Chapitre 32 :
- Vous allez m'aider ?
- Non, ce n'est pas pour toi que je fais cela.
- Très bien. Quand est-ce qu'on commence ?
Le regard insondable de la Reine semble m'analyser, quelques secondes d'écoulent avant qu'elle me répond :
- Maintenant.
Je ravale ma salive stressée par ce qui m'attend. La Reine m'explique :
- Les familles royales européennes sont venues ici malgré le climat d'insécurité qui se répand depuis la France contre toutes les monarchies. Venir assister à votre mariage et au couronnement est donc, dans ce contexte, un grand honneur pour nous. Nous allons les loger jusqu'au couronnement. Notre famille acceuillant nos alliées durant un mois il est nécessaire que votre comportement soit exemplaire. Bien sûr vous avez était élevé comme une noble, mais il existe une différence significative entre l'éducation d'un noble et celle d'un futur roi... ou d'une future reine.
La reine me fait me lever et tourner sur moi-même. Je ne sais pas ce qu'elle scrute mais son regard me rend de plus en plus mal à l'aise.
- Tu te tiens droite et à un très joli port de tête, c'est indéniable. Ta démarche maintenant. Va à l'autre bout de la salle puis reviens.
Je m'exécute. Lorsque je me poste de nouveau devant elle, elle fronce légèrement ses sourcils foncées marquant sa désapprobation.
- Ta posture est parfaite mais tu dois marcher comme une princesse, et comme une reine très prochainement, cela n'a rien avoir avec être une duchesse. Tu dois projeter ta confiance, ton autorité, ta puissance et ceux dès que tu rentres dans une pièce. Tous les regards doivent se tourner vers toi. Tu dois exercer une attractivité qui fait que personne ne puisse t'ignorer et passer outre ta présence. Tu domines l'espace. Comment pourrais-tu être reine d'un pays si tu n'es pas capable d'être reine de la pièce dans laquelle tu te trouves ? Recommence.
Je m'imagine maîtresse des lieux, seule symbole d'autorité et recommence l'exercice.
Lorsque je reviens vers la reine elle ne semble toujours pas satisfaite.
- C'est mieux. Cependant même de dos on ne doit pas pouvoir t'ignorer.
Durant près d'une heure. La reine m'apprend à rayonner de puissance que se soit en marchant ou en étant assise à table.
Lorsqu'elle me laisse partir avec une liste de lecture un bourdonnement persistant me vrille le crâne. Avec soulagement, je sors du boudoir, remarquant que le couloir est vide excepté des gardes je pose ma main contre le mur le plus proche, me laisse appuyer contre et porte ma seconde main à ma tête en fermant les yeux.
Il faut que je sache. Je ne peux pas rester dans l'ignorance plus longtemps. Je ne vais pas pouvoir tenir plus longtemps sans savoir ce qui se cache sous mon crâne. Il faut que je sache.
Je rouvre les yeux avec cette idée en tête et décide de trouver immédiatement mon mari.
Je réfléchis un instant les idées embrouillées par la douleur avant de me rappeler qu'il est en réunion avec le Roi et l'ensemble des ministres et du conseil.
Je soupire exaspérée et choisie donc de patienter et d'aller me reposer dans ma chambre malgré l'impatience bouillonnant dans mes veines me poussant à l'action.
Je me dirige dans les couloirs désormais plus familiers et atteins sans encombre mes appartements. Cependant derrière la porte je découvre une pièce presque entièrement vidée. N'y trouvant aucune trace d'une quelconque présence je ressors et ferme la porte derrière moi.
Est-ce que, puisque nous sommes désormais mariés, nous allons partager des appartements ?
Essayant de me souvenir où Enzo loge j'emprunte quelques escaliers, une fois dans le bon couloir je reconnais facilement la porte en bois massif dissimulant ses appartements, elle est en effet plus large que celle des appartements nobles. Or, ce n'est pas la seule chose que je reconnais, postée devant la porte se tient le même garde qui surveillait ma chambre.
Je me remets en tête ce que la mère d'Enzo m'a dit et me place devant lui, le fixant dans les yeux sans ciller, le regard est très important dans l'attitude royale.
- Garde ?
Il incline la tête en un rapide salut.
- Le prince savait que vous reviendrez ici, il m'a envoyé vous attendre. Je dois vous signaler que vos affaires ont été déplacé dans les appartements princiers.
- Je m'en doutais.
- Je ne fais que mon travail.
- Pourtant tout ce que vous dîtes et toujours légèrement condescendant.
Il ne répond pas.
- Laissez-moi passer.
- Bien sûr.
Il se décale d'un pas, ouvre la porte et me laisse passer. Il referme derrière moi, me laissant enfin seule et en paix... ou pas.
