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6e Vertu : Discernement

          Aujourd'hui sera l'événement du pique-nique dehors, non loin de la piscine et du jardin, sous un arbre. Pourtant, lorsque tu viens prendre ton petit-déjeuner, tu ne croises personne sinon Hadiya qui prépare ses délicieux pancakes. Tu ne sais toujours pas pourquoi elle cuisine inlassablement cette recette les matins où elle fait à manger, mais ils sont là, tout chaud, avec cet arôme de vanille.

          Contre toute attente, d'ailleurs, elle mange les siens à tes côtés, comme une chose naturelle et habituelle ; de quoi te plonger dans une profonde perplexité, à nouveau. Aurais-tu dit ou fait quoi que ce soit qui l'inciterait à se rapprocher ? Et où sont passés tous les autres ?

          Ton esprit te répond immédiatement : Karim, jardin. Bartson, son lit. Diana, grenier. Boré, grenier aussi ? Kanti sans doute dehors... Quoique sur ce dernier point, tu es loin d'en être certain·e.

– Bonjour ! C'est le grand jour ! s'exclame le gérant en arrivant dans la salle à manger.

          Son regard se pose sur la table, où il ne voit que deux personnes. Vos yeux se croisent et tu as l'impression de comprendre ses pensées une brève seconde. Celle d'après, cet effet disparaît bien vite lorsqu'il reprend la parole :

– Où ils sont, tous ? Je croyais qu'ils voulaient de ce pique-nique...

          L'expression attristée de ce vieil homme le transforme un instant en véritable icône du désespoir. Incapable de supporter cette vision, tu te lèves et l'aides à s'assoir sur une chaise, tandis que tu décides de le rassurer comme tu peux.

– Je vais aller les chercher... ou les réveiller. Ne vous en faites pas !

          Tu tentes un sourire d'encouragement, lorsque les paroles de Diana de la veille te reviennent en mémoire. Tes lèvres se détendent et ton expression devient plus sérieuse et déterminée.

– Je ne promets rien, mais je ferai mon possible !

          Tes yeux se retournent sur la jeune fille à la peau sombre de nouveau plantée devant sa fenêtre à regarder l'extérieur. Il va aussi falloir réussir à la motiver... Mieux valait commencer par le plus simple...

          Après avoir rassuré encore une fois le gérant, tu sors de la maison vers le jardin où tu vois Karim, une hotte à la main, en train de récolter des petites boules d'un beau rouge vif. Ta première crainte s'enfuit à tire-d'aile lorsque tu comprends ce qu'il fait !

– Tu ramasses des fraises pour le pique-nique ?

          Ton arrivée silencieuse et ta question imprévue font sursauter le jeune homme qui pousse un cri strident sous la surprise. Lorsqu'il se retourne, le regard noir, il serre son panier rempli de fruits contre son torse, comme si sa vie en dépendait, une grimace encore effrayée sur son visage.

– Ne me refais plus jamais peur comme ça !

          Son expression, sa réaction, le beau temps, ton soulagement... Tout te force à rire. Il se détend un peu et ronchonne contre les personnes qui surprennent les autres pour leur propre plaisir, mais tu l'ignores. Il semble surtout faussement fâché...

– Je te laisse finir, je dois trouver tout le monde !
– Attends, t'arrêtes alors Karim. Diana est partie récupérer de quoi réparer le banc de la table, dans la remise. Ce sera une de moins à chercher !
– Merci ! réponds-tu en agitant ta main.

          D'un pas décidé, tu reviens dans la maison et découvres qu'Hadiya a disparu de sa place habituelle. Tu pestes tout en fonçant vers la cuisine où ton cœur bondit de joie, encore. Kanti prépare une pâtisserie, assistée par la seconde, toutes deux concentrées sur la pâte... La magnifique brune relève le nez vers toi à ton approche et esquisse un sourire ravi.

– J'ai réveillé Bartson pour qu'il aille aider au jardin, on a besoin des fraises pour le gâteau ! Tu ramènes Diana et Boré ?

