Chapitre 2- Le banquet
Amon-Rê se levait dans le ciel d'Égypte lorsque Sekhmet s'éveilla dans son lit et caressa paresseusement les draps de lin du bout des doigts. Le fin grain du tissu coula entre ses phalanges et les caressa doucement, aussi léger que la brise du Nil. La jeune fille s'étira comme un chat, les bras vers le ciel, la lumière du disque soleil faisant luire sa peau d'une lueur dorée.
Une autre belle journée commençait à Thebes. En vérité, elle avait déjà commencé depuis plusieurs heures pour les simples villageois, mais en tant que fille de Pharaon, la princesse pouvait se lever à l'heure à laquelle elle désirait, du moment que cela rentrait dans l'horaire laxiste du palais.
Elle scruta les villageois de Thebes, déjà au travail malgré la chaleur étouffante, menant leur petit train de vie à la manière de fourmi qui travaillent pour leur reine.
Bientôt, ils travailleraient pour elle.
Elle s'habilla, aidée de Azila, sa servante personnelle, et se préparai pour la journée. Elle avait décidé de se faire belle; aujourd'hui venaient au palais plusieurs dignitaires ainsi que leurs fils, dans le but d'assister à un festin que Pharaon organisait en l'honneur d'Isis. La maladroite esclave nubienne lui souligna les yeux de khôl et lui peignit les lèvres de rouge. Après avoir tressé d'or les cheveux de la princesse, Azila lui fit signe et l'esclave s'empressa de poser un cône de cire odorante sur la tête de la fille de Pharaon. Une odeur d'hibiscus embauma l'air et celle-ci inspira profondément, appréciant l'arôme floral. Elle se leva et se mira dans la psyché : elle était parfaite, comme toujours.
Elle rejoignit Pharaon et la reine, ainsi que ses frères, dans la salle du trône. S'asseyant bien sagement à côté de son aîné, Sethi, elle lui offrit un sourire chaleureux. Il y répliqua par un clin d'oeil et ouvrit la bouche pour prendre la parole, mais fut interrompu par le bruit de la grande porte qui s'ouvrait.
Un dignitaire et son fils y entrèrent, précédés par des dizaines d'esclaves qui portaient différentes offrandes à Pharaon: des peaux de léopard, de l'ivoire massif, des perles de Nubie, du bois, du jade, et autres précieuses possessions. Lorsque les esclaves eurent tout déposé par terre et que le dignitaire et son fils se furent inclinés devant notre souverain, Sekhmet se leva et caressa distraitement les douces fibres colorées d'un tapis perse. Le tissu sentait encore les teintures réputées pour leurs tons riches que les Perses utilisaient pour fabriquer leurs célèbres tapis, et la princesse ne put empêcher sa fascination face aux teintes chatoyantes de la soie. Elle finit cependant par s'en désintéresser, lassée, et se dirigea vers une pile de joyaux et autres biens précieux.
- Ma fille, énonça Pharaon en la regardant effleurer une défense d'éléphant du doigt, je te présente Imhotep, le nouveau chef de mes armées, et son fils Aton.
Elle hocha la tête dans leur direction et croisa le regard d'Aton. Celui-ci était sombre jusqu'à en être noir et empli de désir. Ses boucles d'un riche ton ébène, pas tout à fait noir, et sa stature svelte mais musclée le rendaient encore plus séduisant. Sekhmet se lécha les lèvres en l'observant intensément et le surprit à suivre sa langue des yeux. Alléchée, elle se demanda un instant si Pharaon accepterait qu'elle l'épousât. Je n'aurais rien contre, pensa-t-elle malicieusement.
Malheureusement, Aton, mis à part son apparence avantageuse, ne lui apporterait rien, elle le savait bien. Il était de rang inférieur au sien et ne ferait que l'entraîner plus bas, alors qu'elle voulait atteindre le firmament du pouvoir, les plus hauts cieux de la domination et de la vénération.
Cependant, il ferait, elle n'en doutait aucunement, un bon amant, qui serait même convoité par Hathor elle-même.
