Margot avait vite compris que Laurie n'était pas ordinaire, la contrepartie de son rétablissement c'est que Phili avait dû lui avouer la vérité, au risque que sa sœur n'interdise à Laurie de revenir.

─ Une voyageuse du temps, j'avoue avoir du mal à comprendre, mais je sais que Laurie est bonne et elle est la bienvenue chez nous, avait décidé Margot.

─ Tu te rends compte, elle est peut être notre descendance, repris Phili surprise de la décision de sa sœur.

─ Ce sera peut-être la tienne mais François est mort et il n'y aura personne d'autres pour moi.

Phili soupira, elle se doutait que Margot n'avait pas oublié François et le retour des soldats avait d'ailleurs troublé sa tranquillité. Phili aussi, avait songé, un bref instant au retour de Géraud et le plus étonnant c'était l'espoir qu'elle avait ressenti.

Avec Laurie, elles apprenaient la lecture et l'écriture mais aussi le calcul, les sciences, la géographie et l'histoire. Elles savaient désormais que leur roi était Charles VII de France, dit «Charles le Victorieux», monté sur le trône en 1422.

Marié à Marie d'Anjou alors qu'ils avaient une dizaine d'années. Les filles ont été horrifiées d'apprendre qu'il avait eu une maitresse Agnès Soral, désormais décédée.

Margot était encore faible, mais elle pouvait ranger, aider à préparer des décoctions et surtout elle était là pour bavarder les soirs. 

Leur vie quotidienne s'améliorait, cela avait commencé avec leur maison réparée, les tapis et les couvertures cadeaux de Laurie. Elles ne dormaient plus dans leurs habits mais dans des chemises de nuit encore un luxe, bien que s'habiller dans le froid le matin ne soit pas des plus agréables. Elles avaient un grand nombre de robes et de manteaux.

Laurie leur apportait des technologies et des concepts inédits pour améliorer le quotidien, comme faire des étagères, des paniers, des cintres et des tringles.

Elles avaient construit une petite maison près du gué pour y laisser des affaires, Laurie pouvait même y dormir en cas de besoin. En peu de temps, Laurie avait emmené des richesses qui auraient pu leur permettre, de mener un train de vie de bourgeoise, et tous les soirs, elle continuait d'apporter des richesses.

Plutôt que de devenir riches, Phili et Margot préféraient distribuer les bienfaits de Laurie autour d'elles. Elles faisaient des échanges avec une technique particulière, en s'arrangeant pour récupérer un objet de moindre valeur. Sinon elles oubliaient des objets sur le passage de leurs amis. 

Souvent Margot déposait des objets devant les maisons discrètement.

Surtout Laurie leur procurait les légumes de l'année prochaine et les connaissances médicales, leur garantissant de survivre en cas de maladie sans avoir recours à des mires. Elle leurs apprenait à faire des potions et des cataplasmes.

L'écorce de saule soigne la fièvre elle contient de l'acide acétylique, l'aspirine. La consoude aide les os cassés à se solidifier et l'achillée appliquée sur les blessures arrête les hémorragies, le thym désinfecte et aseptise les plaies, la marjolaine en cataplasme arrête les contusions et les œdèmes. L'armoise a pour particularité de débarrasser le système digestif des vers.

Phili pouvait désormais soigner sa famille, si elle ne savait pas soigner le mal elle pouvait interroger Laurie qui lui cherchait les réponses dans les dictionnaires médicaux du 21eme siècle.

Le vendredi, Phili et Marie retrouvèrent Blanche en installant les bans. Phili avait été atterrée d'apprendre que la guérisseuse soignait son abcès avec des emplâtres de boue mais pas question de rentrer en opposition avec une autorité médicale.

─ Bonjour Blanche lui dit Phili est ce que...

Elle n'acheva pas sa phrase, Blanche avait tout le visage déformé. Elle ne tenait qu'à peine debout grelottant de froid.

─ Le maitre va me renvoyer, dit-elle d'une voie pâteuse, je suis foutue, elle se mit à pleurer tandis que Marguerite essayait de la consoler.

─ Mais que dit la guérisseuse ? S'inquiéta Phili.

─ J'y suis allée hier soir, elle ne peut plus rien pour moi. Le remède est bon, mais c'est mon corps qui va mal.

Phili fut soufflée du toupet de la drôlesse qui avait aggravé l'état de Blanche et maintenant prétendait que c'était la faute de la malade.

─ Tu aurais dû aller voir le mire, dit Marguerite inquiète pour son amie, les mires sont bien meilleurs que les guérisseurs.

─ J'ai si mal, gémit Blanche, je vais mourir, j'ai rendu sa parole à mon fiancé, mais il est têtu et ne veut rien entendre.

─ Les choses peuvent encore s'arranger, tenta Marguerite qui essuya une larme sur sa joue.

─ Maitre Sechot va me renvoyer quand il va me voir, rien ne va s'arranger, souffla Blanche.

Phili et Marguerite échangèrent un regard, Blanche avait raison, Maitre Sechot la chasserait.

─ Retourne voir un mire, tenta Phili.

─ Non, la guérisseuse m'a pris tous mes sous, même ceux que je gardais pour mon mariage et mon père doit deux années de dîme et s'il ne paye pas ce sera le fouet.

Phili regarda Blanche, avec Laurie elles avaient travaillé sur les maladies de peau et les différences entre l'eczéma, les allergies et les maladies liées à une mauvaise hygiène comme l'impétigo, le dartre.

Elles avaient préparé des potions antiseptiques et désinfectantes avec de la sauge, du thym et de l'hysope officinal, des lotions anti inflammatoires avec des prêles des champs et des reines des prés et des cataplasmes avec de la marjolaine et du frêne pour soulager les contusions et les œdèmes. Dans leur pharmacie elles avaient aussi une potion pour endormir avec de la valériane et de la passiflore.

Phili et Margot veillaient à avoir toujours des remèdes prêts. Cela avait été utile quand deux soirs plut tôt, Phili ait eu à soigner le petit Robin le fils de Ponine, le dos en sang, battu par son maitre.

Phili entraina Blanche à part : "Si moi j'essayais de te soigner avec des plantes."

─ Mais je n'ai plus de sous ma pauvre Phili.

─ Je ne te demande rien, mais par contre il faudra que tu fasses ce que je te dis pour les soins sinon ils ne seront pas efficaces et surtout ne pas en parler.

─ Je suis foutue alors au point où j'en suis, je veux bien essayer de suivre tes remèdes.

─ C'est n'importe quoi, râla Marguerite, tu n'es pas mire.

─ Que proposes-tu de mieux, répondit Phili.

Marguerite ferma les yeux pour réfléchir quelques instants et hocha la tête. Tu as raison il vaut mieux tenter quelque chose.

─ Je vais t'aider à installer tes bans et on va arranger ta joue pendant la messe. Blanche perdit connaissance et les filles se dépêchèrent de faire son travail.

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Grace à Laurie la vie de Phili s'améliore incroyablement.

Les connaissances médicales sont un sacré avantage à cette époque.

Je vous en ai mis des infos médicales, ca va pas trop saoulé?

Bonne lecture