Laurie Breton 16 ans
Je me suis pris une averse ce matin. Malgré cela je préfère venir en vélo plutôt que de prendre les cars scolaires bondés qui s'arrêtent dans tous les petits patelins des environs.
La matinée est passée difficilement, nous avons eu deux heures d'économie, interminable!
Je regrettais d'avoir choisi cette matière qui ne me plaisait pas du tout mais que faire d'autres ? Pas assez bonne pour aller en science, je n'aime pas la littérature et pas davantage la gestion.
Le prof d'économie m Beros nous a rendu un contrôle.
─ Laurie 7, c'est insuffisant comme d'habitude, vous ne fichez rien ! Vous ferez de la politique comme votre mère.
La fille a côté de moi Camille Boudet m'a passé ma copie en me disant, "dommage ! Ta mère doit être super déçu."Elle m'a montré sa copie, avec un gros 15 entouré.
J'ai haussé les épaules, mais je me suis sentie nulle comme d'habitude. Je me promets toujours de me mettre à travailler, mais à la maison mes bonnes résolutions s'envolent et je suis trop fatiguée pour m'y mettre.
Maintenant j'ai pris tellement de retard que je ne sais plus par où commencer. Je suis très mal pour mon bac de français car je n'ai rien lu encore.
Il s'est remis à pleuvoir, c'est pénible quand nous devons changer de bâtiment entre les cours. Notre lycée est moderne, refait à neuf avec plusieurs bâtiments de brique ou de bois en pleine campagne. En face il y a un supermarché et un bricomarché.
Le site d'une ancienne usine de chaussures abrite les bâtiments administratifs, puis disséminés jusqu'à la Seine différents bâtiments. Certains ont été agrandis avec des baies vitrées et on a rajouté des préfabriqués car il n'y avait pas assez de salles de classes. Le lycée technique, un des plus modernes de France, part de la gauche du parking avec les ateliers de carrosserie et de mécanique et les salles de cours dans d'autres immeubles, qui donnent eux aussi sur la seine. Ils ont leur cour de récréation avec des paniers de baskets et une des cantines leur est réservée.
Après la permanence je suis allée à la cantine, espérant être tranquille, mais à cause du déluge, elle était noire de monde. Tous les élèves s'agglutinaient dans le préau, sur les tables et chahutaient. La pluie qui tombait sur la verrière ajoutait encore au vacarme de la grande salle.
Je me suis dirigée vers la file ou il y avait le moins de monde, on y propose des plats diététiques , c'est là que j'avais le plus de chance de trouver mon bonheur. Il n'y avait qu'une fille devant moi.
Pedro le cuisinier m'a souri avec un geste d'excuse, ce midi c'était de la ratatouille et du rôti. J'allais faire demi-tour quand il m'a interpellé :" Attends Laurie, j'ai quelque chose pour toi. Je t'ai préparé une assiette avec le poisson et des haricots verts, un reste d'hier." Il me connaissait bien, je ne supporte pas le rouge.
Je me suis dirigée vers une table au fond de la salle. Ce midi 4 élèves de seconde y mangeaient.
je suis passée devant la table des populaires. Kelly est brune, mignonne et enrobée, elle n'est pas du tout comme son apparence le suggère. On s'attend à trouver une fille gaie, en réalité c'est une peste mesquine. Diana Bonnet est la terreur de notre lycée, des yeux globuleux bleus pales, blonde. Elles m'ont interpellée quand je suis passée devant elles.
─ Alors Laurie boudin, Dit ton imper vert c'est parce que tu es un troll ?
J'ai haussé les épaules elles étaient infernales ces filles. Quand j'étais plus jeune, elle m'en avait vraiment fait baver, car je n'étais pas armée face à cette hargne. J'avais été surnommée "Tâche de son" à cause de mes tâches de rousseurs, "Laurie la cinglée", "Laurie la bourge" et maintenant elle m'appelait "Laurie Boudin". C'était pathétique que j'en souffre encore.
─ Trouve toi des amies de ton âge, n'arrête pas de dire ma mère, ce n'est pas si dur, tu es mignonne et intelligente !
