01 - Bienvenue au Paradis ?
- Laissez passer !
Tout n'était que chaos, un incroyable charivari de couleurs fugaces qui transperçaient la nuit comme des éclairs.
Des cris, des hurlements. Un concert de voix indistinctes.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Un grand coup de feu...
- ... viennent d'embarquer le corps...
- ... s'agit d'un meurtre ?
Malgré le cordon de sécurité que la police avait mis en place, les badauds se pressaient autour de l'entrée de l'immeuble, comme un essaim d'abeilles autour d'un pot de miel.
- Dégagez !
Le brancard passa à toute vitesse au milieu de la foule et se dirigea vers l'ambulance.
- Oh ! s'exclama une voix.
- Il ne s'est pas loupé, celui-là, commenta une autre voix.
Il y eut un bruit saccadé, comme un crépitement, lorsque quelqu'un prit une photo.
En quelques secondes, le brancard fut hissé à bord de l'ambulance qui partit sur les chapeaux de roues, toutes sirènes hurlantes.
- Allons, circulez, dit un policier en s'avançant vers les curieux, il n'y a plus rien à voir.
Quelques personnes dans la foule grognèrent. Mais l'agent de police semblait dire vrai : le spectacle était bel et bien terminé.
- Tu as vu ça ? Comment peut-on faire une chose pareille...
- Atroce !
- Je n'ai pas eu le temps de prendre une photo correcte, elle est complètement floue...
- Quand les autres vont savoir ça !
- J'aurais dû essayer de toucher le corps, il paraît que ça porte bonheur quand il est encore chaud...
- C'est dommage. Mais peut-être qu'avoir été si proche nous portera quand même chance.
- Tu as raison. Allons jouer au loto.
* * * * *
La nature humaine a toujours eu la formidable capacité à tirer profit des évènements les plus tragiques. Certains y verront une tentative malsaine d'exploiter la curiosité morbide des hommes ; d'autres, plus prudents, évoqueront un pragmatisme des plus rationnels.
Personnellement, je n'ai pas d'avis tranché sur la question. Les deux ont sûrement raison. En fait, pour être tout à fait franc, je m'en contrefiche ; vous savez pourquoi ?
Parce que je suis mort !
C'est d'ailleurs extrêmement bizarre, comme sensation. Pas du tout ce à quoi je m'attendais.
Lorsque mon doigt a pressé la détente, j'ai immédiatement ressenti une sorte de souffle frais à l'intérieur de ma tête — probablement l'air qui s'y engouffrait grâce au trou que la balle avait fait.
Par contre, je n'ai pas du tout entendu le bruit de la détonation. Étrange.
Ensuite, j'ai perdu toute sensation. Plus de vue, de toucher ou d'ouïe. Rien de rien. C'est là que j'ai compris que j'avais vraiment réussi.
J'ai commencé à bénir le Ciel et à prier un peu toutes les divinités que je connaissais. Autant être paré à toute éventualité — c'est ça, être pragmatique.
Puis j'ai attendu le fameux tunnel de lumière blanche et la mystérieuse main divine qui se tendrait vers moi pour m'emmener dans l'au-delà.
* * * * *
J'ai donc attendu le fameux tunnel de lumière blanche (j'ai laissé tomber cette idiotie de main tendue — je savais bien que c'était un canular).
* * * * *
Hum.
Comment dire...
Point de tunnel de lumière blanche et aveuglante (ça aussi, c'était un canular ?)
* * * * *
Je commence à douter. C'est ça, la mort ? Être coincé dans une sorte d'Éther, plongé dans une obscurité totale, ne pouvant ni bouger ni parler, ne ressentant rien du tout ? Juste moi et la ribambelle d'inepties qui défilent dans mon esprit, prisonnier de ces ténèbres glacés. À dire vrai, je ne sais pas si je pourrais qualifier ce lieu — ou ce non-lieu — de « ténèbres » car ce serait déjà reconnaître qu'il y a quelque chose. Tout ce que je peux dire avec certitude, c'est que j'ai l'impression de baigner dans une sorte de rien qui m'entoure et en même temps fait partie de moi.
S'agirait-il d'une ultime épreuve que l'on doit réussir, je ne sais trop comment, afin de pouvoir accéder au niveau supérieur ?
J'espère qu'il y a autre chose après — quelque chose de bien plus palpitant en tout cas, car passer l'éternité ici ne m'inspire guère.
Et d'après ce qu'on m'a dit l'éternité, c'est long.
Très long.
* * * * *
Tout à coup, jaillissant de nulle part, une vague de douleur a déferlé en moi. Comme si toute la souffrance physique que j'avais pu ressentir au cours de mon existence s'était rappelée à moi simultanément, et s'était amplifiée un million de fois.
J'ai eu l'impression qu'on ouvrait mon corps de part en part, qu'on écartait ma peau et qu'on retirait un à un tous mes organes.
J'ai voulu ouvrir la bouche pour crier toute ma souffrance, puis je me suis souvenu que je n'avais plus de corps, vu que j'étais mort, et donc par conséquent je n'avais plus de bouche ni de cordes vocales pour crier.
Ce qui fait que je n'ai même pas pu me résigner à serrer les dents comme les héros des films hollywoodiens lorsqu'on les torture — ou lorsque la jolie demoiselle en détresse qu'ils viennent de sauver retire un sparadrap de leur torse musclé et abondamment poilu —, puisque je n'avais plus de dents non plus.
C'était vraiment la merde.
* * * * *
- Regardez ! Son cœur vient de repartir !
- C'est impossible !
- C'est un miracle !
- Il devrait être mort, ce con.
- Je fais quoi maintenant ?
- Recousez-le. Et emmenez-le au service des soins intensifs. Et prévenez sa sœur. Elle sera contente de savoir que son crétin de frère s'en est sorti.
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Quelques informations concernant l'histoire : j'ai commencé à l'écrire il y a quelques années maintenant ; elle se caractérise par des chapitres assez courts et rapides à lire - actuellement, il y en a 36. J'ai l'intention de publier un chapitre par semaine, afin d'adopter un rythme de publication régulier, qui me permettra de corriger / réécrire certains chapitres, et de continuer puis finir l'histoire ;)
À la semaine prochaine !
Thomas :)
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