Les festivités (3)
En rentrant Phili aperçu, au loin, des chevaliers qui revenaient de la chasse en coupant à travers les champs pour ne pas passer dans les ruelles encombrées.
A la maison elle nettoya sa sœur en la frottant avec un peu d'eau. La pauvre tremblait prises de gros frissons. Elle envoya les petits remplir les seaux et en profita pour nettoyer la maison tandis que Margot blottie contre un mur grelottait toujours. Guile retourna chercher les robes pour qu'elles terminent de sécher chez eux et Phili rallongea Margot.
Ensuite elle lava les enfants et enveloppa Jean dans sa vieille robe puis elle prit son vieux tablier et le pantalon du petit jean et fit un pantalon qui couvrait les deux jambes. Elle eut même un peu de tissus pour agrandir le tablier de Guilaine. Elle n'avait plus de fil cependant.
Jeannot tout content de son nouveau couteau entrepris de tailler une cuillère dans un morceau de bois.
Un coup de vent violent la fit frissonner. C'était quand même malheureux tous ses trous dans la maison et elle décida qu'elle la calfeutrerait. Laurie avait raison, comment le prévot pourrait-il savoir qu'elle avait pris du bois, si elle ne le faisait pas bruler.
Dès le midi, sa famille comme tous les villageois se rendit à la ville fortifiée. Elle avait promis de les rejoindre, mais elle alla d'abord en forêt et trouva rapidement ce qu'il lui fallait un énorme branchage de noyer. Elle l'installa dans le four et le débiterai plus tard.
Le spectacle était magnifique, mais Phili ne regardait que le public et les rangées des dames dans leurs beaux atours.
Toutes les tribunes étaient remplies sauf celle du comte, il ne souhaitait visiblement pas se divertir et son absence ressemblait à un avertissement sourd. Riez bien tant que vous le pouvez !
C'était un soulagement pour tout le monde qu'il ne soit pas là, car sa présence austère assombrissait tout.
Le comte était un vieillard de 40 ans, avec une vigueur encore étonnante qui faisait dire à certains qu'il était lié avec le diable. Les commères du village racontaient qu'il avait rendu malheureuse ses trois épouses et priaient déjà pour la prochaine qui devrait vite lui donner un héritier. Il ne semblait cependant pas décidé à se remarier.
Au château demeurait avec lui ses conseillers et quelques seigneurs. Le comte était vassal du roi, à égalité avec ses pairs les autres grands du royaume, le duc de bourgogne, celui de Bretagne et de Normandie le comte de Touraine.
Phili ne connaissait pas tous les nobles personnages qui vivaient au château. Ils avaient leur route pour ne pas être incommodés par la populace et se déplaçaient dans de gros carrosses sombres avec leurs escortes de gardes.
A un niveau bien moindre le maire étaient le deuxième hommes fort de la ville.
Charles Gandin, le chef de la congrégation des marchands de la ville, assistait à la place d'honneur au spectacle à côté des bourgmestres, des évêques, des plus riches bourgeois. Il était de sombre humeur et sa belle maitresse n'était pas là.
Sénèque, le riche banquier juif était avec une jeunesse, aussi bien habillée qu'une princesse, avec un robe de velours vert et un manteau assorti, qui mettait en valeur des cheveux blonds, mais on racontait qu'elle venait de St Jacques une métairie de l'autre côté de la ville et la pauvre fille ne savait pas parler. Il parait que tout le monde se moquait d'elle dès qu'elle ouvrait la bouche.
Phili écoutait les commérages distraitement, les gens étaient bavards et guère discrets, d'ailleurs les bavardages reprirent de plus belle, disant que la mauresse était mourante.
Les deux hommes les plus puissants de la ville seraient donc bientôt célibataires et peu désireux de trouver leur amour parmi les nobles dames, pourtant il y en avait des jeunes femmes en âge d'être mariée ou des jeunes veuves ravissantes.
Les nobles et les bourgeois avaient des tribunes séparés. Dans les tribunes des nobles, le comte et la comtesse de Sencé et leur fille Diane, assistaient au spectacle. On disait Dame Diane très pieuse et raisonnable, elle était brune, jolie, ses cheveux soigneusement enfouis sous sa coiffe et voulait devenir leur princesse. Phili l'avait cependant vue repousser des enfants qui demandaient la charité et elle n'avait pas été d'une grande tendresse.
Dame Gertrude, la fille du comte de lorraine, avait 18 ans et beaucoup pronostiquait qu'elle serait leur prochaine princesse. Elle portait une robe de velours bleu et un grand manteau de brocard gris argent avec une fourrure grise. Elle était là avec son chaperon, Dame loué de Breuil une douairière qui portait une coiffe tordue. Le duc de Lorraine guerroyait avec le roi et avait confié sa fille à son voisin de peur que le duc de Bourgogne ne mette la main sur la fille et les terres. Les badauds s'extasiaient sur sa tenue somptueuse. Elle avait reçu plusieurs demandes en mariages mais attendait celle du Comte qui se faisait attendre.
Elle semblait furieuse peut être de l'absence du seigneur à la fête. Phili ne pouvait imaginer comment on pouvait être contrarié avec autant de richesse. Elle avait des longs cheveux blonds et de yeux bleus, mais au temps de sa beauté Margot avait été bien plus belle.
D'autres nobles encore que Phili ne connaissait pas.
Elle reconnu encore une noble dame, Claire une veuve. Son père le châtelain de Noailles était désargenté suite à des mauvaises récoltes et ils étaient logés au château. Elle avait été mariée quelques mois au comte de Galinier tué à la guerre, parti en même temps que Géraud. Dame Claire l'avait consolée ce jour la.
Les manants pronostiquaient laquelle deviendrait leur souveraine, mais Phili s'en moquait éperdument. La foule commentait aussi l'absence de l'épouse du marquis de Grosbois qui allait accoucher sous peu.
Nulle trace de Laurie et les servantes debout près de leurs maitresses n'avaient pas la grâce de son amie.
Le spectacle dura toute l'après-midi, malgré le froid et la pluie, mais Phili trouva l'ambiance sombre comme si tous les villageois étaient conscients d'une sourde menace, sans doute un effet de cet hiver interminable. Il y avait moins de nouveaux marchands et de pèlerins portants les coquilles de st jacques depuis quelques années et aucun soldat n'était revenu de la guerre.
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