Jour 2 - L'Arc de Triomphe
J'ai cru vivre le pire le jour où le chauffeur du bus scolaire a oublié Lili au fond du car après sa tournée matinale. Elle s'était endormie et non seulement Monsieur n'a pas pris la peine d'inspecter le fond du véhicule ; il a eu en plus la bonne idée de rester injoignable toute la journée. Le pire est arrivé hier, il est présent aujourd'hui et le sera dans les onze jours à venir, jusqu'à ce que ma fille soit libérée des mains de Jack.
Dire que j'angoisse est un euphémisme. J'ai les tripes complètement retournées. Mais je ne suis pas à plaindre. J'ai affronté la dure école de la vie. J'ai du vécu et je suis libre. Pas Lili ! Mon ventre se tord en pensant à mon petit papillon. Je n'ose imaginer ce qu'elle ressent en ce moment. Je suis certaine qu'elle ne dort pas et que ses insomnies ont repris avec la peur et le stress. Jack lui a-t-il fourni assez de couvertures ? Je n'ai aucun moyen de le joindre. Impossible de lui envoyer un message via son numéro masqué. Il a tout calculé dans les moindres détails, poussant le vice jusqu'à placer des caméras dans ma salle de bains. Me sentir surveillée en permanence me donne la chair de poule. Je soupire d'impuissance. La bataille est inégale. Je me sens désarmée face à lui. Je ne dois surtout pas commettre d'impair et éviter les dommages collatéraux sur Lili. Le seul moyen de nous sortir de là est de faire profil bas pour le moment et me glisser dans sa tête. Pas facile non plus de tenter de déjouer ses plans sans mettre Lili en danger. Bref, mes pensées se chevauchent toute la nuit et au petit matin, épuisée, je m'assoupis dans le canapé.
Le volume de mon portable réglé à fond par crainte de rater l'appel de Jack résonne comme le bruit d'une grande explosion dans mes oreillettes. J'atterris sur le planche. Les événements de la veille me frappent de plein fouet.
__ Je veux parler à Lili. Passe- la moi, Jack ! exigé-je.
__ T'es tenace hein ! soupire-t-il. Bon, accordé ! Je vais la faire venir, histoire de te motiver pour la mission qui t'attend.
Je cesse de respirer.
__ Maman !
__ Ma chérie ! Tiens bon Lili. Tu ne désespères pas, tu ne tentes rien. Maman s'occupe de te sortir de là. Tu me fais confiance ?
__ Oui, sanglote-t-elle.
__ Sois forte. Je fais tout pour être très vite auprès de toi ; et surtout reste forte mon petit papillon, d'acc ? Je t'aime.
__ D'accord, maman. Moi aussi, je t'aime.
J'ai le cœur déchiré. Je ne peux rien faire de plus que lui insuffler mon amour à distance. Lili sait que je ferai tout pour elle. L'important c'est qu'elle ne se laisse pas abattre. Si elle craque, je sombre.
__ Tu vas te rendre sur les Champs-Élysées. Mon contact te rejoindra à l'Arc de Triomphe, m'annonce Jack.
***
Je suis entraînée par la marée des voyageurs empruntant les escalators vers la sortie du métro Charles de Gaulle-étoile. Arrivée sur les Champs-Elysées, je m'écarte de la foule et me faufile dans le passage souterrain qui mène à l'arche. Dans la galerie, je scrute chaque visage avec une acuité particulière, essayant de repérer « mon contact ». Un homme me bouscule. Je me retourne, sur le qui-vive.
__ Concentre-toi sur ta mission et arrête de mater les mecs, siffle le déséquilibré d'un ton acide dans mes écouteurs.
__ Je ne mate personne. Il m'a bousculée, m'indigné-je dans le vide ! Jack a déjà coupé la communication.
La file devant la billetterie s'allonge. Je me félicite d'être en possession de mon pass et de gagner un temps précieux une fois de plus. Très vite, j'arrive au contrôle de sécurité. L'agent me fait signe d'enlever mes oreillettes.
__ Vous n'avez pas de téléphone dans les poches ?
__ Non.
Je dépose mes affaires sur le tapis roulant. Un court instant, je me demande comment le contact procède pour faire passer « le colis » malgré les fouilles. À quoi riment ces prises de risques sur des sites fréquentés et truffés de caméras ? La logique de Jack m'échappe.
Je grimpe l'escalier en colimaçon, émue malgré mon état d'esprit de me trouver entre ces vieux murs chargés d'histoire. Je débouche dans un hall d'accueil réduit ; je ne m'attarde pas. Les sens en alerte, je passe sous une voûte qui s'ouvre sur une première salle. Je déambule dans l'anti-chambre, l'oeil aux aguets. Les personnes présentes ne font aucune tentative d'approche. Je pivote sur ma gauche, un panneau signale une exposition de photographies. Le cœur battant, je descends dans « la salle des palmes » où sont exposées des photos d'uniformes de soldats. Rien à signaler de ce côté-là non plus.
Je fais volte face pour revenir sur mes pas. De nouvelles marches me conduisent à l'étage supérieur. Toujours à l'affût, je fais le tour de la pièce, le regard furetant partout. Je marque un temps d'arrêt devant une vitrine dans laquelle se trouve une maquette du monument.
__ Monte sur le toit, m'ordonne Jack.
Je pars aussitôt à l'assaut du sommet de l'arche. Après un dernier coude du couloir, j'accède sur la terrasse panoramique. J'imite les touristes, je sors mon iPhone et mitraille la place de l'étoile sans perdre de vue ma mission.
Une femme, le sourire aux lèvres me parle dans une langue inconnue. À ses gestes, je comprends qu'elle souhaite être prise en photo avec son portable. Je m'exécute volontiers. Je pose à mes pieds le sac d'une grande parfumerie avec ses emplettes. La photo prise, elle récupère son téléphone ; je reste bête avec le sac à la main. J'ai une seconde d'hésitation. Mes oreillettes grésillent :
__ Tu attends quoi pour partir avec la marchandise ? s'énerve Jack. Changement de plan. La livraison se fera au Plaza-Athénée.
Avant de quitter les lieux, je me recueille au pied de l'édifice sur la tombe du soldat inconnu. L'inquiétude me suit. Au rond-point des Champs Elysées, je m'engage dans l'avenue Montaigne, où se trouvent de luxueuses boutiques, avec une vigilance encore plus accrue. Les questions me taraudent sur la teneur de la « livraison ». Qui sont les clients de Jack ?
Je m'installe au bar du palace et je commande un cocktail sans alcool. Conformément aux directives de Jack, je file aux toilettes en laissant le paquet et ma veste en évidence sur le tabouret. À mon retour, le sac a disparu. Derrière le comptoir, le barmaid vaque à ses occupations. Je balaie discrètement la salle du regard. Deux hommes sont attablés devant une bouteille de vodka, un couple est en pleine discussion et une femme pianote sur son téléphone ... Le mien clignote. J'ouvre mon message.
__ Ta mission est terminée. Tu as assuré. Bravo !
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Coucou à tous,
Alors ce second chapitre ? J'espère qu'il vous a plu autant que le premier. Si oui, likez sans modération et faites-moi de nombreux retours.
Un grand merci d'avance.
Rendez-vous mercredi pour le troisième chapitre !
Plein de bisous 😘😘😘
Je vous aime ❤️❤️❤️
Sophie
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