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14 - Skull le fossoyeur

Depuis que je me suis réveillé dans cette chambre d'hôpital, tout s'est enchaîné à une telle vitesse que je n'ai pas eu un seul instant à vous consacrer, chers lecteurs. Je suis impardonnable.

Je sais que votre but premier en commençant ce récit était d'aller explorer l'univers fascinant et mystérieux de l'au-delà, et de découvrir ce qui se cache dans l'après. Mais rien ne s'est déroulé comme prévu, et nous sommes maintenant coincés dans cette chambre d'hôpital qui sent le produit désinfectant, le sirop contre la toux et, accessoirement, la mort.

Normalement, je ne devais pas vous expliquer dans le détail comment ni pourquoi j'en suis arrivé là, mais vu qu'il est trois heures du matin, que tout le monde dort (à part moi, bien évidemment), que les médecins de garde et les infirmières sont occupés à faire leurs petites affaires à la morgue et que moi, je me fais chier comme un rat mort, autant vous raconter quelques anecdotes.


Rappelez-vous, j'étais acculé, au bord du gouffre, criblé de dettes, et alors que je croyais que j'allais tomber et m'écraser comme une vulgaire crêpe, une main m'a rattrapé : celle de Skull.

Dans le milieu de la pègre, Skull est une légende à lui tout seul. On lui donne d'ailleurs plusieurs surnoms : le Broyeur, le Géant, le Crétin (privilège de ses employeurs lorsqu'ils sont particulièrement énervés). Mais le plus souvent, on l'appelle le Fossoyeur. Quant à moi, je l'appelle tout simplement Skull.


La première fois que j'ai travaillé avec mon frère, c'était l'hiver. Il faisait froid, l'air était sec, et le moindre centimètre carré de peau qui n'était pas protégé par au moins trois couches de vêtements chauds se mettait à geler immédiatement. Autrement dit, le bout de mon nez, mes orteils et mes pauvres doigts étaient dans un sale état.

Avec Skull, nous attendions dehors, dans une rue mal éclairée et mal famée d'un quartier mal éclairé et mal famé. Je précise, pour que vous saisissiez la subtilité : avec Skull, quartier mal famé ; sans Skull, quartier plutôt paisible et sans histoire.

Skull doit avoir la constitution physique du yéti car il restait debout, stoïque, indifférent aux rafales glaciales tandis que je sautais à pieds joints comme un kangourou enragé, tout en soufflant sur mes mains dans le maigre espoir de les réchauffer et d'y rétablir un semblant de circulation sanguine - à condition que le sang dans mes veines n'ait pas déjà gelé.

Après avoir fait deux, trois fois la chorégraphie de Thriller (avec la température qu'il faisait, je devais sans peine avoir une tête de zombie donc c'était parfait), j'ai vérifié pour la énième fois l'heure sur ma montre et j'ai fini par en conclure qu'avec le froid, le temps avait tendance à s'écouler plus lentement.

- Ils arrivent bientôt ? ai-je demandé à Skull, exaspéré. J'ai pas l'intention de rester ici jusqu'à Noël.

Pour toute réponse, mon frère a poussé un grognement. Malheureusement, je ne suis pas Karma et je suis incapable de traduire correctement les cris de troll que pousse régulièrement Skull. Dans ce cas précis, cela aurait très bien pu être : « T'inquiète, ils vont bientôt arriver », ou bien « T'as raison, je sais pas ce qu'ils foutent mais on commence à se les peler grave », ou encore « Je mangerais bien un chili con carne. » Mais son grognement voulait probablement dire : « Ta gueule si tu veux pas terminer comme le macchabée de ce soir », alors j'ai préféré continuer ma chorégraphie de Thriller, tout seul dans mon coin, en pestant contre le monde entier, et plus particulièrement contre mon père, ma mère, les banques et la grosse salope du restaurant sur laquelle j'avais renversé de la soupe.

