Chapitre 3 : Le Bakeneko
"Ils mentent, ils mentent ! Ils mentent tous !"
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"Un Bakeneko ? Tu en es sûr Seimei ?, interrogea Hiromasa.
- Parfaitement, affirma celui-ci.
- Que devons-nous faire alors ?, demanda Yaobikuni.
- Y a-t-il un moyen de le calmer ?", ajouta Kagura.
Seimei secoua la tête. Il n'en avait pas la moindre idée. Au moins, ils savaient la forme du shikigami, mais pourquoi celui-ci était aussi rébarbatif à se montrer ? Puis, il semblait réellement en colère. Pouvaient-ils seulement le calmer ?
"Un Bakeneko !! Mais alors...", s'exclama Kansaki.
Le père écarquilla les yeux sous le coup de la surprise. Puis, un bref éclair de haine passa dans ses yeux, mais il se reprit rapidement et regarda de nouveau les voyageurs.
"Pouvez-vous m'aider ou pas ?, redemanda l'homme.
- Hé bien, avoua Hiromasa, on vous avoue qu'on est un peu perdu là.
- Votre fille est donc morte noyée ?, interrogea de nouveau Seimei.
- Oui, affirma le père, j'ai retrouvé son corps dans l'étang. Il y avait Roba*, la vieille servante avec moi. N'est-ce pas Roba ?
- C'est exact mon seigneur, nous avons retrouvé son corps dans l'étang", déclara la vieille femme avec une once de chagrin dans sa voix.
La servante se trouvant à côté de la vieille femme tremblait de la tête aux pieds. Elle semblait craindre quelque chose. Sa voix murmura quelques mots malgré elle :
"Elle est venue se venger... Oui c'est ça... on va tous y passer..."
Elle avait les yeux exorbités et de la sueur coulait sur son visage.
Toutes les personnes présentes dans la pièce tournèrent la tête vers elle.
"Koibito** ! Tais-toi !", cria le seigneur.
Il la regardait d'un air sombre. La servante parut se reprendre et se referma sur elle-même.
"Ça devient intéressant, chuchota Seimei d'un air suspicieux.
- Ok... Bon je crois que je vais juste sortir de là deux secondes, déclara Hiromasa.
- À ta place, Hiromasa, je resterais là", dit Seimei.
Tout le monde regarda le jeune homme d'un drôle d'oeil. Finalement, l'homme au kimono rouge ne bougea pas, écoutant les conseils de son ami.
"Koibito, va chercher du saké pour nos invités je te prie, ordonna le seigneur.
- Bien monsieur", dit la servante en se levant et en se dirigeant vers la porte.
Seimei suivit la jeune femme du regard. Elle ouvrit la porte puis s'arrêta sur le pas.
"Je... quoi ??? Qu'est-ce que c'est que ça ???", hurla la jeune servante paniquée.
Devant elle ne se trouvait qu'un noir vide et immense. Tout le monde afficha un air surpris excepté Seimei qui gardait un air d'indifférence sur son visage.
"Il se passe quoi ?, demanda Hiromasa.
- Seimei ? Vous savez ce qui se passe ?, interrogea Kagura.
- Il se passe que nous sommes coincés dans la dimension de notre ami shikigami", déclara Seimei en s'éventant avec l'éventail.
Kagura, Yaobikuni et Hiromasa se levèrent à cette nouvelle. Koibito recula en hurlant et partit se cacher derrière la vieille servante qui ne bougea pas d'un poil. Le seigneur resserra ses poings sur ses genoux.
"Qu'attendez-vous pour l'exorciser étrangers ?, demanda le père, la mâchoire serrée.
- Il se passe que nous ne savons pas vraiment quoi faire car nous n'avons jamais eu ce genre de problème avec un shikigami auparavant," annonça Yaobikuni.
On entendit soudainement, venant du noir, des miaulements. Et ils virent deux immenses yeux jaunes les fixer.
Hiromasa se précipita et ferma la porte d'un coup. Kagura lança des talismans sur la cloison, espérant le retenir.
"Que faisons-nous Seimei ?", demanda celle-ci.
Celui-ci semblait en pleine réflexion.
"Faisons ce que nous avons l'habitude de faire. Calmons-le", déclara-t-il.
Pourtant malgré leurs efforts pour calmer le shikigami, ils ne firent qu'accroître sa colère.
"C'est pas possible !! On y arrivera jamais !, s'écria Hiromasa.
- Je confirme !, affirma Yaobikuni.
- Dans ce cas, retrait !", annonça Seimei.
Les quatre refermèrent la porte qu'ils avaient réouverte pour combattre le shikigami.
