{Chapitre 6} : Quelqu'un de... spécial...?
PDV Edwin
Le vieil homme était allongé par terre, immobile.
- Grand-père ? demanda Artémis, inquiet.
Un silence s'installa avant que le mince homme le brise en soupirant :
- Pépé, tu auras beau faire le mort, je continuerai à te faire avaler tes médicaments et, non, NON, je ne te laisserai pas mourir tranquille ici. Ai-je été assez clair ? Aussi, nous allons accueillir deux personnes, essaie de ne pas trop les déranger, d'accord ?
- On dirait que tu parles à ton gosse, grogna le « mort » en tentant de se relever avant de m'interpeller, hé ! P'tit gars ! Viens donc aider un vieux pruneau à se relever, ça t'fera une bonne action.
Rín jeta un regard plein de pitié qui disait clairement quelque chose du genre : « tu te prives de nourriture pour ça ? », « C'est LUI l'Ancien de ma famille ? » ou « Mange sa grenouille, il mourra peut-être de faim » pendant que je peinais à soutenir le « vieux pruneau ». Artémis hocha la tête pour répondre à Rín (pas à la troisième option évidemment) avant de se précipiter devant le feu qui éclairait la petite plateforme de bois de quelques mètres carrés. Puis il embrocha les grenouilles sur de longs piques avant de les planter devant le feu.
- Surveillez le feu, ordonna l'albinos, je vais chercher du bois.
- Reviens vite, grogna son aïeul, j'voudrais pas rester coincé avec ces deux zigotos.
Artémis redescendit par la corde et on entendit ses pas s'éloigner vers la forêt rapidement, nous laissant seuls avec le grand père. Il devait avoir dans 80 ans mais son air malade lui en donnait au moins 100, lui aussi était maigre mais moins que son petit-fils puisqu'il ne bougeait pas de la journée. Il était chauve et avait une longue barbe broussailleuse qu'il grattait en permanence. Il se rapprocha du feu avant de prendre la parole :
- Comme ça, il a trouvé une autre Tara... C'est comment ton nom ?
- Rín, se présenta-t-elle, et lui, c'est Edwin.
- C'est bien. Comment vous vous êtes rencontrés ?
- On est en fuite, expliquai-je, en voyant Rín, Artémis nous a aidé.
- Pour quelque chose de grave ?
- Assez pour que toute l'île nous cherche mais ils ne connaissent pas toute l'histoire.
- Quand mon petit-fils sera rentré, on tirera les choses au clair, annonça-t-il d'un ton sérieux, déjà qu'on est une petite famille mais si en plus il y a des criminels dedans...
Je me levai et marchai vers le bord de la plateforme pour m'y asseoir et regarder la lune. Rín s'assit à côté de moi en laissant le vieil homme qui regardait les braises rougeoyantes. Elle avait l'air heureuse d'avoir trouvé des gens avec lesquels elle pourrait se construire un chez-elle, et je me surpris à oublier ma mission en pensant que, comme Firín, elle touchait enfin son rêve du bout des doigts, et qu'elle pourrait certainement et bientôt l'avoir à portée de main...
Je déglutis difficilement. Et croire que j'allais devoir jouer le méchant de l'histoire... Sans lever la tête, Papy déclara d'un ton sinistre :
- Ne pensez même pas à faire un mètre de plus. J'ai beau être usé, mon Ombre est toujours puissante et bien qu'elle puisse paraître inutile au premier abord, elle est mortelle.
- Effrayant... commenta Rín, mais on n'y pense pas, faut pas s'inquiéter m'sieur.
Une minute passa puis deux et soudain, Rín se tourna vers son aïeul :
- Comment était notre famille ?
- Comment ça « était » ? demanda-t-il.
- Je devais bien avoir une mère, une tante, une grand-mère, un père... comment ils étaient et comment ils sont...
- Tu sais, petite, avoua-t-il, je n'avais pas de très bonnes relations avec ma famille, je suis presque sûr que tout le monde souhaitait que je crève. Comme tu le sais, notre clan a accepté l'aventure et c'est sûrement la pire décision que nous ayons prise. Je me souviens qu'arrivés au Désert, nous n'étions plus qu'une dizaine et c'était beaucoup pour une famille à cette période.
- Qui était resté... ?
- Dis tout de suite que tu voudrais savoir qui sont tes parents, ça ira plus vite, soupira-t-il. Déjà, on peut en enlever la moitié, ils sont soit morts dans la bataille soit ils se sont suicidés.
- Oh.
- Ah ! je crois que je me souviens de ta mère !
- Est-ce qu'elle était joyeuse ? Heureuse ? Contente ? Gaie ?