Je ne sais pas où elle place ses critères d'intelligence et de beauté en tout cas mes camarades de lycées ne les partagent pas.
Le père de Diana est un allié politique de ma mère, puisque il est maire de la ville de Troyes et ils sont du même parti, mais en réalité ils se détestent tous les deux.
Tous connaissent l'histoire de ma famille, suffisamment scabreuse pour en faire des gorges chaudes, mon père s'est suicidé et maman est une politicienne célèbre qu'on voit beaucoup dans la presse régionale. Elle est la maire de notre commune La chapelle st Luc, membre du conseil général et député adjoint.
Elle adore nous voir en photo dans les journaux avec des gros titres : le député maire et sa fille modèle, une si jolie famille !
Ça, ce sont les commentaires gentils car sinon on trouve les autres articles bien plus fréquents.
la famille meurtrie, la femme de fer et sa fille fragile ... les lourds secrets ...et j'en passe des titres accrocheurs que mes camarades de classe me balancent toujours à la figure, quand les journalistes déterrent le scandale toujours croustillant de la mort de mon père.
En passant entre les tables j'ai vu des fraises berk !
Depuis la mort de mon père, mes phobies me pourrissaient la vie. Il fallait que je me lave les mains plusieurs fois par jour, je ne rentrais jamais dans une pièce sombre, ne supportais pas le chocolat et la couleur rouge.
La journée terminée je suis allé à l'hôpital ou je suis bénévole, je m'occupe de jeunes handicapés âgés de 9 à 21 ans.
Je vais à l'hôpital tous les soirs sauf le mardi car j'ai ma psychothérapie et le vendredi car Lucie l'autre bénévole s'est réservée sa soirée.
A l'hôpital avec Lucie, nous avons surtout aidé les infirmières, car les enfants ont des soins de motricité, en semaine qui les fatiguent. Ils ont piscine le lundi et le jeudi matin et entrainement sportif le mardi et le vendredi. Notre hôpital est à la pointe, pour l'éveil des jeunes.
Je suis rentrée à la maison à 19h30, ma mère était en train d'inspecter la roue du moulin.
─ Tu crois qu'on va être inondé ?
─ J'espère que non je n'ai pas envie de ressortir les barques !
Notre maison est en zone inondable, normal pour un ancien moulin à eau avec un nom grandiloquent, le château de la motte, mais nous sommes parés cependant, car le rez-de-chaussée n'est pas meublé et les murs sont couverts de chaux en prévision des crues.
Un autre motif de ragot pour mes camarades de classe, je suis celle qui vit dans un château. S'ils savaient qu'il est bien trop cher pour nous deux.
Pour y arriver il faut emprunter un chemin forestier au milieu des bois qui ne nous appartiennent plus. Ma mère les a vendus à la condition qu'ils ne soient jamais rasés. Elle a obtenu ce qu'elle voulait, mais ce sont des sociétés de chasse qui ont acheté et le résultat c'est que nous entendons des coups de feu tout l'automne.
Nous avons deux bateaux pour nous déplacer quand nous sommes entourés d'eau et j'ai su nager à 3 ans.
Arrivée à la maison j'ai posé mon sac dans ma chambre et j'ai été m'asseoir sur le rebord de ma fenêtre en regardant la rivière.
Ma mère a a mangé rapidement avant de retourner à l'hôpital elle est de garde cette semaine.
Babeth qui s'occupe de tout chez nous, avait déposé le linge ancien sur ma banquette et fait mon lit avec les draps trouvés le weekend dernier. J'ai enfilé une des chemises de nuit brodée.
Fatiguée, je me suis couchée, bien qu'il ne soit que 10 heures et je n'ai pas mis longtemps pour m'endormir.
Là, les choses étranges ont commencé....
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Deuxième chapitre pour planter le décor peut être un peu long mais qui permet cependant de donner une ambiance.
Vous en pensez quoi ? Trop long encore, J'en ai pourtant déjà supprimé la moitié.
Bisous
Chapitre suivant la rencontre des héroïnes.
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