1916
1916
" Ma très chère mère,
Voici maintenant une semaine que je suis parti au front, excuse-moi de ne pas t'avoir écrit avant, mais la vie est assez rude ici. Dès mon arrivée, on m'a montré mon lit qui est loin d'être confortable, mais c'est déjà mieux que rien. À dire vrai, je n'ai pas réellement de chambre, c'est juste une grande pièce composée de plusieurs lits superposés que nous nous partageons en fonction de nos temps de repos.
Malheureusement, le temps a eu raison de mes affaires et en quelques jours, leur éclat a disparu, le pantalon si rouge est passé au marron et il est en permanence recouvert de boue ce qui le rend assez lourd. Le long manteau bleu est dans le même état, quand j'ai un peu de temps, j'essaye de les nettoyer, mais quelques heures après, leur état est pire qu'avant.
J'imagine que tu es rapidement partie voir la voisine pour lui annoncer mon enrôlement au sein de l'armée, tu lui passeras le bonjour de ma part !
Je te laisse, les armes m'appellent, je t'écris dès que je peux !
Ton fils aimé 20 Avril 1917 "
" Mon chéri,
Je viens de recevoir ta lettre que j'attendais avec hâte. Le facteur n'en pouvait plus de me voir le harceler dès qu'il passait devant la maison ! Marie a sauté de joie quand elle a su que tu partais à la guerre, je ne l'avais pas vu aussi heureuse depuis la naissance de son cinquième enfant. Ne t'en fais pas, j'avais déjà pris les devants et je lui avais passé le bonjour avant que tu ne me le demandes. Dimanche 16, quand je lui ai annoncé la nouvelle, elle m'a dit que malheureusement Jean, son plus grand fils, tu te souviens de lui ?
Quand vous étiez petit, vous jouiez des heures ensemble, du lever au coucher du soleil, vous étiez inséparables !
Mais je m'égare, elle m'a appris qu'il était malheureusement mort quelques mois auparavant, lors d'une offensive sur la tranchée ennemie. Je n'ai pas très bien compris, mais je crois qu'il s'est pris un éclat d'obus dans la cuisse et pendant qu'il était à terre, un Allemand a utilisé la baïonnette. Par chance, un camarade l'a vengé et avant qu'il ne meurt, il a tué quatre ou cinq soldats adverses. N'est-ce pas incroyable ?
Nous avons alors bu un verre de vin en sa mémoire, je me suis calmée après et n'ai pris que du thé. Nous avons joué aux cartes et n'avons cessé de discuter de tous les services que tu allais rendre à la nation et de tous les Boches qui allaient tomber sous tes coups. Je suis fier de toi mon fils.
Si tu as besoin de quoi que ce soit, dis-le-moi. Je vais essayer de t'envoyer un colis avec un peu de nourriture au risque de te retrouver encore plus maigrichon que tu ne l'es déjà !
Ta mère qui tattend avec impatience
24 Avril 1916 "
" Maman,
Arrête de t'inquiéter autant pour moi, il est vrai qu'on ne mange pas très bien et pas à sa faim, mais je ne suis pas le plus à plaindre. Après, il est vrai que si tu pouvais m'envoyer du saucisson et un peu d'alcool, je ne serai pas contre.
Je suis désolé pour Jean, il était si gentil Marie n'en souffre pas trop ? Je n'en doute pas de lui que dans un dernier acte héroïque, il se mette à tuer tous les ennemis, du Jean tout craché !
Promets-moi de ne plus harceler ce pauvre Marcel, il risque de rejoindre Jean plus tôt que prévu sinon. Surtout si tu te mets à le secouer dans tous les sens comme à ton habitude; avec ta poigne, je me demande comment il fait pour ne pas être sonné à force ?!
Avant que tu n'agresses encore le facteur, je suis désolé de ne pas avoir pu t'écrire avant, mais il s'est passé plein de choses, de bonnes, mais surtout de mauvaises et ça risque d'être comme cela pour un petit moment donc s'il te plaît, laisse ce pauvre Marcel en paix !