- Déjà tu viens de dire 4 fois la même chose, remarqua-t-il, et ne te fais pas d'illusion. Le voyage l'avait brisée et arrivée au Désert, elle s'était enfermée dans sa solitude et n'avais plus jamais pipé un mot. Mais tu veux que je te dise ? Tu es la preuve que quelque part, quelqu'un a su lui redonner le sourire.
Ça donna aussi le sourire à Rín puis on regarda Artémis faire des allées et retour de la forêt au pied de la petite falaise pour ramener du bois qu'il avait visiblement coupé à l'avance et ramasser par terre. Je fus surpris par la petite quantité qu'il portait à chaque trajet : 1 ou 2 kilos paraissaient peser comme du plomb sur ses bras frêles et pâles. A mon avis, c'était un exploit qu'il ai réussi à chasser et faire tout ce qu'il avait à faire toute la journée sans rien se casser : ses os devaient être aussi fragiles que des brindilles. Il avait l'air exténué et devait souvent s'arrêter pour prendre son souffle, comme s'il avait 50 ans de plus.
Il entreprit d'abord d'attacher le bois à la corde, il avait l'air tellement mal et fatigué. Alors je tournai la tête et vis une Rín énervée au plus haut point, je haussai les épaules avant qu'elle me donne une claque dans le dos.
- Quoi ?
- Aide-le, espèce d'idiot, me réprimanda-t-elle.
- Il n'a pas demandé d'aide, remarquai-je en fronçant les sourcils.
- Est-ce que c'est une raison de ne pas le faire ?
Oui, s'il n'a pas demandé, c'est qu'il estime pouvoir le faire seul. L'aider pourrait peut-être lui faire croire que nous le sous-estimons.
Mais je ne fis que penser ça et fini par remonter le Tara avec sa cargaison végétale (NDA : je suis très fière de ce groupe nominal ^-^). En atterrissant, il me remercia avant de se presser pour aller ranger le bois dans le coin sec de la plateforme. Le temps qu'il le fasse, une bonne odeur se dégageait des brochettes de grenouilles maintenant bien grillées.
Rín avait l'air d'être dans un dilemme, après tout, elle était végétarienne mais elle avait faim. Une faim de loup !
Mais ce n'est que quand Artémis nous passa les brochettes avant de se coucher sur le sol pour dormir que je remarquai qu'il n'y en avait aucunes pour lui, on n'en avait pêcher seulement trois.
Je me surprenais alors à hésiter à lui donner la mienne, ce type n'avait pas manger depuis au moins 24 heures et c'était lui qui avait attrapé deux de nos repas mais j'avais encore, ce réflexe de survie : penser d'abord à moi et ensuite aux autres.
Rín, elle, n'hésita pas une seule seconde : elle se releva d'un coup et avança à grands pas vers son cousin qui ne savait pas comment réagir, le releva vite l'attrapant par les épaules pour ne rien lui casser et lui colla son repas entre les mains.
- Reprends-la, lui dit-il en lui retendant la brochette malgré le fait que son ventre dise expressément le contraire, et je cite : « bloubloublou » (NDA : oui, c'est un gargouillement, mais j'estime que son corps s'exprime).
- Je n'ai pas faim, menti-t-elle, je suis végétarienne et... regarde-toi, nom d'un loup ! Mange, t'en a plus besoin que moi.
- Merci, la remercia Artémis avant de mordre dans la grenouille.
- Oh, ne le prends pas pour toi ! dit Rín en riant, De toute façon, d'après 'Win, je suis une « fausse-maigre » ...
Je grognais. Sérieusement, il n'y avait qu'elle pour se souvenir de ça !
- Et alors ? demanda l'albinos.
- Eh bien, répondit-elle avec un regard noir, je vais devoir devenir une vraie-maigre !
Puis elle se fit le description physique de son fin cousin éloigné en le scrutant avec une grande discrétion (notez l'ironie) avant d'ajouter :
- Hum, finalement, prends ça comme un acte de gentillesse, je veux bien rester une fausse-maigre...
Il soupira. J'arrachai alors deux pattes de la mienne pour la lui donner, il en prit une et jeta l'autre à son grand père qui avait déjà fini la sienne sans nous attendre.
Le vieil homme prit la parole quand on eut tous les deux finis de manger :
- Maintenant vous allez vite fait bien fait nous expliquer votre situation, les petits cocos où vous vous retrouverez vite fait aux pieds de notre maison.
- On ne peut pas tous vous expliquer, commençai-je.
- Comment ça ?! me coupa le grand-père, on vous accueille ici, on vous nourrie et on vous sauve la peau des fesses et maintenant tu oserais me répondre non, petit ver de terre ?
