Tu es venue."

Les mots flottaient dans l'air comme une incantation, vibrants et profonds, porteurs d'un mystère qui lui échappait.

Le silence qui suivit était absolu. Comme si le monde entier retenait son souffle.

Nayla était figée, incapable de bouger, comme prise dans une toile invisible. Tout en lui—sa voix, sa présence, son regard perçant—semblait l'ancrer dans un rêve d'où elle ne pouvait s'éveiller.

L'homme la détaillait avec une intensité troublante, ses yeux noirs scrutant chaque recoin de son visage comme s'il cherchait à s'assurer que c'était bien elle.

Elle aurait dû avoir peur.

Mais ce n'était pas de la terreur qu'elle ressentait.

C'était autre chose. Un sentiment plus profond, plus diffus. Une impression vertigineuse d'avoir déjà vécu cet instant.

Elle essaya de parler, mais sa gorge était sèche.

Lorsqu'elle y parvint enfin, sa voix n'était qu'un murmure tremblant.

— Qui... qui es-tu ?

L'inconnu esquissa un sourire. Un sourire à peine perceptible, teinté d'ombre et de mystère.

— Mon nom ne t'apporterait rien, pas encore.

Il fit un pas en avant.

Son mouvement était fluide, presque irréel, comme si l'air lui-même s'inclinait à son passage. Le parfum de myrrhe et de santal s'intensifia légèrement autour d'elle, et Nayla sentit une vague de chaleur la traverser.

Elle aurait dû reculer.

Mais elle resta là, immobile, fascinée.

— C'est toi qui m'as appelée, murmura-t-elle.

Il s'arrêta juste devant elle. Nayla pouvait maintenant voir les détails délicats de son collier de lapis-lazuli, la finesse des broderies d'or sur sa tunique.

— En réalité, Nayla... c'est toi qui m'as réveillé.

Un frisson lui parcourut l'échine.

Quelque chose au fond d'elle savait qu'il disait vrai.

Une sensation étrange la traversa, un vertige subtil, comme si une partie de sa mémoire s'ouvrait brusquement. L'air autour d'eux sembla vibrer.

Et puis, tout bascula.