Mardi gras (4)
Sur l'heure du déjeuner il y avait toujours autant de monde, impossible de souffler un peu. Phili était ébahie par la richesse des clients qui pouvait s 'acheter les étoffes si chères.
─ Donne-moi la dentelle de deft petite, demanda le marchand.
La dentelle c'était tout nouveau pour elle, des tissus qui brillaient comme de l'eau. Ce matin elle ne savait pas ce que c'était, désormais elle reconnaissait les beaux tissus encore que chaque ville ait son motif.
─ Très bien petite. Tu t'appelles comment ?
─ Philiberte. Son ventre grognait, elle n'avait pas mangé depuis la répartition quand maitre Sechot leur avait donné la soupe chaude et un morceau de pain, mais elle avait connu pire. Elle tendit le rouleau au marchand.
─ Je vais vérifier les autres stands je reviens, dit il un peu plus tard, reste sur le ban avec Albert.
Elle voulut lui dire que normalement elle terminait bientôt son service, mais il était déjà parti.
Le commis obséquieux avait l'air d'avoir la main baladeuse et Phili était un peu inquiète, mais dès que le maitre fut parti, il s'esquiva à son tour en lui disant de garder la boutique.
Les commerces fermaient déjà, quand une mère maquerelle, Dame Pinchot arriva, ces femmes faisaient une peur bleue à Phili. Son père lui avait dit qu'elle retenait des jeunes filles prisonnières dans leur bouge et Phili avait pour consigne de ne jamais s'approcher d'elles.
─ Bonjour beauté ! montre-moi les dentelles de calais.
Elle sorti le beau rouleau de tissus et le déroula délicatement.
─ Dis-moi petite, tu n'es pas intéressée pour gagner beaucoup d'argent, en montant commerce chez moi.
─ Non merci madame, refusa Phili les joues en feu.
─ Tant pis ! Bon découpe-moi deux aunes de dentelle.
─ Je suis désolée noble dame, je n'ai pas le droit de vendre la dentelle, je ferai la commission à maitre Van Rampen.
─ Insolente dépêche-toi.
Phili était coincée, quoi qu'elle fasse elle serait punie. Elle soupira c'était d'autant plus injuste que son service était normalement fini, elle entendait au loin la musique des bals.
Maître Van Rampen arrivait et cria, "partez vieille maquerelle puante, je ne vends pas au laideron comme vous. Ou est Albert ? " tonna t'il en regardant la femme partir.
─ Je ne sais pas maître Van Rampen, dit Phili, en faisant une révérence,"j'ai terminé mon service."
─ Range la dentelle et le mètre, la coupa t'il sans tenir compte de ce qu'elle venait de lui dire.
─ Il doit traîner au bal, le drôle. Je sais que ton service est fini mais tu vas rester un peu car j'ai besoin d'aide et tu auras une récompense, cela ne t'ennuie pas trop ? Il ajouta à sa surprise "je suis désolé de t'empêcher d'aller danser, une beauté comme toi."
─ Non cela va bien. Elle n'ajouta pas qu'elle avait juste prévu de bricoler sa maison, pas d'aller danser. Elle aidait à porter les rouleaux de tissus quand Jehanne et Marguerite s'arrêtèrent essoufflé devant son stand. "Sais-tu ou est Marinette ?"
─ Non, répondit Phili, je n'ai pas quitté mon service encore.
─ Tu n'es donc pas au courant, cria Marguerite. Trois hommes viennent de passer la porte st jacques, des soldats libérés parait-il d'une très lointaine guerre. "Il y avait Briand le mari de Marinette et Remi le fiancé de Blanche."
─ Et le troisième, demanda Phili, un étrange sentiment lui nouait le ventre.
─ Un vieux sa femme est lavandière la Fernande, il s'appelle Paco si tu t'en rappelle,
Phili hocha la tête se reprochant son stupide espoir.
─ C'est la première fois que des hommes reviennent du front, demanda le hollandais.
Les deux placières firent une révérence et répondirent oui en coeur.
─ La guerre est terminée, il y aura d'autres retours.
─ Tu es encore de service, dit Marguerite guère discrète. Dis-lui que tu as terminé.
─ Non ça va aller, merci Marguerite.
─ Ne reste pas dans mes jambes, dit Van Rampen impatienté peu après, va porter d'autres étoffes à la boutique. Il faut nous dépêcher de ranger avant que des farandoles ne viennent par ici.
Enfin Maître Van Rampen la libéra et la cloche de fin des transactions commerciales avait sonné depuis longtemps.
─ Tu as bien travaillé, merci Phili passe chercher un pain chez moi et voilà un morceau de laine pour toi dit-il en lui tendant une grosse couverture épaisse. Elle hocha la tête trop stupéfaite pour parler car la couverture valait une fortune, plusieurs pièces.
Elle alla à la maison du maître hollandais et la cuisinière lui ouvrit.
─ Bonjour je suis la placière de maître Van Rampen, il m'a dit de venir chercher un pain.
La femme la jaugea rapidement, puis alla lui chercher un pain d'une livre, là encore une fortune.
Elle aperçut Albert qui contait fleurette à une bonne de maître Guitou, l'aubergiste, elle songea à le prévenir que son maître le cherchait et y renonça. Il serait fâché après elle et le bourgeois n'en serait pas plus indulgent.
Les placières n'étaient pas là et les hommes revenus de la guerre non plus, Phili courut au porche de l'église ou elle trouva Marie et sa mère, qui somnolaient appuyées l'une contre l'autre. Elle secoua doucement l'épaule de la petite.
─ Marie mon enfant. Tu as été chercher à manger.
Marie hocha la tête, oui nous avons pu manger.
─ Tu y retourneras tout à l'heure promis ? Regarde ce que le hollandais nous a donné, une couverture et un pain. Elle posa la grande couverture sur la petite et sa mère. Faites bien attention à ne pas vous la faire voler. Marie se réveilla complètement en voyant le pain. Je te laisse tout cela pour toi et ta maman et je prends un peu de pain pour ma famille dit Phili en cassant le pain.
Huguette se réveilla et prit le pain dans ses deux mains et le huma. Si les repas des festivités des trois jours de mardi gras lui faisaient du bien, la pauvre femme savait qu'elles auraient des semaines difficiles devant elle. Elle prit le pain et l'enfoui dans sa jupe.
─ Faites attention aux autres mendiants.
─ Merci Phili tu t'es bien occupé de ma petite Marie dit la mère en regardant sa fille.
─ Elle a bien travaillé dit Phili. L'hiver est passé et avec les beaux jours cela ira mieux. Elle enleva son châle et le donna à la mère.
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Espérons que toutes les bonnes actions de Phili porteront leurs fruits.
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