J'ai encore un peu de temps libre alors je vais tout te raconter :
- Tout d'abord, j'ai rencontré Paul et Joseph, nous faisons nos roulements et nos gardes en même temps, j'ai donc appris à les connaître. Joseph à une femme, Ellie, elle est enceinte de trois mois. Paul, lui, est seul, c'est un charmant garçon, il est brun avec de petits yeux bleus. Au début, il parait assez renfermé sur lui-même, timide, mais quand on commence à s'intéresser à lui, on se rend compte qu'il est un chic type et il a toujours un sourire réconfortant, je me demande comment ça se fait qu'il n'ait toujours pas de femme.
- Ensuite, on a appris que les Russes s'étaient révoltés et voulaient mettre fin à la guerre. Quand on a su cela, on a voulu faire de même, on s'est tous révoltés pour mettre un terme à cette guerre, à vrai dire, je n'y ai participé qu'à moitié, je ne comprends pas pourquoi ils veulent arrêter de se battre alors que c'est maintenant qu'il faut mettre toute sa force afin de repousser les ennemies. Je les vois reculer de plus en plus chaque jour et si les révoltes se poursuivent, tout ce terrain gagné sera de nouveau perdu. Après, je ne leur en veux pas trop, ils sont là depuis plus longtemps que moi, ils ont vu pour certains leurs amis mourir sous leurs yeux, ça doit être choquant. Malgré le fait qu'il soit nouveau, Joseph était tout de même de leur côté, Paul quant à lui partage ma vision des choses. Nos divergences d'opinions avec Joseph ont causé quelques tensions, mais je pense que dans deux ou trois jours tout ira mieux.
Suite à ces révoltes, plus personne ne voulait combattre et les généraux ont alors ordonné qu'on nous tire dessus jusqu'à ce qu'on se décide à combattre de nouveau. Il y a eu pas mal de blessés, mais c'est pour la bonne cause, je le sais.
- Enfin, en guise de punition, demain, on part faire un assaut, j'espère qu'il sera fructueux, mais j'ai hâte, c'est dans ces moments-là que je me sens vraiment utile et que je suis content de défendre la France et ses habitants. Pour le moment, je n'ai encore tué personne alors peut-être que demain sera une première !
J'essayerai de te donner des nouvelles au plus vite, sache que je t'aime et que je t'aimerai pour toujours.
Ton fils
10 Mai 1916 "
" Mon fils adoré,
Je viens seulement de recevoir ta lettre, Marcel m'avait prévenu que dorénavant, je devrai attendre longtemps avant de recevoir tes lettres, car les Allemands ont bombardé les routes pas loin d'ici. Et avec notre chance, tu te doutes bien que c'est la principale route qui mène à notre village qui a été touchée !
Tu me manques mon fils, cela fait trop longtemps que je n'ai pas vu tes yeux brillaient au soleil, même si avec ces nuages qui recouvrent en permanence le ciel, je ne risquerais pas de les voir briller dans tous les cas ! Je me rappelle quand tu étais petit, on s'asseyait sur le porche, tu posais ta tête sur mes genoux et je tortillais tes mèches brunes pendant que nous observions le soleil finir sa course. Tu me manques, j'ai beau régulièrement rendre visite Marie et jouer à la belote, ta présence pèse au sein du foyer familial.
J'ai vu qu'à l'usine il recherchait le plus de femmes possibles pour construire des obus, j'y ai postulé, je suis prise. Cela fait deux jours que j'y travaille, le travail y est long et épuisant, mais il le faut, il faut défendre la France coûte que coûte si on veut gagner, on ne doit pas laisser les Boches entrer ! En faisant ces obus, je pense à toi, ça me donne l'impression d'être à tes côtés, de t'aider. Je me dis que je peux continuer à te protéger du danger.
Ce n'est pas normal ! Ils n'ont pas à vous tirer dessus, quelle idée ! Si maintenant, il faut aussi se battre contre ses propres généraux, c'est le monde à l'envers ! Mais vous n'aviez pas à vous rebeller, vous êtes là pour la France, ne nous faites pas honte ! Vous devez vous battre, enfin je crois.
