{Chapitre 2} Comment se faire accepté par des kidnappeurs
PDV Rín :
On entra dans la forêt à la suite des gardes. Cette forêt épaisse n'était traversée que d'un petit sentier, Élante et la dénommée Izala se séparèrent de notre groupe rapidement pour bifurquer et s'enfoncer dans le maquis.
Les deux gardes restants restèrent silencieux en nous regardant du coin de l'œil comme si on allait exploser. Impossible de me retenir plus longtemps, je hurlai :
- BOU !
Ils prirent leur lance et les pointèrent dans un cliquetis meurtrier sur ma gorge.
- Sérieux, Rín ! s'écria Lylas, c'est vraiment pas le moment.
- C'était tellement tentant ! t'aurais vu leur tête, on dirait qu'on est des terroristes ! non mais détendez-vous ! C'est plutôt nous qui devrions vous regardez bizarrement : on arrive enfin à la Terre depuis des années d'attente, arrivés ici on kidnappe notre ami et nous escorte froidement. Je m'attendais à un accueil plus chaleureux, comme des confettis ou des banderoles « Bravo ! Vous avez réussi votre quête ! ».
- Pardon, s'excusa un soldat en abaissant sa lance et celle de son voisin d'un même geste, on n'a pas l'habitude des nouveaux et on n'a pas encore de précision concernant votre identité
- Je suis Lyre, se présenta la femme puis elle nous désigna un par un, voici Firín, Rín, Obi, Lylas, Zayla et celui que vous avez assommé c'est Edwin. 'Win, pour ceux qui n'ont pas envie de l'assommer et de TORTURER ses nouveaux vêtements...
- On voulait dire : « De quel clan êtes-vous ? », expliqua une femme brune.
- C'est quoi un clan ? demanda Firín.
- Edwin nous a expliqué, dit Obi, c'est un peu comme une famille. Nous, on ne sait pas d'où on vient, c'est pour ça et quelque autre chose qu'on est venus ici.
- Je n'ai pas d'Ombres, déclara Lyre.
Elle doit se sentir exclue...
Les yeux des gardes prirent une forme de soucoupes avant qu'ils ne l'assaillent de questions :
- Comment tu fais ?
- Tu n'as rien de particulier ?
- Vous êtes tous comme ça de l'autre côté de la barrière ?
- C'est vrai que vous avez un œil sur la langue ?
- Euh... bredouilla Lyre avant de répondre, je fais comme je peux, non, oui, d'où tu sors ça ?
- Quel est le problème avec Edwin ? demanda Lylas en les gratifiant d'un regard d' « Exterminator », toujours l'écharpe arc-en-ciel à la main.
Ils se turent et leur excitation retomba aux fonds de leurs chaussettes, mais ils ne répondirent toujours pas, ne sachant si cela était permis ou non. On continua à les suivre jusqu'à déboucher sur une plaine où se trouvait un village.
On descendit doucement une pente qui descendait de la colline où nous nous trouvions jusqu'aux grands bâtiments en pierre surmontés beaux toits en bois sculptés. Ils devaient certainement s'installer par clan, ce qui expliquait la taille des maisons.
- TATA !
Le cri retentit dans la rue pendant quelques secondes, je feulai en me retournant.
Une petite fille rousse de 8 ans maximum se jeta sur la femme brune qui nous avait parlé. Les gardes furent surpris par mon intervention mais la petite se mit dos à moi en marmonnant :
- Méchant chat...
Ils éclatèrent de rire pendant que la femme ramenait la petite à un homme inquiet, sûrement le père celle-ci. Mais, à mon plus grand étonnement, elle fit demi-tour à mi-parcours pour se planter devant nous et nous montrer le plus beau des sourires de sa panoplie. Quelques secondes passèrent, puis des dizaines, sans que la situation ne change, et, après une longue minute gênante qui me parut une éternité, Obi eu une réaction miraculeuse qui témoigna de son irréelle et surhumaine intelligence :
- Oh Ohooooooo, dit-il en pointant du doigt le sol au pieds de la fillette.
