Les couloirs du temple étaient plongés dans l'obscurité.

Nayla avançait prudemment, son souffle court, la lueur vacillante de sa lampe projetant des ombres tremblantes sur les murs couverts de hiéroglyphes.

L'air était plus frais ici, chargé d'humidité et d'encens. À cette heure, seuls les prêtres de garde veillaient encore, leurs silhouettes encapuchonnées glissant comme des spectres dans les allées silencieuses.

Elle savait où elle allait.

Depuis des années, elle avait appris à se faufiler dans ces passages interdits. Elle connaissait les heures où les gardes changeaient de poste, les endroits où le sol ne craquait pas sous les pas.

Mais cette nuit-là, elle ne se sentait pas seule.
Un frisson parcourut son échine. Comme si une présence invisible la suivait.Elle accéléra le pas, serrant le papyrus contre elle.

Bientôt, elle atteignit la grande bibliothèque. Les portes massives étaient closes, mais Nayla savait où chercher. Sous l'une des colonnes de pierre se trouvait une faille, assez large pour qu'une main s'y glisse.

Elle s'agenouilla, tâtonna dans l'obscurité... et trouva ce qu'elle cherchait.

Un levier.

Elle le tira doucement.

Un grincement discret s'éleva dans l'air nocturne, et un pan du mur s'ouvrit lentement, révélant une mince fissure où elle se glissa sans hésiter. À l'intérieur, l'odeur du parchemin ancien et de la cire fondue l'enveloppa immédiatement.

Des rouleaux et des tablettes de pierre s'alignaient sur les étagères en bois massif, protégés par des sceaux de cire brisée seulement par les initiés.

La bibliothèque était le cœur du savoir du temple, mais même si seuls les prêtres avaient le droit d'entrer, Nayla n'était pas une étrangère à ces lieux. Son père y avait travaillé toute sa vie, et avant sa disparition mystérieuse, il lui avait appris à lire les symboles gravés dans la pierre, à comprendre le langage des anciens.

Ce soir, elle espérait que ce savoir lui apporterait des réponses. Elle s'avança rapidement entre les étagères, son regard scrutant les inscriptions gravées sur les rouleaux de papyrus. Son cœur battait à un rythme effréné.

Amon.

Ce nom était gravé dans sa mémoire comme une brûlure.Qui était-il réellement ? Pourquoi l'avait-elle vu dans son rêve, portant une couronne de prince ? Et surtout... comment se souvenait-elle d'un amour qui n'avait jamais existé ?

Elle s'arrêta brusquement.

Un rouleau, plus ancien que les autres, était posé sur une table en bois. Comme si quelqu'un l'avait laissé là pour elle. Un sentiment de déjà-vu s'empara d'elle. Ses mains tremblaient lorsqu'elle le déroula. Sous ses yeux, tracé d'une main sûre et élégante, un texte apparaissait. Le premier mot suffit à la faire vaciller.

"Amon, fils du ciel et prince du Nil, aimé des dieux et condamné par les hommes."

Son souffle se coupa. Elle poursuivit sa lecture, les mots résonnant en elle comme une vérité oubliée.

"Il était un prince, destiné à régner sur la terre des Pharaons. Mais son cœur appartenait à une femme qu'il ne pouvait aimer. Une prêtresse du temple sacré, née sous une étoile interdite. Par jalousie ou par peur, le roi fit effacer son nom des annales et le condamna à l'oubli. Mais même les dieux ne peuvent briser les âmes liées par le destin. Un jour, elle reviendra à lui."

Nayla porta une main à sa bouche. Elle connaissait cette histoire, parce qu'elle l'avait vécue. Un bruit retentit derrière elle. Elle se retourna d'un coup, son cœur battant à tout rompre.

Et elle le vit.L'homme aux yeux noirs se tenait à l'entrée de la bibliothèque.

Réel.

Vivante incarnation du passé.

Amon.