VI/ Le fusil de Tchekhov
A prononcer [Tchekof]
Je le mets là, car je doute que ce procédé littéraire soit réellement connu de tous. Il est pourtant ô combien intéressant et efficace.
Il porte aussi le nom de loi de conservation des détails.
Rentrons un peu plus dans le sujet avec le postulat du dramaturge ... Anton Tchekhov :
« Supprimez tout ce qui n'est pas pertinent dans l'histoire. Si dans le premier acte vous dites qu'il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu'un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S'il n'est pas destiné à être utilisé, il n'a rien à faire là. »
Là. ça commence à devenir plus visuel.
Je ne compte plus le nombre d'histoire remplies de détails qui n'ont aucune importance et qui rendent la lecture lourde et difficile. Le pire, je crois ça a été la description de la tenue d'une riche jeune femme, j'aurais cru qu'elle avait eut affaire à tout les couturiers de luxe de Paris. De la paire de lunettes (Dior, même pas des Raybans) à la culotte Yves saint Laurent... Pour le coup, je remercie le ciel qu'on ne mettre pas encore les codes-barres où les prix dans les descriptions...
Et tout cela pour quel résultat ? Aucun si ce n'est de dire qu'elle en avait pour un mois de salaire sur le dos.
Il faut se limiter aux détails qui ont de l'importance pour l'intrigue. Sinon, ça alourdit la lecture et limite l'action.
Suite à une très intéressante discussion avec @apprenti0auteur, je me permet de préciser ici ce point avec un exemple :
Les deux descriptions suivantes décrivent la même scène :
Version 1
"Un salon, comme on peut en trouver dans toutes les maisons de montagne en bois, avec sur un côté une lourde cheminée de pierre dans lequel brûlait un feu doux et chaleureux. Les peaux de bêtes, posées sur les fauteuils et au sol invitaient le voyageur ou l'invité à un repos compensateur du froid de la neige extérieur. Au fronton de la cheminée, un fusil, décorant la pièce au même titre que les bois de cerfs au dessus de la porte et la vielle photo noir et blanc accrochée sur une mur...."
Version 2
"Un salon, comme on peut en trouver dans toutes les maisons de montagne en bois, avec sur un côté une lourde cheminée de pierre dans lequel brûlait un feu doux et chaleureux. Les peaux de bêtes, posées sur les fauteuils et au sol invitaient le voyageur ou l'invité à un repos compensateur du froid de la neige extérieur. Au fronton de la cheminée, un fusil, récent et bien entretenu, trônait sur son support sur les pierres de la cheminée. D'une couleur acier, avec un dépolis lié à l'usure des conditions climatiques, signalait à tous qu'il n'était pas qu'un simple colifichet dans cette pièce où les bois de cerfs et vielles photos noir et blanc gênerait un décorum agréable...."
[Oui, j'ai repris l'exemple du fusil exprès. Pour que ça rentre]
Dans le premier cas, on n'attire pas suffisamment l'attention du lecteur sur le fusil. Il fait parti du décors comme n'importe quel élément de la scène. Dans le second... en revanche. On devine qu'à un moment, quelqu'un va le prendre et s'en servir...
Il n'est vraiment pas simple de trouver le juste équilibre entre la présentation d'une situation, d'un lieu, d'une personne ou d'un objet et l'importance qu'elle va avoir dans le récit. Si cela n'a pas d'importance, passez rapidement dessus.
Dans le cas précédent, si la nana va se balader dans un quartier chaud de Marseille... On sait pourquoi elle court à poil en criant 'au vol' sur la place de la cathédrale de la major. (Dans l'exemple, ce ne fut pas le cas, elle est simplement partie boire un coup dans un café du coin avec une pimbêche aussi superficielle qu'elle... Je l'avoue, j'ai vite arrêté la lecture : ça faisait mal aux yeux)
Bref :
1/ on ne parle que de ce qui a un intérêt pour la scène actuelle.
2/ On ne détaille que ce qui a une importance majeure dans le scénario
3/ Tout ce qui est uniquement là pour le décorum ou qui est facultatif ne doit pas être détaillé plus que cela, sinon on égare le lecteur.
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