          Ah. Une fois encore, ton esprit te répond avant que tu n'aies le temps d'y réfléchir : Diana et Bartson s'occupent bien du pique-nique. Il ne te reste que l'insaisissable Boré à dénicher... Et comme tu n'as aucune information à son sujet, le problème demeure complet.

– Diana répare la table, articules-tu lentement. Je vais aller voir au grenier si je trouve Boré...

          Kanti hoche la tête et retourne à son mets et tu esquisses un pas en sens inverse, lorsqu'une main timide arrête ta course. Une seconde, tu as l'impression que ton esprit recommence à galoper à toute allure bien devant toi ; une seule autre personne dans la cuisine peut être capable de cela... Tu tournes lentement tes yeux vers elle, tu croises les siens, d'un marron velouté, qui te regardent, toi ; personne d'autre.

          Le temps se fige, s'arrête, se suspend, une seconde, un battement de cil, dans une expiration ténue. Un fil d'une minceur et d'une pâleur fantomatique semble se créer entre vous et tu n'oses plus bouger, plus respirer, plus réfléchir, de crainte d'effrayer celle face à toi.

          Hadiya ouvre sa bouche, la referme aussitôt. Elle hésite à parler. Dois-tu l'aider ?
          Elle tend son doigt vers le jardin.
          Tes yeux suivent la direction qu'elle désigne et tu découvres qu'elle pointe la forêt derrière.

          Lorsque tu ramènes ton attention vers elle, la jeune fille est de nouveau aux côtés de Kanti, le nez dans sa poêle. Elle rougit, non ?

– Merci, Hadiya !

          Cette fois, Diana aurait bien du mal pour affirmer que ton sourire n'est pas sincère ! Il rayonne dans la pièce, car tu frôles le bonheur de tes doigts. Réussir à faire réagir Hadiya, presque à la faire parler ! Comment as-tu réalisé cet exploit ? Tu n'en sais rien, mais la joie te submerge et tu ne cherches pas à comprendre : tu fonces vers la forêt.

          Ton premier réflexe est de retourner vers la cabane où tu as dormi avec Bartson, mais Boré n'y est pas. De retour à la clairière aux quatre pierres, tu t'interroges sur la route à suivre. Où pourrait bien se cacher Boré ? Si tu étais lui, où irais-tu ? Il apprécie le grenier, la solitude, les endroits sombres... D'une marche frénétique, tu parcours chaque chemin qui part du cercle de menhirs, dans l'espoir de trouver au bout de l'un d'eux, celui que tu cherches.

          Les deux premiers ne t'offrent aucune réponse, mais le troisième te conduit jusqu'à un chêne gigantesque, au centre d'un espace ouvert sur le ciel. Sous son feuillage immense qui semble n'avoir pas de fin, Boré se repose contre son tronc. Adossé à l'écorce, une jambe tendue, l'autre ramenée contre lui, l'un de ses bras replié négligemment dessus, il contemple les nuages, l'esquisse d'un sourire sur son visage.

          Il paraît si confiant, courageux, fort et serein, que tu t'immobilises pour le regarder un moment. Mais cela ne dure qu'une seconde, car il tourne alors ses yeux noirs dans ta direction. Comme avec Hadiya juste avant, tu as l'impression de sentir le temps ralentir. Même le son du feuillage semble déformé. Cette fois, cette sensation s'estompe encore plus vite.

– Tu m'as trouvé... ou tu as été aidé·e ?

          Avec étonnement, sa voix agréable te transporte presque ailleurs et tu en oublies ta mission originelle.

– Hadiya m'a expliqué où tu étais, baragouines-tu avec difficulté.
– Hadiya t'a expliqué ? répète Boré avec insistance.
– Montré. Pardon, répliques-tu pour te corriger.

          Serais-tu en train de rougir ? Tu ne sais trop. Le jeune homme te fixe un moment sans rien dire avant de se relever avec souplesse et lâcher un soupir. Il se rapproche ensuite de toi d'une démarche féline, gracieuse, et tu te rends compte qu'il est bien plus grand que toi. Pourtant, quelques jours plus tôt, il paraissait plus petit...

