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— Les grands chefs ont décidé que les Makori, trop bavards et sans magie, ne seraient pas autorisés à venir dans nos Kalmina. L'affaire Potelo a réveillé les esprits sur l'enjeu du silence qu'il faut garder, que les Makori ne mesurent pas...
La sonnerie retentit. Une sonnerie claire et limpide qui sonnait pour Klya la délivrance d'un cours beaucoup trop ennuyeux à son goût. Elle sortit de la salle d'histoire de la magie et se rendit rapidement jusque chez elle. Elle marcha nonchalamment à travers ces couloirs qu'elle connaissait par coeur, depuis plus de dix ans qu'elle les fréquentait. Elle passa par une grande salle ronde avec des petites portes cadenassées dans le mur, les casiers, et des tables que des petits nuages de mousse encerclaient, faisant office de fauteuils. Il s'agissait simplement du hall, la pièce de vie de l'école. Ensuite elle passa des grandes portes noires sur lesquelles était gravé une rose rouge et or emprisonnant un lys bleu et argent, symbole de la Kalmina Française. Klya courut à travers les couloirs et arriva à une pièce semblable au hall de l'école en beaucoup plus grande. Il y avait une scène, des tables casées dans un coin si besoin et des chaises empilées à côté, des échelles et des escaliers pour mener à tous les couloirs, des marchands, une fois par semaine, un café qui ouvrait les soirs de week-end uniquement. C'était la grande salle, la salle des fêtes, la place du marché, le centre de la cité. De cette pièce partaient tous les couloirs qui se rejoignaient entre eux comme une toile d'araignée. L'école de magie était particulière car elle reprenait la Kalmina dans sa forme en version miniature et cassait donc l'aspect circulaire de la cité. Klya regarda la grande salle et tourna vers un des couloirs du quartier résidentiel. Elle compta les portes dans sa courses et s'arrêta à la treizième. Il s'agissait d'une porte en bois sombre avec un panneau gravé en lettres fines "Paily". Il s'agissait de la sienne. Ce n'était pas vraiment la sienne mais celle d'Allan et de sa famille, cependant la jeune fille y avait sa chambre et y vivait autant que cette famille. Allan était son ami d'enfance et il avait 27 ans alors qu'elle n'en avait que 15. Il avait deux soeurs plus âgées, Myriam et Amélie, de respectivement 35 et 32 ans, ainsi qu'une petite soeur, Angélique, de 24 ans qui ne vivait plus là. Leurs parents venaient de temps à autre, mais laissaient désormais leurs enfants gérer la maison. Dans cette maison, y résidaient également Maëlie et Mélodie, respectivement de 20 et 15 ans, et Klya. En réalité, "résider" était un bien grand mot. Ils avaient tous une vie chacun sur terre, dans les quatre coins de la France, une vie totalement dénuée de magie. Ici, ils étaient sous terre, là où la magie s'était réfugiée pour éviter de finir dans des laboratoires ou des camps de travail. Klya adorait ce monde souterrain dans lequel tout était possible. Elle y avait une vie complète et y jouait différents rôles. Elle était enseignante pour un groupe de dix élèves âgés de cinq à huit ans, disciple du chef de la Kalmina et unique adepte des métamorphoses, une magie ancienne et disparue de tout enseignement depuis bien longtemps. Elle apprenait à se transformer en diverses créatures, les unes après les autres. Son rêve du moment était de devenir dragon. Avec une pensée pour ces êtres à écailles, elle poussa la porte. Elle vit vite deux adorables petites filles courir dans sa direction. Elles s'appelaient Luna et Sola. Elles étaient jumelles et avaient toujours considéré Klya comme leur mère, leurs parents étant décédés à leur naissance. Elles étaient en réalité élevées par un peu toute la maison mais Klya était l'élue qu'elles appelaient "Maman". Quand Klya reçu les jumelles dans ses bras elle les serra très fort et les porta sur le canapé, saluant au passage Maëlie qui les gardait généreusement. Celle-ci lui répondit d'un signe de tête et continua de lui parler par télépathie, pendant que la jeune fille dénouait la cravate de son uniforme.