Un silence pesant entreprit de s'installer dans notre conversation, mais le « tocard » le mit rapidement à la porte en disant, presque en s'étranglant :
- « On » ?! Je ne me souviens pas que tu m'ais accompagné !
- De toute façon, même si on vous le disait, vous nous mettriez dehors.
- Mais qui a dit que ce serai nous qui vous mettrions dehors ?
- Es-tu sûr de ta réponse ? demanda Artémis d'un air inquiet.
Il avait un regard suppliant comment s'il me disait « Change d'avis ! ».
- Oui, dis-je en ignorant l'expression des Tara.
- Bien, acquiesça le vieil homme en tendant la main vers Rín, tu l'auras voulu.
- Pépé, supplia l'anorexique, j'ai besoin d'elle pour avoir une famille.
- C'est peut-être une mauvaise personne, c'est pas parce qu'elle t'a donné une grenouille qu'elle est devenue l'héroïne du jour.
D'un geste théâtral, qui semblait commun à toute les Ombres, il tendit la main vers Rín pour activer son pouvoir sur sa prochaine cible. J'étais stressé, cependant mon cerveau réagit à une vitesse qui sauva peut-être la vie de mon amie. Je me levais pour attraper la main du vieillard et le stopper dans sa course :
- OSEZ LA TOUCHER ET JE FAIS VOLER EN MORCEAUX LE CRÂNE DE L'OISEAU EN PORCELAINE QUI VOUS SERT DE PETIT-FILS !
Puis, le doute envahit mon esprit, le vieux était bien plus gagnant en faisant du mal à Rín, il pourrait se débarrasser d'une menace et d'un petit-fils collant. Cela se voyait, il avait beau chérir sa famille, il n'avait pas beaucoup d'espérance pour son avenir. Et même s'il aurait eu plus envie de sauver son petit-fils, qui l'aurait empêché de penser que je n'étais pas capable de le tuer ?
Je ne savais pas quelle était son Ombre, alors il allait en tirer parti, c'était évident !
Pendant ce temps, Artémis prenait sa tête entre les mains comme pour empêcher une explosion intérieure.
Seulement, il baissa la main en marmonnant avec inquiétude :
- Ose toucher à celui pour lequel j'ai dévoué une grande partie de ma vie, et tu peux dire au revoir à tous ceux qui te sont chers...
Une atmosphère pesante s'était installée. Le vieil homme avait tout de même l'air d'hésiter, il plongeait son regard dans le mien pour y déceler du mensonge ou de la peur. Puis, après environ une minute, il releva la main en exultant :
- Tu mens, tu ne pourras jamais tuer quelqu'un !
Je me retournai alors vers Artémis, qui avait reculé derrière moi, pour prendre son cou grâce à mon Ombre et le faire léviter au-dessus du vide à côté de la plateforme.
- Edwin... ? demanda Rín.
Je tournai la tête vers elle pour remarquer qu'elle était en pleine forme, toujours à la même place et qu'elle avait l'air très étonnée de ce que je faisais. Le grand-père baissa la main avant d'exploser de rire.
Il est complètement dérangé, ce type...
- Vas-y ! rit-il, aie plus de courage que moi et tue ce mioche.
- Pardon ?
Le teint du « mioche » (autrefois un tocard) commença à virer au cramoisi.
Il souleva sa chemise pour me faire voir le tatouage sur son pâle et flétri ventre, en tout point identique au mien.
- Si tu as ça dans le dos, c'est que tu as compris la même chose que moi : ce peuple ne peut vivre plus longtemps.
- Vous m'expliquez ce qui se passe ? demanda Rín à côté de lui.
L'albinos que je tenais émit un bref râle pour que l'on se rappelle de lui et peut-être pour contredire le fait qu'il soit une cible facile (ce qui fut un échec pur et simple). Je crois que je n'avais jamais vu personne aussi violet que lui (ironie du sort : les personnes violettes ne sont pas si facie à trouver !) , il suffoquait.
Sa cousine fronça les sourcils. Si je le tuai maintenant je perdais toute la confiance de la seule personne qui m'en aurait donné présentement. Aucun humain ne devrait prendre le pouvoir de la Mort à sa place. J'avais un esprit faible, trop faible. Je le rejetai donc sur le sol, hésitant et sa cheville heurta dans un craquement sonore.
- Maisçavapaslatêteçafaitmal ! cria-t-il en prenant son pied qui formait désormais un angle sinistre.
- Pourquoi tu ne l'as pas tué ? demanda le papy, déçu, mais une once de soulagement perçait dans sa voix.
- Il-il a le droit de vivre, bredouillai-je en jetant un rapide coup d'œil à Rín.