Ses pieds... Je ne l'avais pas remarqué mais elle était en sandales, sandales qui étaient plus larges que la taille normale, pour la simple et bonne raison qu'ELLE AVAIT SIX ORTEILS A CHAQUE PIED ! Pendant que je remettais en question mon existence, Firín et la femme brune enlevaient à leurs tour leurs chaussures, exposant leur palmarès d'orteils, et faisant gicler l'intérieur de ma boite crânienne par mes oreilles par l'occasion. Puis, la fillette tandis la main, et des dizaines de mini soleils apparurent au-dessus de celle-ci.
Pourquoi cela ne m'étonne pas ? Je vous rappelle que mon existence est en remise en question, j'ai une excuse.
Bref, devant nos expressions ébahies et les mines ennuyées des passants, les mini soleils formèrent des lignes puis des lettres, et enfin un minuscule mot flottant et brillant.
- Shaïde ? dit Lyre avec étonnement.
Et enfin, dans un geste rapide et surhumain, la petite fille leva la manche droite de « l'homme aux douze orteils » avant d'appliquer sans ménagements ses bébés soleils (que je regardais en me demandant sérieusement si on pouvait avoir une allergie à ce genre d'Ombres étranges) sur cette même épaule. Obi eut une exclamation de surprise lorsque Firín hurla de douleur avant de se dégager de l'emprise de cette fillette machiavélique.
- Ça fait mal ! dit-il en frottant sa peau brulée.
Là, sortant de mes questions existentielles, je remarquais le tatouage qui ornait maintenant son épaule droite : un poignard orné de plusieurs lettres, signifiant certainement Shaïde. A ma plus grande honte, je lâchais une onomatopée plus ou moins glorieuse :
- Oh ! Aïe !
- Bienvenue dans le clan Shaïde ! dit la petite rousse avec une sourire effrayant, Fait pas gaffe, on est tous un peu spéciaux ! Le tatouage c'était pour que tu n'ais pas besoin de montrer tes doigts de pieds à tout le monde dès qu'on te demande une « pièce d'identité », je t'assure ça devient gênant... Mais bref : nous habitons près de la place de la Couronne, tu as de la chance : il nous reste une chambre ! Première étage quatrième porte à droite ! A plus, cousin !
Et elle prit la main de ses parents en souriant, et ils s'éloignèrent en discutant joyeusement. Lorsqu'ils furent partis, plusieurs minutes après, le roux dit :
- Est-ce que cette fille vient de partir juste après m'avoir fait un tatouage sans me demander ma permission et de m'annoncer que j'ai une maison, une famille, une chambre et qu'elle fait certainement partie de tout ça ?
- Oui ! répondit un garde en remontant la mâchoire de Lylas, tombée depuis bien trop longtemps.
- Est-ce que j'ai le droit de porter plainte pour ça ?
Le garde soupira, releva Firín, et nous continuâmes notre marche comme si de rien n'était.
Ceux-là doivent en voir passer des vertes et des pas mûres... Les potins doivent être quelque chose ici !
On passait dans la rue, les chuchotements apparaissant sur notre passage. Je compris des brides de conversation :
- ... lui ?
- ... des nouveaux ?
- ... clan ?
- ...violets... jaunes ?
- ... yeux ?
On est populaires, dis donc...
Sur notre chemin, les enfants s'arrêtaient de pleurer et de rire pour nous suivre comme des ombres et les parents se rassemblaient en groupe pour parler à voix basse, tandis que les personnes âgées nous saluaient de la main avec automatique, marmonnant des choses sous leurs chapeaux.
Une vieille marchande resta bouche bée en nous voyant, la pauvre en a fait tomber sa pipe. Alors je m'écriai :
- Fumer tue !
- Heureusement que l'insolence ne tue pas ! rétorqua la vieille en ramassant les morceaux de sa pipe.
- Pardon, m'excusai-je en l'aidant à ramasser ses morceaux de pipe, je veux le bien de vos poumons.
Les autres me regardaient comme si je venais d'instaurer les lois du Monde : je m'étais excusée et avais dit quelque chose de censé et tout ça en une fois !
