Le choix de croire ou ne pas croire est laissé à l'appréciation de chacun. Les grands chefs d'entreprise affirment que croire est la condition sine qua non et la clé du succès. Toute réussite prend sa source dans le fait de croire : en soi-même, en son projet, en son produit ...

Croire c'est positiver, aller de l'avant, se battre pour rendre possible l'impossible. C'est espérer. L'espoir fait vivre tout le monde, même des personnes comme Jack.

Je suis persuadée qu'il reste en lui une part d'humanité. Son cœur ne peut pas être si froid au point d'éliminer ma fille. En ce moment, ma fille est certainement convaincue que je finirai par la sortir des griffes de ce déséquilibré. Elle compte sur moi.
Je dois me battre pour elle
et ne jamais douter.

***

Après une nuit blanche passée à cogiter, je suis à cran. Je m'enfile café sur café. Il est difficile de démêler le vrai du faux face à cet imbroglio cauchemardesque. J'ai besoin de réunir plus d'indices pour m'aiguiller. Il me faut comprendre à tout prix le fonctionnement de Jack. Le but final de ce périple sans queue ni tête est surtout avoir la garantie de la libération de Lili.

Le téléphone sonne le glas de mes interrogations.

__ Tu vas te rendre dans un endroit où tu vas pouvoir expier tous tes péchés, Anna.

C'est l'hôpital qui se fout de la charité !

__ Mes péchés ? Avec les tiens, on remplirait un livre d'or en un clin d'œil  ! Ne puis-je m'empêcher de répliquer avant de le regretter.

__ Tu oses me tenir tête ? On n'insulte pas impunément « Jack le Tout Puissant ». Je vais buter ta fille ! martèle -t-il dans un accès de rage.

Au bruit sourd qui accompagne la fin de la communication, je devine que Jack a balancé son téléphone contre le mur. Je tremble comme une feuille et me précipite dans la cuisine à la recherche d'une arme. Je m'empare d'un couteau et déboule comme une malade dans ma chambre.

En larmes, je hurle  à l'attention des caméras :

__ Jack ! Si tu la tues, je me tue. Débrouille-toi  pour trouver quelqu'un d'autre pour finir ta « mission » !

Aussitôt, le téléphone retentit. Je l'entends souffler bruyamment.

__ Anna, non ! Écoute pose ce couteau. On va se calmer tous les deux, hein ? Tout doux ! Reprends toi ma chérie. Je ne veux pas te perdre ! Je ne vais pas faire de mal à Lili. Mais .... je ne supporte pas que tu me contredises. Ok ? D accord ?

__ Ok, j'émets d'une voix faible avant de me laisser tomber à terre.

Hagarde, mon regard va du couteau à la caméra en priant que Lili n'ait pas assisté à la scène. Je suis prise de tremblements. Je ne contrôle plus mon corps. J'inspire un grand coup, puis deux, trois... J'ai un mal fou à respirer. Tout tangue autour de moi.

__ Anna ? Anna ?

Un son insupportable emplit la pièce. Jack a activé le service de localisation de mon iPhone.

Et il a mis l'alarme à fond. Je crie :

__ Jack, arrête !

Mon portable sonne à nouveau. Je réponds.

__ Reprends-toi, Anna. Je vais te passer Lili. Tu ne veux pas qu'elle te voit dans cet état ?

__ Non, je lui réponds en secouant la tête.

Je titube jusqu'à la cuisine et sors une bouteille d'eau du frigo.

L'eau glacée sur le visage me remet d'aplomb.

__ Passe-la moi Jack !

***

Lorsque je débarque devant « Notre Dame de Paris », la foule est déjà nombreuse sur le parvis. Je ne m'étonne pas outre mesure sachant la cathédrale très visitée. À l'intérieur, je suis quand même frappée par le monde qui se dirige vers la nef centrale. Je les imite en attendant les ordres de Jack.

Je repère plusieurs rangées de sièges vides à l'avant. En m'approchant, je réalise qu'elles sont réservées aux « Chevaliers du Saint-Sépulcre ». Je pivote sur ma droite, cible une place disponible et m'assois.

La dame à mes côtés me fait un sourire engageant, je lui demande :

__ Les gens sont là pour la messe ?

__ Non, c'est le premier vendredi du mois. Ils viennent pour la vénération des Saintes Reliques.

__ Les Saintes Reliques ?

__ La couronne d'épines, un morceau de La Croix et un clou de la Passion. Elles ont été transférées de la Sainte-Chapelle à Notre-Dame.

__ Ah ! ... Et qui sont les chevaliers du Saint-Sépulcre ?

__ L'ordre qui est chargé d'en assurer la garde. Ils apporteront des précisions au public durant la cérémonie, explique -t-elle d'un geste vague de la main coupant court à la discussion.

Un silence religieux s'installe. Mon regard balaie l'église  : les magnifiques vitraux, les lustres... Les personnes présentes pour la plupart ont leurs portables à la main. Donc, je n'éprouve aucun scrupule à garder une oreillette bien cachée par mes longs cheveux après avoir désactivé la sonnerie du mien.

L'orgue déverse des accords s'élevant en crescendo. Tout le monde se lève.
Debout dans les allées, des chevaliers revêtus d'une longue cape blanche veillent au bon déroulement de la cérémonie. Je m'apprête à m'asseoir et à interpeller mes voisines sur la provenance du sac posé sur ma chaise, à cet instant ma montre clignote :

__ C'est la marchandise, récupère- la !

C'est le moment de la vénération. Les chevaliers font signe à notre rangée de se lever. Après avoir touché la couronne d'épines, on nous invite à rejoindre la contre nef. Une multitude de chapelles longe les murs de l'édifice.
Dans l'une d'elles, je laisse le paquet sous un banc comme demandé par « mon guide spirituel sonore ».

Je ne sais pas si mes péchés et ceux du « Tout Puissant Jack » ont été expiés __ c'est sûr qu'on lui décernerait sans problème le palmarès de la connerie Suprême __ . J'ignore si je vais obtenir des grâces après avoir embrassé la couronne d'épines. J'ose croire que oui, même si j'ai la désagréable impression d'avoir souillé les lieux avec mon tour de passe-passe. Ma récompense est déjà acquise en sauvant la vie de ma fille. Une chose est sûre : après cette journée marquée par mon altercation avec Jack, je n'ai pas la sensation d'avoir failli à « ma mission ». Je quitte les lieux avec la satisfaction du devoir _ de mère_ accompli.

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Coucou à tous,

J'espère que cette mission au cœur de Notre Dame de Paris vous a plu.

Si oui, likez sans modération et laissez-moi votre ressenti.

J'attends vos retours avec impatience.

À samedi pour le prochain chapitre !

Plein de bisous 😘😘😘
Je vous aime ❤️❤️❤️

Sophie