Seul
Seul
Où suis-je ? Quel est donc cet endroit ?
Je suis fatigué, j'ai l'impression d'avoir dormi des heures durant et pourtant, je ne me sens pas reposé. Le sol est froid, j'ai envie de le quitter, de bondir sur mes pieds pour y échapper, mais je n'y arrive pas, il m'attire inlassablement vers lui.
Qu'est-ce que je fais ici ?
Mes paupières sont lourdes, je lutte, je résiste et je parviens à les maintenir ouvertes. Je m'assois en tailleur, pose mes mains sur mes genoux et fixe l'environnement en quête de réponses.
Rien. Il n'y a rien. Un sol gris et des murs gris, on se croirait dans un hôpital.
Pourquoi je porte un pyjama ?
La fatigue est trop pesante, je ne peux résister, je me rendors.
Une heure, trois heures, cinq minutes ? Je ne sais pas.
Le sol est toujours aussi froid, les murs aussi ternes. Je ne peux pas rester éternellement, il faut que je bouge tant que j'en ai encore la motivation. Mes jambes me paraissent lourdes, à peine debout, elles se mettent à trembler. Des fils doivent sûrement en pendre et ce maudit sol les tire pour que je reste près de lui, il ne veut pas que je parte.
Pourquoi ?
Je rassemble tout mon courage, toute ma force et toute ma volonté et je coupe. Je coupe ces vilains fils qui me rendent à nouveau ma liberté, je suis enfin plus léger. Je m'étire, je me touche, je sens et ressens mon corps, je l'explore. J'inspire, j'expire. L'air me fait mal, il me brule les voies nasales et déchire mes pauvres poumons. J'essaye d'ignorer la souffrance, mais plus je la mets de côté, plus elle reprend le pas. Je vais devoir faire avec, combien de temps ? Je l'ignore, mais plus rapidement elle disparaitra, mieux cela sera. Je prends le temps d'observer mes mains, elles sont fines pour un adolescent et paraissent féminines. Mes doigts sont longs et fins, mais mes phalanges leur procurent un relief disgracieux. J'aurais préféré des doigts droits et plus charnus, et non entrecoupés par des boules. Ce n'est pas grave, ils me plaisent quand même. Il est temps de faire une inspection plus profonde, je commence par le bas puis je remonte. Mes pieds, nus, et gelés par l'air ambiant, ils sont bienfaits et proportionnés et surtout, ils fonctionnent. Je remonte, touche mes mollets, mes cuisses, rien à signaler. Je continue. Mon bassin est dans la continuité, il ne ressort pas, rien ne semble anormal, non, quelque chose cloche, mon ventre. Il me parait fin. Il est fin, trop, je crois. J'enlève mon T-shirt au plus vite pour constater les potentiels dégâts.
Quelle horreur !
Je suis d'une minceur, d'une laideur !
Mon ventre est bien trop fin et mon bassin ressort par conséquent. Mes bras, ils sont trop longs, trop ténus. Je suis horrible, je suis un squelette. Je dois bien mesurer un mètre soixante-dix, je dirais, et je ne me donne pas plus de quarante-sept kilos. Je suis un squelette, je suis épouvantable, je suis abominable !
Je remets au plus vite mon haut pour cacher cette abomination, malgré tout, mes derniers mots restent gravés dans ma tête et y résonnent en continu, me faisant oublier ma douleur aux narines.
Je dois avancer, ce n'est que le début, je ne suis peut-être pas si laid que ça. J'avance dans ce lieu désert et monotone.
Il n'y a rien. Je suis seul.
Je crie, je hurle.
Quelle horreur !
Quelle voix aiguë ! Je devrais pourtant avoir mué, heureusement que personne ne m'entend
Je marche, je cours, je saute.
Rien.
Après plusieurs minutes d'exploration, quelque chose semble se dégager, une forme que je n'arrive à distinguer, que je n'arrive pas à reconnaitre. Je m'approche, hésitant, je m'arrête, je regarde puis je reprends le pas.
Fausse alerte.
Ce n'est qu'une porte, une simple porte en bois. Une immense pièce vide avec une porte. Il n'y a rien devant, rien derrière. Elle m'attire alors qu'elle n'a rien de particulier.
Devrais-je l'ouvrir ?
