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Le Secret de l'Ombre

Le Secret de l'Ombre

Il vit une lettre ensanglantée sur la table en chêne, chose assez banale pour lui maintenant. Il n'y avait pas eu jusqu'ici, de ce qu'il se souvenait, une journée sans étrangeté, sans problème, aucune journée normale. Après tout ce qu'il avait vécu, qu'est ce qui pouvait encore l'effrayer ? Il la prit donc avec une certaine assurance que peu aurait eu à sa place dans une telle situation, replaça ses lunettes aux verres fendus, ajusta la distance puis prit une grande inspiration au vu de ce qui l'attendait et commença sa lecture comme on commence un conte de fées.

« Le mal est en moi, il y a été implanté quand j'étais encore jeune. Ce soir-là, maman était dans le salon, elle n'a rien entendu. Il me manque encore un indice, le plus important, celui qui me révèlera tout. J'aurais pu, j'aurais dû partir, mais il me faut apprendre la vérité et elle est la seule à la détenir, elle va réussir à entrer, je le sais, cela fait déjà quelques jours que son emprise me torture mais je devais résister, pour la vérité. Sa force a grandi, je dois l'affronter, j'ai peur et suis même terrifiée mais il le faut. Personne ne m'a cru et l'horreur a recommencé il y a peu de temps avec ce groupe de personnes, après l'accident. Je dois me méfier de tout le monde. Peut-être que cet appel au secours et les évènements qui vont suivre feront bouger les choses même si je ne le pense pas. Elle devrait bientôt réussir à entrer mais je suis prête. J'ai encore tellement de choses à raconter surtout à toi mon tendre et cher papa, mon héros, je t'...»

Il regarda alors à côté de la table où gisait au sol le corps d'une rousse dont les cheveux se confondaient avec la mare de sang autour d'elle. Hélène Boucher. La seule information qu'il possédait pour l'instant, enfin, la seule qu'il avait fait l'effort de retenir. Cependant, il avait l'impression de l'avoir déjà vu. Dans la main de la morte se trouvait une étrange plume, une plume de colombe, mais cela l'intrigua, un oiseau disparu depuis tant dannées, il ne put se souvenir de la dernière fois qu'il en avait vu une, à vrai dire, de quoi se souvenait-il encore ? De ces temps affreux, plus personne n'avait de souvenir et encore moins d'heureux. Malheureusement, la laiteuse plume était dorénavant souillée et engloutie par la noirceur de l'encre qui enveloppait sa pureté et le sang la recouvrait d'une folie luciférienne à laquelle personne ne semblait pouvoir échapper. Il se rendit vers le buffet qui se trouvait au fond de la pièce, un grand meuble de bois fait de chêne lui aussi, un renfoncement doté d'un miroir se trouvait au milieu de l'objet mais il nosait regarder son lamentable visage et sa mine affreuse au travers. D'autant qu'il savait, il savait qu'il était si monstrueux face à ce qu'elles avaient subi. Après tout, il ne s'appelait pas Dove Ore pour rien ! Le buffet était composé d'un grand plateau pour y mettre différentes fournitures avec dans leurs coins quatre grands piliers décorés de vignes qui montaient pour se rejoindre et s'entrelacer en formant deux anges jouant de la trompette et surplombant ce mobilier. La partie basse, plus sobre, se divisait en son centre et contenait dans chaque partie trois tiroirs de taille égale avec chacun une poignée en métal. Dove Ore les tira un à un avec une violence surhumaine, jusqu'au dernier qui fut le seul à céder face à cet ouragan. A l'intérieur, se trouvait un simple carnet, mais il allait révéler bien plus de secrets qu'en apparence et il le savait. Il ne fallait pas se baser sur cette simple couverture de cuir usé qui démontrait déjà que ce livre contenait bien plus de choses qu'il ne le devait, et qu'il ne se laisserait pas faire. Encore moins à cette simple étoile blanche en haut de la couverture qui le plongerait dans un monde fantastique, un monde de folie. La seule chose qui attirait son attention, et qui était au centre de sa préoccupation, était cette fissure, rupture entre le temps et l'espace, début de tout cauchemar. Il louvrit et commença sa lecture des plus cruciales.

