Chez Fanny (fin)
J'ai passé l'aspirateur, ouvert les fenêtres, dans le « salon-chambre » du linge traînait et l'ai rassemblé sur une chaise.
J'ai rangé la cuisine, jeté pas mal d'emballage et de détritus. Il n'y avait pas de lave-vaisselle alors j'ai lavé la vaisselle à la main et j'allais nettoyer le sol quand Fanny est revenue.
─ Mais tu as tout nettoyé merci beaucoup, elle fit un tour sur elle-même. Ils sont bien, j'ai l'impression qu'il n'y a pas de retouche à faire.
Fanny a regardé la maison avec un air désolé, tu veux bien m'aider à ranger.
─ Oui bien sûr.
─ Je te fais visiter d'abord viens voir. De l'autre côté de la cuisine on avait une pièce qui servait de buanderie et de réserve et un WC. Elle m'entraina à l'étage et me montra les deux chambres et la salle de bain.
─ Bon je vais nettoyer la salle de bain, elle en a besoin, soupira Fanny.
─ Tu veux que j'aille te laver du linge, j'en ai trouvé pas mal par terre en bas ?
─ Je veux bien, j'aurais dû m'en occuper avant, tu as vu où est la machine, tu mets sur 40 et le bouton vert, la lessive est au dessus.
Je lançais sans difficulté la machine et j'ai plié le linge sec qui trainait sur l'etendeur.
J'ai fait les carreaux et passé vite la serpillère, puis j'ai rejoint Fanny dans la salle de bain qui nettoyait les éléments.
─ On a bien travaillé, ca ne t'ennuie pas qu'on continue de ranger, avant de regarder mes fringues.
─ Pas du tout, on est lancé. On est redescendu et j'ai remis des piles de livre en place dans la bibliothèque et rassemblé des magazines qui trainaient un peu partout.
─ On les mets où les magazines ?
─ On va les jeter, ce sont ceux qu'elle récupère de la maison de retraite.
─ Tu devrais mettre des rideaux devant et pas derrière, ai-je remarqué, un peu plus tard alors que nous admirions les pièces qui avaient meilleures allures. D'ailleurs je peux surement t'en trouver chez nous, si tu veux, les vieux tissus ce n'est pas ce qui manque. Les habits propres je les mets où ?
Les miens dans l'escalier, je les monterai et ceux de ma mère il faut qu'on lui fasse de la place dans le buffet. Elle l'ouvrit il contenait encore des piles de vieux magazines. On va tout bazarder et on mettra ses affaires là ce sera mieux.
On a empilé, les gaines et les blouses de la maman sur un côté, l'autre a servi aux papiers.
Fanny retrouva un teeshirt à elle dans le bazar, "génial le voilà enfin, je l'avais acheté sur internet et je ne le trouvais plus."
─ Tu en penses quoi de ce tableau ? on l'a gagné à une brocante, a demandé Fanny en me désignant une photo de fleur imprimé sur un tableau et posé sur son chevalet.
J'ai grimacé.
─ Viens m'aider à dit Fanny ? On va le porter à la poubelle.
─ Ta mère ne va rien dire ?
─ Non, elle devrait être contente, elle n'arrive plus à bouger dans la pièce.
─ Pourquoi ta mère a un lit médicalisé ?
─ Elle l'a emprunté à l'hôpital, il est spécial personnes en surpoids, elle peut le baisser, m'expliqua Fanny.
Une heure plus tard nous
fîmes une pause autour d'un verre d'eau. "Tu n'as pas faim, a demandé Fanny on a du pain et du pâté si tu veux ou des gâteaux."
─ Non mais je veux bien du thé et toi tu as faim ?
─ Désolé je n'ai pas de thé mais je vais essayer de tenir, comme toi.
─ Tu mangeais avant ?
─ Tout l'après-midi devant la télé, dit-elle en me désignant le grand écran dans la salle à manger en face du lit médicalisé.
─ Bon alors prend quelque chose, il faut y aller progressivement.
Elle a regardé sa cuisine rangée et a secoué la tête. Non c'est trop bien rangé je veux que ma mère la voie ainsi, pas question de salir. Nous avons mis une nouvelle machine à laver en route et écarté le linge.
Nous sommes montées et Fanny en passant devant la chambre de sa mère, a dit il faudrait la ranger car elle ne vient plus ici. Elle a toujours été grosse mais après la mort de papa ca a empiré. Elle risque de perdre son travail, car elle a du mal à bouger, elle pèse plus de 140 kilos.
On a remis les affaires dans les placards, changé les draps et refait le lit et une fois que nous avons eu fini la chambre paraissait bien plus grande.
