à m'en faire sortir les poumons, mais l'homme redouble sa force et me pousse à le suivre, contre ma volonté.
Il finit par poser sa répugnante main sur ma bouche, pour m'empêcher de crier encore et ainsi d'attirer encore plus de monde.
J'essaie de le morde, mais seuls des grognements sorte de sa bouche, sans faire lâcher sa prise pour autant.
Des personnes ont tenté de nous suivre, mais il les a un a un stoppé. Nous tournons dans une énième rue. Mes jambes ne me portent plus. Je suis à deux doigts de m'écrouler sur le sol, mais l'homme me retient de justesse.
Lorsque je pense que cette course ne s'arrêtera jamais et ouvre une porte sur sa droite et m'entraine à sa suite. Avec la lumière sombre présente dans les lieux, je n'arrive pas à discerner les moindres objets. L'homme par contre, à l'air de connaitre l'endroit puisqu'il file déterminer dans une pièce.
Il me pousse durement dans la pièce, voulant me jeter sur le sol. Essayant de ne pas blesser mon bébé en tombant sur le ventre, je réussis à rattraper avec le mur sur la gauche. Mes jambes tremblent, mais je reste debout, face à cet homme ignoble.
Un ricanement mauvais retentit dans la petite pièce froide et humide. Ce rire s'intensifie de plus en plus, jusqu'à ce qu'il se s'arrête et d'approche de moi.
Ayant peur, je me recul, mais me retrouve vite coincé dans un angle.
M'habituant au noir présent, je remarque de nouveau son sourire sadique, qui me glace le sang immédiatement.
– Alors comme ça tu es la déesse ? Intéressant... chuchote-t-il en s'avance d'un pas de plus vers moi.
Son haleine me donne la nausée, ce qui me fait tourner la tête. Avec eux de ces doigts, il me soulève le menton dans sa direction.
– Tu plaignais la pauvre femme sur la place ? Attends de voir ce que je te réserve, déesse.
Sans un mot de plus, il lâche la prise de ses doigts sur mon visage et se recule jusqu'à franchir la porte et de la claquer. Son ricanement retenti une nouvellement sur les murs de la pièce dans laquelle je suis.
Je me blottis de mes bras et me recroqueville sur moi-même. M'en pouvant plus, je ne peux retenir le flot d'émotion qui me submerge.
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