Le lendemain, à 19h pile, Drann donna le signal du départ.

Nora se dirigea vers le bureau du capitaine et toqua à la porte blindée. Elle avait mis un gros manteau de fourrure.

Le capitaine lui ouvrit et la laissa entrer.

«Que me vaut votre visite ? Lui demanda-t-il.

–J'ai besoin de conseil pour...le...tournoi, répondit Nora.

–Il me semble pourtant que votre dernière prestation était plus qu' excellente.»

Nora se concentra. Il fallait jouer la comédie du mieux qu'elle le pouvait.

«Bon,...en fait, ça n'a aucun rapport avec le tournoi, déclara-t-elle nerveusement. Écoutez, je...j'ai besoin de sortir. Je n'en peux plus de côtoyer des brutes qui veulent me violer, je...j'ai envie de partir, de changer d'environnement...Je..j'ai besoin de voir autre chose que des faces de citrons...

–C'est pour ça que tu es là ? Demanda le capitaine en s'approchant de Nora, Tu es venue me demander l'autorisation de quitter Dévianta ?

–Je...oui, répondit Nora en baissant les yeux.

–Mais tu sais bien que c'est impossible, ma jolie, répondit le capitaine en s'approchant encore plus de Nora.

–Mais... comment je vais faire pour voir des visages nouveaux et...apprendre à connaître des personnes...et...avoir un petit copain...?» Répliqua Nora en rougissant.

Le capitaine prit une boucle de cheveux de Nora et l'enroula autour de son index. Il approcha son visage de celui de la jeune fille.

«Si tu veux, je peux te montrer ce que c'est qu'avoir un petit copain, murmura le capitaine.

–Je...d'accord.», murmura à son tour Nora en rougissant.

Si Drann avait été là, elle aurait sûrement piqué un fou rire. Et aurait fini par tabasser le capitaine pour avoir osé toucher les cheveux de Nora.

Le capitaine prit la main de Nora et ouvrit la porte par laquelle il était arrivé lors de leur première entrevue. Un lit double à baldaquin noir et blanc trônait dans la pièce aux murs blancs.

«Vous...vous plaisantez..., murmura Nora qui savait très bien que ce n'était pas une plaisanterie.

–Non, ce n'est pas une blague, répondit le capitaine en fermant la porte derrière lui. Déshabille-toi.»

  Nora, intérieurement, était une adolescente dégoûtée de ce que le capitaine allait sans doute lui faire.
  Extérieurement, elle n'attendait que ça.

    La jeune fille laissa tomber son gros manteau de fourrure et le capitaine écarquilla les yeux.
    Nora aurait sans doute réagit de la même façon si elle avait été là. Et ne parlons même pas de Robin.

Nora était uniquement vêtue d'un soutien-gorge en dentelle noir et blanc et d'une culotte assortie. Des bas opaques noirs étaient remontées jusqu'à ses cuisses.

«On m'a dit que c'était comme ça qu'il fallait s'habiller quand on était avec son petit copain, murmura Nora en baissant les yeux et en rougissant.»

   Nora devait se retenir pour ne pas rire de la naïveté de cette phrase.
 
  Le capitaine fit un effort pour détacher les yeux de Nora et ôta sa chemise. Il enleva ses chaussures et resta en jean. Puis, il s'approcha de Nora et l'enlaça.

«Énora...ou Nora...Je m'en fous...tu es belle et je suis ton supérieur. Tu sais ce que ça signifie ?

–Non, monsieur, répondit Nora d'une voix douce.

–Que j'ai tous les droits sur toi», murmura le capitaine en collant ses lèvres à celles de Nora.

    Nora dut lutter intérieurement pour ne pas foutre une baffe au capitaine. L'un des directeurs de la prison la plus sécurisée du monde était en train de lui rouler une pelle. Elle avait quinze ans. Elle était en sous-vêtements.

Tout à coup, le capitaine s'effondra.

Nora recula immédiatement et cracha sur le corps du capitaine, puis s'esssuya la bouche.

Drann se tenait devant elle, tenant une épée ensanglantée à la main, le corps du capitaine les séparant.

«Tu l'as tué ? Demanda Nora à Drann en reprenant son manteau de fourrure.

–Non, répondit Drann, je n'ai fait que l'endormir le temps que les infirmiers trouvent le bon moyen de le réveiller. Allez, viens, les autres nous attendent dehors.

–Vous avez déjà fini ? Demanda Nora. C'était rapide.

–Mais t'as fait le plus dur, psychologiquement parlant. Allez grouille.»

Drann donna un coup de pied dans le ventre du capitaine en murmurant un "connard" à son intention puis sortit du bureau avec Nora. Elles traversèrent un dédale de couloir sans gardes et arrivèrent à un trou dans la paroi. Les deux jeunes filles sautèrent dans l'herbe et coururent jusqu'à la forêt entourant Dévianta. Les autres les attendaient là-bas.

Les obligations divines prendraient bientôt le pas sur la joie de s'être évadés.

Les élus étaient libres.

Mais pour combien de temps ?