– Pourquoi es-tu là ? reprend-il d'un ton plus revêche.
– Ah ! Oui. Il faut préparer le pique-nique et...
– Non, t'interrompt-il. Pourquoi es-tu venu·e me chercher ?

          Sa question te fige une seconde. Tu as l'impression qu'il essaye de te faire passer pour un·e idiot·e, à moins qu'il tente de te piéger. C'est donc avec un peu d'hésitation et une certaine forme d'agacement que tu réponds :

– Tout le monde met du sien pour l'organiser, tu n'as pas envie de nous rejoindre ?
– Pas spécialement, réplique-t-il du tac au tac.

          Ton étonnement n'a d'égal que ta profonde perplexité face à sa réaction aussi franche que naturelle. En même temps, il ne s'agit pas de la première fois où tu n'arrives pas à le cerner.

– Donc tu refuses de venir ?
– Je n'ai pas dit ça...

          Rebelote. Te revoilà perdu·e dans les méandres de tes pensées. C'est quoi ces réponses bizarres ? Tu hésites à t'énerver et le planter là avec son sale caractère, quand tu te souviens des cinq derniers jours qui se sont écoulés : offrir, respecter, comprendre, persévérer, bien regarder et réfléchir...

          Tu lui as proposé de rejoindre les autres, mais il a refusé. Tu soupires donc et décides de passer aux étapes suivantes.

– D'accord. Tu préfères demeurer seul... J'avoue ne pas comprendre ton choix, mais je peux le respecter. Pourrais-tu au moins me l'expliquer, s'il te plaît ?

          Contre toute attente, il esquisse un sourire amusé.

– Tu as changé... Bravo.
– Euh... Merci, balbuties-tu d'un air gêné.
– Mais je n'ai jamais dit vouloir rester seul, reprend-il d'un ton ironique.
– Alors je... commences-tu, prêt à t'énerver juste un peu.
– Tu n'as pas répondu à ma question, te coupe-t-il à nouveau. Pourquoi es-tu venu·e me chercher ?

          Vous vous fixez en silence alors que tu réfléchis. Tu as répliqué à sa première interrogation par une autre. Et une seconde, tu te demandes pour quelles raisons tu es ici, avant de froncer les sourcils et lui planter ton regard déterminé dans le sien.

– Je l'ai dit l'autre jour, je veux apprendre à vous connaître. Tous. Tu ne fais pas exception. Nous faisons un pique-nique. Tout le monde l'a approuvé, aide et semble même heureux de participer. Manger dehors, casser les habitudes, le préparer ensemble, c'est tout cela qui le rend spécial. Crois-tu que les autres seraient contents que tu ne sois pas là ? Ils sont tes amis, non ?
– Je n'ai pas d'amis, réplique Boré, imperturbable.
– Et bien maintenant, si ! Je suis là ! Sois mon ami. Et viens nous aider et t'amuser avec nous...

          La main tendue vers lui, l'air bien déterminé à l'avoir à tes côtés aujourd'hui, malgré lui, son caractère et son passé. Prêt à le ramener près des autres, contre vents et marées, tu décides que tu le suivras où qu'il aille, afin d'obtenir des explications de sa part.

– Et si je te disais que je sors de prison ? essaye-t-il.
– Je m'en fiche.
– Tous ceux autour de moi meurent ! insiste-t-il.
– Le Père Noël et les autres se portent bien, moi aussi, argument non recevable !
– Pourquoi as-tu autant foi en moi ?

          La réponse à cette question t'apparaît alors clairement à tes yeux : Hadiya t'a montré la voie, dans les deux sens du terme.

– Ce sont les personnes blessées qui s'isolent et repoussent les autres. Et si je peux t'aider à cicatriser, je le ferai. Je ne te demande pas de tout me révéler aujourd'hui, ni même de m'accepter. Mais si nous commencions par faire ce pique-nique, ensemble ?

          Tu te surprends à sourire avec dérision et lances la maxime inscrite sur ta porte, le premier jour... Quelle ironie du destin !

– L'important, c'est de faire le premier pas. Surmonter une peur te donnera le courage d'affronter la suivante !