« Trois jours, voilà maintenant trois jours que tu m'as quittée, que suis-je censé faire ? Tu étais le seul qui comptait, le seul qui me comprenait, le seul prêt à tout pour moi. Tu m'avais promis de ne pas m'abandonner, de ne pas me laisser seule face à ce monde. Pourquoi ? Pourquoi si tôt ? Tous les soirs, je regarde les étoiles et pense à toi, aux histoires que tu me racontais quand j'étais encore petite fille. Des histoires sur un monde nouveau, un monde de lumière et d'espoir, là où priment le courage à la haine et la bonté à la peur. Je verse alors une larme, je te promets, ce n'est pas l'expression d'une profonde tristesse, mais une lueur nostalgique. Dailleurs, j'ai retrouvé ce vieux carnet, par chance, il est en bon état. Je vais alors t'écrire tous les soirs, enfin, je vais essayer. Fais de beaux rêves, à demain ! » Il poursuivit sa lecture.

« Ce matin une caresse chaude m'a embrassée, j'ai tout de suite pensé à toi, quand tu me consolais et m'encerclais de tes grandes mains chaudes d'amour et que tu me chuchotais que j'étais bénie par le soleil et que le jour de ma naissance, l'Aurore était venue, m'avait prise dans ses bras comme tu le fais, passant ses mains dans mes cheveux les colorant d'une flamme éternelle. Que de bons souvenirs ! J'ai décidé de me changer les idées, rester à la maison ne me plait guère, il faut que je respire un nouvel air, découvre de nouvelles choses. Je suis partie passer un entretien à la déchetterie, je n'avais pas trop le choix, c'est le seul endroit qui recrute. Depuis la crise, c'est le seul métier d'avenir, le seul qui tient encore. Enfin, je ne m'en souviens guère de cette tragédie. Partout autour c'est la guerre, les gens se battent pour une miche de pain, si tu voyais ça, tout a empiré depuis que tu nous as quittés. Les magasins sont pris d'assaut et le réapprovisionnement se fait tous les mardis et permet aux marchands de remplir tous leurs stocks avec un supplément d'un kilogramme d'œufs, cinq litres deau, deux kilogrammes de boîtes de conserve en tous genres et cinq kilogrammes de céréales. Enfin tout ça c'est pour les plus gros commerces, tandis que les petites épiceries de quartier reçoivent le strict minimum. Après avoir reçu tout cet or, ces banques ouvrent et une heure plus tard tout se fait dévaliser en un claquement de doigt. Par chance, tu m'as laissé assez dargent pour me nourrir pendant encore quelques temps mais je suis obligée de me rationner ; le commerçant au coin de la rue, le petit brun avec des taches de rousseur, il me réserve toujours un peu d'eau, de céréales et d'œufs et parfois un demi-litre de lait pour le mois. Je suis désolée mais je pense que je devrai voler pour survivre. Enfin, toi aussi apparemment tu as fait de vilaines choses... Des malfrats m'ont dailleurs volée, je ne leur en veux pas, ils sont jeunes et vivent plus de la famine que nous et tu m'as toujours appris à pardonner. Fais de beaux rêves, à demain mon super papa ! »

Il sauta plusieurs pages qui n'avaient pas l'air très intéressantes et reprit l'histoire.

« Cest le grand jour, papa, je peux enfin te dévoiler mon projet, comme tu sais, je travaille maintenant à la déchetterie et un jour, un jeune homme a jeté un livre qui appartenait à son grand-père, sur l'aviation. Cétait ma porte de secours face à ce monde, je l'ai lu, feuilleté et au bout maintenant de cinq long mois, j'ai réussi à ramener toutes les pièces et à construire petit à petit mon avion. Il n'est pas très grand et j'ai à peine de quoi m'installer convenablement mais ce n'est pas grave, si c'est là le prix dune délivrance, je suis prête ! Bien sûr, il n'y avait pas assez de place dans le jardin alors je l'ai construit dans une ancienne grange non loin d'ici et qui comporte un grand et large terrain nu. Par chance, les technologies jetées à la déchetterie sont assez avancées et devraient me permettre de piloter l'engin sans trop de difficultés. Imagine si les pièces technologiques dataient du vingt et unième siècle ! L'avion naurait jamais décollé ! Et puis, les instruments seraient si vieux et dépassés que je n'aurais eu aucune chance de réussir à le piloter. Je t'écrirai à nouveau ce soir pour te dire comment ça s'est passé. A tout à l'heure ! »

