Margot dans le secret (2)
A la rivière, Phili nettoya la boue qui maculait son visage, elle était passée chez elle chercher les savons modernes pour lui faire moins mal, les préparations dont elle aurait besoin et du linge propre.
─ C'est agréable cette plante, dit Blanche brulante de fièvre qui gardait les yeux fermés.
─ Je te trouve trop sale j'aimerai que tu te laves complètement.
─ Mais je vais avoir froid et la crasse protège des maladies.
─ On essaie ma méthode tu te rappelles, dit Phili en lui désignant l'eau. La crasse ne protège pas des maladies.
─ Alors plus de boue ? Articula Blanche difficilement en sortant de l'eau.
Phili lui donna une potion anti fièvre à boire et la frictionna fermement. Elle lui mit une robe propre et sèche et un châle épais, heureuse de pouvoir partager les largesses de Laurie.
─ C'est dégoutant, tu me donnes du poison.
─ Non bois, cela va empêcher la fièvre et faire diminuer un peu la douleur, je vais te faire mal encore, dit Phili en lui perçant l'abcès avec une épine de pin.
Blanche hurla et geignit.
─ Courage ma pauvre Blanche, j'ai presque fini et elle lui mit un emplâtre désinfectant qui ferait baisser l'inflammation. Le pus jaune coulait le long de la joue, elle nettoya plusieurs fois la plaie puis refit un deuxième emplâtre.
─ J'ai si mal, gémit Blanche.
─ Ta joue a beaucoup dégonflé, regarde-toi dans l'eau !
─ Mon dieu je suis affreuse. Tu es sure que j'ai dégonflé.
─ Oui. Tu demanderas à Marguerite. Elle lui fit boire une décoction de saule, une potion antiseptique, elle était contente que l'abcès ait dégonflée aussi rapidement, ce qui était bon signe. Elle lui changea l'emplâtre une dernière fois et il était temps d'aller à la répartition.
─ On va échanger nos bonnets, dit Phili le mien est plus grand et masquera mieux ton visage.
Berthe tenta de protester, non Phili tu y perds. Elle était si mal qu'elle n'avait même pas remarqué la robe neuve.
─ Nous sommes amies et ce n'est pas un gros cadeau. Comme cela tu vas pouvoir garder l'emplâtre en le maintenant sur ta joue avec le lien.
Elles allèrent à la répartition. Françoise n'était pas là ce matin et Maitre Sechot de mauvaise humeur tiqua quand il vit Blanche, il l'envoya chez maitre Digoin le marchand de vin sans rien dire cependant.
Phili et Marie furent envoyées à la rôtisserie de maitre poulain, en plein carême, c'était une torture mais au moins Phili ne serait pas loin de Blanche et pourrait lui changer l'emplâtre dans la journée.
On avait embroché les moutons et les gigots juteux tournaient, répandant une bonne odeur de graisse et de viande. Sur des grilles cuisaient les saucisses et les galettes.
Elles devaient surveiller la cuisson et tourner les broches. Quand la viande était cuite il fallait la découper et mettre d'autres pièces à rôtir. On se brulait les mains sur les grosses broches et il ne fallait rien renverser, ni gâcher. Les clients étaient nombreux, marchands et bourgeois qui venaient manger à toutes heures.
Hannah passa les voir quelques minutes, elle faisait des livraisons pour le drapier, elle lui raconta que la Françoise a été battu comme plâtre, elle a le visage tout noir.
Phili se tourna horrifiée vers Marie qui n'avait pas entendu. "Chut ! Ne le dit pas à la petite cela lui ferait du chagrin, "elle reprit son travail désolée pour Françoise.
─ Tu as réussi à aider Blanche, demanda Marie alors qu'elles en étaient à leur troisième tournée de cuissot à faire cuire. Phili se demanda en aparté ce que dirait le comte de tout cela lui si pieux. Quand il passait à son avis les marchands ne mettaient pas autant de viande à cuire.
