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2e Vertus : Éthique

          Ton réveil sonne de bonne heure et tu en profites pour prendre ta douche en premier·e, avant d'aller descendre manger un morceau. À ta plus grande surprise, Hadiya est déjà dans la cuisine à cuire des pancakes. Leur odeur délicieuse te met l'eau à la bouche, mais tu hésites à entrer et encore plus à en demander. Ton regard passe des poêles où ils finissent de dorer à la jeune femme, debout, qui les observe griller comme une somnambule.

– Bonjour, Hadiya !

          Tu décides de commencer par les bases : la saluer et chercher une assiette. Comme hier, elle ne répond rien. Tu te trémousses devant le réfrigérateur, l'estomac dans les talons. C'est à ce moment-là qu'une nouvelle venue arrive : Diana ! La seule fille que tu n'avais pas encore rencontrée ; une poupée vêtue d'un vieux t-shirt et d'un short en jeans rapiécé. Vos yeux se croisent dès que tu termines de la détailler : les siens sont aussi rouges que certaines de ses mèches fluos ! Des lentilles de contact ?

          Elle se détourne, l'air agacé, prend une assiette et vient la tendre à Hadiya, toujours immobile et silencieuse. Cette dernière récupère deux pancakes cuits dans ses casseroles et les dépose délicatement dans la faïence tel un ballet bien réglé. Diana sort alors de la cuisine pour se diriger vers la salle à manger, tandis que tu restes là, stupéfait·e. Tu n'as même pas le temps de t'en remettre qu'un garçon à l'allure traînante et au visage ensommeillé fait son apparition : Boré, sans aucun doute. La matinée des surprises continue ! Il capte ta présence immédiatement et vous vous observez en silence. Lui ressemble à un japonais typique : cheveux noirs, yeux marrons, pas très grand et très fin. Rien d'exceptionnel chez lui, sinon sa mine blafarde.

– 'lut.
– Euh... Bonjour... Je...

          Il n'attend pas la suite, prend à son tour son assiette avant de la présenter à Hadiya, qui, réglée comme du papier à musique, la remplit sans aucun commentaire. Il s'en va juste après, imperturbable. Tu as l'impression d'être idiot·e ou gênant·e et te rapproches d'elle. Comme Diana et Boré, tu effectues les mêmes gestes, le sourire en plus.

– Je peux en avoir, moi aussi, s'il te plaît ?

          Hadiya te flanque alors ton petit déjeuner dans ton écuelle comme si tu n'existais pas. Perplexe face à son attitude indifférente, tu décides malgré tout de te montrer plus polie que les deux premiers.

– Merci, Hadiya.

          Toujours aucune réaction. Tu soupires intérieurement, mais rejoins la salle à manger : Diana et Boré n'y sont pas. À croire qu'ils t'évitent, tous les deux. Tu finis par dévorer ton repas en tête à tête avec le gérant et Kanti, arrivés peu après. Devant la table quasiment vide, tu l'interroges :

– Ne serait-ce pas mieux de manger tous ensemble ?

         Tu imagines mal une " Maison du Bonheur " dans ces conditions. Ta question est donc tournée vers le responsable des lieux qui continue de sourire avec bonhomie. Il est à gifler !

– Si. Mais ce n'est pas à moi d'en décider...
– Bha à qui, alors ? répliques-tu non sans commencer à t'énerver.
– Si tu y tiens tellement, pourquoi ne t'y aventurerais-tu pas ? Tu es ici pour apprendre à trouver le bonheur, après tout... Tu as la maison, les camarades... Essaye donc d'en faire quelque chose.
– Hein ? hurles-tu face à cette surprise de taille.

          Le vieux bonhomme ricane face à ta réaction qu'il devait sentir venir. Tu comprends à cet instant qu'il avait planifié tout depuis le début... Jusqu'à quel point ? Difficile à dire. Quoi qu'il en soit, il semble ravi de son coup.

