Partie 3
Elian fut réveillé par un rayon de soleil filtrant à travers l'un des trous du store de sa fenêtre, c'était dix heures et il savait qu'il ne pourrait pas se rendormir. Il s'étira, bailla et, comme il avait du temps devant lui, décida de faire quelques courses. Quand il revint à son studio, c'était déjà midi. Il prit le temps de manger devant quelques vidéos puis se prépara pour sortir. Clefs en main et écharpe jusqu'au menton, son regard finit par tomber sur la guitare qu'il avait laissée dans un coin. Il posa la main sur l'étui.
‑ Pourquoi tout revient à toi ces derniers jours, tu ne peux pas me laisser en paix ?
Il soupira et fit basculer l'instrument en avant.
‑ Et si je t'abandonnais ? Que je fuyais, loin de tout ça et que je me consacrais à mes études ? Si je quittais la ville et...
Elian ferma fort les paupières et secoua vivement la tête.
C'était impossible pour lui de faire ça, il ne revenait même pas du fait qu'il venait juste d'avoir ce genre de pensées. S'il abandonnait la musique à cause de sa main, il arrêtait littéralement de vivre. Et puis, cette perspective l'enchantait encore moins lorsqu'il se dit que, quitter le monde de la musique équivalait à s'éloigner de Vincent, il ne voulait pas de ça, il avait trop besoin de lui.
Elian pinça les lèvres. Depuis quand pensait-il à lui de cette manière ? Il haussa les épaules et quitta son appartement, son moral était tout à coup remonté en s'imaginant la journée qu'il allait passer avec son ami.
Il arriva chez le guitariste un peu avant quatorze heures, un Vincent habillé d'un pull noir en col roulé et avec quelques épis dans les cheveux lui ouvrit.
‑ Comment peux-tu supporter ce genre de vêtements ?
‑ Salut, oui, moi aussi je suis très content de te voir.
Elian sourit et pénétra dans l'appartement. Il se débarrassa de son manteau, de son sac et de son écharpe avant de s'asseoir sur le lit.
‑ Tu as quelque chose de précis en tête ou on va s'emmerder toute la journée ?
‑ Mais dis donc, c'est que tu as l'air en forme. On va sortir, il fait beau. Avant ça... dis-moi une couleur.
‑ Euh, bleu. Non, rouge.
Vincent ouvrit un tiroir, fouilla dedans et en sortit du vernis rouge.
‑ Tu vas t'en mettre ?
‑ Bien sûr.
‑ Du rouge ? Vraiment ?
‑ C'est toi qui l'as choisi.
‑ Il est quand même un peu trop voyant.
Vincent pinça les lèvres. Il fixa Elian et dit avec dureté :
‑ Tu sais quoi ? C'est toi qui vas me le mettre.
‑ Quoi ?!
Il s'assit sur sa chaise de bureau et fit signe à Elian de s'approcher. Celui-ci s'installa en face et prit le vernis qu'on lui tendait.
‑ Il faut que tu me l'ouvres.
Vincent s'exécuta et posa sa main sur le poignet gauche d'Elian qui se mit à l'œuvre, le cœur battant. La tête posée sur sa main, Vincent l'observait.
‑ Tu en fous partout. Je croyais que tu étais rodé, tu as bien une petite sœur ?
‑ Ça n'a rien à voir. Tu me rends nerveux. Regarde ailleurs.
Vincent bouda et tourna les yeux vers le bureau. Après quelques secondes de silence, il lança :
‑ Je suis désolé de t'avoir parlé comme ça.
Elian rata son ongle.
‑ Mes parents m'ont toujours rejeté pour ce que je suis alors ce genre de phrase me fait tiquer.
‑ T'inquiète, ça me dérange pas.
Vincent sourit.
‑ Je suis bien ici, avec toi. Je me sens moi-même, je peux l'être beaucoup plus qu'à l'extérieur. Merci... d'exister, je suppose.
Elian eut un coup de chaud et réussit l'exploit de se peinturlurer le bras.
‑ Tu dis de moi mais toi aussi tu as l'air en forme.
‑ C'est plus compliqué que ça.
La pose du vernis prit une éternité. Une fois terminé, Vincent se leva et admira l'œuvre.
‑ Tu en as vraiment foutu de partout.
Il pouffa.
‑ Qu'est-ce qu'il y a ?
‑ Rien, je me disais que c'était une phrase à ne pas ressortir de son contexte. Attends-moi, je vais minimiser les dégâts.
Vincent s'éclipsa dans la salle de bain et en ressortit quelques instants plus tard.
‑ Bon, on sort ?
Elian était sur le point de récupérer ses affaires lorsqu'il fut devancé par Vincent. Celui-ci attrapa l'écharpe laissée sur le lit et s'entoura avec.
‑ Tu as un col roulé, tu n'as pas besoin de ça !
Vincent, l'écharpe remontée jusque sur le nez, lui lança un regard et dit doucement :
‑ Je la garde juste pour aujourd'hui.
Elian se surprit à sentir son cœur bondir dans sa poitrine.
Ils allèrent se promener dans un parc et s'arrêtèrent quelques instants aux abords d'un skate parc pour admirer les personnes de leur âge et plus jeunes faire des acrobaties. Si Vincent se voyait bien s'y initier un jour, ce n'était pas le cas d'Elian qui avait trop peur de se faire mal. Ils allèrent ensuite visiter un musée en rapport avec leurs études puis ils burent un verre et finirent leur journée dans un restaurant pour le dîner. Ils se séparèrent assez tôt et Elian réussit même à récupérer son écharpe.
Une fois chez lui, Elian se prépara à prendre une douche, il frotta la tâche de vernis qui était sur son bras et croisa son propre regard dans le miroir. Il écarquilla les yeux. C'était quoi ce sourire béa qui ne quittait pas ses lèvres et ce visage légèrement rosi ? Quelle était cette envie subite qu'il ressentait au fond de lui en repensant à la journée qu'il venait de passer ? La dernière fois qu'il s'était senti comme ça c'était...
Elian secoua la tête.
‑ Ça ne peut pas être ça...
Il se fixa dans le miroir.
‑ N'est-ce pas ?
Ne supportant pas son propre regard, il se dépêcha d'entrer dans la douche. Il noya ensuite ses pensées dans ses leçons avant d'aller dormir.
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