Est-ce que ça veut dire que je deviens adulte ? ça devait bien arriver un jour...
Mais, quant la vieille eut finit de ramasser tout ces morceaux, on rerecommença notre marche. On traversa plusieurs place et rues jusqu'à ce que les ardes s'arrêtent enfin, mais, à la place d'arriver devant une quelconque prison ou lieu obscur auquel nous nous attendions, nous nous arrêtâmes devant la porte d'un café.
- QUOI ?! souffla Lylas avec épuisement, Ça fait je ne sais pas combien de temps qu'on marche pour arriver devant un CAFE ?!
- En vérité, expliqua le garde derrière nous en fronçant les sourcils, ce café n'est qu'à un quart d'heure de notre position de départ. Mais comme vous l'avez remarqué ; on ne peut pas marcher cinq minutes ici sans qu'il n'y quelqu'un qui nous interpelle...
- Je vous aime bien les gars ! dis-je avec gaieté, Pas de problèmes ! Je crois que je pourrais facilement m'y habituer !
- En plus, reprit-il en désignant le garde qui nous guidait depuis le début, Liam un sens de l'orientation... Comment dire ? Est-ce que Liam A un sens de l'orientation ?
Mouais... Je me disais bien qu'on tournait en rond de temps en temps...
- Je veux dire, dit Lyre, vous n'êtes pas censé nous interrogé ? Vous n'avez pas l'air très au courant de ce qui est arrivé à vos Ombres lorsqu'elles ont quitté l'Île...
- Chaque chose en son temps, soupira Liam, On a une vie agitée ici ! En plus, on doit déjà aviser de ce qu'on doit faire avec votre « ami ». Même si on vous interrogeait maintenant, on aurait toujours quelque chose d'autre à régler avant et on devrait vous réinterroger par la suite. Et puis nous, on ne doit que vous surveiller un temps limité, et comme on n'a rien à faire on est venu ici. C'est l'endroit où tu fais circuler les rumeurs !
Après ce discours sans queue ni tête, je dois avouer que j'étais un peu perdue.
- Eh bien quoi ? Rentrez, racontez des choses ! Intégrez-vous !
- Ah, bafouilla Lyre, vous voulez qu'on s'intègre maintenant ? Vous n'êtes pas censés nous regarder de travers et nous surveiller ?
- Oui, c'est vrai ! acquiesça Obi, NOUS sommes les gentils dans l'histoire, et VOUS rendez votre rôle de méchants un peu compliqué les gars !
Les gardes se regardèrent avec un sourire en coin, ces garçons avaient de se connaître depuis bien longtemps.
- Même si vous des « étrangers », reprit celui dont je ne connaissais pas le nom, vous êtes les premiers nouveaux depuis des siècles... Et on a aucunes envies de vous faire repartir.
Un silence philosophique suivi ses paroles pleines d'émotions, avec son regard perdu au loin son sourire, on n'avait presque envie de fondre en larmes, mais celui-ci cassa rapidement l'ambiance en nous poussant à l'intérieur du café, ayant surement marre qu'on le regarde comme s'il avait écrit un livre.
Mais je ne pus décrire ce lieu, car toutes les fenêtres de l'édifice étaient fermées et recouvertes par plusieurs couches de rideaux tandis que presque toutes lumières étaient éteintes... N'étaient allumées que quelques bougies, posées sur les nombreuses tables occupées par des gens qui parlent à voix haute et avec l'aide de grands gestes, agrémentés par les exclamations étouffées de tous ceux qui étaient présents autour d'eux.
Puis les gardes nous entrainèrent à une table vide que je n'avais même pas remarquer auparavant, sur laquelle du personnel vint allumer des bougies, et nous nous installâmes tranquillement, avant d'être rejoints rapidement par un groupe de personnes un peu plus jeunes que moi, sirotant leurs boissons silencieusement, les coudes sur la table les yeux grands ouverts
Un coup de coude du garde à côté de moi me sortit de ma torpeur et je les saluai :
- ...Bonjour ?
- Bonjour, lança une adolescente d'environ 16 ans, vous êtes qui ? personne ne vous connait.