– Aujourd'hui, je sais que tu dois aider Karim au jardin. Pourquoi ne pas emmener quelqu'un d'autre avec toi ?

          Il te sourit. Tu le fusilles du regard. Il s'en fiche. Cela t'énerve encore plus. Il t'ignore et commence à partir vers la cuisine quand tu l'interromps d'un cri :

– Pourquoi moi ? Je suis un·e pensionnaire, moi aussi !

          Cette fois, le vieil homme se retourne et réplique d'une voix en demi-teinte, une expression ambiguë affichée sur son visage broussailleux.

– Tu crois ?

          Et sur ces deux mots sibyllins, il passe la porte du territoire d'Hadiya. Tu tournes la tête dans l'espoir de poser une question à Kanti, mais cette dernière a disparu, sans doute pour échapper au jardinage... Tu soupires, défaitiste.

          Et Bartson qui dort encore ne sera d'aucun soutien...

          Diana, Boré et Kanti introuvables, Bartson en train de dormir, il ne te reste qu'Hadiya de disponible. Une fois la cuisine rangée et la vaisselle terminée, elle reprend sa place derrière la fenêtre, toujours silencieuse. Même si tu ne saisis pas encore pourquoi, tu as l'impression qu'il te faut agir.

          Une maison du bonheur où tout le monde vit sa vie dans son coin, où le gérant délègue ses responsabilités à un pensionnaire et où rien ne semble normal, tout te paraît de plus en plus étrange. Commencer par mieux comprendre Hadiya t'aidera sans doute à démêler le mystère ambiant.

          Tu te rapproches ainsi de la jeune fille, encore et toujours habillée de couleurs claires et son sempiternel ruban blanc dans ses cheveux crépus magnifiques. Ses yeux marron braqués vers l'extérieur, elle se désintéresse totalement de ta présence. Pourtant, ce matin, lorsque tu lui as tendu ton assiette, elle a répondu, à sa manière. Elle ne réagit donc qu'à certaines sollicitations. Il suffit de trouver lesquelles...

– Hadiya ? Tu n'aimerais pas voir le jardin de dehors ?

          Silence. Peut-être t'y prends-tu mal.

– Karim a besoin de nous pour la récolte, allons l'aider, d'accord ?

          Toujours rien. Cette situation t'angoisse, mais si la jeune fille a été traumatisée, sa réaction n'est-elle pas logique ?

– C'est grâce à Karim que nous avons de quoi manger dans nos assiettes. Ce serait une juste compensation que de le soutenir un peu, tu ne crois pas ? Viens, ensemble, ce sera plus amusant !

          Hadiya ne cligne même pas des paupières. Dans un geste désespéré, tu tends ta main vers elle et fermes les yeux.

– S'il te plaît ! J'ai besoin de toi !

          Tu ne bouges pas d'un cil. Tu appréhendes l'échec et la honte dans une seule pensée et ton cœur en bat si fort dans ta poitrine que l'envie de fuir t'effleure. Pourtant...

          Lorsque la douceur d'une main qui prend la tienne te parvient, tu n'oses y croire. Tes yeux s'ouvrent à nouveau pour découvrir Hadiya, debout, qui fixe toujours l'extérieur. Ta joie se nuance d'incertitude, car elle demeure l'esprit absent, vide à l'intérieur.

          Ses doigts dans ta paume, sa simple réaction, tout cela ressemble bien à une victoire !
          Ta première victoire.
          Et, avec surprise, tu souris.

          Vous vous dirigez donc vers le jardin à deux, Hadiya et toi. Ou plus exactement, tu traînes Hadiya jusqu'au potager où Karim bêche inlassablement, un grand chapeau de paille sur la tête. Dès qu'il vous aperçoit, il se renfrogne un peu, mais se rapproche malgré tout.

– Pourquoi t'as amené Hadiya ? Elle ne fait rien d'autre que la cuisine.

          Contre toute attente, tu sens une étreinte te serrer le cœur et ce besoin de défendre la seconde de bonheur ressentie plus tôt.