Je ne sais pas, cela pourrait être dangereux, où pourrait-elle m'emmener ? Il faut que je sache, je vais sûrement découvrir un endroit meilleur, un beau monde, un endroit où je serai plus beau. Sa poignée dorée m'attire, elle m'appelle, ce ne sont plus mes jambes qui ont des fils, ce sont mes mains maintenant et elles se font attirées par cette boule dorée.
Devrais-je l'ouvrir ?
Je me rapproche de plus en plus, je ne peux détourner mon regard et mes pensées de cette chose.
Non, il ne faut pas que j'y aille. Et si les autres se moquaient de moi, de mon physique, de ce que je suis ? Et si derrière, il y avait une pièce, mais plus sombre et dangereuse ? Et s'il n'y avait rien ?
Je tourne la tête, mais rien n'y fait et ma main accroche mon destin. Je sens mes doigts le serrer au point que mon sang ne passe plus en eux. Je pousse contre ma volonté. Une intense et vive lumière blanche en sort et m'aveugle. Je ne vois plus rien, je ne sens plus rien, je ne comprends plus rien.
Vais-je mourir ?
Je me fais brutalement happer par mon destin.
Rien.
Vide.
Le réveil est cette fois-ci rapide et en douceur.
Je suis tranquillement allongé sur l'herbe qui me chatouille la nuque et les pieds, mais rapidement ces petits brins colorés se mettent à me gratter et me force à me lever.
Je me lève, mais tombe, je retente, mais chute. Finalement, après quelques essais infructueux, je parviens à rester stable. Devant moi, s'étend un paysage magnifiquement doux, une toile tissée avec rigueur et amour. Il y a là, en face, une gigantesque forêt constituée d'arbres tout aussi immense à en perdre la tête pour un être si petit en comparaison. Les feuilles sont comme des milliers de petits joyaux, des milliers de petits émeraudes qui reflètent la pureté d'une lumière douce et enjoliveuse qui semble atteignable et qui, pourtant, m'enveloppe et me réchauffe. Ces géants sont toutefois coupés en deux par un petit sentier de terre. Il est assez drôle à vrai dire, un monde immense et merveilleux et un simple petit chemin de terre recouvert par des milliers de petits cailloux.
Le monde est beau.
J'hésite à avancer, je ne sais pas pourquoi, cet endroit est charmant, cet endroit est accueillant, mais j'hésite à avancer. Est-ce à cause de ces colosses de bois qui m'impressionnent ?
Un courant d'air frais venant de derrière moi me caresse le dos avant de s'intensifier et de me pousser à avancer contre mon gré vers ce sentier.
J'aimais bien mon coin d'herbe
Les cailloux me font mal, ils s'enfoncent dans ma pauvre voute plantaire et l'abime. Ils abiment ma peau douce et délicate ! Les arbres me font peur, ils m'enveloppent de leur branche et je n'ai d'autres choix que d'accepter à regret ces embrassades. Peut-être veulent-ils juste me souhaiter la bienvenue dans ce nouveau monde ? Très bien, je les accepte, mais je me méfie tout de même, mieux vaut prévenir que guérir.
Plus j'avance, plus je suis rassuré et moins ces vilaines pierres me font mal, je m'habitue et les oublies. Plus le temps passe et plus, je prends le temps d'observer tout en restant de mon côté.
Soudain, je remarque une chose qui sort de ma routine et que je n'avais pas vu avant. Dans les arbres, il y a des choses.
Comme elles sont rigolotes !
Là, il y a un poulet, mais avec une tête morse qui est en train de dormir, enlacé dans les bras de l'arbre. Un peu plus loin, je vois sur la route un lion à tête de sanglier et à pattes d'oiseau qui s'amuse avec une chenille qui a des ailes.
Ce monde n'est peut-être pas si hostile ?
Je m'approche. J'hésite. Je réfléchis. Je fonce.
Ils sont gentils et timides, comme moi. On s'est amusé toute la journée, enfin, pas vraiment, il fait toujours jour, le Soleil ne semble pas se coucher ici, tant mieux, on s'amuse plus longtemps.
On a fait une ronde tous ensemble et un criquet nous a rejoints avec un drôle d'instrument qui faisait de belles mélodies et nous avons donc dansé jusqu'à en être épuisés.
Puis j'ai poursuivi mon chemin.
