Elian était nerveux. Depuis qu'il était réveillé, il était changé et avait eu la visite des infirmières et du médecin qui allait l'opérer, rendant la chose beaucoup plus vrai. Vincent fut le premier à arriver puis ce fut le tour de sa famille. Sa mère, un sac en main, courait de partout et faisait la conversation pour cinq. Finalement, elle se tourna vers Vincent.

‑ Tu es un ami de la fac ?

‑ Euh...

‑ Vincent, répondit Elian à sa place. C'est le chanteur du groupe et mon petit ami.

Le copain en question regarda l'homme qu'il aimait les yeux exorbités, la mère s'était tue. Elian rigola. Ce fut sa petite sœur qui dit en premier :

‑ Je me disais bien qu'il était trop beau pour être vrai.

Vincent sourit et s'inclina.

‑ Veuillez m'en excuser, mademoiselle.

Elian se fit opérer peu de temps après. Il ressortit le jour même dans l'après-midi. Ils passèrent quelque temps dans un café puis les parents d'Elian durent s'en aller, ils n'habitaient pas loin sans pour autant que ce soit la porte à côté. Sur le chemin menant au studio d'Elian, Vincent lança :

‑ Ne me fait plus de frayeur comme ça !

‑ De quoi ?

‑ De tout annoncer à tes parents de but en blanc.

Elian sourit.

‑ Ne t'en fais pas. Tu as vu ? Tout s'est bien passé et tout se passera bien à l'avenir.

Vincent fit la moue, peu convaincue. En plein milieu de la rue, Elian déposa un baiser furtif à son copain et continua sa route sans se départir de son sourire. Vincent s'arrêta net, le visage écarlate.

‑ Je te pensais pas comme ça, Elian !

Ils dînèrent finalement dehors avant de rentrer, Vincent avait décidé de dormir chez Elian, ils avaient donc tout le temps qu'ils voulaient. Une fois chez lui, le jeune homme mit à terre un matelas en mousse qu'il avait acheté quelques jours plus tôt et déplia par-dessus un sac de couchage que lui avait apporté sa mère. Lorsque Vincent sortit de la douche, il retrouva Elian assit sur son lit en train de regarder sa main bandée.

‑ Qu'est-ce qu'il y a ?

Le jeune homme ferma le poing et l'ouvrit.

‑ Tu as vu ? C'est encore un peu raide et je n'ai pas recouvert ma force mais j'arrive déjà à faire ça.

‑ Tu n'as pas peur ?

‑ Un peu mais le médecin a vérifié si je pouvais déjà utiliser mes doigts. Et j'ai des exercices à faire tous les jours.

‑ Tu n'auras bientôt plus besoin de moi.

Elian leva les yeux sur Vincent et son intonation étrange. Celui-ci évita son regard.

‑ Qu'est-ce que tu as ?

‑ Eh bien... c'est bête mais... c'est le genre de détail que je partageais seul avec toi. Tu sais, t'aider à faire deux-trois trucs que tu ne pouvais pas...

Elian comprit tout à coup. Ça ne lui était jamais arrivé mais il avait connu quelques personnes comme ça, des amis qui s'attachaient à de petites habitudes et à de petits riens pour être sûr d'avoir une place privilégiée dans le cœur de l'autre. Le jeune homme avait vu ces derniers jours que Vincent avait besoin d'être rassuré, notamment à cause de ses parents et du regard des autres, les semaines qui allaient suivre allaient être dures mais il fallait que Vincent apprenne qu'il n'était pas seul et qu'Elian avait sa vie en dehors de lui.

‑ Je suis tout à toi, Vince, ne l'oublie pas.

Vincent sourit et prit la guitare d'Elian.

‑ Dommage que ce ne soit pas une classique.

‑ J'en ai une, j'aurais dû demander à ma mère de l'apporter.

Vincent s'installa sur la chaise de bureau et commença à jouer une chanson douce.