Visite (fin)
Nombres de personnes interpellaient Phili et elle me présentait comme une cousine qui vivait dans la forêt.
─ Tu en connais du monde, ai-je remarqué. La fête était animée et ici aussi les gens buvaient beaucoup.
─ On se connaît par quartier et par profession, ici c'est le bal organisé pour les placiers par les marchands plus loin tu verras il y a le bal des commis et il n'est pas recommandé pour nous d'y aller, mais pas interdit non plus. Aux Halles les bourgeois ont leur bal.
─ Il y a des gens qui vivent dans la forêt ? Ai-je encore demandé, étonnée par la façon dont elle m'avait présenté.
─ Oui pas mal mais ils sont à la merci des malandrins et des loups, ce sont des sauvages.
─ Il y a du racisme, déjà à votre époque ?
─ Qu'est-ce que c'est le racisme ?
─ Quand on n'aime pas certaines catégories de population.
─ Alors oui on a cela, bien sûr.
La place devant l'église n'existait plus, de nos jours il y avait des immeubles.
A l'époque de Phili c'était une grande place qui accueillait de nombreux danseurs. Les musiciens avaient des tambourins des flutes, des tambours, des drôles de guitare, les musiques étaient endiablées.
─ Génial ! j'assistais à un bal mais 600 ans dans le passé, je ne faisais jamais rien comme les autres.
En troisième il y avait eu un bal au collège où je n'avais évidemment pas été invité et il y aurait un bal pour les terminales où personne ne m'inviterait non plus. Je n'avais donc pas une grande expérience des bals modernes.
Un garçon est venu m'inviter à danser alors que j'admirais les danseurs, il avait la moitié du visage découpée par d'énormes cicatrices. Bonjour ma beauté, allons giguer, me dit-il.
Je le regardais avec des yeux ronds ahuris, avant de réussir à secouer la tête négativement.
Il m'attrapa sans s'occuper de ma réponse et m'enlaça en commençant aussitôt à me peloter.
Phili m'aida, en m'arrachant de ses bras et elle dit, en faisant un geste vague de la main, nous avons des galants plus loin, puis nous nous sommes vite éloignés.
─ Tu pouvais rester danser si tu voulais, a dit Phili moqueuse, mais avec ce genre de gars tu ne gardes pas ta vertu bien longtemps.
─ On vous imaginait plus sage que cela, ai-je râlé pas encore remise de l'insistance du gars. Il ne devait pas avoir 15 ans, mais n'avait pas froid aux yeux.
Plus loin deux amis de Phili l'ont hélée.
─ Voici Gérard et Guiton, des placiers, a dit Phili plus fraichement. Elle ne devait pas apprécier ses deux collègues, ai-je deviné.
─ Voici ma cousine, fit elle nous y allons.
─ Tu danses jolie beauté, m'a dit un des deux gars.
─ Non désolée et j'ai désigné le soldat plus loin, mon petit ami est jaloux.
Nous sommes parties et Phili m'a lancé une bourrade en rigolant, éloignons nous et elle m'a emmenée à l'église st jean et au cœur des halles du commerce, m'a montré les bans empilés. Tous les matins on les installe dans les principales rues. Nul panneau indicateur, mais ce n'était pas compliqué les rues avaient le nom d'une profession.
J'ai fait un rapide croquis des bans entassés dans la rue et des photos, pendant ce temps Phili m'expliqua la répartition tous les matins et le rôle du maitre des bans.
Le tracé des rues était identique pour le très vieux quartier. Je notais tous les noms en même temps que Phili me les indiquait, rue des savetiers, de la grande tannerie, des marchands de liège, des croque morts, des herboristes.
Tout était pareil et tout était différent. Je reconnaissais certaines maisons, une des portes qui restaient, s'appelait la porte de la tannerie et la seine coulait à flot.
Je m'habituais à éviter les cochons dans les rues pendant qu'elle me racontait les riches marchands installés ici et les autres qui ne venaient que quelques mois et s'installaient sur des étals. Phili me montra ensuite les auberges de la ville. J'ai fait quelques croquis et je découvrais le plaisir de dessiner. je faisais des photos aussi mais je n'osais pas utiliser le flash de mon appareil photo, aussi les croquis me paraissait plus sûr.
En ville on voyait des arbres et des prairies c'était étonnant. La misère était bien plus grande que de nos jours, un grand nombre de mendiants vivaient dans la rue.
On a été aux halles du commerce, les bourgeois y dansaient, les dames avaient des cornets et des voiles des belles robes et manteau. Il y avait beaucoup d'éclopés et beaucoup d'obèses aussi.
