"Mange petit chat, mange... tu dois être affamé..", s'exclama la fillette aux cheveux blonds. Ses yeux étaient aussi bleus que ceux du chaton. Le pelage du félin était blanc neigeux.
Elle le regardait tranquillement en train de manger dans un petit bol.

"Mange, tu vas avoir besoin de tes forces mon chaton. La vie est cruelle envers certains... Je suis désolée, mes parents ne veulent pas de chat à la maison. Mais ne t'inquiète pas, je continuerai à prendre soin de toi. Mon petit Nya...", déclara la petite fille aux yeux couleur ciel.

______________________________________

"La chasse est ouverte"...

Cette phrase résonnait dans la tête des trois autres protagonistes.

"Hé bien suivons sa trace.", déclara simplement Seimei.

Les trois compagnons hochèrent la tête de concert. Yaobikuni lança une sorte de talisman blanc qui au contact du sol se transforma en un oiseau. Celui-ci battit de ses ailes de papier pour voleter vers une certaine direction.

"Suivons-le, il nous mènera directement à la source du mal", annonça Yaobikuni.

Sur ces mots, la bande suivit le volatile en courant. Ils traversèrent différentes salles toutes aussi grandes, aussi vides et inutiles que les autres puis au détour d'un couloir, ils finirent par arriver dans la cuisine. Hiromasa s'avança le premier et constata, qu'à part quelques servantes qui faisaient leurs affaires ici et là, il n'y avait personne.

"Y a vraiment personne dans ce château, lâcha le jeune homme à la queue de cheval.

- Ça en deviendrait presque suspect, répliqua Seimei d'un ton légèrement sarcastique.

- Il est là-bas !", s'écria soudainement Yaobikuni en désignant l'oiseau qui s'était posé sur la poignée d'une porte, juste en face de la cuisine.

Les quatre amis tournèrent la tête vers le volatile et se dirigèrent vers lui. Arrivés devant la porte, Hiromasa voulut rentrer mais ils furent interrompus par un serviteur.

"Excusez-moi... puis-je vous aider ?, demanda celui-ci d'une petite voix.

- Oui, qu'y a-t-il derrière cette porte ?, interrogea Seimei.

- Hum... Et bien... Euh..."

Celui-ci semblait gêné face à la question de l'humain. Il se triturait les doigts et n'osait pas les regarder.

"On attend, dit simplement Kagura.

- Euh et bien cette porte mène à la chambre de la petite fille décédée de notre seigneur Kansaki... alors on préfère que des étrangers évitent de rentrer dans cette pièce..., finit par avouer le serviteur.

- Nous sommes ici pour un shikigami, quelle que soit la chambre", déclara Hiromasa.

Le serviteur baissa la tête, honteux.

"Ne sois pas trop dur avec lui Hiromasa, le réprimanda gentiment Yaobikuni.

- Je... Je... je vais vous laisser dans ce cas, dit le serviteur avant de s'incliner et de partir au pas de course sous le regard inquisiteur des quatre humains.

- Étrange personnage, finit par dire Kagura.

- Effectivement, il y a quelque chose qui cloche dans ce château..., marmonna Seimei.

- Cloche ou pas, moi je rentre", déclara Hiromasa.

Celui-ci donna un coup de pied dans la porte et rentra. La chambre était très simple, un lit, une table et rien d'autre.

"C'est un seigneur pauvre non ?, finit par demander le jeune homme au kimono rouge.

- Probablement que oui", répondit Seimei.

Le groupe chercha pendant plusieurs heures mais ce fut vain. A la fin, il n'y avait rien. Et pourtant les émanations de l'énergie venaient de là ! Cependant, l'oiseau-talisman de Yaobikuni ne se trompait jamais. Il trouvait toujours les shikigamis et cette fois-ci non.

"Il doit être rouillé ton oiseau là non ?, râla Hiromasa.

- Ou alors quelque chose ne va pas... retournons voir le seigneur, déclara Seimei d'un ton sûr.

Ils finirent par sortir de la pièce et suivirent Seimei pour le chemin du retour. Pourtant, alors qu'ils étaient en train de marcher, le couloir leur sembla plus sombre qu'auparavant...

