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3e Vertus : Tolérance

          Lorsque tu descends le lendemain, il est presque onze heures. Et, en cuisine, Kanti se trouve déjà là et t'accueille avec le sourire.

– Bonjour, la marmotte !
– Hm...

          L'envie de lui reprocher de ne pas être venu aider Karim t'effleure, mais tu l'oublies aussi vite qu'elle est apparue...

– Kanti, je peux te poser une question ?
– Ton assiette est au frais, mange !

          Elle se retourne vers sa vaisselle et te tourne le dos. Tu files vers le réfrigérateur et récupères ton petit-déjeuner avec une prière silencieuse pour Karim et elle, non sans remarquer le jardin par la fenêtre à côté. En parlant du loup, tu vois justement le garçon entre ses plates-bandes, occupé à arroser !

– Depuis quand Karim est dehors ?
– Aucune idée. Tôt, sans doute.

          Tu commences à te demander s'il ne mérite pas carrément une fête de remerciement pour tout ce qu'il fait. Le son de la faïence te ramène à Kanti et au bruit de cette nuit.

– Tu veux de l'aide pour laver ?
– T'as déjà mangé ?
– Non, mais...
– Alors non. Déjeune tranquillement.

          Voir la magnifique jeune brune les mains dans la mousse te fait réaliser que le risque de se salir ne doit pas être sa raison pour éviter les corvées. Et ses remarques sur Karim te reviennent en mémoire... Une fois à table, tu décides de commencer ton repas et de t'informer un peu. Tous ces pensionnaires attisent bien trop ta curiosité.

– Hier, j'ai aidé Karim au jardin. Je n'ai jamais été aussi fatigué·e depuis un bail ! Je ne sais pas comment il fait pour faire ça tous les jours...

          Kanti te lance un regard par-dessus son épaule pour te répondre, alors que tu la scrutes avec attention, dans l'espoir de discerner la vérité à travers son expression.

– Il est passionné et habitué, réplique-t-elle, bien trop neutre.
– Hm... Et pourquoi personne ne l'aide ?

          Tu l'entends pousser un soupir et éteindre l'évier. Lorsqu'elle se retourne vers toi, tu remarques qu'à son tour, ses yeux sont voilés de souffrance. Comme pour Karim la veille... Tu termines donc ton assiette en silence, patientant avec sagesse en espérant une réponse. Elle finit par arriver à ta plus grande surprise.

– À ton avis, pour quelles raisons il jardine seul ?

          Considérant qu'une solution simple ne devait pas être la bonne, tu réfléchis un moment, sans parvenir à trouver. Le temps pour Kanti de se sécher les mains et de s'asseoir à tes côtés.

– Car il a réussi à vous fatiguer à tour de rôle ? proposes-tu avec une pointe d'humour.

          Avec espièglerie, ta voisine pose son menton entre ses doigts pour te regarder, mutine. Tu oscilles entre l'impression d'avoir tapé juste et d'être totalement à côté.

– Je ne parlerai pas des autres. Pour ma part, le jardinage ne m'intéresse pas, donc je n'aide pas.
– Mais... Si tout le monde en avait fait un peu, nous aurions terminé plus vite !
– Et ? lance Kanti, l'air de rien.
– Et c'est plus drôle à plusieurs !
– Et ? insiste-t-elle.
– Et j'aurais aimé que nous y soyons tous...
– Et donc ?
– Je n'en sais rien ! Qu'espères-tu comme réponse ? t'impatientes-tu.

          Le sourire suave qu'elle t'offre alors t'apaise aussitôt. Et même si le calme s'installe entre vous, un détail continue de t'échapper. Dans le doute, tu finis par admettre ton échec et tu décides de lui poser directement la question.

– Pardon, Kanti. C'est juste que je n'arrive pas à saisir ce que tu essayes de me faire comprendre... ou de m'inciter à dire.

          Elle hoche la tête, pas plus vexée que cela.

– Dans chaque remarque que tu as énoncée, les intérêts revenaient toujours vers toi : est-ce que tu étais pressé·e au point de devoir « finir plus vite » ? Non. Le jardin ne s'envolera pas. Jardiner à plusieurs est peut-être drôle, mais pour toi. Qui te dit que nous avons la même vision des choses ? Quant à ta dernière phrase, je n'ai pas besoin d'expliquer, si ?
– Ah... D'accord...
– Ce n'est pas contre toi. Ou contre Karim. Il n'a pas dû se plaindre, d'ailleurs, puisque tu l'as aidé. Pour la première fois depuis un moment, il a eu quelqu'un à qui casser les pieds... Dans un sens, c'était un cadeau inespéré, pour lui. Y as-tu songé ?
– Non... J'avoue...