─ Attends je te montre quelque chose, a dit Fanny en sortant un album photo du tiroir de la table de nuit. Elle m'a montré une photo de ses parents, lui en costume froissé et sa mère en robe blanche courte. Ça c'est le jour de leur mariage. Sa mère n'avait jamais été mince alors que son père était grand et maigre, un visage en longueur un air perdu et des cheveux carottes.
─ Il a l'air sympa.
─ Oui il me manque, dit Fanny, en caressant la photo. Ma mère dit qu'il était le mec le plus moche de l'école et qu'il n'a pas eu le choix, c'était Maryse ou le célibat, mais elle l'aimait quand même je crois.
─ A mon avis elle exagère un peu. Il n'y a pas que le physique qui compte.
Fanny caressait le contour du visage de l'homme avec un sourire triste.
Elle m'a montré la photo suivante, "c'est moi à ma communion pour mes 11 ans, déjà énorme !" Elle soupira. "Viens allons dans ma chambre je vais te montrer mes fringues. "
J'adorais la chambre de Fanny, elle était grande et décorée dans le style des années 1970 avec des murs orange à carreau bleu et une moquette marron au sol.
Elle a soupiré, c'est malheureusement d'époque.
─ J'adore ça à du cachet, tu dois être fière de ta chambre.
Elle essaya la veste en cuir et les gilets tout lui allait. J'adore les foulards, dit-elle, et les sacs waouh. Non mais ce n'est pas sérieux tu ne me donnes pas tout. Une fois Rosalie Meunier m'a proposé un pull trop grand et après elle m'a dit qu'il me couterait 50 euros pour l'honneur de mettre une de ses fringues.
─ Rosalie est une peste, ai-je dit écœuré. Elle avait des traits grossiers mais un look super sexy qui plaisait aux garçons. Je ne lui avais jamais parlé, mais j'avais entendu des rumeurs sur elle pas très flatteuse. Oublie cette fille elle n'en vaut pas la peine.
─ Il y a pleins de mecs qui viennent la voir dans sa cour de ferme et elle sort tous les samedis soir.
─ La belle affaire est-ce toujours le même mec ?
─ Non.
─ Bon alors ça veut dire qu'elle ne les intéresse pas longtemps! Allez montre-moi tes fringues.
Elle se dirigea vers l'immense armoire en bois, on y va tu es prêtes.
Elle a ouvert son placard et j'ai été surprise car elle avait une armoire pleine à craquer.
─ Tu en as plus que moi, ai-je dit.
Dans la pile de ses pulls, je trouvais deux pulls violets du 14 ans.
─ Je les garde au cas où je mincirais, m'expliqua Fanny en grimaçant et je ne les ai jamais mis.
─ Bon alors on va faire un tas à garder et le reste à jeter. Tu t'achèteras des pulls neufs quand tu auras minci. La pile à jeter s'allongea avec plusieurs pulls en mohair multi-couleur ayant appartenu à la mère de Fanny jeune.
Ensuite j'ai trouvé trois pulls à col roulé sympa. Pourquoi tu ne les mets jamais eux.
─ Mais ils me serrent, ils me boudinent le cou, argua Fanny.
Fanny en essaya un et je trouvais qu'il lui allait bien malgré le fait qu'il soit moulant. Il faut souffrir pour être belle, ces pulls sont parfaits. Après avoir passé tous ses pulls en revu et jeté pas mal, il lui en restait encore une dizaine. Nous fîmes le même travail avec les pantalons et les jupes. Au final elle avait une garde-robe sympa, cohérente et coordonnées avec quatre pantalons et trois jupes.
─ Je ne mets pas les jupes car je n'ai pas de collant.
─ Ca je vais pouvoir t'aider et j'ai appelé Sissi qui m'a mis des collants opaque de la taille de Fanny de côté.
─ Pourquoi tu ne les mets pas les autres pantalons ?
─ Je n'ai pas le courage le matin je ne supporte que mon jean, mais je pense que maintenant cela ira mieux. Je sais tout le monde dit que mon jean est sale mais c'est un mensonge je le lave tous les weekends.
Nous avons été remplir la benne de la croix rouge et j'ai obtenu une autre victoire car elle a convenu que le blouson de ski ne servirait que pour rester à la ferme. Sans difficulté elle a jeté son sac à dos rouge et utiliserait désormais le sac Longchamp noir que je lui avais apporté.
─ Donc le lundi tu mettras le pantalon kaki avec du noir ou du bleu marine et la veste en cuir.
