{Chapitre 4} Le Tocard Anorexique
Salut ! Voici un chapitre qui arrive bien en avance pour compenser ma longue absence... Je ne sais pas si j'arriverais à écrire quelque chose avant ce week-end, et si oui, ce sera le dimanche, mais je ferais de mon mieux! J'espère que ce nouveau chapitre va vous plaire, car vous allez faire la rencontre de l'unique... J'ai nommé... le Tocard Anorexique !
PDV Rín :
Je courrais sans relâche, zigzaguant entre les arbres et sautant par-dessus les buissons pendant qu'un adolescent tirait sur mon pelage pour tenter de rester sur mon dos.
Je galopais dans la forêt, sans but, seulement courant après l'espoir d'une fuite. Une situation qui me rappelait beaucoup le début de mon aventure, fuyant tout et n'importe quoi. Mais aujourd'hui je ne fuyais pas les autres, je fuyais les miens mais je ne fuyais pas pour moi, cette fois-ci, je fuyais pour protéger quelqu'un et ça changeait tout.
Et même si les brusques virages que je faisais donnait l'impression contraire, je ne laisserai jamais tomber Edwin. Mais s'il était un meurtrier...
Arrête d'y penser et concentre-toi, c'est impossible de toute façon...
Evidemment...
Je serrai les dents en accélérant la cadence, je faisais exprès de passer sous des branches épineuses, elles laisseraient de simples égratignures à mon passager, simples mais douloureuses, s'il essayait d'utiliser son Ombre en faisant de grands mouvements. J'étais en état d'alerte, le danger était partout et j'avais ce garde, à la grande langue, Élante, à mes trousses, le seul qui avait réussi à me suivre en se propulsant grâce à son Ombre.
« Bloque-le ! » ais-je voulu hurler à Edwin mais seul un grognement sortit de ma gorge.
Mon passager, qui avait pris ça comme une plainte, me répondit :
- Je sais qu'il est collant, mais j'ai besoin d'un contact direct avec le sol pour utiliser mon Ombre, du moins pas sur quelque chose de vivant.
« Tue-moi, qu'est-ce que t'attend ?! » ais-je dis mais encore une fois ma voix se perdit.
Je commençais à vraiment fatiguer mais mon poursuiveur, entraîner pour le combat, lui, ne faiblissait pas.
La course s'éternisait, et l'escalade des montagnes de l'île allait bientôt commencer, j'étais sûre de ne pas pour voir tenir jusque-là.
Ma vue se troublait et mes muscles semblaient chauffés à blanc. Pendant un énième virage, ce qui devait arriver arriva : je butai contre un animal, peut-être un lapin (Repose en paix, lapin), je n'y avais pas pensé sur le coup, la conversation avec ma voix intérieure se résumait à :
Je suis foutuuuuuuuuuuuuuuuuuuue ! AAAAAAAAAAH !
Je tombai sur le flan, envoyant Edwin valdinguer dans des buissons et dont le BOUM qui suivit sa chute m'assura qu'il était tombé sur la tête. Je retournai alors à ma forme humaine crevée et moins utile qu'une bomugie allumée à midi. Dieu sait comme c'est inutile.
Elante atterri alors à côté de moi, à peine essoufflé, et malgré les filets de bave qui coulaient sur son menton, il avait l'air de dire : Même pas mal !
- Frimeur, marmonnai-je.
Le garde reprit son souffle puis se dirigea vers les buissons, d'où dépassait un pied d'Edwin. Il l'attrapa avec sa langue et tira jusqu'à l'enlever des broussailles, inerte, une énorme bosse sur le front.
Bon, au moins, cette fois, ça n'a fait qu'une bosse... Je sais pas ce que t'as avec les coups sur la tête mais c'est impressionnant...
Il s'apprêtait à repartir quand je rassemblai mes forces pour dire avec le plus d'assurance possible :
- A-Attendez... !
- Quoi ? demanda-t-il, agacé, en zozotant puisque sa langue tenait la cheville d'Edwin, tu vas me dire quelque ssose du zenre : z'est pas ze que tu crois ! Ze peux tout esspliquer ! ?
- Pas... exactement... dis-je en essayant de me redresser.
- Oh ! s'exclama-t-il en mauvais acteur, Alors ze t'écoute, raconte-moi !
- Je ne crois pas que ce type soit un meurtrier et...
- Dis plutôt que tu ne zeux pas y croire, m'interrompit-il.
- S'il l'est, je vous le rendrais et le laisserait à votre justice, je n'en ai pas l'air mais je suis pleine de ressources. Laissez-lui juste le temps de s'expliquer, s'il vous plait.
- Comment tu comptes l'arrêsster ? demanda Élante, touzours zozotant.
- Pardon ?
