Chapitre 29 :
Je ne sais pas depuis combien de temps le docteur a quitté ma chambre lorsque j'entends des voix à l'extérieur de celle-ci. Je ne distingue pas un traître mot de ceux que les deux hommes échangent mais lorsque l'un des deux s'exclament je reconnais le timbre de la voix d'Enzo.
Quelques instants plus tard la porte s'entrebaille puis s'arrête comme si la personne qui désirait entrer s'était souvenu qu'elle avait encore quelque chose à dire à son correspondant.
- ... mes parents seront bientôt rentrés, je suis certain qu'ils seront d'accord avec moi, mieux vaut garder cela secret le plus longtemps possible... y compris pour elle.
Ensuite, la porte finit de s'ouvrir sur mon fiancé les cheveux légèrement en pagaille et la mine fatiguée.
- Que t'arrive t-il ?
- C'est toi qui pose la question ?
Il avance jusqu'à moi et approche une chaise pour s'assoir à mon chevet.
- Tu n'as pas répondu à ma question. Pourquoi es-tu si fatigué ?
Je passe ma main le long de sa joue cherchant la réponse à toutes mes interrogations dans ses yeux.
Il brise le contact visuel entre nous et prend ma main, les posants entre nous sur le matelas.
- Je m'inquiétais pour toi.
J'essaie vainement de capter son regard mais il reste fixé sur la fenêtre. Je défaits nos doigts liées. Ce geste le fait ramener ses yeux vers moi.
Je le défis directement :
- Quel est le mal qui m'habite ?
- Je ne peux pas te le dire.
Il secoue la tête, accompagnant ses paroles par le geste.
- Pourquoi ?
- Tant qu'on ne peut pas te soigner il est inutile de propager l'information.
- Et même moi je ne peux pas savoir ?
Il ne répond pas les yeux fixés sur nos mains proches mais qui ne se touchent pas.
- Enzo ?
Il plante son regard dans le mien et me dit avant de se lever :
- Désolé je ne peux rien te dire de plus.
Il commence à partir.
- Attends !
Il s'arrête baisse la tête mais ne se retourne pas.
- Attends... je murmure alors qu'il ferme la porte derrière lui.
Une vague de tristesse m'envahit, m'enserrant douloureusement le cœur. Je porte ma main à la poitrine. J'ai l'impression d'avoir du mal à respirer comme si tout devenait douloureux. Mes yeux sont brouillés de larmes et là je ne peux plus que me demandait comment un sentiment peut me faire aussi mal. Comment cet impression de rejet peut me pincer le cœur et me tordre l'âme. Comment puis-je être aussi dépendante de lui ?
Son sourire me rend heureuse. Son rire fait s'éloigner toutes les peines en moi. Son inquiétude se propage à moi. Et son indifférence me fait l'effet d'un poignard en plein cœur.
J'aimerais que rien ne puisse faire barrières entre nous, et lui en érige une de ses mains, gardant secret ce qui ruine ma vie depuis quelques semaines et peut-être même plus...
Mes ongles s'enfoncent dans l'oreiller sous ma tête avant que je ne le jette par la porte où il est parti.
Mes larmes finissent par couler. Je me sens seule, impuissante, vidée... Je finis par me rouler en boule dans la couette, la tête directement sur le matelas, regardant le vide devant moi et finissant par m'endormir d'épuisement.
Je me réveille lorsqu'une voix m'appelle dans mon sommeil. J'ouvre alors les yeux, face à moi se tient le garde qui veille ma porte au château.
- Nous devons y aller.
- Je fais un mauvais rêve sinon que feriez-vous ici ?
- Le prince tient à ce qu'un garde vous protège.
Je soupire.
- Préparez-vous vite.
Sur ces mots il disparaît derrière la porte. J'émets un grognement, repousse les couvertures et me change rapidement. En enlevant mes vêtements je ne peux que remarquer un nouveau bandage sur mon entaille. Je passe distraitement le doigt dessus. Les médecins en ont-ils parler au prince ?
Accompagnée du garde je traverse l'hôpital comme n'importe qu'elle patiente, personne ne pourrait deviner qui nous sommes réellement. Il nous faut peu de temps pour rejoindre le palais en voiture, peu de temps qui se passe sans un mot de prononcé.
Des murmures et des rires accompagnent mon passage dans les couloirs du palais. Voyant mon visage marqué par la confusion et la tristesse il me dit :
- Vous avez fait forte impression.