« Personne ne se souvient de ce qui s'est passé, tout le monde vivait pour le mieux, puis du jour au lendemain plus rien. Une guerre ? Une maladie ? Un crime plus odieux ? Personne ne sait, personne ne se souvient et personne n'essaye de le faire. Les nuages sont apparus, nous emprisonnant, m'emprisonnant, moi et mon cœur sur terre. Plus aucune liberté, des rats de laboratoire ; dans ce monde où je suis née, tu étais ma liberté puis tu es partie, tu mas laissée. J'ai alors eu ce travail en pensant me changer les idées, mais non, et ce livre est alors apparu. Je sortirai de cette prison, ma prison, traverserai les nuages et découvrirai un monde merveilleux, je m'envolerai vers le paradis. Cela me libérera, je le sens, mais de quoi ? Je ne le sais, et toi ? »

« Après plusieurs difficultés, j'ai réussi à démarrer la capsule volante et à la faire décoller, je faisais des vagues, je montais, je descendais, je n'arrivais pas à la contrôler. J'aurais dû atterrir et faire marche arrière à ce moment. Mais j'ai persévéré, j'ai réussi à prendre le contrôle de mon ascenseur mortel. J'ai visé les nuages, je grimpais, grimpais, grimpais, il se rapprochait, rapprochait, rapprochait des nuages et j'ai fini par les toucher. J'étais proche de mon but, je devais maintenant les traverser pour y arriver. Ce fut très difficile papa, mais j'y suis parvenue, j'ai traversé ces gigantesques, ces immenses, ces impressionnants barreaux gris qui m'emprisonnaient. Je les ai sciés suffisamment pour pouvoir m'infiltrer en quête de cette liberté perdue. Mais je n'aurais pas dû... Devant moi, papa, ne s'étendait pas le paradis avec son ciel bleu azur et sa pluie d'or, non, devant moi se trouvait le repère des chevaliers de l'apocalypse. Ma prison intérieure n'était pas sur terre mais dans les cieux, dans un des recoins les plus profonds de mon existence. Cette geôle, impossible d'en voir le bout. Des éclairs assourdissants et menaçants s'abattaient tout autour de moi, de gigantesques cyclones de sang et de violence, sûrement celui dun crime profond, tourbillonnaient et surveillaient ce cachot dégoulinant d'immondices et d'horreur. Mon corps tout tremblotant peinait à garder le contrôle. Malgré mon ventre se tordant de douleur et de peur, malgré les gouttes coulant de mon front par l'action de l'appréhension de ne jamais en revenir, je continuai. Je trouverai cette liberté, j'y crois, d'une manière ou d'une autre. Au loin, j'entendais les bêtes renâcler et imaginais leur museau tout dégoulinant n'attendant que de pouvoir arracher mon être au monde des vivants et l'emporter aux tréfonds de moi-même, où se cachent des choses qui ne devraient pas être découvertes. Enfin, suis-je encore vivante ou alors délirante ? Je surfais sur des vagues de lumière sanglantes et bouillonnantes. Je ne contrôlais plus rien, je me laissais emporter par cette eau maudite en espérant revoir l'Aube me caressant les cheveux. Même si là, cétait plutôt le Crépuscule qui me tient du bout de ses doigts. Dans ces limbes, j'avais l'impression d'être au cœur des ténèbres pourtant une étrange impression me poursuivait. Nétais-je pas suivie ? Les chevaux avaient arrêté leur funeste course, me laissant au milieu de ce silencieux vacarme. Pourtant une chose rodait. Une ombre ? Le revers de tant dannées de joie en ta compagnie, papa ? Ou le revers d'une détresse intérieure ? Non, jen étais sûre à ce moment-là, elle était réelle et me chassait. Je la devançais mais d'autres monstres me pourchassaient, tout aussi sombres et mystérieux. Elle allongeait ses membres jusquà les briser dans un craquement sourd, s'ils avaient été humains, et elle tira sur mon avion, je mis les réacteurs à fond mais rien n'y faisait, sa force était telle qu'elle dépassait la puissance de deux mondes rentrant en collision. Tout ce dont je me souviens après, c'est de mêtre fait happer par quelque chose et d'avoir chuter peu à peu, en spirale, dans ce tourbillon infernal. Par miracle, ma chute ne fut pas mortelle mais m'avait propulsé hors de mon navire qui venait de parcourir les flots mortuaires d'un autre monde. En regardant le ciel, un trou béant s'était formé, l'aurais-tu cru ? De cette faille, une étrange lueur, confrontation entre le temps et l'espace, s'émancipait en plongeant le monde, mon monde et mon existence, dans la terreur et le sang et le couvrant du masque de la mort rouge. La lumière alors m'éblouit à m'en obscurcir la vue et je tombai, telle une plume tombant au gré et aux humeurs du vent, dans les bras d'Achlys. La dernière chose que j'ai vue était une ronde d'hommes autour de mon être, menaçants et féroce, avec leurs grands yeux me fixant. Chacun brandissant au-dessus de moi ce monstre, cette ombre, ce nom que personne n'ose prononcer »