"Vous ne trouvez pas ça bizarre qu'il n'y ait plus aucun bruit d'un coup ?, chuchota Hiromasa.

- En effet c'est étrange", avoua Seimei.

C'est alors que des miaulements se firent entendre. Puis le crissement de griffes sur le parquet. Puis un hurlement.

"D'où ça vient ??, hurla Hiromasa.

- Je ne sais pas, on dirait que ça vient de partout à la fois ! Seimei ?, répondit Kagura.

- Ça vient en effet de partout, impossible de déterminer d'où vient la source du bruit. On dirait que ça vient de l'intérieur du château lui-même !", annonça Seimei.

Les trois autres le regardèrent d'un air surpris.

"Qu'est-ce qu'on fait alors ??", cria finalement Hiromasa.

Yaobikuni lui fit soudainement signe de se taire. En effet, le vacarme s'était tu aussi brusquement qu'il était apparu. Une voix se fit entendre dans les couloirs. Elle semblait provenir de l'intérieur des murs eux-mêmes.

"Il ment... Ils mentent tous !! J'ai peur ! Aidez-moi ! Au secours !"

La voix de la petite fille s'éteignit subitement et tout revint à la normale.

"Que ??, lâcha Hiromasa.

- Raison de plus pour aller voir le seigneur maintenant", murmura Seimei.

Les trois autres se dépêchèrent aussi vite qu'ils purent pour se rendre dans la chambre du père. Arrivés devant celle-ci, ils y entrèrent d'un coup. A l'intérieur, le seigneur Kansaki se trouvait toujours au même endroit. Il tourna la tête vers la source du bruit.

A l'intérieur, se situaient également la vieille femme qui les avait conduits en ce lieu et une autre servante, plus jeune. Elle portait un kimono violet et ses cheveux châtains étaient rattachés en un chignon lâche.

"Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?, demanda Kansaki d'un air inquiet.

- Votre château est vraiment hanté !, affirma Hiromasa.

- On a besoin que vous nous racontiez ce qui est arrivé à votre fille, seigneur Kansaki, répondit Seimei.

- Je vois... vous en avez besoin pour vaincre le shikigami ?", interrogea le père.

Les quatre hochèrent la tête.

"On pense que cela pourrait nous aider à mieux le comprendre, dit Kagura.

- On en a vraiment besoin, ajouta Yaobikuni.

- Très bien, asseyez-vous...", dit Kansaki.

Les compagnons s'assirent sur des coussins. Au fond, les deux servantes s'agenouillèrent en attendant les ordres de leur maître.
Le père commença à raconter la tragédie :

"Ma fille Han avait neuf ans quand c'est arrivé. J'étais sorti pour des affaires voyez-vous et je l'avais laissée à ma femme. Quelle ne fut pas ma surprise quand j'appris en rentrant qu'elle n'était pas à la maison ! Ma femme m'a dit : "Elle est allée te chercher". Inquiet comme j'étais, je suis parti aussi vite que j'ai pu. Voyant qu'elle n'était pas au village, je me suis dirigé vers la forêt. C'est là que j'ai entendu un cri ! J'ai tout de suite accouru vers la source du bruit. Et là, à la surface de l'étang... ma fille... flottait... son corps sans vie...et en face... un sale chat... Il miaulait... Et il avait du sang sur les pattes... mais sur le coup, je ne m'en suis pas préoccupé, j'ai foncé vers ma pauvre fille.. Je l'ai sortie de l'eau... mais c'était déjà trop tard... j'ai eu beau hurler son prénom... cette nuit-là... Elle m'avait quitté... Han... ma pauvre petite Han....".

Le père se mit à sangloter de plus en plus fort. Un véritable torrent de larmes dégoulinait de son visage.

"Je.. désolé.. mes condoléances...", déclara Hiromasa d'un air compatissant.

Kagura et Yaobikuni hochèrent la tête. Seimei, quant à lui, semblait plongé dans ses pensées. Il se releva soudainement, le visage illuminé.

"Ça explique tout !, s'écria Seimei.

- Comment ça ?, demanda Hiromasa.

- Un chat !, déclara-t-il.

- Un chat ?, répéta Kagura.

- Ou plutôt un Bake Neko, affirma Seimei, notre shikigami est un Bake Neko !"

Au loin, des miaulements se firent entendre.