Le charme fut rompu par Imhotep, tout suant et rougeaud, qui se leva pour lui faire un baisemain. La princesse frémit de dégoût en sentant sa rêche barbe poivre et sel effleurer sa peau et quand il retira sa bouche, un film de transpiration luisait sur le dos de sa main. Désormais dégoûtée, elle le repoussa brusquement avec un rictus de mépris et s'essuya rapidement sur sa robe. Comment osait-il la salir, elle, la fille de Pharaon et sa future reine?
Le regard que Sekhmet lui lança sembla le dissuader de se confondre en pathétiques excuses qu'il allait lui adresser. Il referma sa grosse bouche, qu'il avait ouverte et qui lui donnait l'air d'un poisson, et s'éloigna de son pas lourd pour rejoindre son fils. Comment un tel laideron avait-il pu donner naissance à un homme aussi viril ? La beauté d'Aton devait venir de sa mère, pensa sarcastiquement Sekhmet.
Les deux prirent congé en s'inclinant bien bas devant la famille royale, et Aton croisa le regard de la jeune fille une dernière fois avant de refermer le lourd battant sur lui.
Durant le reste de la journée, où la princesse s'ennuya à mourir, ils reçurent tous les dignitaires que Pharaon avait invités pour le banquet du soir. Elle y avait très hâte: elle voulait revoir Aton. Peut-être même parviendrait-elle à le glisser dans sa chambre à la fin des festivités...
Lorsque le long défilé de nobles prétentieux et d'offrandes diverses prit fin, le disque solaire vivait ses derniers instants dans le ciel, le baignant d'un rouge sanguin qui n'était pas sans beauté. Sekhmet soupira de soulagement. Elle avait le postérieur endolori à force de s'asseoir sur ce trône certes d'or massif, mais terriblement inconfortable.
De plus, rencontrer tous ces ennuyeux royaux, tous plus insipides et flatteurs les uns que les autres, lui avait donné un terrible mal de tête. Leur bavardage et leurs compliments incessants lui résonnaient encore dans le crâne. Pharaon était patient et les avait laissés se répandre en compliments, mais quand elle prendrait le pouvoir, elle ne me montrerait pas aussi clémente.
Elle suivit sa famille jusqu'à la salle de banquet, d'où résonnaient déjà des échos de musique et de conversations. Lorsque qu'ils entrèrent, le silence se fit et tout le monde se leva. Puis ils s'assirent et les gens se remirent à parler et les musiciens à jouer. Des effluves de viande grasse et de bon vin grec firent saliver d'avance la princesse. Au centre de la pièce se dressait une table remplie de victuailles, où les esclaves allaient prendre différents aliments afin de servir les nobles.
Elle les regarda tous, à manger et à parler de leurs petites vies inintéressantes, et encore une fois, le désir d'être toute-puissante, d'être vénérée par eux, la prit à la gorge. Elle voulait qu'ils se taisent, qu'ils la craignent et l'adorent tout en même temps. Elle ne voulait plus être la fille de Pharaon, elle désirait être Pharaon.
Sekhmet aimait son père. Elle se souvenait qu'il s'occupait souvent d'elle lorsqu'elle était enfant, malgré ses nombreuses responsabilités à la cour. Il prenait toujours le temps de partager une partie de senet ou de jouer avec ses hippopotames d'ivoire en sa compagnie. Ils s'amusaient et riaient, complices, durant des heures, malgré le fait que ses conseillers le houspillaient afin de reprendre le travail.
Il avait fait de même avec ses trois autres enfants. Même si elle pouvait critiquer ses décisions parfois, elle ne pouvait nier qu'il était un père aimant, qui n'hésiterait pas à sacrifier sa vie pour les fruits de sa chair.
Alors, peut-être qu'il la pardonnerait si elle préférait le pouvoir à lui.
Bon, j'avais envie de poster encore lol.
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre ! On y retrouve la part sombre de Sekhmet et croyez-moi, ce n'est pas fini !
Que se passera-t-il dans les prochains chapitres ? Êtes-vous vous Team Aton ? Peut-être pourra-t-il la changer ?
Merci de m'avoir lue et les votes sont appréciés, ainsi que les commentaires:)
Allez, à bientôt,
lecrivaine123
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