Je lui lance un regard interloqué, il poursuit :
- Votre évanouissement n'est pas passer inaperçu...
Je soupire.
- ... et comme vous n'avez pas de chance un noble était en train de se filmer quand vous vous êtes évanouis, tous les nobles ont vu la scène.
Je ne réponds pas, trop soucieuse et plongée dans mes pensées. Le téléphone est un outil à la fois dangereux et puissant et moi, j'imagine que je me retrouve encore plus seule face aux nobles.
- Duchesse ?
- Ma vie ici commence à merveille on dirait.
Je jette un regard circulaire autour de moi avant de reprendre :
- Ammenez moi dans ma chambre, je n'est rien à faire avec eux de toute manière.
Érige une muraille autour de toi et plus personne ne pourra t'atteindre, en bien comme en mal.
Si je ne peux pas m'intégrer alors je les rejetterais et serais tout à la fois autaine et hors d'atteinte, or être dans les bons papiers de la futur reine serait une assurance pour les nobles. Mais si ils désirent me rejeter, peut m'importe, ce n'est pas moi qui en subirait les conséquences.
L'homme a côté de moi n'a pas bouger.
- Qui a t-il ? Pourquoi refuser de m'amener à mes appartements ?
- Le Roi et la Reine sont revenus, je dois vous amener à eux.
Je mets plusieurs secondes à lui répondre, redoutant le comportement des souverains vis-à-vis de ma personne.
- Très bien.
Je le suis dans les couloirs en essayant de me préparer mentalement mais avec les regards qui coulent sur moi j'ai bien des difficultés à réfléchir à quoi que ce soit d'autre que mon paraître.
Je trouve que l'on arrive beaucoup trop rapidement. Le garde annonce mon arrivé puis me laisse entrer.
La famille royale m'attend dans une petite pièce confortable. Chacun sur un fauteuil et avec une tasse de thé sur la table.
Je fais la révérence.
J'attends la tête basse que l'on m'autorise à me relever et à m'assoir. Les secondes s'écoulent bien lentement, secondes durant lesquelles j'ai bien du mal à ne pas jeter un coup d'œil à Enzo.
Enfin, le roi parle de sa voix grave.
- J'ai toujours dit à mon fils qu'il pourrait choisir son épouse parmis les nobles de Versailles, ainsi j'accepte sa décision bien qu'elle ne soit pas mon choix. Je lui fais confiance mais je n'ai aucunement confiance en la France, et cela je peux le remettre en cause.
Je fronce les sourcils et voie du coin de l'œil Enzo en faire autant.
- Votre Roi est au bord du gouffre, ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'il n'y tombe entraînant dans sa chute son pays mais aussi ma fille, et notre alliance. Je ne pense plus que l'Italie doit s'allier par un mariage à la France.
- Père que dîtes-vous là ?
- Ce mariage ne sert en rien nos intérêts, ni ceux des vôtres d'ailleurs, puisqu'ils ne sont plus, dit-il en s'adressant à moi. Je pense que nous devons te trouver une autre fiancée.
Je prends la parole impulsivement et regrette rapidement de l'avoir fait mais je ne peux pas faire marche arrière.
- Je ne sers pas les intérêts de la France et je ne cherche pas à les servir. Ce que je peux vous assurer en revanche, c'est que...
- Je ne veux pas entendre vos arguments.
Je réprime les répliques qui me viennent en pinçant fortement les lèvres. Il se tourne vers son fils.
- Tu as le choix, lui dit-il. Pourquoi pas une princesse des pays Scandinaves ?
- Père, j'apprécie votre sollicitude à mon égard, mais je tiens à épouser Aliénor, avec ou sans votre acceptation. Je l'aime.
Sur ces derniers mots, il garde le contact visuel avec le Roi, cherchant à le défier d'affirmer le contraire. Un lourd silence s'abat dans la pièce si lourd que je le sens peser sur nos épaules.
- Très bien. Si elle peut faire ton bonheur. Cependant, la France, et la française, ne feront pas s'écrouler ce royaume. Sinon, mon fils, j'espère que tu auras la sagesse d'écouter la raison du roi plutôt que le cœur de l'homme.
Le visage du prince prend de nouveau une expression d'incompréhension.
- Voulez-vous dire que... ?
- Oui. Vous vous marierez dans deux semaines et un mois après, je t'offrirais le trône. Le rôle de roi te revient enfin.
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