- Si ze type est vraiment un meurtrier et ze t'azure qu'il l'est, comment tu vas zaire pour l'arrêter ? Tu as peut-être une Ombre puissante mais tu es par terre après zeulement 6 kilomètres de courze, tu n'es pas entraînée pour le combat. Il te tuera.
La véracité de sa phrase me saisit. C'était tellement évident. Je n'étais rien face à Edwin et, s'il le voulait, il pouvait me détruire en moins de temps qu'il ne fallait pour dire « tomate ». Il se retourna vers moi pour me prendre par le poignet et commencer à marcher en me trainant.
- Qu'est-ce que tu fais ? ai-je dit, décidée à bannir le vouvoiement.
- Ze te ramène au villaze, tu es complisse !
- Mais non !
- Ze ne peux pas te croire zur parole.
J'essayai de me dégager, mais je me sentais réellement au bord de l'évanouissement. Soudain, alors que j'allais abandonner ma lutte désespérée, une flèche se planta devant mon agresseur qui le fit se stopper net. Cette flèche était peinte en un vert éclatant et arborant des plumes tachetés. Élante soupira, et dit, les dents les plus serrées qu'il pouvait avec sa langue qui le gênait :
- Qu'est-ze que tu zeux ?
Une ombre se détacha des silhouettes d'arbres de la forêt, rapide, fine et agile. Quand elle se rapprocha, je remarquai que c'était une personne, étrangement couverte de boue, d'un physique particulier.
La première chose que je remarquai, c'est qu'elle (je la désigne par « personne », je ne savais toujours pas de quel genre elle faisait partie) avait de longs cheveux blanc maculés de boue, qui étaient coiffés en une longue queue de cheval qui lui arrivait jusqu'au milieu du dos.
La deuxième était que son visage était doté de traits fins et que son corps était d'une minceur maladive. Ses vêtement sales couleur terre avaient l'air d'avoir été rapiécé plusieurs fois en plusieurs endroits avec des tissus de couleur sombre...
Mouais ! Il/elle ne ressemblait pas du tout au prince/esse charmant/e dont toutes les petites auraient rêvés !
Ses yeux bleus étincelants me fixaient avec une lueur amusée...
Certainement parce que je devais avoir l'air d'une flaque transpirante qui aurait pu garder la forme de n'importe quel fauteuil !
- C'est une Tara.
- Et ?
- Elle est sous notre protection. De ce fait, celui qu'elle protège aussi.
- Tu te crois intimidant ? Ton allure d'anoreqsique fffferait à peine trembler un grand-père !
- Mais tu sais à quel point le mien est fort, répondit-elle puis il désigna Edwin de la tête, il le contrôlera et si ce n'est pas le cas, vous serez débarrassé d'un vieil ermite, et de sa maigre descendance. De toute façon, ton prisonnier n'a pas ses repères ici et mon Ombre est fort utile dans ce cas.
Élante sembla réfléchir, à vrai dire, qui a envie de porter un adolescent par la cheville et traîner une métamorphe sur une demi-douzaine de kilomètres ? de toute façon, la personne ne faisait qu'énoncer la vérité, si ça tournait mal, il ne nous aurait plus dans ses pattes. Je ne savais pas de quel « vieil ermite » elle parlait mais je m'en fichai éperdument, il avait l'air puissant et moi non plus je n'avais pas envie de me faire traîner jusqu'à un procès pour une prétendue tentative de meurtre. Mentalement j'adressais une prière à la divinité des Ombres :
Je voudrais bien ne pas être condamnée à mort et plutôt suivre cette personne qui a l'air fort agréable, pouvez-vous exaucer ce souhait sincère ?
Visiblement, cette divinité l'avait exaucé. Le garde me lâcha avec Edwin et déclara :
- J'accepte ta proposition, mais tu te portes garant d'eux. Tu les nourris et les loge jusqu'à ce qu'ils reviennent au village d'accord ? et s'ils font une gaffe, tu comparaîtras avec eux.
- C'est d'accord, acquiesça la personne après quelques dizaines de secondes d'hésitation.
- Et aussi, s'interrompit Élante quand il commençait sa marche, j'allais oublier.
- Quoi ?
- Quand le papy sera mort, annonça-t-il, vient nous rejoindre, tu n'es pas fait pour vivre isolé.
- Compte sur moi.
Sur ce, Élante recommença à se propulser à travers les arbres, pendant que la personne agitait la main en signe d'adieu. Elle s'accroupit à côté de moi en soupirant :
- Tu m'en auras couté, j'espère que ta cause est bonne.
- Tu causes comme un vieux, remarquais-je en sentant mes forces revenir peu à peu.
- Mon grand-père ne « cause » pas comme ça, rit-il, C'est quoi ton nom ?
Elle a remarqué que dans mon état, parler avec un langage familier est plus approprié... C'est normal que mes pensées se contredisent toutes seules ?