Et finalement, au moment où je commençais à sombrer dans une douce et agréable hypothermie, une voiture a tourné au coin de la rue. Elle a parcouru la moitié du chemin en roulant au pas, s'approchant à la lenteur d'un escargot. C'est à ce moment-là que j'ai compris que les employeurs de Skull (et désormais les miens, par la force des choses) étaient de sales types, doublés de salauds et de sadiques pour nous faire attendre aussi longtemps dans ce froid hivernal.

La voiture a fini par s'arrêter à une cinquantaine de mètres. J'ai esquissé quelques pas dans sa direction mais Skull a poussé un autre grognement, et j'ai clairement compris que ça voulait dire : « Pas bouger ! »

La voiture s'est brusquement mise en plein phares, avec les feux de brouillard en prime, et j'ai cru que j'allais perdre définitivement la vue. Fort heureusement, ça n'a duré que quelques secondes, le temps pour moi de battre l'air avec mes bras comme un manchot, d'ouvrir grand la bouche de surprise et d'avaler la seule mouche qui avait résisté à l'hiver et qui passait par là - et dont l'existence venait de s'achever brutalement dans mon estomac, lentement dissoute par mes sucs gastriques.

Le téléphone de Skull a alors sonné, il a décroché, échangé quelques grognements d'usage, puis m'a fait un signe de tête et nous nous sommes dirigés vers la voiture.

Quand nous sommes arrivés aux abords du véhicule, j'ai constaté qu'il n'y avait personne. Et ça m'a fait plus flipper que si toute une armée de tueurs à gages nous avait attendus, leurs flingues pointés sur nous.

D'un geste de la main, Skull m'a ordonné de monter et lui-même s'est mis à la place du conducteur. Au départ, j'ai eu un peu peur parce que je ne savais pas que Skull était capable de conduire une voiture - en fait, quoi que ce soit possédant des roues. Le simple fait qu'il sache se servir correctement d'une brouette relève déjà à mes yeux d'un extraordinaire exploit intellectuel de sa part.

La voiture est repartie doucement, ses pneus crissant sur la neige, son moteur ronronnant comme un gros félin heureux et repu.


(C'est la métaphore poétique de l'histoire, alors on en profite).


Si je pensais pouvoir me réchauffer à l'intérieur de la voiture, j'en ai été pour mes frais. Lorsque j'ai fait mine de vouloir mettre le chauffage, Skull a grogné et a dit :

- Non. Sinon, odeurs.

Sur le moment, je n'ai pas très bien compris pourquoi mais comme à cette époque je tenais encore à la vie, j'ai préféré ne pas discuter les ordres de Skull.

Nous avons continué à rouler pendant une heure ou deux, avec pour seul bruit le sifflement rageur du vent, le ronronnement du moteur toujours, et le bruit des essuie-glaces, vu qu'il s'était mis à neiger furieusement.

Au bout d'un certain temps, j'ai fini par demander à Skull qui lui avait téléphoné :

- Boss, a-t-il répondu, pour donner instructions et savoir si eux devoir tuer te.

- Me tuer ? me suis-je écrié, non sans une certaine horreur.

- Oui. Croire que te une marmotte es.

- Une marmotte ? Tu veux dire, une taupe ?

- Ouais, a opiné Skull, c'est ça. Mais je dis à eux que mon frère es-tu. Et tu que travailles moi avec.

J'ai grimacé en entendant Skull charcuter la grammaire et la syntaxe avec autant d'indifférence ; les larmes me sont montées aux yeux et j'ai étouffé un ou deux sanglots en pensant à Boileau faisant des pirouettes dans sa tombe dès que mon frère ouvrait la bouche.

Skull a fini par arrêter la voiture. J'ai plissé les yeux, essayant de reconnaître le coin, mais à part des arbres sombres et menaçants, je n'avais aucune idée de l'endroit où nous étions.

Skull est sorti de la voiture et je l'ai suivi. Nous nous sommes placés devant le coffre qui s'est ouvert dans un terrible grincement. La première chose que j'ai aperçu à l'intérieur, c'étaient les pelles. La deuxième chose, le sac d'où dépassaient des liasses de billets bien juteuses. Et enfin la troisième, et non des moindres, le cadavre tout recroquevillé qui fumait encore dans le froid.

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