En ce moment, j'ai énormément de travail et j'aurai malheureusement moins de temps pour pouvoir me poser et t'écrire, mais ne t'en fais pas, Marie m'a promis de t'en envoyer.
Bon courage fiston !
Maman
05 Juin 1916 "
" Mère,
Je ne me sens pas très bien, j'ai la tête qui tourne et j'ai envie de vomir, je ne sais pas si cela est dû au fait que j'ai enlevé mon masque à gaz, à la mauvaise nourriture ou au fait que je vois sans cesse des corps à moitié déchirés et des membres tapissaient le sol.
Je n'en peux plus, je suis épuisé, je veux rentrer, je veux te voir. Tu me manques. Je veux manger de nouveau ton fameux potage, retrouver de la bonne nourriture. Je repense au premier jour, quand je suis arrivé, je n'aurais jamais dû y aller.
Je ne tiendrais jamais.
Je vais mourir.
Adieu.
Sur le champ de bataille, il y avait des coups de feu de partout, des explosions de partout, ça sentait la poudre tout autour, l'odeur me montait à la tête, mais je n'y pensais pas trop avec toute l'agitation. On me bousculait dans tous les sens, on m'a poussé dans la boue, je suis tombé. J'ai encore la sensation de cette gadoue, c'est horrible. Mon équipement était lourd, trop lourd, je n'arrivais pas à me relever. De l'aide, j'avais besoin d'aide. Quelqu'un est venu, il m'a tendu la main, « boum », il y a eu un « boum », je m'en souviens, c'était pas loin, j'ai fermé les yeux, je les ai ouverts. Je tenais toujours le bras, il ne restait que le bras de mon camarade.
Enfin, je crois que ça s'est passé comme ça.
Je ne tiendrai jamais.
Je vais mourir.
Adieu.
11 Mai 19.. "
" Salut mon loulou,
C'est Marie ! Ta mère t'a normalement prévenu que je t'enverrais des lettres, enfin, j'espère, sinon c'est un peu malaisant ! Au pire, tu te serviras de la lettre en guise d'allume-feu ou de je ne sais quoi !
Ça va comment ?
Ça doit être dure la vie sur le champ, Jean me disait que c'était étroit les tranchées. C'est étroit ?
Jean me manque, il te manque ?
Tous les jours, je bois un coup pour lui, ou deux, ou trois, sûrement plus finalement. Je ne sais pas trop, je ne sais plus trop.
Écoute, je pense que tu devrais rentrer, en réfléchissant bien, contrairement à ce que dit ta mère, ne pense pas à ces Allemands et rentre ici, c'est dangereux, je ne veux pas que tu meures, tu ne veux pas mourir ?
Je ne veux pas boire pour toi aussi, ça va me coûter cher, trop cher en alcool, tu veux que je devienne pauvre ?
Au final, je ne sais pas si c'était une bonne idée que je t'écrive, rien ne va, rien ne va plus. Je n'ai plus les idées claires, je ne sais plus qui croire. Heureusement que ta mère, heureusement que ta mère est forte. Enfin, je pense que ce n'est qu'une façade qu'elle se donne.
Bon courage, à bientôt !
Marie
17 Juin 1916 "
" Louis,
Écoute, j'ai très peur, je suis inquiète. Je me retiens de ne pas secouer Marcel dans tous les sens, mais là, je n'en peux plus ! Je sais que les routes sont bombardées et que tu n'as sûrement pas le temps de m'écrire ou que tu n'as plus de papier, mais comprends moi, je suis effrayé. J'attends, j'attends, mais je n'en peux plus, je m'imagine le pire. Dans ces moments-là, j'essaye de penser à toutes ces petites habitudes que nous avions avant que tu ne partes, j'épluchais les pommes de terre et pendant ce temps, tu me racontais ta journée avec plus de détails qu'il n'en fallait et tu y passais donc des heures ! Ou alors quand on rentrait du champ et que tu me parlais de tes amours ! Au final, plus j'y pense, plus cela me fait mal. Je veux revoir ton si beau sourire. Marie essaye de me rassurer comme elle peut, mais je vois bien qu'elle aussi a du mal, cela doit sûrement lui rappeler Jean.
