Chapitre 1 : Bienvenue à Kūni
"Seimei, vous croyez qu'on y arrive bientôt ? Pas que c'est loin mais un peu quand même, déclara un jeune homme aux cheveux longs noirs en queue de cheval, portant des vêtements d'un rouge éclatant.
- Voyons Hiromasa, nous venons juste de partir il y a quelques heures, lui répondit un jeune homme aux longs cheveux blancs. Celui-ci portait un kimono bleu et sa tête était ornée d'un chapeau.
- Nous avons détecté une énergie maléfique en direction des terres de la province de Kūni. Un shikigami doit certainement y vivre. N'est-ce pas Seimei ?, demanda une fille au kimono rose-rouge. Celle-ci avait les cheveux courts noirs et portait un poisson dans sa chevelure. A chacun de ses pas, on pouvait entendre un grelot tinter.
- C'est possible, répondit le dit Seimei d'un ton nonchalant.
- C'est pas croyable ! Tu parles, ça fait des jours qu'on marche ! En plus, on ne fait rien ! Dis quelque chose Yaobikuni !, râla Hiromasa.
- Seimei a raison. Si nous voulons arriver à temps pour calmer le shikigami, nous devons continuer à marcher en nous arrêtant peu, dit une jeune femme aux longs cheveux noirs et au kimono blanc.
- Bon ça va, je ne dis plus rien. Mais si on meurt tous d'épuisement, ça ne sera pas de ma faute !
- Mais oui, mais oui, on te croit Hiromasa", lui répondit Seimei d'un ton légèrement moqueur.
Hiromasa se mit à bouder sous les sourires moqueurs de ses compagnons. En effet, comme l'avait si bien dit Kagura, les quatre amis se dirigeaient vers une source maléfique repérée quelques jours plus tôt. Étant des Onmyojis, ils n'avaient pas hésité une seconde à s'y rendre.
Cependant, malgré les protestations de leur camarade, aucun ne mourut d'épuisement pendant le voyage.
"Nous y sommes", dit simplement Seimei alors qu'une immense terre s'étalait à leurs pieds.
Pourtant, aucun des membres de la compagnie ne put dire un mot. La lande n'avait plus rien de normal, plus de rivières, ni de forêts, ni arbres, ni plantes. Comme si la terre se mourait petit à petit et se desséchait de l'intérieur.
"Hé bien, c'est charmant !, s'exclama le jeune homme au kimono rouge.
- La source doit sûrement provenir du château, déclara Kagura en ignorant ouvertement les dires de son compagnon.
- Dans ce cas, allons-y", répondit Seimei.
La troupe se mit en marche vers la forteresse et y arriva en début de soirée. Celle-ci s'annonçait légèrement fraîche et on pouvait sentir un léger vent vous caresser.
"Hé y a quelqu'un ??, hurla Hiromasa.
- Avec plus de civilités, je t'en prie mon ami, dit simplement l'humain au kimono bleu, d'un air calme.
- Peut être n'y a-t-il personne ?, suggéra Yaobikuni.
- Il y a de la lumière", répondit Kagura.
À ces mots, la porte s'ouvrit pour laisser place à une femme âgée.
"C'est pour quoi ?, demanda celle-ci.
- Bonsoir, nous sommes des voyageurs et nous voudrions passer la nuit ici si cela ne vous dérange pas, demanda Seimei.
- Entrez, répondit simplement la vieille.
- Merci bien", remercia la jeune femme au kimono blanc.
Les quatre voyageurs entrèrent et suivirent la doyenne dans un long vestibule puis dans un dédale de couloirs à l'intérieur de cet endroit sombre et peu chaleureux. C'est là que Seimei en profita pour poser quelques questions :
" Et dites-moi, madame, n'y a-t-il rien d'étrange ces derniers temps ?
- Hé bien, commença celle-ci, je dois vous avouer que de drôles de choses se passent ici ces derniers jours. Enfin, ça se passe comme ça depuis des années mais ça a pris de l'ampleur depuis peu.