– Pourquoi ne pourrait-elle pas venir aider, ou nous tenir compagnie ?

          Face à ton éclat, Karim ouvre de grands yeux de surprise juste avant de détourner son regard, visiblement gêné. Il se gratte l'arrière de la tête tandis qu'il te répond, indécis.

– Car c'est toi qui dois le faire, pas Hadiya. Elle en fait bien assez avec la cuisine, non ?
– Oh ! Pardon. C'est moi qui ai mal compris tes intentions...

          Ta bévue te plonge dans une pensée morose. Malgré tout, Karim finit par hausser les épaules et sourire et c'est à ton tour d'être étonné·e.

– T'inquiète. Elle doit être contente que tu prennes sa défense, alors que tu ne la connais même pas. Tiens, cadeau.

          Sans plus de chichi, il retire son chapeau pour le coller sur ta tête et te met sa bêche entre tes doigts.

– Euh... Que...
– Continue ! J'emmène Hadiya jusqu'au banc et je vais chercher d'autres outils ! On a du pain sur la planche.

          Karim récupère la main de la jeune fille et la tire derrière lui comme tu l'as fait plus tôt ; elle ne manifeste pas la moindre réaction. Il la fait assoir sur une souche d'arbre devant la maison. Hadiya, ses yeux magnétiques fixés vers l'horizon, retrouve alors son allure de statue mystérieuse. Pendant ce temps, il s'est dirigé vers la cabane au fond du jardin pour en ressortir quelques secondes plus tard avec deux nouveaux couvre-chefs en paille et une brouette remplie d'outils inconnus. À son passage près d'Hadiya, il lui dépose le chapeau sur la tête avant de se rapprocher de toi, le visage soudain dur.

– Bha, tu n'as encore rien fait ? Tu dors debout ?
– Et bien... Je... Je n'sais même pas à quoi ça sert, balbuties-tu en levant l'objet dans ta main.
– Ah la la... Tu viens bien de la ville... Regarde, je te montre !

          Durant toute la matinée, Karim t'explique avec patience l'utilité de chaque outil, l'organisation du jardin tel un vrai passionné, les périodes de récoltes ou de semis, l'art délicat du bouturage et un tas d'autres informations que tu essayes d'enregistrer, sans grand succès. Tu observes parfois Hadiya du coin de l'œil jusqu'à la voir se lever d'un coup et s'éloigner vers la maison. Ton regard la suit malgré toi et Karim le remarque tout de suite.

– Elle part préparer le déjeuner, continue !

          Vous êtes en pleine cueillette de tomate. Karim a planté des dizaines de pieds dans une petite serre fabriquée avec l'aide de Diana. L'occasion pour toi d'apprendre qu'elle aimait bien bricoler.

– Comment parvient-elle à connaître l'heure ?

          La jeune fille silencieuse ne regarde et ne s'intéresse à rien d'autre que l'horizon et les plats sous sa surveillance.

– Bha, avec le soleil, pardi. Tu ne sais pas calculer l'heure avec lui ? glousse Karim, comme si annoncer une telle indication était naturel.
– Euh... Non, répliques-tu un peu vexé·e.

          Ta réponse l'amuse quelques secondes. Et face à son air pincé et ses yeux brillants, tu conclus vite qu'il se moque de toi. Loin d'en prendre ombrage, tu hausses les épaules et retournes à tes tomates.

          Malgré tout, cette information tourne en boucle dans ton esprit. Aucun des pensionnaires rencontrés jusque-là ne paraît « normal », si cela veut dire quoi que ce soit. Ils semblent tous se comprendre sans parler, mais s'évitent la majeure partie du temps. Ils réagissent bizarrement et connaissent des choses imprévues. Sans parler des problèmes qu'ils dissimulent tous plus ou moins bien... Sauf Karim, peut-être.

– Dis, je peux te poser une question ? finis-tu par lui demander.