          Les doigts toujours tendus et tes yeux déterminés, fixés dans les siens, semblent faire leur effet, car il finit par sourire et soupirer, comme s'il capitulait. Avec surprise, tu observes son bras s'avancer vers toi. Alors, comme avec Hadiya plus tôt, lorsque vos mains se joignent enfin, une légère brise souffle entre vous et le temps paraît flotter et se suspendre dans l'air. Le feuillage du grand arbre s'agite et laisse percer quelques rayons jusqu'à vous. Les cheveux noirs de Boré, deviennent translucides un bref instant, tandis qu'il te regarde avec une douceur que tu ne lui as jamais vu. Tu as l'impression d'être soudain connecté·e à lui...

– Tu te trompes sur un point, à mon sujet, murmure-t-il.

          Tu penches un peu la tête, comme pour l'inviter à continuer, mais il reste muet et commence par marcher dans la direction de la maison, sans te lâcher la main. Encore une fois, tu souris malgré toi. Une autre réussite, hein ?

          Si l'arrivée de Boré surprend les pensionnaires, personne ne le montre. Il donne même un coup de main pour installer la nappe et les affaires sur la table de pique-nique en bois, un peu défoncée par le temps. D'un côté la piscine scintille, de l'autre le jardin bruisse et au centre, l'image de la vieille maison décrépie, presque rassurante malgré son état. Tu observes les lieux avec plaisir et un bien-être que tu ne pensais pas obtenir ici en seulement cinq jours.

– Hey ! Aide-moi, puisque tu m'as forcé à venir, grommèle Boré.

          Il te tend un saladier, rempli de légumes fraîchement coupés, que tu récupères d'une grimace amusée.

– Dis plutôt que tu m'as traîné·e jusqu'ici...

          Tu agites ta main sous son nez pour lui rappeler qu'il t'a littéralement tiré par le bras sur le chemin du retour, mais il hausse les épaules comme si la remarque était caduque.

– Bartson, je te l'interdis ! hurle soudain Kanti.

          Tu crains le pire une seconde, sous le glapissement de la jeune femme, lorsque tu comprends que le grand blond la remorque par le poignet en direction de la piscine. Ce tableau cocasse t'évoque si bien celui avec Boré plus tôt, que tu lui désignes ces deux-là du pouce.

– Tu vois, t'as fait ça, toi aussi ! La mémoire te revient ?

          Il ricane non sans s'assoir à table et chipe une olive dans un bol, le regard orienté vers Bartson qui a réussi son coup. Kanti, horrifiée, l'invective depuis l'eau et lui montre son poing vengeur. Tu observes à ton tour la scène et remarques que malgré la rage de la jeune femme, elle ne semble pas vraiment fâchée. D'ailleurs, Karim et Hadiya qui arrivent avec le gérant passent à côté d'un œil d'habitués. Mais c'est Diana qui tranche tes doutes.

– Eh vous deux ! Quand vous aurez terminé de compter les points, venez manger, vous finirez après !

          Peu à peu, tous les pensionnaires se rassemblent autour de la table à moitié recouverte par le soleil. Les cheveux trempés de Kanti et la blondeur de Bartson luisent sous ses rayons, tandis que Diana et Boré, bien installés côté ombre, profitent de la fraîcheur toute relative du feuillage. Entre eux, Hadiya, le gérant... et toi.

          Le vieil homme lève alors son verre en direction du ciel.

– Portons à toast à notre dernière recrue et amusons-nous, aujourd'hui !
– Yeah ! répondirent-ils en chœur.

          Gêné·e, tu oscilles entre sourire, rire et pleurer de joie, mais tu lèves ton verre, toi aussi.

          Le reste de la journée se déroule dans une ambiance festive et joyeuse que même Hadiya paraît apprécier. Ce n'est que tard, après un autre copieux et long repas, que tu remontes enfin vers ta chambre, alors qu'au-dehors, le hululement d'un hibou berce la nuit.

          Ta main fébrile ouvre la poignée de ta porte et tu allumes pour mieux lire la phrase écrite à la craie dessus, ce soir :

« Le bonheur n'est pas une chose toute faite ; il découle de tes propres actions. »

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