Préparatifs
J'étais complètement cinglée !
J'avais un vague projet, je voulais me remettre exactement dans les mêmes conditions que la veille pour revoir Phili, cela tombait bien, il n'y avait personne à la maison.
J'ai regardé mon portable, ma mère m'avait laissé plusieurs messages. Le premier m'annonçait qu'elle rentrerait tard, ensuite les messages se sont succedés de plus en plus insistants, elle voulait savoir pourquoi je ne répondais pas.
Je me suis dépêchée de lui envoyer un sms, lui disant que je venais de rentrer après avoir traînée à la biblio du lycée pour un exposé, portable éteint.
Elle m'a rappelé une minute plus tard, elle avait encore du travail à l'hôpital et une réunion importante au conseil général, mais Babeth m'avait laissé à manger dans le frigidaire.
─ Oui maman comme d'habitude.
Je me suis demandée comment elle arrivait a enchaîner les heures de travail. Difficile de croire que nous étions mère et fille !
Parfois dans mes mauvais jours, je me dis que si ma mère travaille autant, c'est pour oublier qu'elle a poussé son mari au suicide et que nombre de nos concitoyens la détestent.
Je suis allée à la cuisine me préparer un goûter avec un thé quelques gâteaux, je me suis installée avec mes livres à lire et mes devoirs. J'ai lu quelques pages de mon livre sur le moyen âge en goûtant, rien de bien réjouissant.
...Leur calendrier était rythmé par l'agriculture ....ils auront le même calendrier pour tous : les moissons, les vendanges, les fenaisons et les plantations.
Ils auront le même saint patron, se retrouveront aux processions, travailleront ensemble à la corvée des seigneurs et paieront les même droits et redevances (au monastère ou au château). Il en sera ainsi dans toute l'Europe médiévale.
Sa vie est très dure, travaillant misérablement de l'aube au coucher du soleil, au son des cloches , il vit en moyenne une vingtaine d'années.
A cette époque, la moitié des enfants meurent avant l'âge de dix ans et rares sont les "vieillards" de plus de quarante ans....
Philiberte de mon âge, aurait donc dû être mariée et avoir des enfants, mais la guerre et la peste en avait décidé autrement. J'ai lu encore quelques pages toutes du même acabit et je me suis sentie découragée.
... L'alimentation des paysans est peu variée.
Il s'agit essentiellement de lentilles, pois, vesces et fèves mais aussi de quelques fruits et légumes, et des ressources du poulailler. Leurs repas sont accompagnés de pain bis, réalisé à base de farines d'avoine et de seigle.
Pour les plus riches, les plats sont plus élaborés, parfumés aux épices d'Orient ou agrémentés de fruits secs et d'huile d'olive, consommés avec du pain blanc de froment pur. Les herbes aromatiques tiennent une place importante dans la cuisine médiévale. La menthe, la sauge, le romarin, le persil sont utilisés. Le tranchoir, tranche de pain rassis sur laquelle est découpée la viande, fait office d'assiette.
Dans les demeures les plus riches, la cheminée sert pour la cuisson des aliments.
Cela nécessite alors de nombreux ustensiles : crémaillère qui permet de remonter le pot ou de le rapprocher des braises selon les besoins, croc à viande pour tirer les morceaux du pot, trépied, chenets qui supportent les bûches, fourche, tisonnier... Mais la plupart des maisons étant en bois, les hommes tentent d'y limiter les incendies en installant les foyers au centre des pièces, comme aux époques précédentes. Et à la belle saison, ils cuisinent dehors, sous des appentis.
Souvent, il doit manger ainsi que sa famille (dans une écuelle commune), la même chose que les cochons, car les disettes sont relativement fréquentes et rarement il mangera à sa faim, surtout en temps de famine ou il meurt de malnutrition.
Une inondation, une vague de froid ou de sécheresse et il en était réduit au jeûne forcé. Dans ces périodes noires, s'ajoutait l'inflation des prix sur les marchandises et denrées. ..
Après avoir goûté, je suis montée dans ma chambre, Babeth avait refait mon lit mais pas avec les draps anciens et je ne trouvais plus la chemise de nuit abîmée. Je les ai cherché partout, dans la buanderie et le cellier inquiète qu'elle les ait jetés.
Je n'étais pas censé appeler Babeth, sauf en cas d'urgence et pour ma mère cela n'aurais pas été une urgence, mais pour moi si.
─ Bonjour Babeth, c'est Laurie.
─ Ma petite tu as un souci, s'inquiéta tout de suite Babeth.
─ Non Babeth, mais je cherche les draps qui était dans la machine ce matin.
─ Ils sont dans un état épouvantable je les ai mis dans la cuisine du bas pour en faire des chiffons.