Ignorant ma voix intérieure, je répondis :
- Rín, et toi ?
- Artémis.
- Ah, donc tu es bien une fille, je dois avouer que j'ai eu un doute pendant un moment, remarquai-je.
Son regard changea. Pour le pire.
- Non, articula-t-IL sèchement.
- Ah.
J'ai touché la corde sensible...
- Pourquoi les gens pensent qu'une personne ayant les cheveux longs et portant un prénom qui se termine en -is est forcément une femme ?!
- ... Parce que « Artémis » est le nom d'une déesse ?
- C'est quoi c't'histoire ? demanda-t-il, agacé.
- Oh, juste un pirate qui racontait des mythes pendant un voyage trop ennuyeux.
- Je peux te parler franchement ?
- Vas-y.
- J'en n'ai rien à cirer de toi. C'est juste mon grand-père, il tient à la famille plus que tout.
- La famille ? l'interrogeai-je, incrédule.
Il se passa la main sur le visage, enlevant la boue séchée qui la recouvrait, découvrant un teint blanc comme neige, signe clé de l'albinisme.
- Bienvenue, Rín Tara.
J'étais sciée. Une alchimie se créa dans ma tête, entre mon étonnement, mon état de fatigue aggravé et le fait que je ne comprenais pas qu'un garçon porte le nom d'une déesse mon cerveau était en overdose. Je déclarai, tremblante :
- Je vais avoir un grand noir.
- Un grand quoi ? demanda mon interlocuteur.
Malheureusement, je n'eus pas le temps de lui répondre car je m'évanouissais déjà.
Et c'est fini !
NON ! Bien sûr que NON !
La baisse de luminosité me réveilla. Je clignai des yeux, découvrant le ciel orangé parsemé de nuages au-dessus de ma tête. Je tournai la tête vers la droite et souris en voyant Edwin, appuyé contre un arbre. Il se retourna quand je l'appelais :
- Hey Edwin !
- Salut Rín... me répondit-il, honteux de la fuite que j'avais faite pour lui.
- T'as intérêt à tout m'expliquer ! Ne crois pas que je vais te laisser filer aussi facilement.
- Je m'en doutais...
- J'ai fait un rêve trop bizarre ! me rappelai-je en me redressant,
- Ah oui... ?
- Ouais ! Il y avait un tocard anorexique avec un nom de fille qui se disait être de ma famille qui allait nous loger chez lui !
- Euh... Rín ? m'appela Edwin.
- Oui ?
- C'est qui le tocard anorexique ? demanda une voix mécontente à ma gauche.
- *cri si aigu que je suis sûre qu'il n'y a pas d'octave assez haute pour ça*
A côté de moi se tenait le tocard anorexique de mes rêves (notez l'ironie) qui n'était finalement pas un rêve. Soit Artémis, auquel je devais respect et donc, ne pas l'appeler « tocard ». Il soupira, visiblement habitué à des remarques concernant son physique puis se leva et annonça :
- Je vais vous emmener chez le tocard anorexique qui vous a littéralement sauvés gratuitement d'accord ? Et je ne relève pas que ce jeune garçon m'a directement identifié comme étant le « tocard anorexique » !
- Pardon... m'excusai-je en vain.
On commença notre marche à travers la forêt dense. Au bout d'un moment, Artémis souffla :
- Ne t'excuse pas de dire ce que tu penses. Mais, s'il te plait, ne juge pas les gens sur leur physique.
- Au fait, pourquoi tu es si maigre ? demanda Edwin.
- Pourquoi je te le dirais ? dit-il avec un regard noir.
- Parce que t'as l'air d'un type bien, tocard, blaguai-je.
Il me regarda de travers.
J'avoue que raconter ma vie me plais mais visiblement, lui ne voulait pas qu'on se mêle de ses affaires (ni qu'on l'appelle « tocard »).
- Juste pour savoir, se justifia Edwin, et, sinon ce n'est pas grave. On demandera aux villageois.
- Non ! s'écria-t-il en nous faisant sursauter.
Sursauter est un bien grand mot, mais pas assez grand pour désigner notre surprise. J'avais réagi courageusement devant une bonne cinquantaine d'Ombre, m'étais évadé d'un château alors que je venais de terminer une pièce de théâtre super stressante et j'avais couru avec une humain-grenouille à mes trousses, mais j'avais été surprise par un garçon aussi fin que du papier ! Dans mon sursaut, je suis passée au-dessus d'un pauvre renard n'ayant jamais demander à voir une fille à moitié-réveillée manquer de s'écraser sur lui, et 'Win, dans SON sursaut, prit une douzaine de pierres pour s'en faire un bouclier (comportant deux ou troi trous...).
La classe incarnée...