- Bah euh... On vient de l'autre côté de la Mer et...
- Vous êtes des survivants ?! m'interrompis un garçon à côté de moi.
- Descendants, en fait et on est revenus à la maison en quelques sortes.
- Mais c'est GEANT ! continua-t-il, racontez-nous ce que les Ombres sont devenues là bas ! Il y a eu une guerre mais personne ne veut nous en parler, on ne sait rien, plusieurs membres de famille ne sont jamais revenus et on ne sait pas ce qui leur est arrivés... mais commençons par des chose positives, quelles sont vos Ombres ?
- Métamorphe, répondis-je.
- Manipulation du verre.
- Manipulation de la Mémoire.
- Communication avec les végétaux.
- Souplesse parfaite.
- ... Zéro, je n'en ai pas.
Le groupe d'amis resta silencieux avant qu'une fille qui n'avait pas parler depuis le début demande :
- Tous les gens sont sans-Ombres là-bas ?
- Euh, oui.
- Et ce gars-là, continua-t-elle en pointant Obi, a les yeux jaunes et manipule la Mémoire ?
- Oui, répondis-je, on vous l'a déjà dit, pourquoi cette question ?
Il eut un silence puis un garde entra en courant chuchoter quelque chose au dénommé Liam qui se leva et monta sur la table. Le silence se fit et il annonça :
- Que le clan Shaïde, Volk, Lieff et Tyr aille prévenir le reste de leur famille, vous suiverez cet homme pour aller à un endroit où on vous expliquera tout. Vous quatre, dit-il en se tourant vers nous, on va vous faire visiter la ville avant de rendre une visite à votre ami.
On se dit au revoir et on sortit du café sous les regards soupçonneux des habitués. Les gardes en connaissaient beaucoup, ils nous expliquaient la construction des maisons, l'architecture était magnifique grâce à l'aide que leurs Ombres leur apportaient.
Ils croyaient en une puissance supérieure innommée tout simplement parce qu'elle représentait tout. Ils ne s'étaient pas étalés sur la question car l'histoire de la Terre était sûrement aussi longue que la Bible. Ils nous expliquaient l'organisation de la société et la répartition des clans, elle était en fait totalement aléatoire : quand une Ombre naissait, la marque qu'elle possédait déterminait son clan et dans quelle maison elle allait vivre cependant toujours le clan de la mère ou du père.
Heureusement !
Mais bientôt, on repartit dans la forêt pour arriver devant un bâtiment abandonné servant certainement de prison, de là sortit Edwin, bientôt suspendu par la cheville.
Je vous passe les détails, on arriva devant une grotte, tout se passa vite, très vite, trop vite. Les évènements s'enchainaient les uns après les autres et bientôt, on découvris que tous les clans que le garde avait appelé étaient là, derrière le juge et attendaient.
Edwin s'était servi de nous pour venir les tuer, tous un par un. Je ne pouvais pas y croire et sans avant que « l'accusé » ne pus dire un mot, les Ombres se sont jetés sur lui.
Trop nombreuses pour qu'il les repousse tous en même temps. Je les ai comptés rapidement, une cinquantaine peut-être, courrait vers lui, armes en mains pour lui faire la peau.
C'était moi la plus proche de lui. Je vu son air apeuré et pensai :
Rín, c'est le moment où tu dois avoir un flashback salvateur pour décider de le sauver.
J'ai vaguement entendu la voix de Papy Chat mais je me suis décidée avant.
Je me transformai en louve, prit Edwin par un bras et l'ai trainé à toute vitesse vers la sortie. Les plus optimistes raconteraient que j'ai fait des bonds et ai rejoints la sortie sans une égratignure. Je me suis pris toutes les attaques en pleine face, heureusement qu'ils étaient surpris et ne mettaient pas beaucoup de force dedans sinon, je serais morte et enterrée.
Je m'enfonçai dans la forêt à toute allure et jetai Edwin sur mon dos en grognant.
T'as intérêt à m'expliquer ou c'est moi qui me chargerais de te tuer, sale gosse !
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