─ Oui je connais quelques plantes qui éloignent le mal. Il faudrait que j'aille la voir plus tard.
─ Je ferai ta part de travail, tu pourras y aller quand tu voudras, proposa Marie.
─ Tu es une bonne petite équipière.
Phili s'éclipsa en début d'après-midi. Dans la rue des vins, les vapeurs d'alcool lui tournaient la tête. Elle trouva Blanche qui tenait à peine debout, mais son maitre ivre ne s'était aperçu de rien.
Phili lui fit boire des potions pour lutter contre la fièvre et l'inflammation puis lui changea son cataplasme. Tiens le coup, il reste peu de temps et je te ramènerais chez toi, ordonna Phili à Blanche.
Remi est passé mais je n'ai pas compris ce qu'il m'a dit, je n'entends plus rien et je vois flou.
C'est la fièvre. Phili retourna chez le maitre rôtisseur et s'activa en oubliant la faim. Elle se remémorait tout ce que lui avait appris Laurie et vérifiait qu'elle n'avait rien oublié pour sauver son amie.
Enfin la cloche de fin de journée sonna.
─ Marie pourrais-tu me rendre service ?
─ Bien sur Phili
─ Va chez moi dire à mon petit frère jean de me rejoindre chez Blanche.
─ Promis Phili, dit Marie.
Phili se dépêcha d'aller chercher Blanche évanouie devant l'échoppe de maitre Digoin et elle la ramena chez elle. Phili fut surprise du dénuement dans lequel elle vivait, sa cabane était minuscule et elle n'avait qu'une paillasse. Phili se rappela que son père, un vilain, avait fait des mauvaises récoltes et tout perdu quand ses bêtes sont mortes aussi.
Elle installa son amie sur la paillasse alors que Jeannot arrivait en même temps que Marguerite et Rémi.
─ Comment va-t-elle ?
─ Mal, le père de Blanche ou toi Rémi êtes mieux logés ?
─ Non pire, le père dort à l'hospice et moi dans la salle des gardes à la prévôté, expliqua Rémi.
─ Je vis dans la maison de mes parents, dit Marguerite, mais cela m'ennui de porter la maladie chez nous, j'ai encore deux petites sœurs.
─ Pas de souci, Marguerite, nous allons nous débrouiller. Laissez-moi je vais veiller Blanche cette nuit. Phili se tourna vers son frère : " Jeannot va à la maison me chercher deux couvertures, mon manteau et des préparations demande à Margot, elle sait ce que je veux. Et voilà pour toi un peu de viande rôti que j'ai eu à mon travail."
Le petit hocha la tête et fila chercher ce que lui réclamait Phili.
Jean revient peu après, Marguerite était rentrée chez elle, mais Rémy n'arrivait pas à se résoudre à quitter sa fiancée.
Phili déposa une couverture sur Blanche.
Quand Rémi protesta, elle dit ,se sera un cadeau pour vos noces.
─ C'est gentil Phili, puissions-nous avoir des noces, dit-il, en regardant Blanche souffrante.
─ Je ferai de mon mieux ! Laisse-moi, inutile de tous nous fatiguer. Viens demain m'aider pour les bans plutôt.
Rémi rigola et se leva, très bien capitaine mire, je m'incline devant tant d'autorité et de sagesse.
─ Tu plaisantes fit Phili
─ A peine un vrai mire, tu sais tout.
Phili enfila sa veste et s'emmitoufla elle aussi dans une couverture gelée, la nuit allait être longue. Elle fit boire une préparation d'herbe à sa malade, puis lui humecta les lèvres avec un linge et tamponna son front avec un linge. La fièvre revenait ce qui était très inquiétant et la plaie suppurait à nouveau l'obligeant à percer encore la peau.
Laurie n'avait pas dû venir, sinon elle l'aurait rejoint chez Blanche.
Elle s'écroula de sommeil à l'aube alors que Blanche allait un peu mieux.
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Phili guérisseuse qui l'eut cru.
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