Chapitre 24 : Fin d'une nouvelle journée
De nouveau installés dans leur voiture de fonction, garée sous un réverbère allumé depuis un moment déjà, Ewen ne laissa pas le temps à sa collègue de s'expliquer qu'il attaquait déjà :
« —Pourquoi t'as pas enchaîné avec le contre-interrogatoire d'Armelle ?
—Parce que j'ai besoin de réfléchir avant. Elle est intelligente, il ne faut pas y aller au feeling. Et il ne faut pas non plus qu'elle s'y attende comme c'était peut-être le cas. J'ai envie de la prendre demain par surprise.
—Je vois où tu veux en venir. T'en penses quoi de tout ça ?
—J'en pense que les deux sœurs sont la clé de l'énigme.
—Tu crois que c'est l'une des deux qui a tué leur père ?
—J'en ai bien l'impression, oui. Et toi ? Ton avis ?
—J'ai l'impression qu'ils l'ont tous tués, tu sais, comme dans le film avec Hercule Poirot.
—C'est un livre avant d'être un film, Ewen, reprit gentiment la détective.
—Oui, bien sûr, je le savais, mais je ne l'ai pas lu. Bon ! C'est pas que je ne veux pas passer plus de temps avec ma charmante collègue, mais le traitement d'Aurélie la fatigue énormément, et j'aimerais bien rentrer avant qu'elle soit couchée.
—Oh oui, désolée, je comprends. Je vais rentrer aux bureaux à pieds pour récupérer ma voiture. Va directement chez toi, et salue Aurélie de ma part. »
Une fois rentrée chez elle, Maggie n'eut plus qu'à poser les pieds sous la table. Comme souvent, Alex avait déjà préparé le repas très léger composé de carottes râpées à la vinaigrette citronnée et d'un yaourt nature. Pendant leur dîner, ils se racontaient leurs journées.
Ce jour, le docteur en sociologie avait enseigné au lycée. La passion pour son métier l'animait lorsqu'il en parlait. Il grouillait d'idées nouvelles pour rendre ses cours intéressants durant toute cette nouvelle année scolaire.
« —Et toi, ta journée ? demanda-t-il à sa compagne après avoir terminé de raconter la sienne.
—Un homme est mort sous mes yeux. »
Alex allait reprendre une bouchée de carottes, mais il préféra reposer sa fourchette afin d'avaler cette information plutôt que sa nourriture. L'inquiétude l'avait soudainement gagné.
Cette fichue peur. Ce sentiment d'insécurité. Cette impression qu'il pourrait perdre sa petite-amie d'un instant à l'autre. Elle sommeillait en lui avec plus ou moins d'intensité. Ce soir, Maggie avait ravivé la douleur. C'était comme si elle venait de jeter du sel sur une plaie ouverte. Ça faisait mal, très mal.
« —Tu n'étais pas en danger j'espère ? s'informa Alex sans cacher son anxiété.
—Non. Il avait une cible bien précise.
—C'est votre tueur ? Votre enquête est terminée ?
—Pas vraiment. »
Maggie se lança alors dans le long récit de sa journée. Elle termina son yaourt en même temps que son monologue :
« —...Et donc, on retourne lui faire une petite surprise demain sur son lieu de travail.
—Elle va devenir complètement folle si tu vas la chercher là-bas.
—Elle va surtout comprendre qu'on ne lâchera pas l'affaire tant qu'on n'aura pas son secret. »
Maggie se tut. Une autre idée était en train de germer dans son esprit. Alex respecta ce moment de silence. Les deux amoureux débarrassèrent la table sans se parler.
« —J'ai un autre plan, lâcha soudainement Maggie.
—J'ai cru comprendre, en effet, rit Alex.
—On va plutôt aller voir Francine, sa sœur. Armelle ne lâchera rien, et ça ne fera qu'empirer les choses que d'aller la voir sur son lieu de travail. Je pense que la faille est du côté de sa sœur ainée.
—Tu penses qu'elle va t'apprendre quoi ?
—J'ai l'impression que, si on continue à remonter, c'est elle la première à s'être rendue dans la chambre de son père juste avant Armelle. On va court-circuiter la piste qu'ils veulent qu'on suive. On va être plus malins qu'eux.
—C'est elle qui l'aurait tué ?
—Ce n'est pas aussi simple que ça. La personne qui l'a fait a œuvré tout au long de la soirée, pas sur une simple visite.
—Alors tu cherches quoi ? Qu'est-ce que tu penses qu'il s'est passé dans cette chambre pour avoir besoin de tout retracer ainsi ?
—Sa dernière conversation, celle qu'il a eue avant de fermer les yeux et ne plus les rouvrir. Il y a une des deux sœurs qui l'a accompagné jusqu'à son dernier sommeil. Reste à savoir qui.
—Attend, attend, attend. Tu penses que l'une de ses filles l'a tué, et qu'elle est restée auprès de lui jusqu'à ce qu'il rende son dernier souffle ?
—Oui, c'est tout à fait l'impression que j'ai.
—Mais pourquoi ?
—Je ne sais pas. Je n'arrive pas à saisir l'intention du tueur.
—Et si ce n'était même pas l'une des deux à l'origine de la mort ? De ce que tu me dis, ils étaient nombreux à avoir une raison de le faire. »
Pas de réponse de Maggie. Alex avait raison, peut-être qu'elle se trompait. Sans les secrets des deux sœurs, elle ne pourrait de toute façon pas avoir d'aperçu global de la situation.
« —Pour l'instant, finit-elle par dire, peu importe. Notre objectif principal est de connaître leurs secrets. Ensuite, on avisera.
—En tout cas, je sais quelle est ta prochaine destination. »
Maggie regarda son compagnon d'un air interrogateur.
« —Au lit ! la taquina-t-il en entraînant la jeune femme dans leur chambre. »
Amusée, la jeune femme fit semblant de résister, mais Alex la hissa sur son épaule et l'enleva sans lui laisser le choix. Ce qui se passa ensuite dans leur chambre n'appartenait qu'à eux.
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