─ La ville va bien changer mais je le regrette, elle est jolie comme cela. C'est presque dommage qu'elle s'agrandisse autant.
─ Mais et les remparts ?
─ Ils ne seront plus là, il ne reste plus qu'une porte et les rues n'ont plus le même nom. Sais-tu que la ville telle qu'elle est à la forme d'un bouchon de champagne ?
─ Comme c'est curieux, comment cela ?
─ Attends je te fais le plan, J'ai dessiné la tête du bouchon avec le château, l'évêché et la porte st jacques tout en haut. Les remparts séparaient le château et la partie des foires. Entre les deux, la porte du compte et la porte de la salle. Tu reconnais ?
─ Cela a l'air tellement simple quand tu le fais mais si je montrais ce plan a quelqu'un, il dirait sorcellerie et dans ton monde on ne dirait pas sorcellerie ?
─ Non, ai-je rigolé et chez nous la sorcellerie, c'est plutôt cool.
─ Vous avez bien des appareils magiques qui savent tout alors pourquoi ne pas admettre que vous pouvez voler ou voyager dans le temps ?
─ Nous pouvons voler en montant dans des appareils qu'on appelle des avions mais on ne peut pas voyager dans le temps.
─ Vous pouvez voler ? Hoqueta Phili. Tout ce que tu dis est tellement surprenant.
Je lui ai montré la lune, on a été dessus.
─ Mais comment peut-on faire pour y aller, c'est impossible.
─ Cela sera possible dans 600 ans.
─ Tu m'apprends tellement de chose que tu me rends toute étourdie, me dit Phili. Est ce qu'il restera des animaux ? C'est impossible qu'il n'y ait plus de loup et les renards ?
─ Il n'y aura plus de loup mais il y a des animaux familiers des chiens et des chats, et des animaux dans les fermes. Dans les forêts il ne reste plus beaucoup d'animaux.
─ Comment vivre sans ferme ?
─ Une ferme fait le travail de milliers de ferme de ton époque, la nourriture est produite en grande quantité et nous nous déplaçons sur des routes et il n'y a plus de forêt aussi grande. Nous allons dans des magasins acheter de la nourriture et tout le monde a de l'argent.
─ Tout le monde est aussi riche que les marchands ?
─ Tout le monde a un travail et les jeunes jusqu'à 18 ans apprennent un métier. Attention il y a beaucoup de loupé dans notre monde et dans le monde des gens meurent encore de faim.
─ C'est difficile à expliquer.
De retour chez elle, nous nous sommes allongées épuisées toutes les deux.
─ Comment cela se passe dans ton monde, tu as une famille ?
J'ai soupiré je redoutais la question et ce qu'elle allait penser de ma réponse : Je vis avec ma mère qui est très intelligente mais elle ne s'entendait pas avec mon père ...
Je me suis arrêtée de parler et Phili a compris que c'était difficile pour moi, j'ai repris : il est mort, il a choisi de se donner la mort, il s'est pendu.
─ Je suis désolée pour toi.
─ Cela remonte à bien longtemps, cela fait 6 ans ai-je répondu.
─ Maman et mon petit frère son mort il y a 1 ans et Géraud est parti depuis 3 ans. Tout cela est encore douloureux.
─ Je sais cela semble impossible mais il n'y a plus de forêt il n'y a que des habitations, je fais le trajet tous les jours en vélo entre la motte et la ville.
─ Qu'est-ce que le vélo ?
─ Un appareil mécanique qui permet d'aller à un endroit plus vite qu'à pied comme si on montait sur un cheval ai-je dit piteusement ne voyant pas comment décrire plus simplement les choses. Ma mère est médecin et elle est maire de la ville de st Luc.
─ Je ne connais pas cette ville mais je connais le mot de maire chez nous c'est un personnage important, le plus important après le seigneur.
─ Chez nous aussi le maire est important mais il est élu par ses concitoyens, par tout le monde, ai-je précisé, devant le regard perdu de Phili. Tout le monde peut être maire à condition de le vouloir et il y a des lois que le maire doit respecter et il n'a pas le droit de vie et de mort sur les villageois heureusement.
Nous nous sommes endormies en continuant de parler.
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Le prochain chapitre on reste au moyen âge.
Quel avantage pour Phili d'avoir de l'aide du futur, mais vous conviendrez avec moi qu'elle en avait bien besoin. Margot et elle et les placières vont aller mieux. en tout cas on leur souhaite de tout coeur.
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