J'ai finalement décidé de partir de l'usine, le travail y est trop oppressant, je vais finalement reprendre les champs derrière la ferme, je vais les défricher et y faire pousser fruits et légumes que nous vendrons ensuite au marché, ça sera notre petite exploitation. Marie a dit qu'elle était prête à m'aider dans le projet, elle en a bien besoin, elle a beaucoup changé et Marcel, quant à lui, se prépare déjà à faire le tour de la ville et à distribuer des affiches ventant mes mérites !
Dans tous les cas, j'ai hâte que tu reviennes, arme en main avec sur ta gueule d'ange un large sourire, tu seras couvert de boue, on rentrera, je te ferais couler ton bain et en sortant, tu me raconteras tous ces moments que tu as passé au combat, tu m'expliqueras tes instants de joie, ceux où tu as eu peur et les moments où tu t'es senti courageux. Je te préparerai ce fameux potage et le soir, on ira chez Marie boire un coup et jouer aux cartes.
Ta tendre mère
03 Juillet 1916 "
" Salut mon grand,
Je sais que je t'ai dit que je ne t'écrirai plus, mais c'est plus fort que moi, tu sais, tu es comme un fils pour moi alors je te le dois bien, au moins une dernière fois. Ta mère est partie se vider la tête en travaillant dans les champs, j'en ai profité pour lui voler des feuilles, une plume et de l'encre, ne t'en fais pas, je lui rendrai avant de partir. Je ne pense pas que le travail soit bon pour elle finalement, je l'ai encouragé, mais maintenant elle se réfugie dedans et s'acharne jour et nuit sur la terre.
Tu sais, ici aussi, il se passe plein de mauvaises choses. Chaque jour, on voit trois familles pleurer un proche qui ne reviendra jamais de la guerre et deux gens sautaient du pont en pierre. Je ne sais pas si je devrai t'en parler, ta mère va peut-être me tuer pour ça, mais je ne suis moi aussi plus que l'ombre de moi-même. Il n'y a pas longtemps, peut-être une ou deux semaines, une terrible fièvre a traversé le village, elle se guérit facilement normalement et, on ne compte que cinq morts sur tout le village. Seulement, quatre de ces cinq sont mes enfants, tous mes enfants sont donc morts, terrible guerre, terrible fièvre. Je ne sais plus quoi penser, je ne sais plus quoi faire.
Parfois, moi aussi, j'aimerais apprendre à voler, je m'imagine avec seulement un drap sur moi, je monte pied nu sur la rambarde du pont en pierre, le froid m'envahit, j'hésite, je saute. Le froid m'envahit. Je m'envole alors vers les cieux tel un oiseau, je suis légère et libre comme l'air.
S'il te plaît, ne meurs pas, reste avec nous et reviens de cette maudite guerre !
Ta deuxième maman, Marie
07 Juillet 1916 "
" Bonjour Madame,
J'espère que vous recevrez très rapidement cette lettre, en priant pour qu'elle ne soit pas bloquée à cause d'une route détruite ou perdue pendant le trajet.
C'est avec grand regret que je vous annonce la mort de votre fils LOUIS MOREAU, jeune soldat de 19 ans du 4e régiment d'infanterie.
Le 11 mai 1916, le vaillant Louis est parti, arme en main, sur le champ de bataille avec ses camarades. Malheureusement, peu de temps après le début de l'assaut un soldat est tombé à terre et n'a pu se relever à cause du poids de ses vêtements imprégnés de boue. Avec courage et compassion Louis a décidé de lui porter secours, mais un obus a éclaté non loin de lui. Son ami, qui était à terre, PAUL PETIT, nous raconte qu'en ouvrant les yeux, il ne restait plus que le bras de votre fils accroché au sien.
Je suis sincèrement désolé, nous ne pouvons donc vous retourner de corps, mais un enterrement sera prévu en sa mémoire pour sa vaillance, son empathie, son courage et son service rendu à la nation.