          La jeune fille émet un sourire rayonnant à ta réponse, ce qui te fit presque mal au cœur. Tu n'as pas regardé au-delà de tes envies, de tes besoins, de ton confort ou de ton point de vue. Tu as bien admis qu'ils devaient avoir leurs raisons, mais sans chercher à les connaître ni les comprendre, d'ailleurs. Il s'agit d'un jugement arbitraire de ta part, juste parce que tu as aidé Karim.

         Kanti semble deviner que tu réfléchis, car elle garde le silence jusqu'à ce que tu le brises.

– Et donc... Tu n'aimes pas le jardinage ?

          Tu as fini par apprendre que poser des questions sur les autres ne sert à rien. Tu décides, alors, de te concentrer sur elle.

– Non. Et c'est surtout que je fais la tête à Karim.
– Ah... Mais pourquoi ?
– Car il ne s'intéresse à rien sinon son jardin ! Il a la chance de voir la plus belle des filles tous les jours, mais à part ses plantes, rien n'existe !

          Il semble soudain évident que Kanti se sent délaissée, voire rabaissée par l'attitude de Karim, aussi étrange que cela paraisse. Logique de faire la tête au jardin si l'objectif c'est de sortir Karim un peu de ce dernier...

– Mais il n'est pas le premier à s'isoler...
– En effet. Mais je ne pense pas mieux de Boré, tu sais. En fait, seul Bartson est un mec bien, c'est triste...
– Ah ? Et que fait-il pour attirer tes bonnes grâces ?

          Kanti te regarde avec des yeux indéfinissables et esquisse un sourire en demi-teinte.

– Tu verras.

          Sur cette formule prophétique, la belle brune se lève et s'en va, non sans un signe de main. À défaut de réussir à comprendre tous les pensionnaires, tu commences à discerner certains traits de caractère. Mais pour finir sur une conclusion étrange. Ils ressemblent tous à des énigmes vivantes...

          Tu profites de ta fin de matinée pour te relaxer au soleil dehors. Tu entends Karim, au loin, à bêcher un autre carré de terre et le son lancinant de ses coups te berce. Un bruit de pas te fait ouvrir un œil : Bartson rejoint la piscine et plonge d'une tête. L'odeur alléchante d'un plat mitonné par Kanti t'alerte néanmoins que midi ne va pas tarder.

          Avec curiosité, tu cherches Hadiya du regard pour la découvrir à sa place, derrière sa fenêtre. Mais un détail capte ton attention : Diana se trouve à ses côtés, mais le dos tourné, impossible de savoir ce qu'elle fait là ! Seraient-elles très proches ?

– À table ! lance soudain Kanti à travers l'ajour de la cuisine.

          Comme tous les autres pensionnaires, tu rejoins la salle à manger où tout est déjà préparé. Par habitude, tu choisis la première chaise libre, et, c'est avec étonnement que tu vois tout le monde arriver les uns à la suite des autres, pour se placer à leurs tours. D'habitude, chacun venait récupérer sa nourriture à son rythme, mais pas aujourd'hui. Ils sont tous là, même le Père Noël qui trône en bout de table !

– On fête un truc ? demandes-tu malgré toi d'une petite voix.
– C'est le jour de la discussion de groupe.

          La réponse de Bartson, assis à tes côtés, te plonge dans une profonde réflexion. Kanti arrive sur cet entre-fait et sert tout le monde, mais tu t'étonnes de ne voir personne commencer à manger. Par mimétisme, tu attends. Mais quoi ?

          C'est à ce moment-là que le gérant prend la parole.

– Aujourd'hui, accueillons comme il se doit notre nouveau pensionnaire. Remercions Karim pour nos repas de tous les jours. Hadiya et Kanti pour les cuisiner toujours aussi bien. Bartson pour surveiller. Diana pour surmonter chaque défi. Boré qui lutte tous les jours contre lui-même... Chacun à votre niveau, vous obtenez des victoires. Célébrons-les, apprécions-les et profitons-en pour en parler.

          À ta plus grande surprise, tout le monde hoche la tête en chœur, comme à une cérémonie quelconque. À croire qu'il n'est possible de tous les rallier qu'autour de leur ration ! Cette idée germe dans ton esprit...

– Mangeons. Et si certains veulent s'exprimer, qu'ils n'hésitent pas !

          Comme à un ballet de danse classique, les plats commencent à passer de main en main, les assiettes se remplir, la nourriture disparaître peu à peu. Tu contemples ce ballet étrange un moment et profites de pouvoir observer tout le monde enfin rassemblé. Cette vision éphémère t'emplit de joie, sans trop savoir pourquoi.