« Cela fait plusieurs jours que je ne t'ai pas parlé papa, je suis désolée mais tout ne va pas comme je le voudrais. Après m'être évanouie, je me suis réveillée et j'ai marché pendant des heures jusqu'à trouver la ville la plus proche. Derrière moi, plusieurs colonnes de fumées s'élevaient dans le ciel, sûrement mon avion. J'ai finalement trouvé une ville se nommant « Trela » et qui par chance fait partie du programme du réseau ferroviaire , tu te souviens ? Malgré la crise, l'objectif est de relier un maximum de villes par des sortes de voitures attachées entre elles. Bien sûr, le système n'est pas encore très évolué, à cause de l'effondrement de l'économie, qui de ce fait ne relie que très peu de villes et le train ne passe que deux fois par jour. Je l'ai alors pris, pour aller jusqu'à « Telos », de là, il ne me restera plus que deux kilomètres à faire à pied selon un homme en étrange costume.

Ce train allait juste m'emmener à la vérité papa, je le sais, je le sens. En entrant en gare de « Mystic », je le sais aussi, ma fin approche. Le quai, un espace sous-terrain couvert de béton avec de faibles éclairages plongeant tout l'espace dans une quasi obscurité, je lai vue, il, elle, cette chose était là, tapie dans l'ombre et attendant, ça me fixait. Sa forme se dissociait à peine mais je réussissais à la voir. Mais un instant plus tard, plus rien, disparue ! »

Il se mit alors à lire de manière plus personnelle, il avait l'impression de l'avoir déjà vue cette jeune fille mais quand ? Cela ne devait pas être important s'il ne s'en souvenait plus.

« Une fois rentrée à la maison, j'ai donc décidé de prendre une douche bien chaude en espérant me soulager et me détendre un minimum. Je me suis donc assise, nue, au fond de la cuve blanche neige. Le froid me parcourait, partant de mes pieds et de mes fesses pour remonter jusqu'au dos et enfin hérisser quelques poils le long de ma nuque. Cela ne me dérangeait pas, bien au contraire. J'ai alors pris le pommeau de douche et fis couler l'eau le long de mon corps, mais ce ne fut pas ce liquide qui jaillit, non, ce fut un liquide visqueux noir couvert d'yeux jugeurs. Il coulait entre mes seins, le long de mon ventre avant détendre son emprise sur mes hanches. J'ai voulu fuir mais la peur m'en empêchait. Je restai là, tétanisée. Le liquide coulait le long de mon corps, et bientôt, la magnificence de ma fleur de lys blanc fut souillée, mon intimité brisée. Je ne pouvais rien faire, j'étais prisonnière. Le mal se recula rapidement à travers la bouche d'évacuation. Sale que j'étais, je me souviens m'être séchée rapidement et nettoyée avec de l'eau d'un autre robinet, mais la crasse était toujours là, me recouvrant sans que je puisse faire quelque chose. Je pris mon courage à deux mains et me décidai à regarder là où il était parti. Un il, puis un ensemble me scrutait, cétait des inconnus, ils me jugeaient au travers de l'évacuation et peu importe ce que j'aurais dit, ils ne m'auraient pas cru ! Tout est ma faute après tout, je suis désolée mon papa. »

« Cela fait maintenant des jours que je ne suis pas sortie, je reste là, cloîtrée dans ma chambre sans bouger. Je sors pour le strict minimum, cest-à-dire une seule fois par semaine pour les courses et rien dautre. La seule bonne chose est le fait que je ne voie plus mon vieux et grincheux patron qui ne fait que râler à longueur de journée. Cela fait maintenant des semaines que je suis prisonnière, prisonnière de mes tourments, enfermée sur moi-même, ils sont partout, elle est partout, me scrute. J'entends encore le rugissement des bêtes ainsi que la fureur des cavaliers, les yeux sont partout, de nouveaux apparaissent tandis que d'autres disparaissent, seule l'ombre reste bien présente et se morfond parfois avec la mienne. Je voulais sortir de mes démons et partir voir la police, mais tout était ma faute, ça doit être la seule réponse... L'inspecteur Dove Ore, du moins, il me semble qu'il s'appelait comme ça, me confirma que tout venait de moi, que j'étais folle, inconsciente, insouciante, irresponsable et que je n'aurais pas dû faire ce voyage, que si j'étais restée dans mon horrible et « sécurisant » quotidien, rien ne se serait passé et qu'après tout, toutes les folies que je venais de raconter ne pouvaient venir que de mon imagination. Les nuages sont des nuages, le tonnerre reste du tonnerre et tout va dans ce sens. Au-delà de cette barrière, rien d'autre que des champs de nuages et des fleurs de tonnerre. Tout est ma faute, je suis fautive et honteuse. Je suis désolée, tellement désolée mon tendre et malheureux papa. »