─ Non surtout pas Babeth, je fais une expérience de science, ai-je ajouté assez fière de mon improvisation. J'entendais du bruit derrière Babeth son père devait surement faire des siennes ce soir. C'est elle qui m'a élevé et c'est la femme la plus merveilleuse qui soit. Elle a été maltraitée toute son enfance par des parents alcooliques et en a gardé un visage déformé, un dos voûté. Quand elle a été placée en foyer d'accueil a 13 ans, cela a été une délivrance pour elle, c'est dire combien ses parents étaient durs. Plus tard, elle avait encore manqué de chance en épousant un garçon violent.
Babeth a trouvé le courage de fuir son époux et sa région du sud-ouest pour débarquer par hasard dans notre ville, alors que ma mère cherchait une nounou pour s'occuper de moi. Babeth a été aux premières loges pour suivre le drame familial entre mes parents.
Elle est drôle, gentille, superstitieuse et maniaque et je me sens beaucoup plus proche d'elle que de ma mère.
Elle m'avait raconté leurs disputes, comment mon père s'occupait bien de moi et m'aimait mais parlait toujours de partir. Ma mère pleurait ses parents et son adolescence idyllique. Babeth disait que c'est un signe que mon père n'arrivait pas à la consoler, selon elle, ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre.
─Ne m'en veut pas mon bébé de t'avoir dit cela mais ne l'idéalise pas ton père, avait elle dit à de nombreuses reprises.
J'ai son sang dans mes veines, peut être que je suis suicidaire, avais-je osé confier à Babeth.
Laurie, ma puce, tu sais bien que mes deux parents étaient des ivrognes méchants et je n'ai jamais approché une bouteille, ni battu personne. Fais moi confiance tu n'es pas suicidaire.
Elle m'avait toujours dit que ma mère lui avait sauvé la vie, en lui donnant un bon travail mais ma mère y avait gagné une employée dévouée. Dans le conflit entre mes parents, elle avait choisi son camp et c'était celui de ma mère.
Babeth est illettrée et ma mère a essayé de lui apprendre sans succès, elle fait un blocage. Elle a vécu longtemps avec nous, mais a pris un appartement à elle dans un HLM, quand elle a du récupérer son père atteint d'Alzheimer.
─ Du calme papa ! elle posa le téléphone une minute, son père devait lui donner du souci. Elle repris le combiné pour me dire, il est agité, je vais l'emmener marcher un peu, cela va lui faire du bien. Ils vous font faire de drôle de chose à ton école, tu as trempé ces draps dans la boue non ?
─ Si tu les revois dans la machine ne t'en occupe pas et il ne faut pas les jeter.
─ Bon très bien Laurie. Babeth m'adorait et me laissait faire tout ce que je voulais. Elle me trouvait trop passive et devait se réjouir de me voir une passion pour mon expérience et j'ai su qu'elle ne dirait rien à ma mère.
J'ai fait mes devoirs m'appliquant et apprenant mes leçons, bien que nous soyons vendredi soir et que j'ai encore tout le weekend pour travailler. J'ai appris mon chapitre d'histoire sur la seconde guerre mondiale et je me suis promis d'apprendre les autres chapitres que je n'avais pas travaillés. J'avais une rédaction en français mais pas le courage de m'y mettre, alors j'ai fait ma traduction en anglais.
Il était déjà 20 heures et la maison était bien silencieuse.
Babeth m'avait préparé du cabillaud au beurre blanc et de la purée, mais n'ayant pas très faim, je me suis contentée d'une petite portion.
Je triturais machinalement mon pain, quand ma réflexion de ce matin sur le gilet m'est revenue en mémoire, alors j'ai été chercher un sac en cuir appartenant à ma mère qui faisait assez besace du moyen âge et j'ai mis du pain dedans, deux couteaux tranchants. J'ai refait mon lit avec les draps et enfilé la chemise de nuit, pour rêver de Philiberte.
Mon portable sonna à ce moment là, me faisant sursauter, c'était ma mère qui appelait.
─ Laurie, je ne vais pas rentrer de la nuit je suis désolée on m'a rappelé en urgence car il y a eu un accident sur l'autoroute avec plusieurs opérations à prévoir et on a besoin de tout le monde.
─ Bien sûr maman pas de problème, je n'ai pas rajouté au contraire cela m'arrange et j'ai eu peur que mon ton me trahisse.
─ Je m'en veux, je n'aime pas te laisser seule aussi longtemps. Non ça allait elle n'avait rien entendu mais elle devait vraiment être fatiguée, elle était debout depuis 5 heures du matin, il était plus de 21 heures. Elle avait des opérations à prévoir une ou deux, si tous les médecins étaient réquisitionnés, cela voulait dire qu'elle en avait au mieux pour encore 6 heures et elle dormirait à l'hôpital.
─ Va sauver ces gens maman tu me feras plaisir.
─ Je vais essayer, a répondu, ma mère d'une voie lasse. Elle n'a rien ajouté, elle s'épuisait au travail mais pas question de la plaindre elle m'en faisait trop baver.
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