- Tu connais son avenir et sa valeur, il n'y a rien de bon qui l'attend ici, seulement le désespoir et la mort. Tue-le.
- Non ! intervint Rín.
- Tue-le.
- Ne l'écoute pas !
- Tue-le.
Artémis essaya de fuir derrière moi mais je le retins.
Je vais bien finir par l'achever, pourquoi pas maintenant ?
Je me pris la tête entre les mains pendant que les deux autres essayaient de me convaincre avec des paroles dont le son était couvert par mes pensées.
Sa vie n'était déjà pas facile jusqu'ici, mieux vaut ne pas le laisser tomber au fond du trou.
Mais il y est déjà, il ne peut que remonter.
Il y a toujours pire que lui.
Je fus vite ramené à la réalité par une phrase que Rín me cria en me secouant :
- Chaque vie mérite d'être vécue !
Mais je replongeai dans mon océan d'hésitation.
Cette vie-là ne mériterai même pas d'exister...
Je me retournai vers Artémis. Il tremblait de peur, son teint blanc devenait rouge et il transpirait à grosses gouttes à force d'essayer de se dégager de mon Ombre. Comme s'il était malade.
Cette scène m'en rappelai une autre que j'avais débout à côté d'une fenêtre, devant un lit blanc d'infirmerie, dans le plus grand château, et à vrai dire le seul, que j'avais jamais vu.
Arty...
La mort de ma petite sœur, Artémis, emportée par les effets du venin d'Orion, le serpent blanc aux yeux roses de Rán.
Ils avaient le même nom et d'une certes façon, se ressemblait. La même peur de la mort brillait dans ses yeux grands ouverts. Mais cette fois, il avait une différence, et pas des moindres : je pouvais faire quelque chose pour lui.
Je peux ne pas le tuer. Autrement dit : je peux le sauver.
- Quelle est ta réponse, morveux ? demanda le vieux pruneau.
Le « morveux » acheva de me décider. Je me levai et déclarai d'un ton ferme :
- Non.
- Non ? interrogea-t-il.
- Non, répétai-je, Ne paraphraser pas ce que je dis !
- Dans ce cas, tu ne me laisse pas le choix : je vais te débarrasser d'une personne qui ne fera que te freiner dans ta mission.
Il leva sa main vers Rín pendant que je levai la mienne vers lui. Il me regarda avec surprise avec de rire :
- Tu crois que tu vas me faire peur ? Dire que je vais vivre encore un an avec cette maladie qui me dévore serait des foutaises ! tu ne peux pas me tuer tout de suite et le temps que tu t'occupe de moi, elle sera déjà en train d'agoniser.
- Ne la tue pas !
- Pourquoi ? En voyageant avec toi, elle finira morte d'une façon ou d'un autre et tu le sais. Tu ne peux pas la protéger de toi.
Artémis, que j'avais relâcher sans m'en rendre compte s'interposa entre son grand-père et sa cousine en boitant.
- Ne la touche pas !
- Oh mon Dieu ! soupira-t-il, toi aussi tu t'y mets. Sort de là, petit, vas mendier des restes de repas ailleurs.
L'albinos de bougea pas d'un cil et malgré la tension que pesais dans l'air je pensai :
Le pauvre, il ne doit rien comprendre...
Le vieil homme se releva, s'approcha doucement de son petit-fils et lui donna un coup de pied derrière le genou qui lui fit perdre l'équilibre (NDA : tout le monde a vécu ça au moins une fois au collège).
- Meurs, ordonna-t-il théâtralement à Rín.
Je m'apprêtai à lui casser la colonne vertébrale quand une voix froide et sans émotion sorti de la forêt :
- La seule personne qui mérite de mourir ici, c'est toi, vieux crouton.
Et, plus rapidement qu'un battement de cils, une aiguille de verre transperça la poitrine de l'Ancien.
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Salut !
Bon, je pense savoir ce que vous pensez, du moins quelques brides :
"Chapitre en retaaaaaaard..."
" Ça se passe un peu mal pour eux non?"
"Est-ce qu'il y aura encore beaucoup de personnes qui vont mourir ?"
Eh bin je vais donner des réponses !
Réponse 1 : Vous savez que la période de Noël approche (pour ne pas dire "nous fonce dessus) et, comme j'étais en retard sur les cadeaux, je passais le plus clair de mon temps devant une feuille blanche que j'avais appelé Idées de cadeaux qui n'arrivent pas
Réponse 2 : C'est vrai... Mais je pense qu'il y aura des haut et des bas.
Réponse 3 : Moi non plus, je n'aime pas tuer les personnages de mon histoires... Mais l'histoire elle, suit son propre cour...
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