« J'ai souvent repensé à ce fameux jour, je voulais juste changer d'air, acquérir une liberté, devenir forte et indépendante, voir de nouveaux horizons, une nouvelle vie remplie d'exploration et de bonheur, un voyage en moi-même, en quête de réponses. Au lieu de ça, j'ai juste trouvé cette ombre et ses amis qui m'ont poursuivie loin de ce monde ténébreux. J'ai ouvert ma porte à ces démons, à ces affreux. Je leur ai tout dévoilé et ils m'ont tous pris. Ils me suivent, me hantent, ils savent que j'ai parlé, ils finiront par me tuer si je ne le fais pas avant. Ai-je tort ? Ces furies, je n'ai pas été la première à tomber dans leur malice, les nuages les repoussaient mais je les ai dorénavant brisés, j'ai ouvert la faille. Ils ont raison, ces défenseurs de la justice, tout est ma faute, papa, tout »

« L'ombre qui gardait autrefois une certaine distance se rapproche de plus en plus, chaque nuit, elle gratte sur la porte, toque aux fenêtres et rugit au clair de lune. La salle de bain est de plus en plus poisseuse et gluante, le lys est méconnaissable, suis-je folle ? Suis-je en train de rêver ? Je n'en peux plus, je veux que tout s'arrête. Les grattements se font de plus en plus profonds, elle va bientôt entrer, pourtant, elle prend son temps, elle préfère jouer avec moi. Je me réveille chaque nuit en sursaut, je la vois se pencher au-dessus de moi et de ses grandes mains, me caresser les joues, les cheveux avant de m'arracher sans une once de pitié mon cœur qui dégouline alors d'un sang si rouge, si lumineux, rempli d'amour et de honte avant qu'elle ne le meurtrisse de ses puissants ongles. Cette dernière sort alors de la maison, accompagnée du chant funeste des corbeaux qui dansent en ronde au-dessus, une valse mortuaire dont personne ne revient tandis que mon corps las se vide peu à peu, perdant toute beauté et tout charme et devenant si pâle. Je ne peux partir, elle me retient et détient un lourd secret.»

Mais une nuit, une terrible nuit, ce ne fut plus un immonde cauchemar. Cette nuit-là, la lune rayonnait et noyait la ville d'une faible lumière mortuaire. Les raclements se faisaient de plus en plus fort et bientôt elle réussirait à entrer, Hélène le savait, rien ne peut lui résister.

« Il faut que je parte, je ne peux pas mourir maintenant, pas après tout ce que j'ai vécu, je veux en voir plus, en découvrir plus, derrière cette ténébreuse barrière doit se trouver un autre monde intérieur avec plus d'espoir. Ce n'est pas le moment de pleurnicher ! Je vais préparer mon sac, le strict nécessaire, ce qu'il faut pour ma survie pour une semaine, rien de plus. Le temps file. Je n'ai plus le temps. Elle me rattrape. Vais-je mourir ? Pas le temps de réfléchir mes émotions ne doivent pas prendre le dessus. Je vais men sortir, tu vas voir ça papa ! »

Les coups se faisaient plus puissants, la porte s'ébranlait et semblait céder un peu plus à chaque nouvelle violence. Les bruits se déplaçaient, se tapissaient dans les murs, se réfractaient dans les vitres avant de la frapper. Elle s'apprêtait à partir mais quelque chose la retenait, un souvenir, une intrigue l'emprisonnait là depuis le début, une chose qui l'empêchait de s'enfuir, qui la renfermait sur elle-même.

« Arrête de réfléchir ! Pars ! Fuis ! Cours ! Non, impossible, cela m'obnubilait. »

Elle fit demi-tour, prit une feuille et une plume de colombe et se mit à écrire sur la table du salon. Elle se dépêchait de coucher sur ce papier à l'aide de cette encre visqueuse qui s'accrochait fermement à la pointe de la colombe. Ce sombre liquide l'emplissait au fur et à mesure que ses dernières pensées se dessinaient.