– On a bien avancé au jardin, hier, lance soudain Karim. C'était super d'avoir de l'aide !

          À nouveau, le silence. Personne ne lui répond, mais tu remarques que personne n'en a loupé une miette. L'idée qu'ils soient tous friands de potins sans oser l'avouer te fait sourire malgré toi. C'est plutôt cocasse de constater cela ainsi.

– Cette semaine, ça fera deux mois que j'ai arrêté, énonce soudain Diana d'un ton solennel.

          L'envie de poser une question te taraude, mais tu préfères te taire. Tu as fini par apprendre qu'ici, la patience est une arme tout aussi efficace. Hélas, cette fois, ta curiosité n'est pas rassasiée.

– C'est une nouvelle qui se fête, Diana ! annonce le gérant.

          Encore une fois, malgré le silence religieux, tout le monde hoche la tête, unanime. Une réflexion de Karim, la veille, te revient en mémoire : « Ici, personne ne te jugera. » Et c'est vrai !

– Merci, mais... Je n'ai pas la prétention de monopoliser un événement juste pour moi, réplique Diana. Si l'on doit faire la fête, autant que ce soit en l'honneur de tous.

          Cette fois, tu approuves à ton tour ! Et ton mouvement de tête n'échappe pas au gérant qui se tourne vers toi.

– Tu es d'accord ? Aurais-tu une suggestion ? te demande soudain le Père Noël.

          Même s'ils continuent leurs assiettes, tu remarques plusieurs paires d'yeux se diriger vers toi. Tu n'apprécies pas particulièrement prendre la parole en public sans y avoir été préparé·e, alors ta réponse met du temps à sortir.

– Je m'excuse auprès de chacun d'entre vous si... si j'ai donné l'impression de vous juger ou de ne pas m'intéresser à vous... En vérité, j'aimerais vraiment vous connaître. Pas par politesse, mais bien car j'ai la sensation que vous pouvez tous m'enseigner quelque chose. Aujourd'hui, Kanti m'a appris à ne pas ramener chaque détail vers moi, mais... Je trouve que réaliser quelque chose en commun est agréable et offre une occasion de se réjouir, alors... J'aimerais proposer un genre de repas de plein air, histoire de se réunir autour d'une chose que tout le monde semble apprécier, ici... Au-delà de la joie que cela m'apporterait, nous pourrions tous fêter nos réussites personnelles et celles des autres, ainsi... Bref... Pardon pour ce long discours et merci de votre accueil.

          À ta grande surprise, lorsque tu termines d'un rictus un peu forcé, mais sincère, chacun approuve d'un signe de tête.

– Vu que vous semblez tous d'accord, organisons un pique-nique dans deux jours, dehors ! décide alors le Père Noël, d'un air ravi.

          Encore une fois, personne ne répond, mais tous réagissent à leurs niveaux : certains sourient, d'autres hochent à nouveau du chef. Seul Boré te fixe sans un mot avant de détourner son regard sur son assiette. Son attitude te laisse perplexe.

          La fin de journée se déroule dans la tranquillité la plus absolue. Le soleil haut dans le ciel et la chaleur intense t'incitent à aller te reposer près de la piscine, où Bartson nage des longueurs sans s'arrêter. Tu remarques à cet instant qu'il paraît bien plus baraqué que ses t-shirts ne le laissent entendre. Fait-il de la musculation en plus du reste ? Jusqu'à maintenant, tu l'as surtout vu lézarder et s'amuser dans l'eau... Le sentiment diffus que lui aussi cache bien son jeu te traverse l'esprit.

          Tu y penses jusqu'au soir, au moment de remonter dans ta chambre pour dormir. Ton premier réflexe, une fois là-haut, revient à lire le dicton écrit à la craie sur ta porte. Ce soir encore, il est différent et tu esquisses un sourire mitigé :

« Le bonheur n'est pas dans la recherche de la perfection, mais dans la tolérance de l'imperfection. »

          Nul doute que le Père Noël s'amuse bien à t'égrainer ces maximes tous les jours ! Du moins, si c'est bien lui... D'un haussement d'épaules, tu laisses tomber cette énigme-là et tu te prépares à te coucher, non sans réfléchir à l'ensemble de cette journée. Elle t'a semblé aussi unique que les deux précédentes, mais tu sens qu'une chose continue de t'échapper, encore et toujours. Et lorsque tu te glisses dans ton lit, tu t'interroges sur la teneur que prendra le lendemain...

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