Mon mal de crâne me donne envie de vomir, j'ouvre la fenêtre dans l'espoir qu'un peu de frais me fera du bien. Sans la moindre mesure de précaution je m'appuie contre le rebord en pierre et passe mon buste dehors. Je respire à fond les yeux fermés. Légèrement soulagée de mes nausées je rouvre les yeux tête basse. La vue du sol au dessous de moi me retourne le cœur. Je me rue dans la salle de bain. Heureusement pour moi, la porte que j'ouvre violemment est la bonne. Je rejette mon petit-déjeuner. À genoux, je me mets à pleurer. Impossible de tarir les larmes qui s'écoulent à flot de mes yeux. Prenant à deux mains mon crâne, je laisse toute cette douleur s'écouler, je ne peux point crier, on risquerait de m'entendre, mais je me laisse aller à mes sanglots. Un goût acide resté sur le bout de ma langue, j'ai envie de me rincer la bouche mais impossible de réussir à me calmer pour me relever. Je tremble de tous mes membres et suis prise de soubresauts. Écœurée par le goût dans ma bouche je finis par me relever et tituber jusqu'au lavabo. Toujours en sanglotant je fais couler l'eau clair. Après m'être rincer la bouche je m'asperge le visage avec l'eau froide. Elle m'apaise. Je reste encore un moment accoudée avant d'essuyer mon visage avec une serviette suspendue. Je démaquille mon visage barbouillé et me remaquille, cependant je ne suis pas certaine que cela suffira à dissimuler mes yeux rougis par les larmes. La reine ne serait pas très fière. Peut m'importe paraît-il. Même si je voudrais que se soit le cas, ma muraille mûrement construit depuis ma petite enfance c'est effondrée avec ma santé.
À l'intérieur, tout est effondré, plus que jamais seul mon paraître doit m'importer. Je sors de ma chambre déterminée à paraître à la hauteur même si je sais pertinemment que je ne le suis pas. Ma robe froutoutant derrière moi je passe devant le garde en lui offrant un petit sourire confiant. Il sourit est me salut d'un petit signe de tête, pour une fois il paraît honnête. C'est donc avec mon attitude conquérante que je me rends au déjeuner.
Heureusement que j'ai fini par me relever du sol de la salle de bain, sinon j'aurais risqué être en retard et débraillée.
Les talons frappent doucement le sol en marbre, je rentre en maître de moi-même dans la Salle à Manger est me rend jusqu'à la table royale pour faire ma révérence au Roi et à la Reine avant de m'assoir à ma place à côté de mon époux. Or, ni le père et le fils ne sont là.
La reine m'invite elle-même à venir m'assoir.
- La réunion a dû s'éterniser, dit-elle de sa douce et ferme voix, inutile que vous attendiez debout.
- Je vous remercie.
Je prends ma place et pendant que la salle se remplit de nobles, aucun membre du Conseils ni aucun ministre n'arrive. Je reste silencieuse et droite attendant l'arrivée du prince et du roi.
Le temps me semble bien long avant que les cheveux noirs et argentés du père et ceux du même noir du fils n'apparaissent au bout de la salle. Tout le monde se lève d'un même geste et fait une révérence à sa Majesté et à son Altesse.
Ils s'installent à leur place suivi par les ministres et conseilllers. Tout le monde reste silencieux et immobile un moment jusqu'à ce que le Roi plante sa fourchette dans son repas et que tout le monde suit son mouvement. Cependant, la tension dans la salle ne semblait pas faiblir.
Je finis pas prendre une bouchée de l'assiette face à moi. Soudain, un geste devant moi me fait relever la tête, je n'ai pas le temps de réagir lorsque j'apperçois un éclat d'argent. Enzo est plus rapide que moi, d'un geste souple, il se lève et se place de dos face à moi. Lorsqu'il chancelle, je le rattrape et mes mains rencontrent sur son dos une substance chaude et visqueuse.
Tout le monde s'agite, mais ma vision du monde s'étrécit à Enzo que j'essaie d'allonger sans le lâcher malgré qu'il soit trop lourd pour moi. Je pose ma main sur sa joue, ses yeux sont brillants et son souffle saccadé.
- Enzo, Enzo tu m'entends ?
Il pose faiblement sa main sur la mienne.
C'était la première fois, qu'elle était plus froide que la mienne. Je regarde son visage et sa joue tachée du sang que j'y ai laissé.
- Pourquoi as-tu pris cette balle pour moi ?
Il tire sur ma main pour que je rapproche mon visage du sien. Il me souffle à l'oreille :
- Si on veut tuer ma femme... il faudra me tuer d'abord.
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