« Vite. Fonce. Accélère. Le temps presse, elle se rapproche. »

Trop tard.

La porte se fracassa, une bourrasque se précipita à l'intérieur, renversa les chaises, lui glaça le sang et lui hérissa les poils, elle commença de l'achever en la rongeant de l'intérieur et termina sa course en faisant claquer les volets au rythme des douze coups. Dans cette musicalité, le ballet des corbeaux se forma et leur danse mortuaire commença, volant en cercle au-dessus de la maisonnée, s'extirpant de la ronde afin d'entreprendre un funeste solo devant la lune, ravivant leur chair en décomposition. Le dernier coup sonna, la troupe s'enfonça dans la cheminée, emplit le salon d'une sensation malheureuse avant de s'échapper par la porte d'entrée, laissant place à elle, qui posa son pied en même temps qu'un éclair sabattait, envahissant la pièce d'une aveuglante lumière. Dorénavant Hélène la voyait, revêtant la forme d'un long corps mince entourée d'un épais manteau en vinyle marron d'inspecteur. La chose portait également de petites lunettes rondes comportant un verre fissuré. Sa forme lui rappelait quelque chose de familier et sonnait en elle comme un écho. La voilà cependant bloquée, devant elle le tortionnaire, dehors la tempête et les danseurs de ballet.

- Vous me connaissez ? Pourquoi moi ? Quelle horreur êtes-vous ?

- Tu me connais, nous nous connaissons bien, je fais partie de toi depuis bien longtemps, enfermé, caché. Et puis me voici libéré, tu as franchi la limite du réel. Je suis ton cauchemar, et maintenant, la réalité se métamorphose en de noirs rêves et les mauvais rêves deviennent réalité. Souviens-toi de ce jour, tu nétais qu'une enfant, malheureux jour. Tu étais presque seule. Un être aimé par tes plus grands soins, si bon à l'extérieur mais rongé et pourri à l'intérieur. Le soir, le mal fût accompli, aucun retour en arrière possible. Personne ne t'a cru, pas même l'inspecteur, un certain Dove Ore, c'est à peine s'il se souvient de ton nom mais ne t'inquiète pas, il devrait bientôt s'en souvenir en voyant ton futur état !

Pendant que cette horreur prononçait ces mots, il tournait autour de celle-ci qui ne pouvait bouger sous la curiosité et cette terrible impression de familiarité.

- Veux-tu te souvenir ? Un indice ? Cela a recommencé il y a peu, après ton crash, te souviens-tu ? Apparemment non, décevant...

Il lisait sur mon visage, torturé entre la terreur et la soif de réponses. Il s'approcha lentement, me forçant à reculer jusquà la table où j'avais laissé le papier en évidence. Dans ma main, je tenais fermement la plume, signe d'espoir. Chaque pas faisait l'effet d'une lame qui s'enfonçait plus rapidement et plus loin dans mes entrailles, chacun ravivait le souvenir de cette soirée et des évènements déroulés il y a peu. Il était là, devant moi, à quelques centimètres de mon visage, je sentais son souffle froid parcourant ma nuque. Il s'approcha de mon oreille lentement, derrière lui se trouvait un voile épais où il ne restait plus qu'une pièce du puzzle pour le faire tomber. Il susurra alors au creux de mon oreille :

- Voici la vérité, tu peux maintenant être libérée de tes démons.

Il enfonça la dernière lame alors en moi et je tombai à côté de la table. De mon abdomen s'écoulait du sang couleur grenade, couleur de la vie. Je me souviens de tout dorénavant, il venait de briser, de tuer Vénus, sa toge blanche de pureté et d'innocence était maintenant immaculé de ce sang grenade. Oh, sa robe l'était déjà mais elle l'avait enfoui, ce mal, en elle, jusqu'à ce qu'il ressurgisse à cet instant.

Il se retourna, avança en direction de la porte en se transformant en nouvel homme du péché. Les yeux de la Vénus maudite le reconnurent immédiatement, cette grande figure adulée n'était autre que son père. Elle peut maintenant oser crier le nom de ce terrible acte, son père, ce soir-là, la violée.

Le cœur libéré, le vicieux dévoilé, l'ombre disparut aussitôt la porte franchie et une dernière larme de délivrance et d'espoir coula le long de sa joue.

L'inspecteur referma ce carnet qui signait son incompétence et sa fin.

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