— Pedro voulait savoir si tu venais à la réunion de ce soir.
— Je vais essayer, il faut que je vois avec mes parents.
— D'accord. J'ai l'impression qu'il a quelque chose à te dire, il semblait tenir très fort à ce que tu viennes.
Klya commença alors à s'inquiéter. Pedro lui parlait peu, sauf pour lui demander des services ou son accord. Accord sur, bien souvent des idées complètement farfelues. La dernière fois il avait essayé de fonder une religion, et elle avait refusé. Elle se demandait ce qu'il allait bien pouvoir dire, cette fois-ci. Elle embrassa les deux jumelles sur le front et serra Maëlie dans ses bras puis alla vite demander à ses parents pour la réunion. Elle se dématérialisa de ce monde souterrain pour atterrir derrière sa maison. Elle passa la porte située devant et se rendit directement dans le salon, où ses deux parents discutaient tranquillement. Ils savaient que la magie existait, ils savaient que leur fille en possédait, mais leurs connaissances s'étaient arrêtées là. Ils ne voulaient pas en savoir plus, se perdant très vite à chaque fois qu'ils essayaient.
— Salut ! Je peux aller à la réunion magique de ce soir ? demanda Klya en arrivant.
Son père soupira et accepta. L'adolescente partit en courant vers la salle de bains pour prendre une douche.
— Mais demain tu vas en cours et tu ne te plains pas de la fatigue, d'accord? cria sa mère derrière sa fille qui courait déjà.
— Oui maman !
La jeune fille entra dans la salle de bain et alla dans la douche. Elle se perdit dans ses pensées pendant qu'elle savourait l'eau chaude qui coulait sur son corps. Elle pensa à Angélique, qui avait perdu tout souvenir de la magie à cause de son propre père. Klya repensa qu'elle n'était pas là ce jour là, qu'elle était dans le comas, suite à la mort des parents des jumelles. Ils s'était passé beaucoup de choses pendant son comas. Il avait duré un mois et en un mois Maëlie ne pouvait plus parler et Pedro avait fait cette bêtise impardonnable. Angélique était la plus jeune et, selon Pedro, elle n'avait pas de pouvoir donc elle était une erreur et elle n'avait rien à faire dans ce monde. Klya s'énerva contre lui et regretta d'y avoir pensé. Cela faisait cinq ans que tout avait eu lieu mais il s'agissait encore d'une corde très sensible pour l'adolescente. Elle finit vite sa douche, s'habilla, et partit dans sa chambre pour se rematérialiser dans ce monde souterrain qu'elle affectionnait tant. Toute la famille Paily était là sauf Pedro, et Florence attendait la jeune fille dans le salon pour y aller. Elles passèrent les couloir en direction d'une grande porte avec le symbole de la Kalmina Française. Elles poussèrent le battant et entrèrent. Le sol du hall d'entrée était une mosaïque du même symbole que sur la porte, et les murs étaient de couleur changeante selon le grade des personnes qui entraient. Le mur de droite se teinta de rouge, couleur des époux, et le mur de gauche, de bleu, couleur des apprentis. Le mur du fond reçut les deux couleurs qui se mêlèrent en un violet pâle se mouvant sur le mur. Les deux femmes montèrent les escaliers blancs jusqu'à une toute petite porte en bois clair, tout en haut. Elle entrèrent sans frapper et saluèrent les personnes déjà présentes. Il y avait, au bout d'une longue table en bois, Henry, un homme d'environ quatre-vingt-dix ans qui portait toujours un béret rouge sur la tête et un uniforme militaire bleu. Il s'agissait du conseiller du Chef le plus âgé jamais connu. Ancien chef de la garde de la Kalmina Française, il n'avait absolument pas perdu la forme et savait encore parfaitement remettre en place quelqu'un qui n'y resterait