Avec tout mon soutien,
Le Général Jacques Bouet
13 Mai 1916 "
" Oh mon divin enfant,
Je suis tellement désolée.
Cela fera office de confession, pour toi, pour moi.
Cela fait des mois que je t'attends, je compte les jours qui passent, je ressasse ceux qui sont passés et j'espère ceux qui passeront.
Comme chaque jour, je t'attendais, j'étais sur ma chaise, je fumais. J'ai découvert ce truc peu de temps après ton départ, au début ça brûle la gorge, ça envahit les poumons et ça y reste accroché. À mesure que le temps avance, ça s'accroche de plus en plus et il est impossible de s'en défaire. J'étais donc sur ma chaise, je me balançais tout en fumant et je réfléchissais au temps, à ce que j'avais fait et si Dieu me pardonnerait si un malheur devait arriver.
Quelquun a sonné, le bruit m'a sorti violemment de mes pensées et je crois, que je suis tombée. Ne t'en fais pas, je n'ai rien. J'ai pris mon temps. Marcel était à la porte, la mine triste. C'était il y a trois mois déjà, comment j'ai fait pour résister aussi longtemps ? Je lui ai soufflé toute ma fumée au visage avant de lui demander pour la tristesse qui le prenait. Il a simplement évacué la brume mortelle à l'aide de sa main avant de me tendre une lettre et de se retourner. Je crois qu'il a lâché un « Je suis désolé ».
C'est de ma faute.
J'avais allumé ma troisième cigarette, troisième d'affilée, je n'ai pas pu la finir, elle est tombée et restée au sol après que j'aie lu et compris les premiers mots de la lettre.
Je l'ai caché à Marie, pas longtemps malheureusement.
Ça aussi, c'est de ma faute.
Elle était dans un tiroir.
Marie a bien remarqué que j'étais triste ces derniers temps, mais elle pensait que c'était parce que je n'avais plus de tes nouvelles.
Quelle idiote !
Je lui ai dit d'aller me chercher quelque chose dans un tiroir de la cuisine.
Mauvais tiroir.
Elle a lu la lettre. Elle était triste, trop triste. Elle pleurait à chaudes larmes, je me suis approchée, mais elle m'a repoussé avec plus de force que je ne lui en aurais donné au vu de son état. On s'est engueulées, les assiettes volaient en éclats. Je lui ai sèchement dit de partir. Je lui ai sèchement dit que de toute façon elle n'était pas ta mère, mais une simple voisine. Je lui ai sèchement dit que je ne voulais plus la voir. Je ne l'ai pas aidé. Elle l'a mal pris, trop mal pris.
Elle s'est suicidée.
Elle a sauté du pont, son corps enveloppé d'un drap blanc.
Tout est de ma faute.
À chaque fois à cause d'une dispute.
Tu te rappelles, tu rentrais à la maison, tu m'annonçais que tu arrêtais tout, tu ne savais pas quoi faire, tu ne voulais plus rien faire. Tu n'allais pas bien, je ne l'ai pas vu. On s'est disputés avec force et colère, je voulais que tu travailles, je n'ai pas pris le temps de t'écouter, regarde où on en est, regarde où j'en suis, je n'ai plus de métier et je ne veux plus rien faire.
Alors que tu étais parti, je t'ai discrètement inscrit pour partir à la guerre, je leur ai dit que tu étais volontaire, ils ont envoyé une lettre, je te l'ai montré, je t'ai dit qu'ils t'avaient choisi parmi les listes électorales pour aller au front un truc comme ça.
Je ne t'ai jamais dit la vérité.
Tout est de ma faute.
Tu es mort à cause de moi !
Je suis seule.
Je suis distante.
Au final, je ne suis pas si différente de Marie, elle a écrit sa dernière lettre avec cette même plume et ce même pot d'encre et elle a fini noyé. Je me noie également sous toute cette encre et toutes ces lettres.
Je vais plonger.
Je vais apprendre à voler.
À bientôt mon fils
Maman
04 Octobre 1916 "
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