- Comment ça ?... Aie !", déclara Hiromasa.
Celui-ci s'était pris un coup de coude discret dans les côtes par Yaobikuni. Quant à Kagura, celle-ci lui fit signe de se taire.
"Voyez-vous, notre seigneur Kansaki a perdu sa fille adorée il y a déjà dix années de cela. Cela l'a profondément ravagé et depuis, il ne sourit plus. Quant à sa femme, madame Rimei, elle est gravement tombée malade depuis plusieurs semaines déjà. Nous attendons un médecin ou un apothicaire qui devrait arriver d'ici peu. En attendant, qu'est-ce qui vous amène ici étrangers ?, demanda la vieille servante.
- Hé bien, nous avons senti l'énergie maléfique d'un shikigami et nous avons donc atterri ici, répondit Seimei.
- Un shikigami ? Je ne vois pas de quoi vous parlez étrangers. Par contre, un démon nous avons ici...
- Un démon ?, sollicita Hiromasa, vous en êtes sûre vieille femme ?
- Parfaitement, c'est plus un démon. Toutes les nuits, on entend comme des miaulements, des crissements de griffes sur le parquet, des cris. Alors si ce n'est pas un démon, je ne vois pas ce que c'est que d'autre !, rétorqua la servante.
- Nous serions-nous trompés ?, murmura Seimei.
- Non Seimei, c'est bien ici, affirma Kagura.
- Je vais vous laisser ici", fit la vieille femme en faisant une révérence et en les plantant devant une porte.
Hiromasa, peu patient, finit par ouvrir sous le regard désespéré de Yaobikuni. Dans la pièce, se trouvaient une simple table basse en bois au milieu, une armoire sur le côté et une cheminée dans laquelle crépitait un feu. Au fond, ils aperçurent une silhouette agenouillée et tournée vers le lit. Seimei s'approcha doucement et vit une femme allongée dans un lit avec sur son front une serviette, certainement humide.
"Pardonnez-moi étrangers pour mon accueil si peu chaleureux. Mais je dois veiller sur ma pauvre femme alitée au lit depuis plusieurs semaines. Je me présente, je suis le seigneur Kansaki et je vous souhaite la bienvenue dans mon humble demeure", annonça une voix grave.
L'ombre se leva pour se placer en face d'eux. C'était un homme d'âge moyen, les rides avaient commencé leur oeuvre néfaste et ses cheveux, d'ordinaire noirs rassemblés en un chignon, avaient commencé à leurs pointes à devenir blancs. Il portait un simple kimono noir avec une ceinture blanche. Les quatre compagnons finirent par se présenter un par un et par annoncer le but de leur voyage.
"Ainsi, vous exorcisez les démons ou shikigamis comme vous les appelez ? Il se pourrait bien que vous soyez tombés au bon endroit alors, déclara le seigneur.
- Vous reconnaissez être hanté par un shikigami depuis plusieurs années ?, demanda Seimei.
- Oui... ma servante a dû vous raconter la terrible tragédie qui a frappé ma famille il y a plusieurs années de cela. Et maintenant, c'est ma femme Rimei qui tombe malade. Il semblerait bien que les dieux ne veulent pas que je goûte au bonheur..., annonça tristement Kansaki.
- Nous allons voir ce que nous pourrons faire pour vous, déclara Yaobikuni d'un air doux et compatissant.
- Merci", répondit simplement le seigneur en se détournant d'eux et en retournant s'asseoir auprès de sa femme.
Les aventuriers finirent par sortir de la pièce. Hiromasa, après avoir fermé la porte, demanda :
"Vous en pensez quoi, vous ?
- Je pense qu'il dit vrai, annonça Yaobikuni.
- Que faisons-nous Seimei ?, interpela Kagura.
- Je pense que la chasse est ouverte", déclara Seimei en ouvrant son éventail d'un grand geste élégant.
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