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Chapitre 13 : Les imprévus forgent les désastres

Je me vêtis en vitesse et rattrapai le trio campé dans le petit jardinet, baigné dans le soleil d'une matinée avancée. Des traquets chantaient sur les auvents végétalisés qui bordaient la rue. À force de me faufiler chez les sahir de nuit, j'avais oublié la quiétude que dégageait l'Esagil de jour, surtout dans ces quartiers hauts et moins festifs.

Dans l'éprouvante ascension vers la Ziggurat de ce que je finirais par appeler « les escaliers de la mort », Lamia me fit oublier l'effort en me parlant de ses activités. Pas celles qu'elle accomplissait pour les sahir, plutôt son travail de bénévole dans une association d'aide aux migrants assyriens. Elle donnait des cours de gyssien ou apportait un soutien émotionnel aux aria-sil qui avaient fui le régime dans des conditions parfois traumatisantes. Elle racontait pourtant ses anecdotes avec humour et bienveillance. Je n'osai pas lui demander ce qui l'avait poussée à s'engager dans cette cause humanitaire, craignant de toucher une limite personnelle.

Ses paroles captivantes détournèrent mon attention des alentours, et je ne réalisai notre arrivée que lorsque la colossale tour pyramidale me sauta à la figure. Sous les projecteurs du soleil, les pierres calcaires brillaient d'un blanc douloureux pour les yeux et les boteh aux reflets dorés devenaient aveuglants.

Une fois à l'intérieur, cette impression de saturation atteignit son paroxysme. Mes oreilles bourdonnèrent du vacarme des allées et venues, réverbéré dans l'immensité du hall central. Je décrétai que je préférais la Ziggurat de nuit.

Farouk, Jarir et Lamia foncèrent sans m'attendre, à l'aise dans cette marée humaine comme des poissons dans l'eau. Nous ne passâmes pas sur les passerelles de l'étage, cette fois, ni par le magnifique cristal : Farouk nous conduisait tout droit vers les bureaux de la cellule de Veille. Alors que j'essayais de repérer le chemin, le nez en l'air, j'aperçus trop tard les prémices du drame.

Devant les locaux attendait un groupe. Un groupe familier, car je reconnaissais Zineb, hiératique dans sa longue tunique bleu marine et un air grave peint sur ses traits sévères. Plusieurs autres sahir, côtoyés à Tessir-Sabyl, l'accompagnaient. Hussein compris.

— Cheikh Bekrit, tonna la chercheuse, nous devons nous entretenir. Nous avons fait les analyses des séquençages des ruptures récentes que vous avez fait parvenir à notre laboratoire...

— Et je vous en remercie, Benhassem, mais nous n'avions pas rendez-vous. Envoyez les résultats à Hakim ou El-Meghit, comme d'habitude.

De toutes les personnes que j'aurais imaginé croiser, Hussein avait été le dernier sur ma liste. Il ne m'avait pas parlé de cette visite, hier soir, et évitait de poser les pieds à la Ziggurat quand il n'y était pas convoqué.

— C'est ce que nous avons fait. Seulement pour pouvoir vérifier nos résultats et la nature des changements qu'ils démontrent depuis plusieurs semaines, nous avons besoin d'échantillons matériels. Or, Hakim nous a opposé un refus injustifié malgré le rapport accablant que nous avons transmis.

Une expression indéchiffrable déchirait les traits de Hussein. Quelque chose entre le choc, la colère et la peine. Non, de l'incompréhension plutôt. De l'incompréhension face à ma trahison.

— Vous me parlez d'un rapport que je n'ai pas lu, rétorqua Farouk. Je demanderai à Hakim de me le transférer, néanmoins, j'ai toute confiance en son jugement. S'il vous a déjà dit non...

— Cheikh Bekrit, je connais votre souci précautionneux de préserver la barrière. Si je me permets d'insister, c'est parce que nos résultats démontrent un danger imminent. Les perturbations de l'haiwa pourraient s'aggraver au point de causer une rupture irrémédiable. Aujourd'hui, une nouvelle faille s'est ouverte près de Dirhaleh, je sais qu'une équipe est déjà sur le coup, mais si vous nous laissiez utiliser un vortex, à moi et mes collègues, pour aller collecter des matériaux, nous aurions enfin la preuve formelle que quelque chose trouble sévèrement l'haiwa en ce moment.

Les mots de Zineb ruisselaient sur moi. Plus rien n'avait d'importance en dehors des foudres qui tempêtaient dans le regard de Hussein. Un lien se brisa. Sensation invisible mais tangible de ce fil qui se coupait sec entre nous. Un bruit blanc emplit ma tête, j'allais perdre pied sous la déferlante d'épouvante.

