Mardi gras (2)
Laurie avait été surprise du nombre de personne à la rue hier soir, Phili lui avait expliqué que leur père aurait pu abandonner Guilaine et Noé à leur triste sort.
A la mort de Géraud et de François les deux familles n'avaient plus aucun lien de parenté, sauf que pour eux c'était évident qu'ils allaient recueillir les enfants et les aimer.
Ce n'était pas à elle de faire la leçon à la mère Agnan, mais la place de Marie n'était pas sous un porche d'église en attendant une place dans un des hôtels dieux.
Marie et sa mère avaient passé le froid hiver, ce qui était déjà un miracle, mais elles ne tiendraient pas plusieurs années ainsi. Quelle autre solution car vivre chez Françoise cela revenait à vivre avec le maitre des bans et rien ne semblait pire que cela. Il avait toujours eu des maitresses, qui mourraient jeune d'ailleurs, seule Françoise était restée un peu plus longtemps que les autres.
Phili préféra changer de sujet.
─ C'est mardi gras aujourd'hui et il y a un bal cet après-midi ce sera amusant.
─ Oui dit Marie les yeux brillants ce sera bien.
Blanche et Marguerite les rejoignirent et Phili constata que Blanche avait un abcès sur la joue.
─ Que t'est-il arrivé demandé Phili.
─ Je ne sais pas j'avais ce bouton en me réveillant ce matin, ca me brule, j'irai voir la guérisseuse si cela ne passe pas, heureusement qu'on rentre en carême car pour me trouver des galants au bal... Elle n'acheva pas sa phrase et grimaça.
A la rue suivante Clara et Adèle bavardaient avec Marie Pochain une vendeuse, il y avait aussi Eulalie une bonne qui vivait chez la mère Grandjean.
─ Phili, la Françoise n'a pas l'air de te porter dans son cœur, elle donnait ses consignes au maître des bans dans la nuit je crois qu'elle était fâchée que tu sois au bal et elle doit te préparer un coup fourré. Une femme avertie en vaut deux, lui dit Clara.
─ Et méfie-toi de sa petite sœur. Elle doit espionner pour le compte de la diablesse, ajouta Eulalie.
La petite Marie recula effrayée.
─ Non Marie n'a rien à voir avec sa sœur, arrête Eulalie ne lui fait pas de mal, intervient Phili.
─ On t'a vu passé avec une jolie fille je ne l'ai pas reconnu ? Demanda Marguerite qui les avait rejoints pour assister à la bagarre.
─ Une cousine, elle ne vient que peu en ville, ce sont des rustres. Nous avons dansé un peu à la place st jean. Répondit Phili embêtée que Laurie ait été remarquée.
─ Dès qu'on vit hors des remparts on est un rustre, rétorqua Marguerite se moquant méchamment. Je ne sais pas si cette fille était jolie mais le Gérard l'a cherché un moment.
Phili n'aimait pas Gérard une brute qui profitait de sa force pour obliger les autres à faire son travail. Elles avaient eu de la chance de ne pas tomber sur lui.
─ Toi tu as dansé ? Poursuivit Clara, on a cru que tu te réservais pour un mystérieux retour de ton homme.
─ Assez de bavardages, il y a du travail, dit Phili désireuse de changer de sujet. Elle rejoignit Marie et lui mit la main sur l'épaule, ca va elles ne t'ont pas fait peur ?
─ Un peu, mais elles ont raison, Françoise peu vraiment te préparer un méchant tour.
─ C'est à se demander pourquoi car je n'ai rien fait contre elle pourtant, murmura Phili embêtée. Peut être qu'elle la détestait à cause de Géraud. Ce n'est pas grave nous avons du travail continuons.
Marie était crasseuse avec les cheveux en broussaille, sa robe qui avait été de bonne facture était trop courte, sale avec de nombreux accros. Elle sourit à la petite qui avait la mine chagrinée et songea qu'elle avait eu cette allure négligée, avant de rencontrer Laurie.
─ Comment fais-tu pour être si propre, demanda la petite en la regardant avec admiration. Apparemment leurs pensées avaient suivi la même direction. Cependant pas question de lui dire la vérité au risque que Françoise l'apprenne.
─ Si nous avons fini d'installer les bans avant la messe, je t'aiderai à faire un peu de toilette car les marchands n'aiment pas les placières négligées.
─ J'aimerai bien, soupira la petite.
─ La mauresse est morte leur appris un peu plus tard Guiton un placier qui installait les derniers gros tréteaux de la place. Comme elle n'est pas de notre religion, le maire l'a fait jeter à la fosse commune. Au fumier la vilaine bonne femme !
Phili fut horrifiée d'apprendre la mort et l'absence d'enterrement de la femme.
Marguerite demanda : Et comment il le prend le maire ?
─ Mal ! tu t'en doutes, reprit Guiton.
En moins d'une heure elles avaient installé tous les bans. Marie, intelligente et vive, avait compris le travail et allait chercher les tréteaux pendant que Phili ajustait les planches.
─ Incroyable nous avons déjà fini, c'est beaucoup mieux à deux, se réjouit Phili. Allons à la rivière, tu vas te laver et je vais t'aider à te coiffer.
Elle l'emmena à la seine et sorti de la saponaire, la petite se frotta activement. Elle prit une branche qui ferait un bon peigne et la lui passa dans les cheveux, regrettant de ne pas pouvoir utiliser le peigne apporté par Laurie.
Phili fit une natte bien serrée qu'elle tordit en chignon et Marie toute contente s'admirait dans l'eau. Je voudrais que maman me voit ainsi !
─ Si tu veux, tu peux vite la rejoindre pour te montrer, tu me retrouveras à la messe.
Phili et Marie avaient pu dormir un peu au chaud à la messe et le prêtre avait servi un bouillon chaud à tous les paroissiens.
─ Ou étiez-vous ? On vous a cherché, demanda le maitre des bans quand Phili et Marie rejoignirent le groupe des placiers.
─ Nous étions à prier, improvisa Phili.
─ Tachez d'être là à l'heure !
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Houla attention à celui là les filles. Un vrai gros méchant.
Bonne lecture la suite par là --->
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