Dans la pièce, le père semblait en proie à ses propres peurs, la servante Koibito, quant à elle, se tenait la tête entre les mains et tremblait de tous ses membres.
"Il y a quelque chose qui ne marche pas, affirma Seimei.
- Qu'est-ce que ce serait Seimei ?, demanda Kagura.
- Je ne sais pas", avoua finalement celui-ci après une longue réflexion.
Un miaulement puissant se fit entendre derrière la porte.
"On l'entend mais on ne le voit pas", déclara Yaobikuni en lançant un talisman sur la porte.
Hiromasa se précipita sur le père et le secoua.
"Hey le seigneur là !! Y'aurais pas un truc que tu nous as caché ??", hurla le jeune homme.
Néanmoins, le père ne pipa mot et resta obstinément silencieux.
"Hiromasa, calme-toi, nous n'aurons rien par la violence, déclara Seimei.
- Mais... grrr !!", grogna celui-ci.
Une voix de petite fille s'éleva dans les airs. À son apparition, les trois autres personnes ouvrirent de grands yeux.
"Vous mentez, vous mentez, vous mentez, vous mentez, vous mentez tous !!!
- Hiii", cria Koibito.
Les quatre aventuriers cherchèrent la source d'apparition de la voix. Kansaki se tourna vers sa femme alitée et posa sa main sur la sienne d'un air inquiet.
"Ne t'inquiète pas Rimei... je ne les laisserai pas t'enlever. Tu resteras avec moi", affirma-t-il.
Il regarda son épouse au teint pâle avec inquiétude. Ses lèvres, si inertes d'habitude, se mirent soudainement à bouger :
"Tu m'as trahie et il est temps que tu en payes le prix..."
Le seigneur hurla d'effroi et recula en arrière sur ses fesses. Les quatre se tournèrent d'un coup vers lui.
"Qu'est-ce qui se passe ??, dit Hiromasa.
- Elle est là... Elle est venue pour moi !!, déclara le père complètement fou.
- On va tous y passer !!, hurla Koibito.
- Mais qui ?", interrogea Kagura.
Seimei fronça les sourcils. Dehors, les miaulements incessants continuaient avec frénésie. Le crissement de griffes sur le parquet se répercutait sur chaque mur de la pièce. Des pleurs se firent entendre parmi le vacarme environnant.
"Ça en devient vraiment pénible, lâcha Hiromasa.
- Le problème vient du fait que nous ne voyons pas le Bakeneko, répondit Yaobikuni.
- Si seulement... Seimei avez-vous une idée ?, demanda Kagura.
- Pas le moins du monde, annonça celui-ci.
- Regardez !! Il est venu !! Il va nous tuer !!", cria la jeune servante.
Kansaki se tourna face à la porte et recula contre le mur en tremblant, pas loin du lit de sa femme.
La porte tremblait. De violents coups se répercutaient dessus et elle semblait prête à céder à n'importe quel moment. Les quatre se préparèrent au combat. Des grognements étouffés leur parvinrent de derrière la porte.
Et soudain, un bruit de clochette. Puis, plus rien.
La porte ne bougeait plus. Hiromasa regarda Seimei d'un oeil suspicieux. Un silence morbide résonnait dans la pièce. Le père apeuré tourna la tête vers les deux servantes. L'une la tête entre les mains et l'autre, toujours assise sur les genoux.
Un autre bruit de clochette se fit entendre. Des bruits de pas leur parvinrent. Aucun des membres du groupe ne quittait la porte des yeux. Le bruit de clochette s'arrêta juste derrière la porte. Celle-ci coulissa doucement et laissa apparaître quelqu'un de... surprenant ? Il portait un kimono de plusieurs couleurs dont du bleu, du violet et du jaune. Derrière se situait un oeil peint en rouge. Ses cheveux couleur sable étaient retenus par un bandana violet. Un maquillage rouge traçait le contour de ses yeux bleus. Si on devait lui donner un adjectif, ce serait "excentrique".
"Hé bien, hé bien, quel charmant accueil dites-moi !, s'exclama le nouveau venu.
- Comment êtes-vous entré ?, demanda Hiromasa.
- Par la porte il me semble, non ?, répondit celui-ci.
- Hmm... logique, annonça Seimei.
- Et qu'êtes-vous venu faire ici ?, interrogea Kagura.
- On a demandé à me faire venir ici pour une malade, répondit le mystérieux venu.
- Ma femme !, s'exclama subitement Kansaki, Mais qui êtes-vous ?
- Moi ? Je ne suis qu'un simple apothicaire, répondit-il.
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* Roba (老婆) signifie "vieille" en japonais.
** Koibito (恋人) signifie "amant" en japonais.
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