— Je ne vous reconnais pas dans ce discours alarmiste. Par contre, votre obsession pour les artefacts devient excessive. Il est hors de question que je vous laisse utiliser un vortex sur la seule base de votre seule bonne foi...

Hussein serra les poings, lèvres soudées dans un reproche muet et criant. Il tourna les talons. Sans réfléchir, je m'élançai à sa poursuite. La prise de Farouk me retint, nos regards se croisèrent. Je ne compris pas ce qu'il voulait me signifier ; mon esprit était de toute façon trop chamboulé pour écouter un semblant de raison. Farouk me lâcha quand Zineb reprit son plaidoyer. L'incident les avait à peine interrompus, tout juste une seconde.

Mon instinct premier resurgit et je courus dans le sillage de Hussein. Je le rattrapai dehors, dans l'allée sablonneuse qui nous éloignait de cette tour de malheur. En nage, dévasté, je me plantai devant lui sans la moindre idée de ce que j'allais plaider. Y avait-il seulement quelque chose à plaider ? J'étais impardonnable.

Il me dévisagea un long moment, un trop long moment. Tout le ressentiment dont il m'accablait me tombait sur les épaules.

— Qu'est-ce que tu faisais avec ce type ? lâcha-t-il enfin.

Je ne sus quoi répondre. Mon silence était éloquent. Hussein reprit dans un éclat de voix :

— Qu'est-ce qu'il a fait pour t'embobiner ? Et toi ? Comment t'as pu te faire avoir ?

— Il n'a pas eu besoin de m'embobiner. On a eu une résonance.

La stupeur le cloua sur place. Des spasmes incontrôlables me prirent d'assaut et les larmes montèrent sans que mes paupières ne puissent les endiguer. J'aurais voulu ne jamais avoir à faire cet aveu. Surtout pas dans ces conditions.

— Depuis combien de temps ?

Une colère froide couvait dans son ton.

— On s'est recroisés malencontreusement après Tessir... Ça fait un mois, à peu près.

— Un mois ? Un mois que tu fréquentes ce type dans mon dos ? Un mois que tu me mens de façon éhontée ? Quand je pense que je me suis toujours retenu d'espionner tes pensées parce que tu me l'avais demandé... C'était juste pour cacher tes petites manigances, alors ? Putain, Nafi, je te faisais confiance !

La colère éclata d'un coup, ouragan qui se souciait peu de tout dévaster sur son passage. Fini ce sourire charmeur que j'avais tant aimé embrasser. Tout n'était que rejet dans cette bouche déformée par la haine. Mes tremblements s'accentuèrent, mes piètres justifications s'entrecoupèrent de sanglots.

— J'ai jamais voulu ça ! C'est avec toi que je voulais être, Huss, mais... juste... c'était...

— Ferme-la ! Je ne peux plus te croire, Nafi. T'aurais dû me parler de tout ça avant, on aurait pu trouver une solution ou surmonter ça ensemble, j'en sais rien... C'est plus possible maintenant. Je me sens tellement trahi.

— Je suis désolé, je suis vraiment désolé, j'avais trop peur de te perdre...

Et je le perdais quand même.

Hussein bougea, tenta de me dépasser. Dans un pathétique geste de désespoir, je m'accrochai à son bras et déversai toutes les suppliques qui me passèrent par la tête.

— Je tiens trop à toi, je te jure que je voulais te le dire, mais je savais pas comment. J'ai vraiment aimé tous les moments qu'on a passés ensemble. Je veux pas que ça se finisse comme ça, s'il te plaît...

— Lâche-moi.

Son ton sec aurait dû m'induire sur la voie : sa sentence était irrévocable.

— Huss...

Mais j'insistai.

— Lâche-moi !

Cette fois, je sentis une masse invisible me scier la respiration. Je me pliai en deux, mes pieds décollèrent et l'onde m'envoya cogner le sable avec brutalité. Je me redressai, choqué. Non pas à cause de la douleur, mais parce que je n'aurais pas pu concevoir une fin dans la violence après ces mois féériques à ses côtés.

Sa main tendue en posture d'attaque se rabaissa, sous les murmures atterrés des passants. Certains s'étaient arrêtés et hésitaient à m'aider. Hussein se fondit derrière eux et s'en alla sans un regard.

C'est la dernière fois que je le vis.

— Vous allez bien ?

Je n'avais aucune envie de répondre à la compassion des inconnus. Aucune envie de me relever et d'affronter à nouveau le monde. Juste m'enfoncer dans le sable et disparaître.

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