          Le brun redresse son nez vers toi et fronce les sourcils dès qu'il remarque que tu t'es arrêté dans ta collecte pour discuter.

– Une seule ! Et à condition que tu continues de bosser !

          Aussitôt, tu reprends ton ouvrage, non sans choisir avec soin comment tu vas tourner ta phrase.

– Qu'est-ce qui vous a tous amenés là ?

          Karim s'interrompt à son tour et son regard se voile une seconde. Il finit néanmoins par secouer la tête avant de se remettre au travail. Il semble hésiter à répondre lorsqu'il commence, d'une voix blanche.

– J'répondrai pas pour les autres, demande-leur, grince-t-il, bougon.
– D'accord. Mais toi ?

          Le silence s'installe un moment et tu conclus que tu n'auras pas plus d'information lorsqu'enfin il reprend la parole.

– La société et moi, on n'a jamais été potes. Je n'ai jamais su quoi faire de ma vie, je voulais être libre sans trouver comment. J'me sens à ma place nulle part. Un jour, pour relever le défi d'un mec, j'ai volé. J'ai réussi et l'adrénaline que j'ai ressentie m'a grisé. Alors j'ai recommencé. Encore et encore. Un jour, j'me suis fait choper...

          Rien ne vient interrompre ses confidences. Seul le bruit des feuillages des arbres voisins nimbe son discours d'une atmosphère quasi surnaturelle. Karim reprend, ses yeux ancrés dans les tiens.

– On a tous des trucs à cacher. Personne n'a une vie parfaite, quoi qu'en disent certains. Toutes les personnes que tu rencontres ont leurs démons. Mais au moins, ici, personne ne te jugera ou ne te repoussera pour qui tu es vraiment. Tu sais, parfois, la vie c'est une raclure... Mais elle peut s'améliorer si tu y mets un peu du tien... Un peu comme dans le jardinage, en fait. Si tu ne laboures pas, que tu ne plantes rien, comment tu veux récolter quoi que ce soit ?

          La profondeur de sa dernière réflexion te plonge dans des abîmes de perplexité et il semble vite le remarquer. Il se redresse dans un ricanement désabusé.

– Oublie ça ! Et n'en parlons plus. Cette après-midi, j'aimerais créer un nouveau potager et faudra retourner toute la terre à deux, j'espère que ça ne te fait pas peur !

          Il se remet à discuter de choses anodines et tu le laisses faire. Comme tous pensionnaires, il semble qu'il ait, lui aussi, une blessure intérieure qui demande à se cicatriser. Karim le fait dans le jardin, Hadiya dans la cuisine... mais les autres ?

          Lorsque tu retournes dans ta chambre en fin de soirée, après une douche bien chaude et un dîner divin, tu t'effondres sur ton lit de fatigue. Karim t'a exploité·e toute la journée sans pause sinon celle de midi et ton corps hurle de douleur. Tu jures intérieurement de remercier le garçon à chaque repas, en plus du cuisinier du jour ! Dire qu'il s'en occupe seul... Comment arrive-t-il à tenir ce rythme infernal ? Une telle discipline mérite tout ton respect.

          Tu t'assoupis sans même le remarquer. Mais un bruit suspect te réveille en sursaut. Quel est ce son étrange ? Malgré le sommeil qui menace, ta curiosité t'incite à te lever pour aller voir. Juste jeter un coup d'œil, au moins. Tu sors de ta chambre et contemples les couloirs vides et sombres. Peut-être ton cerveau a tout inventé ?

          Tes pas te ramènent à ton point de départ et tu refermes la porte en bois. C'est là que ton regard s'arrête sur l'ardoise accrochée dessus, où, comme la veille, une maxime y est inscrite ; différente, néanmoins.

          Aujourd'hui, tu peux y lire :

« Si tu transformes tes erreurs en leçons et tes peurs en courage, alors tout est réalisable. »

          Mais qui écrivait cela ? Le gérant ? Un pensionnaire ?

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