Je marche, je marche, je marche jusqu'à atterrir devant un grand lac. Son eau est d'un bleu étincelant et d'une pureté rappelant celle d'un diamant. Je me penche pour boire, mais je me fais subitement éclabousser. Je tombe en arrière et me dépêche d'enlever avec mes mains l'eau que j'ai dans les yeux et qui commence à me les brûler.
Comment une chose si belle peut faire si mal ?
Après avoir séché mon visage, je retourne près de cette étendue pour voir qui a bien pu me faire cela et je croise alors une sirène. Elle est la plus belle des créatures rencontrées que j'ai rencontré jusqu'à présent dans ce monde. Elle est jeune, a des fils d'or en guise de chevelure et un agréable sourire se dessine sur nos visages. À force de trop la contempler, je finis par chavirer et je tombe au fond de l'eau cependant, une force me remonte doucement vers la surface et je m'aperçois que c'est elle. Nous discutons pendant des heures, je lui parle de ma rencontre avec les autres dans le bois et elle, de sa vie au sein du lac. Malheureusement, nous avons dû nous séparer, elle devait partir, car sous ce soleil éternel, l'eau s'évaporait et elle devait donc rejoindre un autre lac. Je suis alors parti, une légère tristesse dans le cur, parce que je savais que je la reverrais, elle ne pouvait pas m'abandonner, pas une sirène.
Je continue ainsi mon chemin et comme je l'avais pensé, je recroise ma sirène dans un autre lac, plus petit. Nous nous sommes remis à parler, nous avons dansé, joués dans l'eau, mais le soleil est toujours là et de nouveau, elle doit partir, mais pour de bon cette fois.
Je réemprunte le chemin et m'aventure encore dans les bois, seul. Au bout de quelques minutes de marche, la pluie m'a accompagné, mais par chance, les branches de certains arbres m'en protégeaient.
Au bout de plusieurs heures, la pluie s'est finalement arrêtée, mais pour un court moment, j'ai croisé une nouvelle sirène, mais elle aussi a dû partir.
Après ce qui me semble une éternité, la pluie et le chemin s'arrête et je vois alors une porte. Une simple porte en bois, la même que la première.
Dois-je quitter cet endroit ?
Ce monde est merveilleux, j'ai croisé des créatures toutes plus loufoques et fantastiques les unes que les autres. Ces bois sont magnifiques et les lacs merveilleux.
Dois-je quitter cet endroit ?
Peut-être qu'il y a un monde meilleur derrière cette porte ou peut-être qu'elle ne mène à rien ?
Je n'ai pas le temps de réfléchir que ma main est encore une fois attirée par cette poignée et qu'une lumière aveuglante envahit l'espace.
Le réveil est brutal.
L'herbe me lacère les membres et me force à me relever au plus vite. Le vent continu comme à son habitude à m'agresser et me force à aller de nouveau dans ce bois avec ces immenses arbres sombres et ce petit sentier sinueux qui ne me veut que du mal. Pas le choix, j'avance.
Les cailloux m'entaillent et s'enfoncent dans mes pieds ce qui rend mon avancée moins rapide, mais malgré tout, je garde la tête haute et j'avance.
Alors qu'avant les rayons du soleil me caressaient le visage et me rendaient heureux et fier, là, il commence à m'abandonner et part se coucher.
Je suis seul.
Je marche, j'observe et analyse tout ce qui se passe autour de moi. Je remarque alors que d'étranges créatures peuplent les arbres et le sol. Elles sont petites ou grandes, difformes et bien proportionnés pour d'autres, elles sont toutes différentes, mais la même lueur les illumine. Je n'arrive pas à les comprendre, mais ce n'est pas grave, je suis là pour apprendre, je suis peut-être un peu dur avec ce monde, je devrais plutôt apprendre à le connaitre, celui d'avant m'avait impressionné et pourtant, il m'avait plu.
Je continue ma route et croise des animaux a l'air plus sympathique, ils sont colorés et amusants, recouverts de poils doux, mélange entre caméléons, singes et chats. Extravagant, mais passionnant.
Je reste avec eux, ils paraissent gentils et me rappellent l'ancien monde.
Au bout de plusieurs mètres, adossé à un arbre, je croise un squelette. Un être qui me ressemble, vide et fin. Quoique, mes nouveaux amis m'emplissent de joie. Je vais voir cet être, mais rapidement, les étranges créatures, en majorité ici, arrivent les premiers et le passe à tabac.
