mardi de laurie (2)
─ Ça fait un an que tu manges ici ?
Fanny acquiesça et sorti un énorme sandwich de son sac à dos qui aurait fait hurler ma mère et regarda avec un air surprit ma quiche, mes couverts.
─ On n'a pas le même régime alimentaire a-t-elle dit en grimaçant. Ma mère n'a pas le temps de cuisiner et je suis une goinfre, j'ai toujours faim.
─ Chacun fait comme il veut, ai-je répondu, ma mère est une maniaque de la bouffe et je n'ai jamais eu le droit de manger un sandwich ou de boire du coca.
─ Tu veux que je t'apporte du coca en cachette ? Rigola Fanny.
─ Non merci, j'ai quand même essayé, mais je n'aime pas, le mal est fait.
─ En tout cas cela te réussit tu es mince et élégante.
Je ne me sentais pas élégante mais je tenais de ma mère j'ai peu d'appétit et j'étais menue.
─ J'ai un avantage secret, ai-je avoué, je ne supporte pas le chocolat et les sucreries.
─ Pourquoi ?
─ Je ne veux pas t'ennuyer avec cela,ai je faits gênée de m'être aventurée sur ce terrain.
Elle m'a fait signe de poursuivre en prenant une bouchée de son sandwich.
─ J'étais là quand on a trouvé mon père, je revenais d'un goûter d'anniversaire avec encore du chocolat dans la bouche.Maintenant quand je mange du chocolat cela évoque la mort pour moi et j'ai aussitôt envie de vomir.
─ C'est triste,...en même temps c'est radical pour faire un régime, a reconnu Fanny. " Moi mon père s'est tiré une balle dans la tête dans un champ, il nous a laissé complètement fauché ma mère et moi. La nourriture est la seule chose qui nous console."
Fanny portait son sempiternel jeans, un gilet bleu ciel démodé sur un tee-shirt orange vif. J'appréciais son caractère et j'ai regretté que dans notre monde tout soit basé sur l'apparence.
Nous avons discuté un peu et j'ai compris que les choses ne s'arrangeaient pas pour elle, personne ne lui parlait. Elle aussi se retrouvait toujours seule pour faire ses exposés.
─ Je suis désolée pour ton père, ai-je dit.
─ Cela va faire trois ans quel cauchemar, a-t-elle poursuivit. La ferme a été démembrée ça veut dire que les bâtiments qui servent à l'exploitation agricole ont été vendu à part. La banque nous a permis de garder la maison à titre de dommages et intérêts. Le problème c'est qu'on partage la cours avec un sale ivrogne qui élève des poulets et il se sert des bâtiments pour entreposer du matériel. On pense qu'il fait du trafic louche et ma mère ne le supporte pas. Enfin bref je ne veux pas t'ennuyer avec mes histoires.
─ Tu ne m'ennuies pas.
─ C'est gentil, ma mère est tout le temps fatiguée et elle se fait du souci quand ce n'est pas le voisin c'est à cause de mes grands-parents qui perdent la tête. Heureusement elle a pu les faire hospitaliser là où elle travaille, elle fait des ménages à la maison de retraite Sainte Jeanne.
Je connaissais, ma mère y avait fait quelques visites politiques accompagnées de la presse.
─ Si je peux t'aider d'une façon ou d'une autre, dit le moi ai-je proposé. En même temps je ne voyais pas très bien ce que j'aurais pu faire.
─ Je veux bien des conseils pour les fringues, mais sinon déjà rien que tu sois la et qu'on parle c'est sympa. Tu es comme moi et tu compatis vraiment parce que nous savons toutes les deux...
Elle n'a pas poursuivi mais je comprenais, nous avions subi la mort d'un être cher qui avait préféré mourir que de rester avec nous. Aux yeux des autres nous avions une marque invisible sur le front comme si nous étions maudites. Nous étions des filles de suicidés et ce n'était pas cool.
On a parlé des profs ensuite pendant que Fanny terminait son sandwich. Je lui ai raconté mes misères avec la prof de gym injuste et la prof de math si nulle. Fanny elle avait des bons profs à part le prof d'économie, le même que moi et nous étions d'accord toutes les deux il était nul et sa matière aussi. Fanny était exemptée de gymnastique donc elle n'avait pas à subir Garnier sa prof.
Ensuite nous avons travaillé un peu, Fanny faisait des exos de physique. Elle bossait bien et elle avait une super écriture, moi j'ai lu mon livre de français.
─ Tu es en quelle classe, a-t-elle demandée.
─ En première ES, j'aurais dû faire comme toi et redoubler ma seconde de toute façon je vais redoubler cette année.
─ Je veux aller en première S, a dit Fanny mais mon prof principal refuse genre je ne suis pas assez bien mais je n'ai pas dit mon dernier mot car j'ai mon arme secrète.
─ Ton arme secrète ?
─ Oui ma mère. Je lui en ai parlé et elle va venir voir le proviseur avec son flingue, dit Fanny en terminant son exercice, à mon avis je devrais réussir à y aller. Fanny m'a fait un clin d'œil en terminant la phrase.
J'ai éclaté de rire car j'imaginais bien la scène le proviseur Dandieu menacé par un fusil, c'était tellement drôle je n'arrivais plus à m'arrêter et je me roulais sur la table.
Fanny a éclaté de rire aussi.
─ J'adore ta mère, ai-je fait en reprenant mon sérieux.
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Naissance d'une amitié.....
Laurie redécouvre ses amies au lycée ...
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