Tocard nous regarda bizarrement et Edwin changea de sujet:
- " Non " à quoi ?
- Ne leur demander pas, ils ne savent pas, prétexta-t-il.
- Alors donne-nous ton point de vue, l'invitai-je, ou alors, on leur demandera et, selon ta réaction, ils n'ont pas l'air de t'aimer.
- Ce n'est pas moi... C'est mon grand-père. C'est un vieux crouton, seulement, je lui dois tout. Je suis un naufragé et c'est grâce à sa mémoire que j'ai pu revenir ici. Le problème est qu'il est associable, il déteste les gens plus que tout et refuse de dépendre d'eux. Il est aussi très malade, et il a beau faire le fier, les mois qui lui restent ce comptent sur les doigts d'une main. Je suis un bon chasseur, mais je suis obligé d'échanger quasiment tout mon gibier contre ses médicaments. Je veux allonger sa vie le plus possible pour rembourser ma dette et parce qu'il était le dernier membre de ma famille jusqu'à aujourd'hui.
Son ventre gargouilla et il fit comme si de rien n'était. J'appris à voir Tocard d'un autre œil, il s'inquiétait pour son grand-père et avait sacrifié une grande partie de sa vie pour lui, mais il avait beau ne pas apprécier les autres Ombres, ce n'était pas la seule raison pour laquelle il ne retournait pas au village. Il avait peur d'une société où tout était organisé autour des familles, la sienne étant visiblement brisée. En plus, la mort proche de la seule personne en qui il pouvait avoir confiance, avait dû le mettre à crans mais mon arrivée réglait tous ses problèmes, même s'il ne m'aimait pas beaucoup...
Houlà... Le fait d'avoir retrouver ma pseudo-famille me rend empathique !
- En plus, ajouta-t-il, je suis un très mauvais cueilleur, je ne me risque pas à apprendre, dans ce domaine-là je suis archi-nul. Je pourrais confondre une framboise avec une myrtille. Et puisque tout le monde haït mon grand-père, on ne me donne que des restes de repas pour être sûr que je ne lui donne rien.
- C'est vicieux ! protestai-je.
- C'est la nature humaine, cousine ! Chacun déteste plus ou moins les autres et cherchent à s'enrichir sur leur dos. On est peut-être une meilleure société qu'ailleurs, mais les gens y sont les mêmes, ils cherchent à éliminer ceux qui leur déplaisent ou qu'ils ne trouvent pas assez « normaux ». Toi-même, si tu y réfléchi bien, agis comme ça, et moi aussi.
Ô crotte de bique. Je crois qu'il a raison.
Les derniers rayons de soleil disparaissaient derrière les montagnes de l'île et visiblement, Artémis avait déjà échangé son gibier contre des boites glissées dans un sac usé qu'il portait en bandoulière, à côté de son arc et ses flèches. Nous n'avions donc rien à manger et, en bonne Tara que j'étais, je ne tardai pas à lui faire remarquer. Ce dernier soupira comme pour dire : « Non mais je vous jure ! ils ne peuvent pas se contenter d'un seul repas ? » et il bifurqua pour se diriger vers le nord.
Au bout de 10 minutes de marche, on arriva devant une marre. A notre approche, les grenouilles se réfugièrent dans l'eau mais certaines ne bougèrent pas, espérant se fondre dans le décor, alors Artémis se pencha et avant que les animaux restants ne comprennent leur erreur il réussit à en attraper deux avec ses flèches et je me transformai en louve pour en attraper une qui était sur le bord.
Il prit les grenouilles ensanglantées en main, essuya ses flèches et reprit la direction que l'on avait prise au début (trop de fois « prendre » dans la même phrase). Les étoiles apparaissaient dans le ciel et notre lente marche se transforma en course contre la montre, car, plus le temps passait, moins on distinguait les alentours.
On arriva devant le pied d'une grande cascade et je demandai :
- Laisse-moi deviner : ta maison c'est une grotte derrière la cascade ?
- Tu rigoles ou quoi ? Non ! De toute façon, même s'il y en avait une, ce serait beaucoup trop humide ! Venez plutôt par là.
Il se dirigea vers un buisson et en sortit un crochet attaché à une corde qu'il lança sur la falaise du haut de laquelle descendait la cascade, il s'accrocha à une petite plateforme et Artémis commença à se hisser sur la corde. Mais puisque je n'aimais pas trop grimper, je me transformais en milan pour atteindre sa destination. Edwin me suivit en flottant et, une fois arrivé à côté de moi, il souleva Artémis grâce à son Ombre jusqu'à nous.
J'écarquillai les yeux en me retournant. Je n'avais pas encore vu son habitation, ce n'était pas ce qui m'avait frappé. En fait, c'était plutôt le grand- père allongé face contre terre devant inerte.
- Grand-père ?
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