Je recule, choquée de voir un semblable se faire maltraiter. Je me fais petit, discret et passe entre les mailles du filet.
J'accélère le pas, tout se passe bien pour moi, j'ai compris comment survivre. Quand un de ces monstres approche, je porte un masque et passe inaperçu.
Pour mettre un peu de joie, avec mes amis, nous partons faire une blague ? Nous allons voir un arbre et l'encerclons gentiment et l'empêchons de passer avant de le laisser partir gentiment. Ce moment est bien drôle et je crois que tout le monde est content, personne n'a l'air de s'en plaindre et cela m'a permis de ressentir de nouveau ces rayons de soleil, mais s'il est toujours en train de partir se coucher.
Je reprends une allure normale, mais un arbre se met en travers de mon chemin et m'agresse de ses branches, il brasse le vent qui me hurle à la figure. Apparemment, il n'a pas apprécié la blague que nous avons faite à l'autre arbre. Je me retourne vers mes amis. Ils ont disparu.
Ce n'est pas grave, j'avance, seul.
Je retrouve de nouvelles créatures, encore plus colorés que la dernière fois, nous parlons, nous jouons, j'ai confiance.
Nous avançons, ils m'encerclent, c'étaient des masques. J'ai été pris à ma propre technique. Sous ces costumes colorés, des êtres à la lueur étrange.
Je m'échappe, seul.
La route me parait de plus en plus longue.
Où est sa fin ?
Où est la porte ?
Ce n'est pas grave, la tête haute et le masque dans la poche, je m'adapte.
Rapidement s'étend devant moi un immense lac. J'aime toujours autant les lacs, ils sont signes de bonheur et de bien-être tant qu'ils sont remplis. Je m'approche et souhaite m'y déshydrater, mais j'aperçois au loin un détail qui n'était pas là dans le monde d'avant. Les sirènes ont toujours l'air de peupler ces milieux, mais ce ne sont plus uniquement des femmes. Il y a là-bas, au loin, un garçon aux cheveux bruns.
Je m'en vais au plus vite, par chance, il ne ma pas vu, personne ne m'a vu.
Le sentier me semble toujours aussi long, j'ai l'impression qu'à chaque pas que je fais, il s'allonge du double.
Plus j'avance et moins le masque ne semble fonctionner.
Pourquoi ?
Je suis gentil, je n'ai rien fait.
Qu'est-ce qui leur déplait ?
Ce n'est pas grave, je garde la tête haute et je fonce, je les ignore.
Cela ne sert à rien, ils se rapprochent de plus en plus, ils m'entourent parfois je n'ai qu'un seul membre qui tombe par terre et parfois, c'est tout mon corps. Je me relève même si à certains moments, j'aimerais rester au sol.
Qu'est-ce qui se passerait si un jour, je décidai de rester couché ?
Je prends mon courage à deux mains, je me cache derrière ces grands arbres et leur chuchote ce qui se passe. Leurs branches me repoussent alors et enveloppent en guise de protection ces viles créatures.
Je n'ai d'autres choix que de courir sans me retourner en espérant trouver la porte.
Après une éternité et un marathon seul sous la pluie, je vois enfin cette simple porte en bois au loin.
Je m'arrête et regarde autour de moi. Il y a un lac avec ce fameux garçon.
Que faire ?
Je ne sais pas, j'hésite. J'essaye de peser le pour et le contre, peut-être que le soleil sera de nouveau à son zénith.
Je m'approche de la sirène, mais elle fuit.
Je suis seul.
Cette fois, je tourne volontairement la poignée en espérant que le prochain monde soit plus heureux.
J'ai l'impression de chuter.
L'herbe m'arrache la peau et le froid glacial me mord les muscles.
Je me réveille, sachant déjà ce qui se passait.
Le soleil m'a définitivement quitté, il ne reste plus que la pâleur de la lune pour me saluer. Autour de moi, un voile noir semble tout ravager et prendre de plus en plus de place.
Je suis perdu, je ne sais pas quoi faire.
Sans envie et avec obligation, je m'avance vers cette forêt de bois gigantesques et noirs. Maintenant, le sentier me parait de plus en plus sinueux, de plus en plus incliné. Chaque pas me demande désormais un effort colossal, je ne sais pas si j'arriverai à bout.