pas. Il avançait au pas à l'aide d'une canne en bois sombre mais il s'en servait davantage pour se défendre que pour avancer. A sa droite, il y avait un petit homme aux cheveux courts grisonnants sur les tempes. Il s'appelait Franck. Il portait le même uniforme bleu que Henry. Il était son lieutenant et serait sans doute successeur. De l'autre côté de Henry, se trouvait Bastien, un homme dans la trentaine en chemise blanche et une cravate avec l'insigne de la kalmina sur la cravate. Directeur de l'école, il avait un sens de l'humour très présent et aimait beaucoup rire. Il était très agréable avec ses élèves mais savait aussi réprimander les élèves turbulents. Le professeurs comme les élèves l'appréciaient. A la gauche de Franck, deux jeunes adultes étaient assis, un garçon puis une fille. Klya reconnu la fille, elle s'appelait Amy, était sa camarade d'apprentissage et était la définition même du superficiel. Maquillée au maximum, elle avait des longs cheveux teints en violet foncé et des yeux noirs. Elle était grande, mince et portait une affection toute particulière à ses couteaux. Entre elle et le lieutenant siégeait un jeune homme blond aux cheveux légèrement bouclés et aux yeux sombres. Il regardait ses mains posées sur la table et semblait perdu. Florence lui indiqua qu'il s'appelait Roxas. La jeune fille le reconnut alors. Il était membre d'un gang de brutes de l'école. Le genre de personnes qui n'hésiterai pas à tuer un enfant de cinq ans s'il le voulait. La bande avait été suivie de très près jusqu'à presque la dissoudre dès les premiers incidents, soit un professeur brûlé devant des enfants de huit à douze ans. Roxas était un des plus calmes du groupe, et Amy en faisait parti également. Klya se demanda ce qu'il faisait la. Elle s'approcha de sa place, en face de Amy, et Florence prit place juste à côté, en face de Roxas. Pedro arriva en courant. Il posa une pile de papier et appela Klya pour qu'elle note les points à aborder sur le grand tableau magique derrière la place de Pedro, en face du Général. Étrangement, aucun point ne parla de Roxas, il s'agissait seulement des points basiques, soit les liens avec les autres Kalmina, l'école et les problèmes importants. La réunion se passa rapidement, et lorsque tout le monde s'en alla, Pedro retint ses deux élèves. Klya et Amy s'approchèrent.
— Je vous présente Roxas, mais vous le connaissez sûrement déjà. Il m'a demandé d'être son mentor, comme je le suis pour vous. J'ai accepté qu'il voit une réunion, mais je veux votre avis, après tout vous allez être amenés à travailler avec lui.
Les deux jeunes femmes le regardèrent, bouches bées.
— Attends, attends, Pedro ! Tu galère déjà à combiner tes élèves, les réunions et ta vie dans ton temps libre et tu te rajoute du boulot?! Es-tu tombé sur la tête ?! répliqua Klya. Après tout j'ai bientôt fini moi, donc je m'en moque. Mais réfléchis un peu bon sang !
Amy, approuva d'un signe de tête ce que disait sa camarade. Pedro passait son temps à courir et à se plaindre du manque de temps dont il disposait. Il disait souvent qu'il avait hâte que Klya finisse pour lui refiler le flambeau. Être le chef de la Kalmina la plus puissante du monde, ce n'était pas de tout repos. Il accepta de réfléchir un peu plus et de prendre sa décision plus tard. Roxas jeta un regard noir aux deux jeunes filles. Klya tourna les talons et rejoignit Florence qui l'attendait dans la pièce d'à côté. Elles rentrèrent à la maison en discutant joyeusement. L'adolescente salua tout le monde une fois rentrée et retourna sur Terre et s'endormit.
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