Les autres jours, le jean et le haut que tu veux, tous les gars vont être épatés, ai-je résumé alors que nous rangions son armoire. J'ai une idée je vais t'emmener à mon club de botanique.
─ Je ne suis pas douée avec les plantes et elles ne voudront pas de moi.
─ Elles sont sympas, avais-je éludé.
J'avais prévu de repartir vers 17 heures, mais sa maman arriva à ce moment-là, Fanny n'avait pas exagéré. Je n'avais jamais vu cette femme mais elle était impressionnante, genre force de la nature, des cheveux bruns bouclés, des grosses lunettes violettes et un triple menton. Cela expliquait peut être l'étrange attitude de Dandieu. Elle portait une blouse bleue, elle était surtout énorme et respirait difficilement.
─ Salut Maman, a fait Fanny, voici ma copine Laurie, elle m'a coupé les cheveux c'est pas mal hein ?
La mère de Fanny me regarda avec des yeux ronds en tendant à Fanny le panier qu'elle portait avec de la soupe et des fruits.
C'est drôlement joli, je m'appelle Maryse a-t-elle dit en venant m'embrasser, elle portait des espadrilles usées qui boudinaient ses pieds difformes et arrivait à peine à marcher.
Elle eut un temps d'arrêt en rentrant dans la cuisine.
─ C'est vous deux qui avez tout rangé ! S'exclama-t-elle.
─ On a rangé toute la maison, lui dit Fanny toute fière.
Il était presque 18 heures quand je suis repartie et je me dépêchais de pédaler car si ma peur phobique du sombre était passée, je n'étais pas à côté de la maison et la campagne dans le crépuscule était plutôt inquiétante.
Quelques instants plus tard mon téléphone sonna, c'était Fanny
.
─ Ma mère n'en revient pas de ton aide, elle regrette de ne pas t'avoir proposé de te ramener. Est-ce que tu veux qu'elle vienne te rejoindre, pour te déposer chez toi ?
Ca va aller, il ne pleut plus, j'avais même chaud et laissé mon imper ouvert.
J'avais vu comment Maryse sa maman avait du mal à sortir de la voiture je n'allais pas lui imposer cela.
Fanny reprit, je lui ai dit que tu nous conseillais de jeter les rideaux et elle l'a fait. Tu pourras nous conseiller pour la maison aussi ? Tu as du goût ! On en est sure toutes les deux.
─ Merci c'est drôlement gentil, dis-lui que je lui conseille de faire réparer le portail et faite un chemin de pierre pour aller du portail à la maison.
─ Tu vois je te le disais. Je suis sure qu'elle va t'écouter. Rentre bien et merci encore.
J'ai raccroché et à ce moment-là, j'ai aperçu l'énorme moto de Sébastien qui arrivait en face de moi sur la route. Il devait rentrer chez lui, terriblement impressionnant ce bolide. J'allais repartir quand la moto qui m'avait dépassé a fait demi-tour pour se mettre à ma hauteur. Comment arrivait-il à manœuvrer un tel engin et en avait-il même le droit.
─ Tu as un problème avec ton vélo ? a-t-il demandé en soulevant la visière de son casque. Son regard amusé balayait ma silhouette.
─ Non pas du tout je téléphonais, j'ai rangé mon téléphone en répondant. Dire que Samedi il m'avait fait une déclaration d'amour imaginaire et qu'il m'avait brutalisé en retenu et maintenant il agissait comme si de rien n'était.
J'allais repartir quand il a rattrapé la poignée de mon vélo.
D'après les filles il ne sortait pas avec Lola mais à mon avis elles n'étaient pas au courant de tout.
─ Je ne savais même pas que tu avais un portable.
J'aurais bien eu envie d'être méchante. Il ne savait rien de moi. Je me suis contentée de hausser les épaules en poussant un soupir d'exaspération.
─ Tu me passes ton numéro ?
─ Non.
─ Qu'est-ce que tu faisais dans le coin ?
Je n'ai pas répondu, moi aussi je savais jouer à ce jeu-là. Il a dû comprendre le message car il a ajouté : Bon ne traine pas, la route est déserte. Et il a rabattu sa visière en me faisant un clin d'œil.
─ De quoi je me mêle ? Ai-je grommelé en repartant. Je n'ai pas entendu la moto redémarré dans mon dos et je me suis retournée à la fin de la ligne droite, quelques kilomètres plus loin, pour constater qu'il n'avait pas bougé, il était resté assis sur sa moto à me regarder rejoindre la ville, c'était plutôt sympa.
---------------------------------------------------------------------------------------
😉😉😉😉😉😍🤗🤗🤗😍
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro