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05 - Une Histoire sans queue ni tête




La première fois que j'ai rencontré Skull et Karma, c'est lorsqu'un journaliste a décidé de nous réunir, nos deux mères et nous, après que mon père ait décidé de mettre les voiles.

Il voulait du grand spectacle, il n'a pas été déçu : Skull est apparu dans une tenue ressemblant étrangement à celles du Klu Klux Klan, avec un dessin de bébé empalé dans le dos. Ma mère avait emmené avec elle sa « petite réserve pour les cas de grandes soifs », et elle a presque réussi à s'enfiler deux bouteilles de gin en douce avant de tomber de son fauteuil. Karma, quant à elle, a monopolisé la parole pendant près d'une demi-heure pour expliquer les différentes méthodes permettant de reconnaître les extraterrestres se faisant passer pour des humains, avant de sauter sur un pauvre caméraman, croyant avoir affaire à un dissident de la Galaxie de Bételgeuse venu la tuer. Enfin, la mère de Skull et Karma - dont je n'ai jamais réussi à retenir le nom, mais on s'en fout un peu - a déclaré avec toute la classe et la finesse qu'on lui connaît, « qu'après ce que mon salopard de mari a fait, je ne toucherai plus jamais à une queue de ma vie. »

Je ne sais plus très bien si c'est suite à cette remarque ou parce que Skull s'est brusquement levé de son siège pour entonner un chant nazi, en tout cas l'émission a très vite été interrompue - juste avant que soit venu mon tour de témoigner, à mon immense soulagement.

Ce qui s'est passé ensuite demeure assez flou, comme lorsque votre cerveau tente d'occulter certains souvenirs déplaisants après un violent traumatisme.

Je me rappelle seulement que le journaliste a été renvoyé deux jours après cette émission mémorable et que la chaîne de télévision n'a pas tardé à faire faillite. Je me rappelle également que nous avons tous atterri dans un bar assez mal famé au milieu de la nuit ; ma mère et celle de Karma et Skull ont alors voulu en venir aux mains, avant de finir par tomber dans les bras l'une de l'autre quand elles se sont rendu compte qu'elles étaient toutes les deux fans d'un obscur chanteur depuis longtemps mort et oublié.

Et, aussi subtilement qu'un pickpocket vous faisant les poches dans le métro, Skull et Karma ont fini par s'incruster dans ma vie comme une vilaine tache de vin sur la nappe en dentelle blanche de votre grand-mère, pour finalement faire partie intégrante du décor - à défaut de faire partie de la famille.



* * * * *



Depuis que je connais Skull et Karma, ils n'ont jamais manqué d'argent. Ça ne pouvait pas venir de notre père, il en avait à peine assez pour pouvoir nourrir ses deux familles. Ni de leur mère, elle n'a jamais travaillé de sa vie. Quand elle est morte, peu de temps après ma mère, elle leur a légué tout ce qu'elle avait, c'est-à-dire pas grand chose : sa collection complète de vidéos pirates des Aventures extraordinaires du Dalai Lama, une statue en céramique d'Ajitnath, et ses CDs de Cannibal Cadaver, Asphyxia ou encore Brain Carnage - que des groupes qui inspirent la joie de vivre et filent la pêche.

Karma ne travaillait pas non plus, trop occupée à écumer les hôpitaux à la recherche de rescapés d'expériences extraterrestres, à chasser les aliens et à prêcher la bonne parole aux clodos du quartier.

Quant à Skull... je ne suis même pas sûr qu'il connaisse le mot travail.



Je trimais donc comme un esclave et je gagnais à peine assez d'argent pour tenir les banques à distance, tandis que mon frère et ma sœur menaient une vie confortable tout en végétant comme des parasites.

Au début, je n'ai pas voulu leur demander de l'aide, parce que j'étais tout simplement trop fier pour leur demander quoi que ce soit.

Mais j'ai dû rapidement revoir mon jugement après avoir été viré de mon dernier boulot de serveur - tout ça parce que j'avais accidentellement renversé de la soupe sur une grosse dame particulièrement désagréable (brûlée au troisième degré, la salope - aucun remord).

J'ai donc ravalé ma fierté et je suis allé voir Karma et Skull pour leur demander de me prêter un peu d'argent.

- Moi, je ne fais rien, c'est Skull qui s'occupe de ça, m'avait dit Karma d'un ton dédaigneux, avant de se replonger dans les préparatifs de son couronnement avec ses amis les petits hommes verts.

- J'aider gens, avait répondu Skull à ma question lorsque je l'avais interrogé.

- Ah, avais-je répondu en fronçant les sourcils.

C'est toujours un peu difficile de comprendre la syntaxe primaire de Skull.

- Et tu fais quoi, au juste ?



Petit conseil : si vous avez le malheur de connaître quelqu'un qui ressemble fortement à Skull, ne lui demandez jamais en quoi consiste son boulot - sauf si vous tenez à vous retrouver avec un épineux problème de morale sur la conscience.



- J'enterrer corps.

- Tu es fossoyeur ? C'est pas... banal, comme boulot. Et, euh, tu crois que tu pourrais me trouver une place au cimetière, parce que...

- Non, non, pas cimetière, avait dit Skull. Forêt. Ou décharge. Ou fleuve, quand forêt et décharge trop pleins.

J'avais mis quelques secondes à comprendre le sens de ses paroles.

- Tu veux dire, des gens... tués ? Assassinés ?

- Tués, oui. Par pistolet, souvent. Ou pelle, quand y a pas pistolet.

Je me rappelle avoir brusquement pâli et reculé instinctivement de quelques pas. Mon cerveau était en pleine ébullition : d'un côté, l'honnête citoyen en moi me soufflait d'aller tout raconter à la police ; de l'autre, la part pragmatique en moi me faisait remarquer que ça ne m'aiderait pas à payer les traites de la maison.

- Au fait c'est quoi, « assassinés » ? avait demandé Skull en tournant la tête dans ma direction.



* * * * *



Je me suis accordé quelques jours de réflexion puis j'ai décidé de faire ce qui me semblait le plus juste.

J'ai demandé à Skull de me prêter un peu d'argent.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, autant Skull est d'une manière générale un crétin fini (je dis ça en toute objectivité, sans méchanceté, vraiment, Skull est réellement un imbécile, son Q.I. dépasse à peine celui d'un hamster), autant il semble avoir un don dès qu'il s'agit d'argent.

Il a donc accepté de me faire un prêt avec un remboursement sur une période de dix-huit mois, et avec un taux d'intérêts faramineux. Je ne pouvais décemment pas refuser parce que les seuls autres à pouvoir me faire un prêt attendaient justement que je les rembourse... et aussi parce qu'il m'a toujours fait peur, et que je n'ai jamais été très courageux face à un monstre de chair humaine capable de broyer une barre de fer juste pour tester la résistance de ladite barre.



Les dix-huit mois ont allègrement filé à la vitesse de l'éclair. Je me suis retrouvé le jour de l'échéance avec une énorme dette envers Skull, et une dette tout aussi énorme envers ma banque.

C'est alors que Skull m'a fait une offre des plus étonnantes : il m'a proposé de m'associer avec lui pour effectuer les petits boulots de ses mystérieux employeurs. Je pourrais ainsi le rembourser et il n'aurait pas à me tuer.

Que voulez-vous que je vous dise ?

Je me suis encore accordé quelques jours de réflexion.


Et j'ai dit oui.

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