Au sol, les squelettes s'accumulent et forme des montagnes, des montagnes emprisonnées par les branches de ces monstrueux bourreaux que sont les arbres qui arpentent d'ailleurs un visage malhonnête et mesquin. Je découvre enfin leur véritable visage, je les vois au grand jour.
Le chemin est dorénavant peuplé par ces créatures à la lueur sombre, mais dorénavant, leur physique est en adéquation avec leur âme, il est brouillon, malformé et difforme.
Tout n'est donc que mort et désolation.
Le bois est pourri et le mal a gagné.
On n'est plus que l'ombre de soi-même.
Comment ces monstrueuses choses ont pu prendre le pas sur les autres ?
À certains moments, je croise encore des créatures gentilles, douces et attentionnées, mais leurs couleurs sont moins éclatantes et leurs joies disparaissent.
Est-ce un masque ou s'adapte-t-il ?
Je suis seul.
Nous sommes seuls.
Chaque pas est un supplice, mais je n'ai pas d'autres choix que d'avancer, car derrière moi, le voile s'est transformé en une brume épaisse qui me rattrape.
Que se passera-t-il si elle m'atteint ?
Je dois résister, je peux le faire, je l'ai toujours fait.
Mes forces semblent me quitter, chaque regard est maintenant un poignard que l'on m'enfonce et chaque acte un bûcher, mais mon corps n'en conserve plus les traces, il est habitué.
Les arbres se sont mis activement contre moi, ils empêchent mon ascension en recouvrant le sol d'énormes racines et en formant des grillages devant moi avec leurs branches.
Veulent-ils que je sombre ?
L'escalade de ces racines est de plus en plus difficile, les parois sont de plus en plus raides, les prises inexistantes et le bois recouvert d'épines qui m'empoisonnent et me surchargent un peu plus. Je suis accablé d'obstacles, je ne sais pas si je tiendrai encore longtemps.
Le voile n'est plus qu'à quelques mètres de moi et maudit de plus en plus ce monde. Les bonnes créatures sont dorénavant inexistantes, il n'y a plus aucune trace de joie, que du malheur, de la souffrance et de la déception.
Je marche avec difficulté, mais je vois au loin une grande étendue, je réunis mes forces, j'accours, je peux le faire, je me retourne, la brume s'éloigne.
Je m'arrête.
Un lac.
Asséché.
Je suis bête, c'est évident.
Est-ce que l'amour existe vraiment ? Est-ce que je l'ai réellement ressenti ?
Ce n'était que des illusions, des illusions pour ne pas vivre seul, mais je suis seul. Je serai toujours seul. Je voulais seulement trouver de la joie et du bonheur, mais tout ce que j'ai trouvé, malheur et désespoir. J'ai voulu me réconforter, mais au fond, je ne sais même ce qu'est l'amour, je ne sais pas si je l'ai réellement ressenti. Est-ce qu'avec ces sirènes, je portais encore mon masque ? Je ne sais pas, mais tout ce que je vois, c'est que l'amour est mort.
Je me relève difficilement, mes jambes me paraissent lourdes ainsi que mes paupières. Je voudrais, je voudrais tellement rester par terre. À chaque fois, je me relève, j'use de mes forces, je fais tout, mais pour quoi ? À la fin, je n'ai rien, je suis trahi, abandonné, je suis seul. Je suis las de marcher et pourtant, à chaque fois, je me relève.
Les larmes coulent et déferlent sur mes joues tandis que derrière moi, la brume a repris du terrain et me souffle son air chaud sur la nuque.
Je tombe à genoux, fatigué et épuisé. Je n'en peux plus.
Les larmes ruissellent et en guise de dernier souffle de désespoir, je crie et me libère une dernière fois.
Je tombe alors au sol accueillant pour une fois ce chemin de terre, je n'ai plus la force de me relever, je n'ai plus la force d'atteindre la prochaine porte.
La brume m'enveloppe de ses bras bouillants et je fais de même avec mon pauvre corps froid et fragile.
Ce monde est cruel.
Avant de fermer une dernière fois les yeux, je remarque que mes larmes ont permis de remplir en partie ce lac et qu'une sirène y est apparue.
Qu'il est beau
L'amour n'est peut-être pas mort finalement, ce n'est peut-être pas qu'une illusion pour adoucir ce monde.
Je ferme les yeux, prêt pour mon dernier voyage.
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